chapitre 20

3.3K 258 61
                                    

(TW : violences psychologiques et physiques)

Après cet incident, les deux héritières s'étaient finalement endormies, épuisées.

─ Tu sais pourquoi j'aime autant l'héritière d'Encrion ? commençait Theron d'un air mauvais.

─ Pénélope ? murmura Enée, effrayée par celui qui devrait agir en grand frère.

─ Oui, Pénélope ! aboya-t-il. Je l'aime plus que tout parce que c'est ton exacte opposée ! Elle est parfaite.

Enée prit sur elle. Elle était habituée aux nombreuses piques de Theron. Tout ce qu'elle voulait c'était qu'il lui fiche la paix, tant qu'il n'allait pas plus loin.

Mais il était dans un mauvais jour.

Leurs parents avaient refusés qu'il les accompagne au repas et Enée allait en faire les frais. Jairus, son autre frère, était dans sa chambre. Il ne viendrait pas la sauver cette fois-ci. Theron saisit sa sœur par l'avant-bras et la traina sur une table en l'obligeant à s'allonger. Elle tentait de s'échapper mais n'avait pas assez de force. La peur l'empêcha de se débattre davantage. Il n'y avait plus que ses larmes pour rouler le long de ses joues jusqu'à son cou. Elle était sur le ventre, le visage écrasé contre la table. En train de pleurer. Elle n'osait même plus crier.

Theron déboutonna le haut de sa robe et aussitôt elle sentit une pointe froide entre ses omoplates. C'était une dague. La dague de son propre frère. Elle commença à trembler mais la peur l'empêchait de faire quoi que ce soit. De toute façon, il la maintenait donc elle n'irait pas bien loin.

Le bout de la lame commençait à parcourir son dos. Il griffait sa peau. Pas assez profond pour laisser une trace que ses parents pourraient remarquer, mais juste assez pour l'humilier. Un traumatisme sans preuve.

Énée pleurait encore. Elle voulait se noyer dans ses larmes. Ne plus rien voir. Oublier. Mais il traçait des lignes inlassablement pour lui rappeler qu'elle n'avait pas la Marque. Qu'elle devrait être emprisonnée mais que ses parents étouffaient l'affaire, gardaient le secret pour ne pas que leur fille subissent le même sort que tous les Sans-Encran avant elle. Et ils risquaient gros de ne rien dire. Ils risquaient leur crédibilité, la crédibilité de toute leur famille. Mais n'est-ce pas ce qu'il y a de plus important quand on est roi ? Que le peuple croit en vous. Énée était la faille a cacher. Elle n'avait pas la Marque. Et son frère lui en voulait pour ça. Elle fragilisait leur pouvoir. Elle rendait vulnérable la couronne qu'il convoitait tant. Il ne la supportait pas, comme une épine dans son pied.

Énée poussa un gémissement de douleur quand elle sentit la pointe s'enfoncer un peu plus fort. Il allait s'arrêter, le contraire était impossible. Mais la douleur augmentait à mesure que la pression s'intensifiait contre sa peau. Elle entendit comme un bruit sourd, aiguë, lointain mais linéaire. La lame s'enfonça.

Énée ouvrit les yeux d'un coup. Sa respiration était rapide. Son corps était tendu. Il lui fallut quelques secondes avant de revenir au présent. Theron était mort. Elle l'avait tué. Pas l'inverse.
Elle déglutit avant de tourner la tête vers Pénélope qui la fixait.

─ Je vais t'apporter de l'eau, dit-elle en constatant qu'Énée était revenue à elle.

Elle revint avec une coupe remplie d'eau.

─ Merci, murmura Énée en se redressant de sous la lourde couette.

Elle but, et se rendit compte qu'elle avait la gorge sèche.

─ Tu gémissais dans ton cauchemar, fit Pénélope. Tout va bien ?

Énée se demanda pourquoi Pénélope prenait soin d'elle.

─ Tu sais pourquoi j'aime autant l'héritière d'Encrion ? commençait Theron d'un air mauvais.

─ Pénélope ? murmura Enée, effrayée par celui qui devrait agir en grand frère.

─ Oui, Pénélope ! aboya-t-il. Je l'aime plus que tout parce que c'est ton exacte opposée ! Elle est parfaite.

─ Tout va bien ? répéta Pénélope, un sourcil arqué.

Énée observait la femme qui se tenait devant elle avant de hocher la tête.

─ Tout va bien, ce n'était qu'un cauchemar.

Pénélope contourna le lit pour reprendre sa place de l'autre côté.

─ Alors essaie de ne plus en faire. Et je dis ça uniquement parce que tes gémissements de terreur m'empêchent de dormir.

Si je parviens à trouver le meurtrier de Bram et qu'on se marie toutes les deux, ce ne seront pas mes gémissements de terreur qui t'empêcheront de dormir ma belle, pensa Énée.

Elle sourit avec malice face à cette pensée sortie de nulle part. Elle devait avoir encore l'esprit dans le brouillard suite à ce cauchemar.

Car ce scénario heureux ne se réalisera pas, elle avait une vengeance à assouvir. La lune de miel serait plutôt sanglante.

Mais pour l'instant, il fallait dormir et donner le change devant tout le monde lors de la réception le lendemain. Pourtant tout semblait insignifiant. Les choses dans lesquelles les autres trouvaient de l'intérêt ne lui faisaient ni chaud ni froid. Elle éprouvait seulement de l'agacement ou de la colère. L'apathie et le sentiment de vide étaient omniprésents. Si on pouvait qualifier le vide de sentiment, elle ressentait quelque chose. Un vertige, une chute, une pause au milieu de sa chute. Mais un reste d'ambition. L'ambition de se venger. Peut-être qu'après ça irait mieux. C'était le plan.

***

Que pensez-vous du trône des héritières jusqu'à maintenant ?🥰

N'oubliez pas que la playlist est disponible sur spotify !

Bisous,

Solène.

Le trône des héritièresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant