Le royaume des elfes 1-Astoria

chapitre 18

Après quelques minutes à scruter chaque détail de la page avec attention, la mère d' Astoria les interrompit.
- Tout cela est fabuleux, et je suis ravie que nous ayons trouvé ce que nous cherchions. Mais maintenant, je suggère qu'on rentre. Vous pourrez revenir demain, et autant de fois que nécessaire. En attendant, il est bientôt midi et nous ne sommes pas en tenue pour l'exécution, et nous avons de la route à faire. Expliqua Esperanza en posant ses mains sur les épaules de sa fille.

- Vous avez raison votre majesté, le temps a passé très vite. Si nous ne voulons pas être en retard, il faut partir maintenant. Confirma Zeteo.

Esperanza poussa gentiment sa fille vers la sortie, suivi par les autres. Avant de partir, elle prit le temps de remettre au gardien un parchemin signé autorisant Astoria et toutes les personnes qui l'acompagneraient à accèder aux archives. Le trajet du retour se fit dans le silence, chacun laissant libre cour à ses pensées. Astoria repassait mentalement tout ce qu'elle savait sur ses pouvoirs. Si elle arrivait à entrer en contact avec la fée du livre, elle aurait sûrement toutes ses réponses.

Quand ils arrivèrent, le château était en effervescence. Des dizaines de personnes s'affairaient en tout sens. Au millieu de la cour, s'affairaient quelques artisans, occupés à dresser la potence. La mère d' Astoria la laissa aussitôt, rappellée par le devoir.

Dans la salle de récéption, des serveurs installaient le grand buffet auquel les invités seraient conviés après l'execution. Astoria traversa rapidement la pièce, et monta vivement l'escalier. Tous ses préparatifs lui donnaient envie de vomir. Le fait de condamner Argus à la peine de mort lui paraissait déjà affreux, mais de le tuer devant toute une foule, avant d'aller manger un festin, elle trouvait ça vraiment barbare ! Et monstrueux ! Si ça n'avait tenu qu'à elle, Astoria serait sûrement restée enfermé dans sa chambre. Seulement, il y avait Acanthi, et même si il était en colère contre elle, elle ne pouvait pas le laisser tomber à nouveau.

Une fois devant son placard, la jeune elfe réalisa qu'elle n'avait aucune idée de la tenu qu'elle devait choisir. Pour un enterrement humain où nain la coutume était de porter du noir, chez les elfes elle avait entendue dire que la coutume voulait qu'on porte des couleurs vives, célébration de la vie de ceux qui restent. Mais quelle tenu était adaptée non pas à un enterrement, mais à une mise à mort elfe ?
Optant pour la discrétion, elle attrapa une longue robe marron/vert, à la coupe très simple. Elle enfila la robe rapidement, qui lui arrivait aux chevilles et dont les longues manches évasées dissimulaient presque son attelle au poignet.

Alors qu'elle entreprenait avec difficulté de rassembler ses cheveux en une queue de cheval, on toqua à sa porte. Abandonnant la brosse sur une commode, Astoria se leva et entrouvrit la porte. Elle voulait éviter qu'on voit les fleurs qui avaient poussé partout.

- Bonjour Astoria, c'est ta mère qui m'envoie. Elle a des instructions à te transmettre pour la cérémonie. Je peux entrer ?
Sur le pas de sa porte, Atalante la scrutait avec attention.

Avec embarras, Astoria ouvrit la porte en grand, et s'effaça pour laisser entrer la mère d'Aurora.

- Qu'est-il arrivé ici ? Fut-elle aussitôt interrogée.

- Une autre manifestation de mes pouvoirs. C'est un peu long à expliquer. Votre mari pourra vous raconter.

- Sûrement. Répondit Aurora, mais la très légère grimace qu'elle esquissa n'échappa pas à Astoria.

- Qu'est-ce que ma mère a t-elle à me dire ?

- Euh, et bien ça aussi c'est un peu compliqué. Lui répondit Atalante en refermant la porte.
Elle aurait besoin que tu me confies un peu de ton sang. Apparemment Zeteo en a un besoin urgent.

- De mon sang ? Mais je croyais que c'était au sujet de la cérémonie.

- C'est ce que j'ai cru comprendre sur le moment. Après je ne suis pas sûre, ta mère était vraiment pressée.

- Vous êtes sûre ? C'est bizarre quand même. Je vais aller voir ça directement avec Zeteo. Il m'expliquera.

Sur ce, Astoria se dirigea vers la porte.
Alors qu'elle posait la main sur la poignet. Atalante l'agrippa violemment et la tira en arrière.

- Mais, que

Avant qu'elle ai eu le temps de réagir, elle se retrouva dos au sol. Atalante s'assit sur elle et dégaina un poignard.

- Un seul cri et je te plante ça dans le ventre. Compris ? Lui siffla-t'elle d'un ton menaçant.

- mais, je ne

- COMPRIS ? Répéta Atalante en rapprochant le couteau.

Pour toute réponse, Astoria hocha la tête. Elle était complètement tétanisée. Elle se ressaisi rapidement. Alors qu'elle s'apprêtait à utiliser ses pouvoirs, les mises en garde de Zeteo lui revinrent en mémoire. Si une grande source de magie traversait son poignet gauche, cela pourrait créer des dommages irréversibles. Seulement, rien ne lui indiquait qu'elle arriverait à ne pas se servir de ses mains. Et avec l'adrénaline qui l'envahissait, elle doutait que le moment soit bien choisi pour faire un exercice nécessitant autant de contrôle.

- Écoute moi bien, je vais te prélever du sang. Tu ne vas rien tenter, pas un seul mouvement brusque, pas un cris, rien. Ensuite je t'assomerais et je ne te ferais aucun autre mal. Ça me paraît honnête, non ?

- Mais pourquoi vous avez besoin de mon sang ? Ça a quelque chose à voir avec Argus, c'est ça ? Demanda Astoria.
Si il y avait une chose qu'elle avait apprit en regardant des séries policières avec ses parents, c'était que quand on été impuissant dans ce genre de cas, récupérer des infos et gagner du temps pouvait être une bonne idée.

- Tu as juste, seulement je n'en dirais pas plus. Maintenant donne moi ta main.

Avec répulsion, Astoria bougea le plus lentement possible son poignet droit.

- Alors c'est vous la complice. Depuis des mois que je vous cherche, c'est vous. C'est drôle, parce qu'avec Aidan comme mari, je n'aurais jamais imaginé que vous puissiez être quelqu'un de mauvais.

- Tu ne sais rien de mes intentions. Je t'interdis de me juger. Ce que je fais, je le fais pour ma fille. Grâce à moi, elle n'aura pas à vivre dans l'ombre de la famille royale, comme je l'ai fait.
Atalante attrapa la main d'Astoria et l'entailla avec le poignard. Elle sortit une fiole de sa poche, et pressa la blessure au- dessus. Le sang coula, et remplit la fiole aux trois quart.

- Avec ça, nous allons accomplir de grandes choses. Mais le temps presse. Je ne voudrais pas arriver avant que la tête d'Argus ai été séparée de son corps.

Atalante reboucha la fiole et la glissa dans sa poche.

- Ça va être un sale moment à passer, mais crois moi, ça pourrait être pire. Merci de ta coopération.

Astoria essaya dans un dernier espoir de se dégager, mais déjà le dos du poignard d'Atalante s'abattait sur sa tête.

Le noir la gagna, et elle sombra dans un monde obscur.