Aurore resta muette, incapable de lui répondre. Adriel sourit franchement devant son expression ébahie et serra doucement sa main. Il y avait trop d'informations, subitement. Était-il réellement en train de lui dire qu'ils étaient en mesure de retrouver sa soeur ? Et que tout ça, elle le devait entièrement à Samuel, cet homme sur lequel elle n'aurait pas parié un seul instant ? Et puis, la main calleuse d'Adriel autour de la sienne l'empêchait de penser convenablement.
Elle frissonna, faisant de son mieux pour ignorer son pouls qui semblait pulser à un rythme endiablé au contact de sa peau. S'humectant les lèvres, elle détourna le regard avant qu'il ne comprenne le fil de ses pensées.
— Je n'en reviens pas, finit-elle par dire.
— Je sais, il a fallu qu'il me le répète plusieurs fois pour que j'y croie. C'est complètement dingue.
— Et tu crois... tu crois qu'on pourrait y aller ?
La main d'Adriel se crispa autour de la sienne. Il marqua une pause avant de lui répondre.
— Aurore, tu as conscience que c'est sûrement très dangereux là-bas ? Voire même plus qu'ici ? demanda-t-il avec gravité, ses yeux cherchant les siens avec ferveur.
Son regard la piégeait une fois de plus, ses iris aussi intenses que l'éclat de l'onyx en pleine nuit. Elle savait que c'était risqué, bien plus qu'il ne le pensait ; les souvenirs qui lui étaient apparus n'ayant pu franchir la barrière de ses lèvres. Elle aurait voulu tout lui raconter, mais c'était au-dessus de ses forces. Dépourvu de toute humanité, cet homme, ce monstre, semblait tout droit venu des enfers. Ce que ces personnes y subissaient, là-bas, n'aurait pas dû exister. Rien de tout ça n'aurait dû lui arriver, à elle et à tous ces pauvres gens qui avaient été emmenés à cet étage.
Qui sait ce qu'elle découvrirait d'autre, à terme ?
Mais c'est parce qu'elle savait tout cela qu'elle était encore plus déterminée à y retourner. Anna était seule depuis trop longtemps, il fallait qu'elle la retrouve avant que... Peu importe, elle devait la retrouver, il n'y avait aucune autre issue possible.
C'est pour cette raison que sa voix ne trembla pas quand elle lui répondit :
— Je le sais, mais ce n'est pas ce qui m'empêchera d'y retourner.
Il soupira.
— Eh bien, au moins ça aura le mérite d'être clair. Tu le sais que je viendrai avec toi ?
Aurore ouvrit la bouche, mais balbutia des mots incompréhensibles. Secouant la tête, elle voulut retirer sa main, mais il affirma sa prise autour de ses doigts.
— Non, Adriel, je ne peux pas te demander ça. Tu as suffisamment souffert à cause de moi, protesta-t-elle d'une voix tremblante.
Il lui adressa son éternel sourire en coin, imperturbable.
— C'est ce qui était convenu, non ?
Frappée par l'inflexibilité de sa voix, elle recula vivement.
— Arrête d'en parler comme d'un marché ! C'est de ta vie qu'il est question, pas d'un stupide pari dans lequel tu risquerais de perdre je ne sais quel objet de valeur.
— Mais qui te dis que je vais mourir ?
Adriel semblait mal le prendre, comme si elle l'avait insulté. Aurore leva les yeux au ciel.
— Ce n'est pas ce que je dis. C'est juste que je ne pourrais pas accepter que tu viennes si c'est pour risquer ta vie pour moi, encore une fois ! insista-t-elle, les yeux remplis de larmes.
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La Terre des oubliés
Science FictionQue feriez-vous si vous vous réveilliez sans aucuns souvenirs, ni repères ? Aurore s'est posé la même question à son réveil quand son corps ne lui offrait que confusion et souffrance. Et quelles sont ces marques étranges et ce tatouage intrigant qu...