Quelques heures plus tard, Séraphine avait fait envoyer une calèche pour les héritières. Elle les observait arriver à travers la nuit depuis la fenêtre de son bureau. Proches de l'entrée de l'Académie, elles descendirent. Un garde leur demandait, sous conseil de la directrice, de rejoindre celle-ci à l'étage.
─ Mesdames, commença Séraphine pour les accueillir. Vous êtes resplendissantes.
─ Merci, répondit Belladonna en tête des héritières.
─ Vous l'êtes aussi, répondit Griselda à l'intention de Séraphine.
Celle-ci sourit chaleureusement en les invitant à la suivre.
Je vais vous conduire à la salle de réception, expliqua la directrice. Il y a déjà presque tout le monde, ils n'attendent plus que vous.
Enée fut rapidement irritée par cette obligation, les cinq autres semblaient dans leur élément. Sauf Nova qui ressemblait à une âme errante dont il restait, malgré tout, la chair.
Elles dévalèrent les couloirs, dans le sillon de la directrice qui s'arrêta finalement devant une porte ouverte encadrée par deux gardes dont le regard droit s'étendait au loin, plus loin que les colonnes et la pierre.
Les voix provenant de la salle étaient chaleureuses, enjouées, nerveuses. Mais l'entrée de Séraphine imposa le silence. Les héritières suivirent pour être présentées. Toutes les femmes étaient en blanc, dans des tissus et des matières aussi qualitatives que celles des héritières ce qui attestait de leur niveau de vie égal aux Cinq Maisons. Les costumes des hommes appuyaient cet argument.
Certains visages semblaient vaguement familiers, comme celui de Pearce Artus qui ne semblait pas désolé du déroulement du cours de sport alors qu'il avait été placé en rival face à Enée. Au contraire, il planta ses yeux dans les siens en soutenant son regard. Elle fronça les sourcils en songeant à le garder à l'œil.
Séraphine s'arrêta au milieu de la salle, au milieu de tous, même si l'assemblée semblait s'étendre à l'infini.
Chers professeurs, chers élèves ! déclama la directrice d'une voix implacable.
Si certains ne lui avait pas prêté attention, ce fut désormais le cas.
Enée sentit chaque regard qui se posait sur elle comme une brûlure, une morsure, quelque chose qui la mettait en alerte.
Pénélope ne montrait qu'un sourire enjôleur.
Ne lui faites pas confiance, pensa Enée. C'est une meurtrière.
Nova et Lavinia restaient concentrées.
Belladonna semblait briller, enfin dans son élément. Tandis que Griselda avait la même posture impeccable que sa sœur mais à sa différence, elle n'y mettait pas le cœur.
Dans un lieu où la couronne avait de l'importance, le cœur n'en aurait pas. Pourtant sa sœur semblait façonnée pour savoir faire de la place aux deux. Enée remarqua Roman au premier rang, discret mais toujours présent.
La voix de la directrice les extirpa de leurs pensées.
─ L'Académie a l'immense privilège d'accueillir les Héritières pour quelques temps ! Les bonnes manières voudraient que je vous les présente mais, je crois qu'il s'agirait plutôt d'une offense. Alors la politesse peut bien me quitter, je ne lui saurais être fidèle dans ce cas précis, dit-elle d'un ton implacable.
Des applaudissements s'élevèrent. Les héritières saluèrent la foule en signe de reconnaissance.
Séraphine reprit, l'air plus grave :
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Le trône des héritières
FantasyLe roi doit contrer une menace en donnant la main de sa fille à un héritier. Mais les héritiers sont tués. Il ne reste plus que les héritières.