Aurore admirait le ciel, une main négligemment posée en travers du ventre et le coude replié derrière la tête. Cela faisait une bonne heure qu'elle essayait de s'endormir, sans succès. Ashley dormait à ses côtés, les genoux ramenés contre son frêle corps. Les garçons, qu'elle entendait murmurer quelques mètres plus loin, avaient insisté pour prendre le premier et second tour de garde.
La chaleur du feu, qu'ils avaient ravivé avant de se coucher, réchauffait son côté droit ; c'en était même presque insupportable. Pourtant, elle ne bougeait pas, focalisée par le spectacle grandiose que lui servait ce ciel parsemé d'étoiles qu'elle n'avait encore jamais vu. Les nuits passées, elle avait été trop éreintée pour y prêter attention. À présent, son corps, comme captivé par ce panorama, ne voulait s'y détourner un seul instant. Les yeux presque brûlants par tant de beauté, elle devait les plisser pour supporter tout cet éclat.
— Je ne m'en lasserai jamais, chuchota-t-elle doucement, ressentant le besoin de mettre des mots sur ce qu'elle éprouvait.
Mais le spectacle qu'elle avait sous les yeux n'était pas la seule raison pour laquelle elle n'arrivait pas à dormir. Elle aurait aimé.
Ses pensées s'égaraient sans cesse vers une certaine petite fille, qui l'attendait sûrement quelque part. Où était-elle à cet instant présent ? Que faisait-elle ? Était-elle même en bonne santé ? Ses réflexions la torturaient. Elle savait que cela ne servait à rien d'y penser, elle ne ferait que s'inquiéter davantage et imaginer le pire scénario. Mais elle finissait invariablement par y revenir, comme un papillon attiré par la flamme d'une bougie. Allait-elle s'y brûler les ailes, elle aussi ?
Elle n'espérait qu'une chose : obtenir réponse à ses questions une fois arrivée au camp des délinquants, et surtout qu'on l'aiderait à retrouver sa soeur. S'il le fallait, elle était prête à retourner chez les Omégas ; elle passerait même par ce sous-sol de la mort. Elle ferait n'importe quoi. Et qui sait, peut-être se souviendrait d'elle de l'endroit où avait été envoyée sa soeur, une fois ses souvenirs retrouvés ?
Il faut que ça fonctionne, pensa-t-elle en fermant les yeux dans l'espoir de taire ces pensées obsédantes. Quelques secondes passèrent, puis bientôt des minutes, mais elle demeurait toujours là, allongée, à fermer les yeux aussi fort qu'elle le pouvait. Arriverait-elle à dormir ne serait-ce que quelques minutes ?
Décidant qu'il était inutile de s'acharner, elle soupira en se redressant et chercha les garçons du regard. L'un deux s'était entre temps assoupi, remarqua-t-elle en souriant.
Les bras serrés autour de la poitrine alors qu'elle se dirigeait vers eux, elle progressa tant bien que mal en tâchant de ne pas se tordre la cheville sur le terrain inégal.
La vue était encore plus grandiose, de là-bas, s'aperçut-elle.
— Pourquoi est-ce que je ne suis pas étonnée, déclara-t-elle tout bas, un petit sourire aux lèvres.
S'asseyant à côté d'Adriel, elle pouffa à la vue des yeux fermés et de la bouche grande ouverte d'Ethan, complètement endormi. Sa tête reposait contre une grosse pierre et ses membres étaient écartés en étoile de mer. Adriel laissa apercevoir l'ombre d'un sourire, une bonne partie de son visage dissimulée sous sa casquette. Quelques boucles noires tombaient devant ses yeux, rendant tout contact visuel impossible.
— Pour sa défense, il a fait le plus gros tour de garde la nuit dernière. Et il a failli mourir, je pense qu'on peut lui accorder ça.
Il paraissait détendu, pensa-t-elle. Cela la surprenait presque, elle qui avait l'impression de l'avoir toujours vu concentré et méfiant.
— Et toi, tu n'es pas fatigué ?
— Pas vraiment.
Super réponse, se dit-elle en levant les yeux au ciel.
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La Terre des oubliés
Science FictionQue feriez-vous si vous vous réveilliez sans aucuns souvenirs, ni repères ? Aurore s'est posé la même question à son réveil quand son corps ne lui offrait que confusion et souffrance. Et quelles sont ces marques étranges et ce tatouage intrigant qu...