Le trône des héritières

chapitre 44

Comme autre supplice pour Pénélope, Enée restait assise sur son rocher à déplacer sa chevelure d'une épaule à l'autre. Elles passèrent le reste du temps à s'éviter car c'était plus simple. Pénélope écoutait distraitement les autres héritières débattre sur le sort subit par ces habitants. La discussion commençait à tourner en rond et la fatigue finit par l'emporter alors elles décidèrent de rentrer se reposer.

Enée retrouva sa place étendue sur le lit mais plus légère.

Elle entendit chacune des portes occupées se refermer et le calme s'installa enfin.

Mais quelqu'un frappa encore une fois à sa porte. Cette fois-ci elle se leva pour ouvrir.

Pénélope vérifia que personne ne traînait dans le couloir.

─ Je peux entrer ?

Enée acquiesça.

Maintenant qu'elles étaient vraiment seules dans cette chambre une pointe d'appréhension la titillait. Mais ce n'était pas si désagréable, plutôt enivrant.

─ Ta marque s'est éclaircie, chuchota Pénélope en dévoilant la pochette d'Encran interdite à moitié vidée.

Elle venait juste pour arranger le dessin ?

Enée sentit l'adrénaline retomber mais pas totalement. Elle déglutit avant de répondre :

─ Tu vas repasser dessus ?

─ A certains endroits, si tu es d'accord.

Evidemment qu'elle l'était.

Elle essuya sa désillusion d'un revers de la main et proposa à Pénélope de s'installer sur le lit.

Au moment d'enlever sa chemise elle se sentit moins confiante qu'au bord de l'eau mais n'en laissa rien paraître. Seules ses joues avaient rosi mais ses mouvements demeuraient fluides. Elle passa devant Pénélope qui triturait la pochette et s'allongea sur le ventre.

Pénélope passa son pouce sur les lignes pour mieux déceler les retouches qu'elle devrait effectuer. Au passage elle nota involontairement des détails comme la texture de sa peau ou le velours d'une mèche de cheveux qu'elle avait dû écarter.

Elle n'entendît plus que la flamme de la bougie crépiter. Énée décida de se tourner sans trop réfléchir à ce qui se passerait ensuite. Mais elle savait ce dont elle avait envie. Pénélope soutenait son regard brûlant avant de s'autoriser à baisser les yeux sur sa poitrine. Énée saisit la main de celle-ci, joua avec le bout de ses doigts, avant de placer ses pouces sur l'ovale de ses seins. Elle entrouvrit les lèvres dans un soupir libérateur. Pénélope caressa tendrement les zones qui faisaient courber l'échine de l'héritière, s'attardant brièvement d'un endroit à l'autre. Son ventre s'emplit d'une nouvelle vague de désir insoutenable. Elle luttait contre l'envie d'aller plus loin. Elle était là pour la Marque.

─ Vous devriez venir voir ! s'écria une voix provenant du couloir.

Malgré l'engourdissement qui gagnait du terrain, elles bondirent sur leurs pieds. La pochette d'Encran tomba sur le sol glacé.

Enée enfila sa chemise avec une maladresse que la précipitation n'arrangeait pas.

Pénélope se plaqua contre le mur à côté de la porte. Il n'y avait pas d'autre endroit pour se cacher au cas où quelqu'un entrerait.

Enée donna un coup de pied dans la pochette pour la pousser sous le lit. Elle sortit en refermant la porte derrière elle. Pénélope en profita pour récupérer la pochette poussiéreuse, elle l'examina quelques secondes en étant assaillie des images de ce qui venait de se passer, et la rangea dans sa poche.