Aurore s'était avachie, comme écrasée sous le poids de ses souvenirs. À sa tête, il comprit qu'ils n'étaient pas joyeux. Elle déglutit et baissa le regard, mais pas assez vite : il eut le temps de voir ses yeux briller sous la douce lumière du matin.
— Hé, souffla-t-il en avançant une main vers elle.
— Debout là-dedans, et j'espère que vous êtes habillés ! entendit-il Ethan crier après que la porte de la maison ait claqué bruyamment.
Sa main s'arrêta en cours de chemin. Il n'aurait pas pu choisir meilleur moment pour débouler, celui-là, pensa-t-il en soufflant d'exaspération. Il entendit Ashley le réprimander, rapidement suivit par un cri de douleur d'Ethan.
Adriel sourit malgré lui : on pouvait repérer ces deux-là à des kilomètres à la ronde rien qu'en tendant l'oreille.
— On en parlera tout à l'heure, déclara-t-il en lui tendant une main assurée.
Elle opina, puis s'en saisit avec fermeté et le laissa l'aider à se mettre debout. Elle se recoiffa rapidement, défaisant sa tresse pour ramener ses cheveux dans un chignon lâche et il détourna le regard de sa délicate nuque subitement exposée. Il allait avoir besoin d'une bonne tasse de café, voire d'une douche froide. Finalement, ce n'était pas plus mal que tout le monde soit arrivé parce que l'atmosphère, dans cette chambre, était tant chargée en électricité que c'en devenait désagréable. Il ne pouvait être le seul à l'avoir ressenti.
Leurs regards se croisèrent quand elle se baissa pour attraper un coussin qui était tombé à terre ; sûrement lors de son cauchemar qui lui laissait encore de la goût amer de la peur dans la bouche. Elle lui sourit tristement, puis s'approcha de lui, l'édredon serré contre sa poitrine.
— Je préfère le garder pour moi, pour l'instant, juste le temps que j'intègre tout ça. Tu pourrais éviter de leur en parler ?
Adriel ne pouvait que la comprendre. Il ne savait pas exactement de quoi elle se souvenait, mais une chose était sûre, ce n'était pas beau à voir ; pouvaient en attester les ombres malsaines qui dansaient dans ses yeux.
Il opina, non sans lui jeter un regard d'avertissement.
— On ne leur dit rien pour le moment. En revanche, je veux que tu m'en parles une fois qu'on sera à nouveau seuls, murmura-t-il.
ll se souvint de leur dispute à ce sujet, quelques jours plus tôt, mais cette fois c'était différent. Il s'agissait de sa vie, elle ne pouvait, et ne devait pas subir ça toute seule. Adriel voulait qu'elle puisse se reposer sur lui, ne serait-ce que pour qu'il prenne un peu de sa douleur. Elle sembla s'en rappeler également parce que son regard dévia vers la droite.
Les yeux plissés, elle finit par afficher une moue rieuse, amusée.
— Voyez-vous ça, monsieur prend le risque de m'obliger à tout lui raconter à nouveau.
Elle remit le coussin à sa place, comme pour gagner du temps, puis lui fit face en posant ses mains sur ses hanches. Il croisa les bras de défi.
— Et est-ce-que ça marche ? demanda-t-il sans la quitter du regard.
Aurore pouffa, et son coeur le trahit en s'emballant dangereusement. Ses sautes d'humeur étaient pour le moins déconcertantes, et pourtant cela la rendait incroyablement attachante. Il ne pouvait s'empêcher de se dire qu'il était capable de l'apaiser et de lui faire penser à autre chose, ne serait-ce que pendant quelques secondes, et cela lui donnait l'impression d'être tout puissant.
— Peut-être, répondit-elle en passant près de lui, le caressant presque de son épaule.
Il sourit en coin et la suivit, non sans avoir jeté un dernier regard au lit qui faisait peine à voir. On aurait dit qu'une tempête avait tout retourné sur son passage.
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La Terre des oubliés
Science FictionQue feriez-vous si vous vous réveilliez sans aucuns souvenirs, ni repères ? Aurore s'est posé la même question à son réveil quand son corps ne lui offrait que confusion et souffrance. Et quelles sont ces marques étranges et ce tatouage intrigant qu...