chapitre 14

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Comme prévu, la directrice était venue à l'aube, réveiller les héritières. Elle frappa plusieurs fois à la porte avant que Pénélope n'ouvre. Enée s'était levée pour la laisser passer alors que son esprit commençait seulement à s'apaiser. Elle n'avait pas dormi de la nuit. Elle avait appris une chose, sur les six, il y 'en avait quatre qui ronflaient. Pénélope en faisait partie. Pendant que celle-ci accueillait Séraphine, elle jeta un œil à celles qui dormaient toujours, puis détourna son attention sur la directrice.

─ Bonjour mademoiselle Besseta.

─ Bonjour, répondit Enée.

Je vois que vous êtes déjà prête. Allons attendre vos camarades dans le couloir le temps qu'elles se changent. Mademoiselle Mirild, je compte sur vous pour les réveiller.

Pénélope acquiesça.

Enée, qui s'était préparée avant tout le monde, suivit Séraphine.

─ Comment se porte votre bras ? demanda-t-elle.

─ Il est presque totalement cicatrisé, répondit Enée.

─ Bien, s'il vous faut quoi que ce soit, nous avons une infirmerie.

Enée hocha la tête.

Pénélope arrivait, suivie des autres.

Elles saluèrent la directrice, avant de commencer la visite. Il fallait remonter au premier étage pour voir la lumière du jour. Il était trop tôt pour voir des élèves, mais il y avait quelques employés affairés à leurs tâches respectives d'un bout à l'autre de l'académie. Enée distinguait un jardinier par la fenêtre. Il était si loin qu'elle ne vit qu'une petite silhouette avec des outils indistincts. Il y avait un sol de pierre sur des dizaines de mètres autour de l'Académie, la verdure et les fleurs ne commençaient qu'à la frontière de ce parterre. Une autre personne, une femme, balayait autour de la statue de Polymnie.

─ Par ici, fit Séraphine en tournant à droite. Sur votre droite, chaque porte débouche sur un amphithéâtre. C'est là où se déroulent les cours. Et c'est ainsi tout au long du premier étage.

En effet, plus elles avançaient, plus les portes se succédaient à des intervalles très éloignées.

L'une d'elle claqua, ce qui fit sursauter Nova. Lavinia fixait la directrice dans l'attente d'une réponse à une question qu'elle n'avait pas posé. Belladonna et Griselda se regardèrent en haussant les sourcils. Enée avait eu le temps de distinguer la carrure d'un homme aux cheveux noirs.

─ Vous rencontrerez professeur Nasir plus tard, annonça Séraphine.

Il s'agissait donc d'un enseignant. Pas très accueillant.

─ Les étages du dessus n'ont rien de plus que ce que nous venons de voir, poursuit la directrice. Il s'agit d'autres salles de cours plus spécifiques, vous aurez tout le temps de vous familiariser avec durant votre séjour. Ne tardons pas.

Elle pressa le pas jusqu'à la porte principale pour sortir du bâtiment.

─ Je veux que vous visitiez l'entièreté du campus, y compris le village étudiant, pour que vous puissiez vous repérer au plus vite sans dépendre de qui que ce soit. Même si, il est évident qu'un garde vous suivra dans chacun de vos déplacements. Mais nous reparlerons des détails plus tard.

Les héritières écoutaient tout en contemplant les colonnes et la statue de Polymnie à côté de laquelle elles passaient. Les premières lueurs du jour étaient d'un doré éclatant, avec des nuances de rose et d'orange.

─ Les cours commencent dans deux heures, souffla Séraphine pour elle-même.

Plus loin, un immense portail en fer forgé se dressait devant elles. Il s'agissait de la frontière entre l'Académie et le reste de l'île. Et un peu plus loin encore, les vagues se heurtaient aux rochers. Enée aurait juré entendre autre chose qui se mêlait au chant de la mer. Une autre voix. Plus grave. Beaucoup moins envoutante. Il fallait qu'elles redescendent de la petite colline pour apercevoir un autre homme, en contrebas. Il se tenait droit, face à l'eau. Le vent matinal faisait virevolter ses cheveux bruns. Il semblait parler aux vagues. Non, il semblait s'énerver contre elles. Enée connaissait cette sensation qu'elle ressentait quand elle entendait les vagues depuis sa fenêtre, ou depuis la plage. Il n'avait pas atteint cette harmonie. Elle ne savait pas s'il les avait entendu arriver mais il se tut en continuant de fixer l'horizon. Séraphine passa son chemin sans même dire un mot.

Le trône des héritièresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant