chapitre 54

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Quand elles reprirent la route, à l'aube, c'était comme si elles ne l'avaient jamais quitté. Comme si elles ne s'étaient arrêté qu'une seconde, le temps de reprendre leur souffle. Elles avaient revêtu leurs armures pour survivre à cette seconde moitié de la quête. Elles mirent trois jours pour arriver à Elégion, et ce n'est qu'après le premier sommet qu'elles trouvèrent une ville où s'arrêter. Un messager vint à la rencontre des héritières pour les escorter, cette fois ci, visiter l'armurerie. En cadeau de bienvenue, le royaume leur offrirait de nouvelles armes sur mesure. Le royaume était réputé pour forger les meilleures.

La forge se trouvait au pied du sommet, encastrée dans la roche. C'était autrefois la grotte d'un géant, expliqua le messager de sa voix grave.

─ Il avait entassé toutes sortes de métaux précieux issus d'objets du Mont qu'il conservait comme un pirate avec son trésor. Il ne se sentait pas à l'aise quand les hommes ont décidé de s'installer à deux pas. Alors il a quitté la région, abandonnant ses butins. C'est comme ça qu'un forgeron a eu l'idée de s'en servir pour son commerce. Il faut croire que ça a plutôt bien fonctionné.

Il ne semblait pas intéressé par ce qu'il racontait, comme si ce n'était qu'une tâche en plus à accomplir dans sa journée de travail. Il n'était pas non plus désagréable, juste nonchalant.

─ C'est un art que j'apprécie, approuva Iryssa. Et sa créativité semble exemplaire.

Le guide s'arrêta.

─ Vous n'avez qu'à juger par vous-même. Nous y sommes.

Lavinia qui ne pouvait plus attendre toqua à la porte elle-même faite en métal et si travaillée qu'elle contrastait avec la pierre brute qui l'entourait.

Elles entendirent un mécanisme s'enclencher et quelques secondes s'écoulèrent avant qu'elle ne se déverrouille. Des coups de marteau résonnaient. Un savant aux muscles saillants, aux cheveux tressés, grimaça en les voyant mais ouvrit un peu plus pour les laisser passer. Il tenait toujours son outil dans une main, pendant que son apprenti continuait de travailler en jetant des regards curieux aux arrivantes. Il ne savait pas trop s'il fallait les saluer. Lavinia se retournait plusieurs fois pour tenter d'analyser le fonctionnement de la porte tout en voulant prêter attention à tout ce qu'il y avait devant elle. Un immense tas d'objets luisants qui attendaient d'être fondus et transformés. Plusieurs tables avec des moules. Et un chaudron dans lequel mijotait une pate dorée et des louches pour en prélever, ainsi que toutes sortes d'outils pour tailler. Certaines pièces déjà terminées étaient suspendues aux murs par des clous. Il y avait des épées, des dagues, et aussi des bijoux.

─ Je vais voir ce que je peux faire pour vous ! indiqua l'homme en dévisageant chacune d'entre elles.

─ C'est très généreux de votre part, répondit Belladonna avec diplomatie. Votre atelier est très impressionnant.

Le forgeron la remercia puis tourna les talons pour étudier tous les objets qu'il avait à sa disposition.

Il se retourna plusieurs fois pour examiner les héritières en guise d'inspiration. Celles-ci se questionnaient du regard dans un silence entrecoupé du tintement des métaux de l'apprentis. Il avait le regard innocent, les épaules frêles. Une chemise trop grande qui couvrait même ses hanches. Il était aussi minutieux et agile. Sans doute ce que recherchait son mentor.

Finalement, le forgeron revint avec six objets qu'il étala devant les héritières.

─ Je crois que j'ai ce qu'il faut, admit-il. Puis-je voir vos armes actuelles ?

Elles déposèrent épées et dagues sur la table. Il les détailla avant d'en choisir deux qu'il tendit face à elles.

─ A qui appartiennent-elles ?

Le trône des héritièresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant