Chapitre 24-2

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Ses bras brassèrent l'air et un cri guttural emplit la pièce. Adriel n'aurait détourné le regard pour rien au monde. Nikola finit par se rouler à terre en frappant ses vêtements, déchiré par la souffrance et la peur ; mais rien n'y faisait, les flammes continuaient de lécher sa peau et bientôt une odeur de brûlé envahit peu à peu la pièce pour piquer le nez d'Adriel.

Il se détourna après lui avoir jeté un dernier coup d'oeil, sa peau fondant peu à peu sur les os de son crâne et de ses bras.

Sa souffrance le suivrait probablement en enfer, se dit-il.

Une fois arrivé auprès d'Aurore, le souffle court, il écarta les cheveux de son visage avec délicatesse. Une vilaine ecchymose dénotait sur son teint cireux et sa peau était moite de sueur.

Il posa sa tête avec douceur sur ses genoux et s'éclaircit la voix.

— Aurore, murmura-t-il.

Aucune réaction. Inquiet, il tapota la peau épargnée de sa joue gauche. Elle finit par papillonner des yeux avant de gémir et de poser le bras sur son front. Son corps se recroquevilla davantage, et son bras retomba contre son flanc. Il jura. Dans cet état, elle était incapable de marcher. Pourquoi paraissait-elle aussi faible alors que les seules blessures qu'elle n'arborait que quelques contusions ? Ses yeux parcoururent son corps, cherchant une blessure, n'importe quoi. Sa poitrine se soulevait bien trop rapidement à goût, mais là encore, il ne comprenait pas pourquoi. Une chose était sûre, il fallait la sortir d'ici, et vite.

En relevant la tête, il plissa les yeux devant la fumée âcre qui avait envahi la pièce. Il n'y voyait pas grand-chose, mais un coup de vent soudain, provenant de la cavité qui donnait sur l'extérieur, balaya la fumée pendant un court instant. Le corps de Nikola était recroquevillé devant la porte, encore fumant. Quant à la femme qui avait accouru vers l'agresseur d'Aurore, elle sanglotait violemment au-dessus de son corps.

Pas l'once d'un regret ne vint effleurer la conscience d'Adriel. Ils n'avaient obtenu que ce qu'ils méritaient. Elle s'essuya, renifla bruyamment, puis tourna la tête vers lui. Sans un mot, Adriel glissa ses mains sous le corps d'Aurore et se remit debout, la souffrance atteignant son paroxysme dans ce même geste. Il pouvait déjà deviner que le réveil du lendemain serait rude.

— S'il vous plaît, pleurnicha la femme, une main tendue vers lui.

La tête d'Aurore vint se nicher contre sa poitrine et elle enveloppa ses bras autour de son cou. Son souffle, contre sa peau, semblait se faire plus régulier. Affermissant sa prise contre son corps, il rejoignit le pas de la porte en enjambant le corps de Nikola sans un regard pour la femme qui sanglotait.

— Aidez-moi, je vous en supplie. Il est gravement blessé, insista-t-elle alors qu'il s'engageait dans le couloir.

Adriel poursuivit sa progression ainsi, accompagné de ses pleurs hystériques qui cessaient peu à peu à mesure qu'il s'éloignait. L'odeur de fumée disparut, elle aussi, et il ne croisa personne d'autre sur son chemin. Bien-sûr, les corps des gardes qu'il avait tués ne comptaient pas. Il se contentait de les contourner comme s'ils n'étaient que de vulgaires déchets.

Aurore, blottie contre lui, semblait respirer plus calmement et le noeud qui entravait sa poitrine se relâcha alors quelque peu. Peut-être avait-elle seulement besoin de calme et de repos, et ça, il pouvait le lui offrir. Il aurait tué tous les habitants de cette maudite ville, s'il le fallait. Si c'était ce qu'il en coutait pour qu'elle puisse bien dormir.

Après quelques secondes, toutefois, il se rectifia : seulement les gardes et les membres du conseil, plutôt.

La porte principale apparut enfin, et cette fois, il pouvait l'emprunter pour de bon. Ainsi lesté, il espérait ne croiser personne, autrement il aurait été bien plus difficile de combattre. Mais pour rien au monde il ne l'aurait lâchée, mêmes s'il se prenait une balle dans le dos, là, tout de suite. C'était de sa faute si elle était dans cet état et il s'en voudrait pour le restant de ses jours.

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