Chapitre 33-2

6 2 0
                                    

Ses jambes protestaient alors qu'elle poussait sur leurs muscles affaiblis par les efforts de la journée. Plus vite ! Aurait-elle voulu leur crier. Chaque seconde comptait. Ethan avait peut-être réussi à faire diversion, mais pour combien de temps encore ? Personne ne l'avait mentionné depuis que l'alarme avait retenti, mais ils s'inquiétaient tous pour lui. En particulier Aurore, qui faisait son possible pour masquer son angoisse. Ashley devait déjà être suffisamment préoccupée, nul besoin d'en rajouter une couche.

Aurore déglutit alors qu'une bifurcation les forçait à s'arrêter : aussi doué soit-il, elle ne voyait pas comment il aurait pu éviter de se faire arrêter. Cela avait dû rameuter au moins la moitié des gardes ! Et pour en avoir croisé un bon nombre, elle savait qu'ils étaient redoutables.

Accroupi, Adriel leva une main pour faire silence. Des gouttes de sueur perlaient de sa nuque et son tee-shirt était trempé, tant de transpiration que de sang. Son cœur se serra d'inquiétude. Dans la précipitation, elle en avait presque oublié qu'il avait été blessé à deux reprises. Elle s'en voulait de ne pas avoir pris le temps de lui avoir apporté les premiers soins avant de quitter la salle d'interrogatoire.

Au lieu de ça, elle le faisait courir depuis dieu sait combien de temps et il n'avait pas bronché un seul instant. Elle se sentait si coupable envers lui que, parfois, le souffle lui en manquait. Même si elle savait d'avance ce qu'il lui aurait dit si elle lui en avait fait part, cela n'en gommait pas pour autant la culpabilité qui la rongeait lentement.

D'abord sans attaches, après tout le calvaire qu'il avait enduré chez lui, il lui semblait désormais qu'elle le retenait plus qu'autre chose et que ses griffes s'étaient enfoncées dans son cœur, lui rendant toute évasion impossible. Peut-être devrait-elle le laisser partir, pour son propre bien...

Il jura soudain près d'elle.

— Qu'est-ce-que tu vois ? murmura-t-elle.

— Cinq gardes, pile devant le couloir que tu veux qu'on emprunte.

— Ils sont armés ? demanda Ashley.

Adriel hocha la tête. Aurore le vit serrer son arme et regarder autour de lui. Il fit un pas en avant, mais elle le retint par le bras dans un geste affolé.

— Qu'est-ce-que tu fais ?

— Je m'en occupe, ne bougez pas d'ici. Je vous ferai signe quand ce sera bon, dit-il simplement sans quitter les gardes des yeux.

— Tu rigoles, j'espère ? Tu as vu dans quel état tu es ? Tu ne pourras jamais t'en occuper tout seul ! l'admonesta-t-elle tout en essayant d'obtenir l'appui d'Ashley.

Cette dernière fit une moue inquiète, mais ne dit rien.

Adriel rigola sèchement, puis se dégagea d'elle sans douceur.

— Merci pour la confiance, ça fait plaisir.

Elle cilla. Qu'est-ce qui lui prenait ? Ce n'est pas comme si elle venait de l'insulter.

— Ça n'a aucun rapport avec la confiance, c'est juste que tu es blessé et à bout de force ! N'importe qui serait déjà à terre, protesta-t-elle.

Bizarrement, ce fut la colère qui prit le dessus sur l'inquiétude. N'avait-il aucun respect pour sa propre vie ? D'abord, il avait eu la brillante idée de s'interposer entre elle et des hommes armés, ensuite de sciemment se laisser charcuter, et maintenant voilà qu'il allait encore à la confrontation alors qu'il était blessé !

Et par-dessus le marché, il s'était à peine remis de ses blessures du camp des délinquants.

— Je ne suis pas n'importe qui, d'accord ? Et qu'est-ce-que tu proposes, hein ? Ce n'est pas comme si toi ou l'autre bras cassé étiez en mesure de vous en sortir toutes seules, cracha-t-il, essoufflé.

La Terre des oubliésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant