Le rouge était une couleur prédominante dans la vie d'Enée. Rouge sang, rouge colère, rouge joues, rouge lèvres, rouge passion, rouge Pénélope. Rouge d'Encrion. Rouge vengeance et même renaissance. Mais rouge naissance, jamais. Pourtant la question était là, et un vide animé se faufilait entre elle et Pénélope. Qu'allaient-elles dire pour justifier l'absence d'un nouveau-né ? Heureusement, il y avait des tas d'autres questions à considérer en priorité qui leur permettait de ne pas y penser.
Comment trouver le Seizième Sommet ?
C'était la première sur la liste. Et de cette question d'autres naissaient.
Par où commencer ?
Après avoir passé une semaine sur l'île de Midili, Enée n'en pouvait plus. Elle tournait en rond comme un animal enchainé. Elle ne savait plus quoi faire d'elle-même, de ses mains, de ses jambes et encore moins du monde extérieur. Alors elle était rentrée à Encrion, auprès de Pénélope, qui avait plus d'idées. Au moins la nuit. Pour réchauffer son corps. C'était seulement dans le satin et nue qu'elle n'avait pas l'impression d'être perdue et que ses gestes avaient un but.
Mais le matin venu, il fallait de nouveau faire semblant. Ne plus savoir quoi dire, quoi faire de ses mouvements. Finalement, ce repos aux côtés de l'héritière d'Encrion avait été bénéfique. N'ayant plus de repères, elle avait fini par trouver ses questions de plus en plus familières, comme des amies qui pourraient lui souffler une direction.
Il n'y avait plus qu'une semaine avant la soirée officielle qui marquera le début de cette dernière ligne droite. Enée avait la désagréable impression de repartir de zéro. Comme si tout ce qu'elles avaient parcourues jusque là n'était rien. Et pourtant elle avait tellement appris, d'abord sur elle-même, et aussi sur le monde. Sa petite bulle d'héritière enrobée de privilèges avait cédé un peu plus à chaque sommet et désormais elle portait un nouveau regard sur la réalité. Elle aurait tôt ou tard appris les travers des Cinq Maisons, le tournoi n'a fait qu'accélérer les choses. Et bien qu'elle aurait aimé fermer les yeux sur ce qu'elle avait découvert, sa situation d'avant n'était pas non plus des plus confortables. Mais elle était toujours dans cet entre-deux. Elle n'avait pas franchi la ligne d'arrivée. Elle n'avait pas réussi. Et tout recommençait désormais, un peu différemment. Avec des sentiments, des pouvoirs, et un bébé inexistant entre autres problèmes.
Elle allait se lancer dans ce second tournoi sans avoir pris de l'avance, ni exploré de piste, comme l'aurait fait n'importe quel candidat motivé à remporter la victoire. Ce séjour à Encrion lui a peut-être permis de se reposer, mais face à ce dessein idyllique d'avoir Pénélope à ses côtés, l'illusion d'une famille à fonder, et le confort d'un château, tout à sa portée, il était possible qu'elle se soit reposée sur ses lauriers, ignorant le monde autour qui continuait d'exister. Et de se détruire.
Un mois s'était écoulé depuis l'étrange réunion improvisée qui avait marqué la fin du premier tournoi. Et en cette courte période, les attaques d'Ombrans n'avaient cessées de se multiplier, devenant de plus en plus fréquentes. Les troupes de chaque Maison commençaient à fatiguer à force de veiller jour et nuit pour les repousser. On comptait particulièrement sur Antasion pour ce genre de tâches. Enée savait qu'elle aurait dû y prendre part en tant qu'héritière. Mais elle n'était pas parvenue à fournir le moindre effort supplémentaire depuis qu'elle était rentrée auprès de Pénélope. Elle commençait tout juste à se remettre de tous ces évènements après des heures de sommeil et un besoin irrépressible de limiter les interactions sociales qui la fatiguaient beaucoup.
Elle avait des nouvelles de l'extérieur uniquement par le biais de Pénélope et de ce qu'elle entendait dans les couloirs et à quelques repas. A l'approche du tournoi on la laissait tranquille et elle comptait bien en profiter au maximum.
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Le trône des héritières
FantasíaLe roi doit contrer une menace en donnant la main de sa fille à un héritier. Mais les héritiers sont tués. Il ne reste plus que les héritières.