Chapitre 16-2

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— Membre Joaquim, excusez-moi d'intervenir, mais je ne pense pas que ce soit la meilleure solution. Voyez-vous, Adriel est la première personne que nous rencontrons qui ne vienne pas des Omégas. Certes la différence peut être effrayante, mais elle est aussi passionnante ! Et je suis sûr que... 

— Arrêtez donc avec vos facéties, nous avons été exilés, certes, mais nous ne nous mélangeons pas. Que deviendrons-nous si nous commencions à ouvrir les portes de notre refuge à n'importe quel animal recueillit dans la forêt ? le coupa le vieil homme en rigolant. 

Adriel souriait. S'il croyait que le traiter d'animal allait le peiner, il se fourrait bien le doigt dans l'oeil. Ce n'était pas la première fois, et ce ne serait certainement pas la dernière. Tout le monde le haïssait déjà à son camp, il n'avait pas besoin de la sympathie de ce vieux crouton pour bien dormir la nuit. Tout ce qui comptait désormais pour lui, c'est que son intégrité demeure entière pour Aurore, et même Ethan et Ashley. Leur opinion comptait pour lui, mais le reste, il n'en avait rien à faire. En revanche, cela devait s'arrêter à lui. Pour Aurore, c'était différent. Qu'ils osent ne serait-ce que la regarder de travers et il ne donnerait pas cher de leur peau. 

Cette dernière fixait le membre, les lèvres pincées. Elle avait lâché le tee-shirt d'Adriel et gardait ses mains derrière le dos, les poings serrés. Il se pencha vers elle, le nez contre sa tempe. 

— Laisse couler, ça les occupera d'avoir quelqu'un à chasser. N'oublie pas pourquoi on est venus, et surtout qu'on doit faire profil bas, chuchota-t-il. 

Elle gardait le regard rivé devant elle, les narines palpitantes. 

— Mais c'est si injuste ! lâcha-t-elle entre ses dents serrées. Ils te traitent comme un moins que rien sous prétexte que tu viens d'ailleurs. Je ne peux pas laisser passer ça. 

Il lui attrapa le bras, puis soupira. 

— Si, tu vas laisser passer. Parce que si tu te rebelles, ils ne te laisseront pas tranquille et tu n'auras aucune chance de récupérer des infos sur ta sœur et sur le camp Oméga. Ils veulent m'attraper ? Qu'ils essayent ! lâcha-t-il en rigolant, pas le moins du monde perturbé. 

Elle leva les yeux au ciel. 

— Je te rappelles qu'ils ont des gardes et surtout qu'ils sont armés jusqu'aux dents. Ça ne t'est jamais venu à l'esprit que peut-être que cette fois tu ne gagneras pas ? 

Samuel et Ashley étaient en pleine discussion avec les membres, Ashley tenait même les mains du membre Joaquim entre les siennes. Adriel grimaça de dégoût. 

— Et alors ? Qui te dit qu'ils vont me trouver, pour commencer ? Je peux très bien me cacher le temps que vous amassiez suffisamment d'infos, et on ensuite on se taillera. 

— Pendant dix jours ? Je ne vois pas comment ça pourrait être possible ! murmura-t-elle avec force, ses cheveux fouettant l'air entre eux sous l'effet de sa colère. 

— Laisse-moi faire. Ne t'occupe pas de moi, je me débrouillerai. 

Elle se dégagea brusquement, puis croisa les bras, énervée. 

— Voilà, c'est mieux comme ça. C'est comme ça que je te préfère. 

Elle le regarda, surprise, puis sourit légèrement. 

— Et c'est aussi comme ça que tu es la plus efficace, ajouta-t-il, un sourire en coin.

— C'est ce qu'on verra, répondit-elle d'un air déterminé. 

La voix du membre Joaquim les sortit de leur torpeur, emplissant la salle avec fracas. 

— Notre décision est prise. Jeune homme, vous serez escorté par nos gardes vers un bâtiment où vous serez interrogé. Quant à cette expédition à laquelle vous avez participé, Ashley, nous avons décidé que vous ne seriez pas punis. En revanche, et parce que vous avez enfreint les règles concernant les délais imposés, nous constituerons un nouveau groupe d'expédition et un garde vous accompagnera, dorénavant. 

La Terre des oubliésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant