Chapitre 18-2

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Adriel serra les dents, sollicitant ses dernières forces. ll fallait qu'il se libère ; il n'avait pas le choix. 

Nikola, les pupilles dilatées par la haine, leva le bras pour porter son coup. Adriel, sentant le pouvoir monter en lui, banda les muscles de ses bras quand l'énergie traversa sa peau et se déversa à travers ses poings. Une légère secousse fit vibrer ses pieds, aussi ténue qu'une onde sur la surface de l'eau. Puis tout son corps finit par osciller, complètement instable. 

Nikola, désarçonné, regardait autour de lui les sourcils froncés. 

— Qu'est-ce-que c'est que ce bordel, marmonna-t-il.

Adriel continuait de couper la corde, sentant ses poignets se relâcher petit à petit. Il y était presque ! Le sol continuait de gronder, comme secoué par un tremblement de terre. Et Nikola, confus, tanguait des bras pour tenter de conserver son équilibre. 

— C'est quoi cette connerie, on n'a jamais eu de tremblement de terre, ici ! cria-t-il, les muscles bandés sous son fin maillot.

Son attention finit par se reporter sur Adriel qui écumait de rage au sol, la joue plaquée contre la dalle froide de la cellule. Il soufflait, les côtes brûlantes à force de trop se contorsionner. Il pouvait les sentir sur le point de se briser pour de bon. La peau de ses bras râpait douloureusement contre la surface du sol, essayant désespérément de se libérer. Criant presque dans un dernier râle, il trancha le morceau de corde sur lequel il s'escrimait depuis ce qui lui avait paru une éternité. 

La seconde d'après, sans même qu'Adriel puisse souffler un instant, Nikola se jeta sur lui dans un cri de rage. Le sol avait cessé de trembler, ses dernières forces l'ayant abandonné. La pince vint s'abattre avec fracas sur son crâne, près de se tempe. Il grogna, sonné. 

Se débattant avec ses liens pris dans les bras en métal de la chaise, il cria de plus belle et tira de toutes ses forces pour se libérer. 

Enfin ! Il avait l'impression d'avoir joué sa vie, ici, à terre, entortillé autour du siège métallique. Les bras libres, il ceignit Nikola par le cou et serra, encore et encore. Il pouvait sentir le garde se tendre sous ses bras, les joues gonflées d'air. Il soufflait, lui crachant presque de rage dessus, mais Adriel ne lâchait pas. Ses côtes le faisaient terriblement souffrir sous la pression du corps du colosse et il peinait à garder ses mains jointes tant elles glissaient, poisseuses de sang. 

Nikola battait des jambes dans le vide, tentant, en vain, de le frapper pour se libérer. Adriel ne relâchait pas la pression, pas même quand ses bras semblaient sur le point d'exploser ou que la blessure à son ventre menaçait de le rendre fou de douleur. S'il avait bien appris quelque chose durant sa vie, c'est qu'il fallait toujours attendre et faire preuve de patience. En l'occurrence, il s'agissait surtout d'attendre que le garde perde connaissance, mais c'était plutôt similaire, finalement. 

Dans un dernier souffle de rage, les bras de Nikola perdirent enfin de leur prise autour de ceux d'Adriel. Ils tombèrent presque au ralenti le long de ses flancs. Même ainsi, il jugea judicieux d'attendre encore une bonne minute, juste au cas où. Puis, décidant que le garde était définitivement parti, il desserra sa prise autour de son corps pour libérer ses bras et ses jambes qui s'étaient recroquevillés autour de lui tel une araignée.

Adriel fit basculer son corps sur le côté, puis toussa jusqu'à n'en plus finir. Du sang maculait le sol, tellement qu'il lui était impensable qu'il vienne de lui. Ses mains, tailladées de partout, tremblaient tant qu'il devait les poser sur la surface froide du sol pour les soulager quelques instants.

Il tourna la tête vers Nikola et soupira. Ce dernier, la poitrine immobile, gardait la bouche légèrement entrouverte et ses bras étaient écartés autour de lui comme une étoile de mer. Cela ne lui faisait pas particulièrement plaisir de tuer, mais celui-là, il l'avait amplement mérité. Le souffle court, il s'accroupit près de son corps et grimaça de dégoût. Il avait rendu service à de nombreuses personnes en le tuant ; ce mec était complètement taré, pensa-t-il. 

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