chapitre 19

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***

─ Penses-tu que la réception soit réellement une bonne idée ? demanda Énée.

Pénélope continuait à fixer la nuit.

─ Ça dépend pour qui.

Énee réfléchissait à cette réponse tout en se hissant sous l'épaisse couette. Elle frissonnait au contact de la fraîcheur des tissus. Ils semblaient neufs. Personne n'avait encore dormis dedans.

─ Ça peut être un avantage pour nous, un moyen d'en savoir plus, murmura Énée.

Pénélope se retourna, les sourcils froncés.

─ On doit retrouver le demi-frère de Bram.

─ Sur l'île ? On est loin de sa terre natale, répondit Énée.

─ N'en soit pas si sûre. Les Narrateurs ont vécus une grande partie de leurs jeunesses ici, le père de Bram ne fait pas exception à la règle.

Énée approuva.

─ Encore faut-il que ce demi-frère existe, tempéra-t-elle. Je ne sais pas si c'est une bonne idée d'interroger Nova, elle ne va pas bien.

Pénélope acquiesça avant de laisser tomber ses vêtements à ses pieds et de rejoindre Énée sous les couvertures. Elles prenaient soin de ne pas se frôler. Énée commençait à avoir trop chaud alors elle se leva pour ouvrir la porte fenêtre donnant sur un balcon. Et par surprise, elles entendirent les voix des autres héritières aussi bien que si elles se trouvaient dans la même pièce. Le son montait. Mais ce qui était plus surprenant c'était que les deux sœurs parlaient avec Nova et Lavinia. Elles se trouvaient toutes ensembles dans une chambre.

─ Je vois que nous n'avons pas été conviées à la petite fête, fit Pénélope avec sarcasme.

Énée lui fit signe de se taire en déposant son index sur ses lèvres car elle voulait entendre la conversation. Pénélope l'assassinait du regard. 

─ Je crois qu'Enée est sa préférée. commença Lavinia. Cela amoindrit nos chances de remporter le tournoi. 

Son ton était neutre comme si elle énonçait simplement un fait ou lisait la consigne d'un exercice en exposant le problème. 

Et le problème c'était Enée qui n'en revenait pas d'entendre ça. 

─ Elle dort déjà avec, confirma Nova sans conviction. 

Enée serra les poings. Elles avaient formés leurs duos toutes seules, sans demander son avis. C'était injuste qu'elles s'en plaignent juste après. Elle se tourna face à Pénélope qui souriait d'un air moqueur. Un air qu'elle mourrait d'envie de voir disparaître. Mais pas tout de suite... 

─ Rien n'est perdu, fit Griselda. Aux dernières nouvelles, dormir avec Pénélope n'est pas gage de réussite. Trouver le meurtrier de Bram, si. 

Elle parlait comme une professeure qui voulait remotiver sa classe. 

─ Elle a raison, termina Belladonna. Enée et Pénélope ont l'air de bien s'entendre, mais ça ne veut rien dire. 

La mâchoire d'Enée se contracta. Elle resta quelques secondes debout sans savoir quoi faire. Pénélope se leva en direction de la porte fenêtre qu'elle claqua. Puis se tint face à Enée. 

 ─ Elles voudraient toutes être à ta place, souffla-t-elle. 

Enée afficha un air dégoûté. 

Pénélope s'approcha un peu plus, en l'emprisonnant contre le mur. Enée frissonna, mais elle était curieuse de ce que Pénélope allait lui dire, alors elle ne se débattit pas. Pénélope inspira près de son oreille, avant de murmurer :

─ Je ne sais pas ce que tu me caches. Je ne sais pas pourquoi tu me détestes. Mais je vais le découvrir.

C'était tout autant une menace qu'une ode à la vérité.

Enée sentit sa réalité s'effriter. Pénélope venait de faire un tour dans la serrure qui protégeait son secret. 

Personne ne savait qu'elle cachait quelque chose. 

Personne sauf Pénélope. 

Mais bientôt, Pénélope ne serait plus un problème. 

Et pour cela, elle devait être la première à trouver le meurtrier de Bram. 

C'était dans cette atmosphère électrique qu'elles se recouchaient sans fermer l'œil. 

Les heures d'insomnies qui suivaient étaient insolentes. Mais un bruit arracha définitivement le sommeil d'Enée. Des bruits de pas. Ils étaient légers et elles ne les aurait surement pas entendus si elle dormait. Mais elle était bel et bien réveillée pourtant elle aurait tout donné pour qu'il s'agisse d'un simple cauchemar. Pénélope ne dormait pas non plus, elle le savait. Mais elle était couché à l'autre extrémité du lit. Elle ne pouvait pas être l'auteur de ces pas. 

Ils étaient un peu trop étouffés pour venir de l'appartement lui-même. Peut-être se faisait-elle des idées, il devait s'agir d'un résident qui n'avait pas trouvé les bras de morphée non plus. 

Elle se leva tout de même pour s'approcher de la porte fenêtre. Ce qu'elle vit lui glaça le sang. Elle appela Pénélope pour qu'elle soit témoin de ce qu'elle constatait. 

L'héritière se leva en grognant et s'approcha d'Enée.

─ Quoi ? 

─ Regarde ! fit Enée en pointant du doigt la silhouette cachée derrière le tronc d'arbre en train d'épier les héritières à l'étage du dessous. 

Au même moment la silhouette tapie dans l'ombre les remarqua et s'en alla trop rapidement pour qu'elles ne puissent distinguer le moindre détail utile. 

─ L'île de Mytilène, l'endroit le plus sécurisé, ironisa Enée en reprenant ce que les Narrateurs leur avait assuré.

─ Les loups sont souvent dans la bergerie, termina Pénélope avec inquiétude.

─ Il faut qu'on en parle à Séraphine.

─ Non ! gronda Pénélope. Je ne fais confiance à personne. On assistera à la cérémonie avec le plus grand des sourires. 

Enée soupira de frustration.

─ Elle a les moyens de renforcé notre sécurité ! contra-t-elle.

─ Il y a déjà des gardes postés à l'entrée de notre résidence. Il n'ont rien vu non plus.

─ Eh bien il faut mettre plus de gardes partout.

Le trône des héritièresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant