Chapitre 12-2

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— Qu'est-ce que tu veux dire ? 

Le regard d'Ashley naviguait entre eux avec confusion.  

Adriel ne savait pas exactement jusqu'où pouvait aller son hypothèse, mais une chose était sûre, il y avait trop de coïncidences. Pourquoi personne n'avait jamais cherché à connaître la vérité ? 

— Quand je n'étais encore qu'un bébé, mes parents sont partis chasser ensemble - ils avaient l'habitude de le faire en duo avant ma naissance. Sauf que ce jour-là, ils ne sont jamais revenus. Bien évidemment, tout le monde s'est inquiété et les recherches ont débuté. Il n'a pas fallu longtemps aux équipes de recherche pour trouver les corps de mes parents. Le seul détail qui a retenu leur attention, à l'époque, fut un mot près de leurs dépouilles mettant en garde aux Adohis de ne plus quitter leur territoire. 

Ethan jura. 

— T'ont-ils jamais dit comment tes parents étaient morts ? 

— Pas vraiment, j'ai simplement eu droit à l'accoutumé « tu es trop jeune pour ça, nous t'expliquerons quand tu seras plus grand ». Le problème c'est qu'en grandissant, tout le monde a fini par me haïr à cause de la menace que représentaient mes pouvoirs. Quand je leur ai demandé à nouveau des réponses sur le meurtre de mes parents, ils m'ont simplement répondu qu'ils n'avaient jamais su et que ça devait être un châtiment du ciel à leur encontre pour avoir mis au monde un monstre comme moi, conclut-il, les mâchoires serrées par la rage. 

Aurore mis sa main devant sa bouche à ses mots, les yeux remplis d'effroi. Il se racla la gorge, mal-à-l'aise. La dernière chose qu'il souhaitait, c'était qu'on le prenne en pitié.

— Ils n'ont peut-être pas eu tort là-dessus, ceci-dit, lâcha-t-il dans une faible tentative d'humour, ne pouvant s'empêcher de se remémorer cette journée tragique où de nombreuses personnes avaient vu leur vie à jamais bousillée par sa faute. 

— Ne raconte pas n'importe quoi, Adriel. 

Aurore s'était avancée vers lui, contournant le feu qui se tarissait devant la gravité de leur conversation. 

Elle se planta à quelques centimètres de lui et leva des yeux durs : 

— Ne dis plus jamais ça, parce que ce n'est pas vrai. Et quiconque osera répéter ces mots aura affaire à moi. 

Son coeur eut un raté devant la sévérité de ses mots. Il ne savait pas si elle le pensait vraiment, mais cette pensée, le fait qu'elle ne le voyait pas comme un monstre, se faufila vers son coeur et vint s'y lover doucement avec l'envie ferme d'y rester longtemps. 

Il se contenta d'opiner en guise de remerciement. Aurore n'arrêtait pas de le surprendre et son intérêt à son encontre ne faisait que grandir, ne put-il s'empêcher de remarquer avec l'envie de se foutre des claques pour ne serait-ce qu'y songer.

— Là où je voulais en venir, c'est qu'on ne m'a jamais dit qui avait tué mes parents et encore moins pourquoi avait été évoquée cette histoire de territoire. Je commence à me demander si ces personnes qui s'en sont pris à eux ne seraient pas de ce fameux camp des délinquants. Après tout, qui d'autre ça pourrait être ? demanda-t-il sèchement, la rancoeur ayant établi quartiers dans sa poitrine.  

— Non, Adriel, c'est impossible, commença Ethan en secouant la tête. Je comprends que ta réflexion aille dans cette trajectoire, mais les personnes qui vivent dans ce camp sont innocentes. Jamais elles ne s'en prendraient à d'autres personnes, encore moins pour les tuer ! 

Ethan ne semblait pas accepter son hypothèse. Sans le comprendre, Adriel admettait que cela soit normal. Ces personnes étaient probablement ce qui se rapprochait le plus d'une famille, pour lui. Et insinuer que l'un d'eux aurait pu commettre un double meurtre, revenait à suggérer qu'il aurait pu faire de même. 

La Terre des oubliésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant