— Après vous, intima-t-il, le bras tendu vers l'entrée.
Aurore n'arrivait pas à se résoudre d'entrer. Tout son corps, des poils dressés sur sa peau à la sueur qui coulait le long de son dos, lui criait de s'enfuir et de mettre le plus de distance entre eux. Mais c'était impossible, encore plus maintenant qu'Adriel faisait partie de l'équation.
Bientôt, ceux qui la précédèrent s'engouffrèrent avec lui, inconscient sur le brancard ; ne laissant de cet être devenu cher pour elle qu'une image imprimée derrière sa rétine. Elle se mordit les lèvres au sang. Son corps refusait toujours de bouger.
L'homme, qu'elle avait renommé le vicieux, ne la quittait pas du regard. Il semblait prêt à l'abandonner ici, comme si elle n'était qu'un vulgaire déchet sans intérêt. Se donnant une claque mentale, elle rejoignit l'entrée après avoir échangé un regard tendu avec ses amis. Ils paraissaient en proie au même dilemme qu'elle, bien que leurs pas discrets finissent par la suivre.
Le regard agacé du vicieux ne la lâchait alors qu'elle franchissait le pas de cette immense porte, ne faisant aucun effort pour dissimuler son aversion pour le marché qu'ils venaient de passer. Les souvenirs en profitèrent pour affluer à la surface de son esprit, griffant presque sa conscience avec langueur. Il ne méritait pas qu'elle lui accorde ne serait-ce qu'une pensée.
Le noir l'engloutit pendant un bref instant, puis ses pas la menèrent sous une ampoule pendue au plafond qui dispensait une faible lumière. Elle entendait des gens respirer à côté d'elle, sans être capable de savoir s'il s'agissait d'alliés ou d'ennemis. La porte claqua dans son dos, la faisant brutalement sursauter. Que se passait-il ? Pourquoi restaient-ils dans cet endroit mal éclairé ? Qu'attendaient-ils pour avancer ?
Un bip sonore résonna, et l'instant d'après un panache de fumée fut pulvérisé violemment au-dessus de sa tête, faisant battre ses vêtements contre sa peau. Elle leva les bras pour se protéger le visage, paniquée. C'était si puissant qu'elle peinait presque à respirer. Dans un dernier bruit strident, l'air frappa le haut de sa tête, puis se retira progressivement.
Aurore restait pantelante, incapable de comprendre ce qui venait de se passer. L'idée qu'il s'agisse d'un produit toxique fut vite balayée, puisqu'ils étaient escortés par des membres Omégas. Mais alors quoi ? Elle tentait d'y voir quelque chose autour d'elle, mais même les visages d'Ethan et Ashley restaient introuvables.
— Pas de panique, c'était simplement la désinfection habituelle. On ne voudrait certainement pas ramener des microbes de l'extérieur, plaisanta le vicieux de sa voix de baryton sur sa droite.
Ses collègues devaient trouver cela amusant, parce qu'ils s'esclaffèrent tous comme s'il s'était agi de la meilleure blague du siècle. Elle grimaça. Ben voyons, c'était plutôt eux les microbes, s'ils voulaient son avis.
— Messieurs, tout est bon. Nous pouvons entrer.
Sa déclaration fut suivie par un bruit strident et une lumière aveuglante la força à se protéger les yeux derrière ses doigts. Elle avait eu le temps d'apercevoir une porte donnant sur un couloir clair. Où était Adriel ? Il fallait qu'elle reste à ses côtés, terrifiée à l'idée qu'ils n'essaient de les séparer. Rouvrant les yeux, tant bien que mal, elle joua des coudes pour rejoindre les deux hommes qui portaient le brancard. Son bras poussa l'un d'eux sans cérémonie, elle était totalement paniquée de l'avoir perdu de vue un instant.
— Hé ! s'écria l'homme qui manqua tomber à terre, ses mains toujours serrées sur les poignées du brancard.
Aurore lui adressa un regard dénué de compassion, puis se posta à sa gauche alors qu'il jurait en se redressant.
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La Terre des oubliés
Science FictionQue feriez-vous si vous vous réveilliez sans aucuns souvenirs, ni repères ? Aurore s'est posé la même question à son réveil quand son corps ne lui offrait que confusion et souffrance. Et quelles sont ces marques étranges et ce tatouage intrigant qu...