Les mains au-dessus du feu, Aurore tentait de se réchauffer comme elle le pouvait. La température avait brusquement chuté, il faisait bien plus froid que la veille. Retenant un frisson, elle ramena les jambes contre sa poitrine dans l'espoir de conserver un peu de chaleur. Subitement, quelque-chose de lourd et chaud vint recouvrir ses épaules et une odeur agréable l'enveloppa.
C'était comme si la forêt venait de l'étreindre.
Elle contempla avec surprise Adriel qui se tenait debout sur sa droite, les mains dans les poches.
— Tu n'as pas froid ? demanda-t-elle, quelque peu gênée qu'il se sente obligé de lui prêter sa veste.
Il haussa les épaules.
— J'ai le sang chaud, je n'ai pas très souvent froid.
Bizarre, pensa-t-elle.
Coulant un regard vers Ethan et Ashley, elle fronça les sourcils. Même eux, qui pourtant semblaient habitués au froid, s'étaient emmitouflés dans des vêtements chauds.
— J'ai toujours été comme ça, rajouta-t-il.
— C'est pratique, finit-elle pas répondre avec un petit rire en choisissant de mettre de côté ses interrogations.
Il hocha la tête, un sourire en coin, puis fixa l'espace vacant à ses côtés, un sourcil levé. Un peu tendue, sans trop savoir pourquoi, elle opina gauchement. Il s'installa à sa droite en pliant ses longues jambes avec grâce dans un soupir.
— Quand on s'ennuie trop au camp, on joue à Vérité. C'est un jeu hérité de l'ancienne ère, avant l'arrivée du virus, intervint Ethan avec espièglerie.
— Ça consiste en quoi ? demanda Aurore, bien qu'elle ait une petite idée sur la question.
— Normalement, on ne boit pas que de l'eau, ironisa-t-il. Mais cette fois-ci, on s'en contentera. Comme je disais, c'est un jeu oral. Chacun choisit une personne à qui il pose une question et cette dernière doit répondre avec franchise, bien-sûr.
— C'est le jeu préféré d'Ethan. C'est toujours lui qui pose les pires questions, soupira Ashley, les cheveux plaqués sur le côté gauche du visage.
Aurore sourit en voyant sa tête à demi-réveillée. La joue toute rouge, on pouvait voir la trace de ses cheveux imprimée dans sa peau tel un réseau de fines racines.
— C'est ça qui est cool, justement. Plus on connaît une personne et plus on peut poser des questions visées, lança-t-il avec un sourire entendu à l'attention de son amie.
Elle leva les yeux au ciel en secouant la tête.
— Tu ne sais pas dans quoi tu t'es embarquée, Aurore.
— Je n'ai jamais dit que je voulais y jouer, répondit-elle dans l'espoir de s'en sortir.
— Trop tard, tu n'avais qu'à pas t'y intéresser, conclut Ethan en jetant du bois dans le feu pour raviver le foyer.
Des branches craquèrent et des braises atterrirent aux pieds d'Aurore, comme dans une menace sourde.
— Je n'ai jamais fait de jeux de la sorte, intervint Adriel. Je n'ai jamais fait de jeux tout court, d'ailleurs.
Aurore fit une moue. Elle qui ne se souvenait pas de son passé ne pouvait pas émettre de jugement.
— Raison de plus pour s'y mettre. Vous verrez, c'est sympa.
— Je serais plutôt d'avis d'établir des tours de garde, vu tout ce qui se passe dans le coin, objecta Adriel, sérieux.
— Mec, on ne peut rien faire de plus. Tu as posé des pièges, on a trouvé un endroit à couvert et il ne s'est strictement rien passé depuis qu'on est arrivés ici. Il ne va rien nous arriver, acheva Ethan, la mine décontractée.
VOUS LISEZ
La Terre des oubliés
Science FictionQue feriez-vous si vous vous réveilliez sans aucuns souvenirs, ni repères ? Aurore s'est posé la même question à son réveil quand son corps ne lui offrait que confusion et souffrance. Et quelles sont ces marques étranges et ce tatouage intrigant qu...