Chapitre 1-2 : Aurore

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Un court instant s'écoula, mais la terreur eut le temps de la caresser de ses griffes acérées. 

Les bras le long du corps, elle se tenait debout au milieu d'une pièce aux murs froids et ternes. Des meubles vétustes ainsi que deux lits superposés l'entouraient. Toutefois, ce fut la petite fille en train de dessiner en fredonnant à même le sol qui attira son attention. 

Elle releva soudain la tête, comme attirée par un bruit.

— Tu es rentrée !

Ses crayons roulèrent à ses pieds quand elle se leva pour se jeter dans ses bras dans un petit cri joyeux. 

C'était un souvenir, se rendit-elle compte. Dans ce dernier, elle était plus spectatrice qu'actrice et comme dans un rêve, c'était son corps qui la guidait. 

Soudain, sa bouche s'anima et elle se mit à parler malgré elle :

— Mais oui, je suis revenue. Qu'est-ce-que tu crois ? Je ne risque pas de te lâcher de sitôt, Anna, la taquina-t-elle tout contre ses cheveux tout en la serrant fermement dans ses bras.

Elle devait se pencher pour l'étreindre. Pas bien grande et la voix encore juvénile, elle en déduit que la petite fille ne devait pas avoir plus de dix ans.

— Et tu sais quoi ? Je t'ai ramené un cadeau, chuchota-t-elle.

Anna leva la tête avec brusquerie, plongeant ses grands yeux noirs dans les siens :

— C'est vrai ? Je ne te crois pas, tu m'as toujours dit que c'était presque impossible de ramener quelque chose, ici !

Affichant une expression de pure joie, elle faisait de petits sauts sur place comme pour se retenir de courir dans tous les sens. 

Elle sentit son coeur se gonfler d'amour et un sourire étira ses traits tendus.

— Je sais ce que j'ai dit, je l'ai fait pour éviter que tu ne te fasses de faux espoirs. Mais aujourd'hui, c'est une exception, lança-t-elle avec un clin d'œil.

Se faisant, elle attrapa les lanières de son sac et s'accroupit pour l'ouvrir. S'échinant quelque peu, elle finit par en extirper un magnifique ours en peluche dont la poitrine arborait un petit coeur rouge.

— Joyeux anniversaire, Anna.

Cette dernière avait les yeux grands ouverts et contemplait avec ébahissement son présent. Elle tendit sa petite main avec hésitation, comme par peur de l'abîmer. Quand elle l'effleura enfin, ses yeux se remplirent de larmes. L'attrapant doucement, elle le pressa contre sa poitrine et ses magnifiques cheveux noirs glissèrent sur ses bras dans une lente danse.

— Merci, Aurore, c'est le plus beau cadeau qu'on m'ait jamais fait, glissa-t-elle, le visage illuminé par une joie intense, bien qu'un brin de tristesse ne brille dans son regard l'espace d'un court instant.

Je ne l'ai jamais vue aussi heureuse, eut-t-elle le temps de penser avant que ce souvenir ne disparaisse et que la réalité la rattrape. 

Elle était de retour dans le vieux bus, la main toujours posée sur le nounours et des larmes coulant doucement le long de ses joues pour tracer un chemin glacé sur sa peau.

— Anna, souffla-t-elle.

La dernière phrase que sa sœur avait prononcée lui revint brutalement en mémoire : « Merci Aurore, c'est le plus beau cadeau qu'on m'aie jamais fait »

Son nom... Elle s'en souvenait ! Son visage baigné de larmes, elle toucha ses lèvres, puis ses yeux, et enfin ses joues. Était-ce vraiment son prénom ou avait-elle inventé ce souvenir de toutes pièces ?

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