La pièce dans laquelle ils se tenaient, plutôt serrés, s'était transformée en une vraie scène de chaos. Aurore, qui restait silencieuse, observait ses compagnons se chamailler et hausser le ton pour avoir le monopole de la parole. Elle commençait à en avoir marre. Ne devaient-ils pas conserver leur calme, surtout s'ils risquaient de se faire prendre au moindre écart ?
N'y tenant plus, elle s'avança au milieu du cercle et s'époumona :
— Fermez-là !
Tout le monde se tue, hébété. Adriel, les joues échauffées par la chaleur qui régnait dans la pièce, la dévisageait avec surprise. Ses lèvres finirent par s'ourler d'un mince sourire, puis il pouffa en enfonçant ses mains dans ses poches.
— Ce n'est pas trop tôt, tu te réveilles enfin.
Elle le dévisagea, interdite. Et puis quoi encore, il aurait pu s'en occuper lui-même !
— Aurore, désolé, je pense qu'on est un peu trop à cran, s'excusa Ethan en passant une main sur son visage.
— Et alors ? Je vous rappelle qu'il y a encore cinq minutes vous étiez en train de péter les plombs parce que ce pauvre Théodore a osé débouler sans frapper avant d'entrer. Regardez-vous, maintenant ! Je ne serais pas étonnée que vous ayez rameuté tout le camp, franchement.
Elle se frotta les bras, soudain consciente d'être le centre de l'attention. Tout le monde la regardait comme s'ils attendaient qu'elle prenne la parole et déclare quelque chose d'intelligent. Adriel s'était légèrement rapproché d'elle, de sorte que leurs épaules se touchaient presque. Soudain consciente de sa taille et du fait qu'elle lui arrivait à peine à l'épaule, l'impression qu'elle n'était qu'un misérable insecte inutile à ses côtés ne fit que se renforcer.
— Allez, ce serait bête de s'arrêter en si bon chemin, chuchota-t-il dans son oreille, assez près pour qu'elle puisse sentir son souffle chaud lui chatouiller le cou.
Elle frissonna, pas très sûre de comment réagir face à ce rapprochement soudain. Il détourna la tête, comme si de rien n'était, et croisa les bras avec la ferme attention d'attendre qu'elle poursuive. Aurore soupira, fatiguée d'avance. Elle aurait pensé qu'Ethan serait plus mature que ça, ou qu'au moins Samuel ne les aurait pas suivis. Tu parles ! pensa-t-elle. Il avait été le premier à crier sur Ethan et à le traiter d'inconscient. Ashley, même avec sa petite voix douce, avait atteint des notes tellement hautes qu'Aurore en avait crissé des dents. Et ce pauvre Théodore, assis en tailleur à leurs pieds, s'était bouché les oreilles.
Il n'y en avait pas un pour rattraper l'autre.
— Écoutez, ça ne sert à rien de crier dans tous les sens. Il faudrait déjà penser à la situation dans laquelle on est. Ethan, tu dois d'abord raccompagner Théodore chez lui, puis tu dois nous rejoindre pour le conseil. Sans parler du fait qu'il y a apparemment ton père qui t'attends. Ce sont tes priorités actuelles. Ashley et Samuel, vous nous accompagnez au conseil. J'ai le sentiment que plus on les fait attendre, plus on sera mal accueillis. Et Samuel, d'après ce que j'ai compris, tu ne seras arrêté que dans dix jours, ça nous laisse amplement le temps de nous organiser ! Mais par pitié, faisons-le dans la discrétion sinon on ne va jamais s'en sortir.
Elle souffla, agacée d'avoir dû faire la police.
— Aurore, je t'adore, tu le sais ça ? la surprit Ethan en s'approchant d'elle et en lui tenant les épaules, tout à fait sérieux.
Elle rigola doucement, tout à coup gênée.
— Je ne rigole pas, tu n'aurais pas pu mieux faire. Je te nomme conseillère officielle, dit-il dans le plus grand des sérieux.
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La Terre des oubliés
Science FictionQue feriez-vous si vous vous réveilliez sans aucuns souvenirs, ni repères ? Aurore s'est posé la même question à son réveil quand son corps ne lui offrait que confusion et souffrance. Et quelles sont ces marques étranges et ce tatouage intrigant qu...