La Terre des oubliés

Chapitre 21-2

Aurore réfléchissait sur le chemin du retour. Se pourrait-il que les membres leur cachent quelque chose ? En dehors du fait qu'ils exerçaient déjà un contrôlé exacerbé sur la population, elle se souvint soudainement de la conversation qu'elle avait eue quelques jours plus tôt avec Adriel. Il avait avancé trouver étrange que personne ne connaisse l'existence de son camp et surtout, les circonstances de la mort de ses parents restait un mystère qu'il comptait bien résoudre. Il avait émis l'hypothèse que des délinquants aient pu les tuer, sous prétexte qu'ils auraient franchi la frontière. 

Plus elle passait de temps ici, et plus cela lui paraissait probable.

Des boules de lumière nichées sur des poteaux en bois éclairaient leurs pas. La température avait chuté et elle commençait à avoir froid, seulement vêtue de son ensemble en tissu fin. Ethan et Ashley marchaient devant, bras dessus-dessous, et rigolaient doucement. Elle sourit, malgré elle attendrie par leur relation. 

Son regard se posa sur un vieux couple qui progressait doucement, de l'autre côté du chemin. Leurs cheveux gris brillaient sous la lumière et leurs rides semblaient aspirer leur peau tachée par le soleil. Ils ne parlaient pas, se contentant d'avancer tranquillement.
Ses yeux la picotèrent soudain, comme prise par une émotion qu'elle ne pouvait décrire. Elle trouvait merveilleux que leur vie ait continué son cours normal, qu'elle ne se soit pas brutalement arrêtée par la main de l'homme ou le déchaînement de la nature. C'était presque un miracle et secrètement, elle rêvait de finir comme cela, à marcher aux côtés d'une personne qu'elle aimait et qui la soutenait.

Détournant le regard, elle soupira. Avant ça, ils avaient tant de choses à faire que la tête lui en tournait.

Elle fronça les sourcils. Cela n'avait rien à voir, elle se sentait vraiment bizarre. D'abord ce mal de tête qui ne la quittait plus, et maintenant cette impression que le sol tanguait légèrement. Elle devait sûrement être fatiguée, se dit-elle en triturant ses doigts glacés par le froid. Elle pouvait aussi être malade. Après tout, cela devait être courant dehors avec tous ces intempéries. Elle haussa les épaules, décidant de ne pas s'inquiéter outre mesure.

Les routes étaient désertes, on aurait dit que passé le coucher de soleil, tout le monde se carapatait chez soi. Peut-être avaient-ils peur des animaux qui rôdaient la nuit, ou bien d'attraper froid.

En tournant au coin d'une maison qui crachait de la fumée par le toit, elle s'arrêta après avoir remarqué un homme qui courait précipitamment. Elle ne voyait pas très bien à cette distance, mais il semblait pressé et jetait des coups d'oeil autour de lui. 

Elle sursauta quand son visage se tourna vers elle, juste avant un virage. Il s'arrêta brusquement.

— Euh, Ethan, lança-t-elle, pas très rassurée.

Le regard toujours tourné vers le mystérieux individu, elle hoqueta quand il se remit à courir, mais dans sa direction cette fois-ci. Sans réussir à détacher son regard, elle se mordit les lèvres après avoir agrippé le mur sur sa droite. L'homme, qui avançait rapidement, finit par arriver rapidement à sa hauteur et son coeur s'emballa. Elle le reconnaissait, c'était l'autre garde qui avait accompagné ce fameux Nikola et exigé une fouille corporelle. 

Il tiqua en la reconnaissant, puis jura.

— Qu'est-ce-que vous faites-là ? demanda-t-il d'un ton sévère, encore légèrement essoufflé.

Ethan se posta sur sa gauche, les bras croisés.

— Bonjour à toi aussi, Ian. On se promenait, c'est tout.

— À la nuit tombée ? Qu'est-ce-que vous avez à faire à cette heure-là ?

Elle se crispa. En quoi ça le regardait ? Et elle n'aimait pas particulièrement son regard inquisiteur, comme s'ils étaient coupables de quelque chose qu'elle ignorait.