chapitre 47

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Elle se retrouvait assise face à un juge attablé devant un livre qui semblait peser plus lourd que des mauvais souvenirs. Les regards posés sur elle lui rappelèrent les taches de saletés déposées sur son corps, ses vêtements déchirés, et son allure probablement indigne d'une héritière. Belladonna assistait à la scène avec effarement. Elle retrouvait cet air chez toutes les autres. Soit aucune n'était coupable, soit il y avait une comédienne dans la troupe. Elle espérait qu'il s'agissait de la première option.

Celui qu'Enée pensait être Parodos fut amené dans la salle comme preuve. Cela lui fit plus de mal qu'elle ne voulut l'admettre. Elle croisa le regard de son destrier, celui-ci n'avait pas changé, tout lui criait qu'il s'agissait bien du même animal. Pourtant c'était impossible. Une créature encranienne pouvait saigner mais uniquement de l'Encran noir peu importait la Maison à laquelle il appartenait.

─ Bien ! Commençons ! s'enquit le juge d'une voix à faire trembler les murs.

Et si l'édifice ne bougeait pas, Enée sentit ses os vibrer. Les gardes firent venir un couple entre Enée et le juge.

─ Monsieur et madame Yaleria ont assistés à la scène durant laquelle le supposé Parodos a été blessé. Pouvez-vous nous raconter ce que vous avez vu ?

─ Oui. Nous étions juste devant les chevaux avec mon mari et mes enfants. Mon petit Pharom, l'enfant se cachait entre les jupons de sa mère, voulu les caresser. Quand il s'est approché, un assaillant passa si rapidement qu'il fut projeté au sol.

Elle saisit la joue du petit garçon pour montrer la blessure qu'il s'était faite.

─ Je n'en ai pas vu davantage. Vous imaginez bien que je me suis ruée sur mon fils et que le reste n'avait plus d'importance.

─ C'est tout à votre honneur, répondit le juge.

─ Tout ce qu'on peut vous dire de plus, ajouta le père, c'est que la personne était si vive qu'on aurait dit une ombre. J'aurais pensé avoir mal vu si d'autres personnes n'avaient pas été témoins de la même chose.

Le juge désigna les étudiants du doigt. Les gardes congédièrent le couple avant d'amener les élèves à leur place.

─ Des élèves de l'Académie Polymnie qui accompagnaient les héritières. Ils gardaient les chevaux au moment des faits, introduisit-il.

Enée commençait à perdre patience. Elle aimerait juste retrouver Parodos et se laver.

─ Qu'avez-vous vu ?

Un jeune homme à l'allure vive et au regard perçant prit la parole :

─ C'était moi qui tenais les rênes de Parodos, monsieur. Cette ombre est arrivée si vite que je n'ai pu contrer l'attaque. Juste après le cheval saignait.

─ Il saignait... du sang ? précisa le juge.

Le jeune homme fuyait Enée du regard. Par pudeur, par gêne.

─ Oui.

─ Merci pour vos témoignages. Si quelqu'un a quelque chose à ajouter, qu'il le fasse dans l'immédiat.

Enée sentit passer les secondes. Elle espérait une intervention. Pourtant elle ne se risquait pas à chercher Pénélope du regard. Le juge reporta son attention sur elle.

─ Mademoiselle Besseta, vous êtes accusée de tricherie concernant les règles du tournoi énoncées par les Narrateurs. Il est donc de notre devoir, au détriment de votre statut que nous respectons, de faire justice.

Belladonna trépignait.

─ Une héritière n'a pas sa place sur le banc des accusés, monsieur le juge, tenta-t-elle.

Le trône des héritièresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant