Partie 2 Prologue

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La petite fille courait. Elle venait de sortir de sa salle de classe, après une nouvelle pluie d'insultes de la part de ses camarades. Les larmes aux yeux, elle descendit des escaliers, tourna à droite et s'enferma dans une cabine de toilette. Enfin tranquille, elle se laissa aller, les larmes coulaient sur ses joues rondes. Elle s'assit à même le sol et ramena ses jambes contre elle, puis posa la tête sur ses genoux. De longues minutes s'égrainèrent, avec pour unique bruit quelques sanglots. Enfin, des pas se rapprochèrent et on toqua à la porte des toilettes.
- Tout va bien ? Tes camarades m'ont dit que tu étais sortie de classe sans raison.
La petite essuya ses yeux rougis. Les enfants de sa classe avaient profité de la courte absence de la maîtresse pour lui faire subir une énième brimade.
- J'ai un peu mal au ventre. Répondit-elle sans vraiment mentir.
Son estomac était tordu par la peur et l'angoisse de devoir un jour sortir des toilettes.
- Prend ton temps, revient en classe quand tu te sentiras mieux. Si ce n'est pas le cas va à l'infirmerie. Lui dit l'institutrice, avant de retourner faire cour.
Une fois à nouveau seule, la fillette se redressa. Elle ne comprenait pas ce qui motivait la haine de ses camarades. Cela faisait bientôt un an qu'ils se moquaient d'elle, l'insultant, la frappant.
Pourtant, pensa-t-elle, je n'ai rien fait de mal, au contraire.
Elle se remémora cette journée d'automne, où les problèmes avaient commencé. La température était douce, il faisait beau. Elle était au parc avec quelques amis, ils avaient alors cinq ans. Leurs parents discutaient sur un banc, sans leur prêter grande attention. Un petit garçon avait cassé son seau. Pour le consoler et pour qu'il arrête de pleurer, elle en avait fait apparaître un nouveau. Juste en agitant les mains. Sur le moment elle avait cru que tout le monde serait content du nouveau seau. Mais les enfants avaient voulu savoir comment elle avait fait. Elle avait bien tenté de leur expliquer, peine perdu. Ils avaient cru qu'elle voulait garder son secret pour elle et avaient commencé à la détester pour cela. Depuis, elle n'avait plus d'amis et était en permanence embêtée.

Son pouvoir n'était pas la seule chose différente chez elle. Depuis sa naissance, elle avait une conscience accrue du monde autour d'elle. Une intelligence et une compréhension rapide de tout. À six ans, les chiffres et les lettres n'avaient pas de secrets pour elle, elle comptait et lisait mieux que nombre d'adultes. Et son endurance physique était bien supérieure à celle de ses camarades. Jusque là, elle avait été discrète, personne n'avait remarqué cette autre différence. Les heures passèrent, lentement. La petite fille se sentait mieux, elle avait utilisé son pouvoir pour s'apaiser, soufflant en elle une énergie positive et rassurante.

La sonnerie de l'école retentit, marquant ainsi la fin de la journée. L'enfant respira profondément, avant de déverrouiller la porte et de sortir des toilettes. Elle attendit un peu, puis se dirigea vers sa classe, estimant que les élèves avaient eu le temps de sortir. Comme elle l'avait prévu, la salle était vide. Elle récupéra son sac et son manteau et se dirigea vers la sortie. Elle croisa sa maîtresse, qui la cherchait pour s'assurer qu'elle allait mieux. Une fois rassurée, l'adulte l'accompagna jusqu'au portail, puis la laissa en lui souhaitant un bonne soirée. La petite prit le chemin pour rentrer chez elle. Sa maison se situant à à peine une rue de l'école, ses parents la laissaient parfois rentrer seule, quand ils ne pouvaient pas venir la chercher à cause de leur travail. Elle longea le trottoir, admirant les arbres dont les feuilles se teintaient de jaune en se début d'octobre.

Alors qu'elle arrivait devant chez elle, elle sentit une main agripper son poignet. La petite se retourna et découvrit derrière elle Paolo et sa petite sœur Lola, qui était dans sa classe. Alors que les larmes lui montaient aux yeux, Lola s'empara de son cartable.
- J'ai vu que tu avais un doudou ce matin, tu es un gros bébé. Se moqua-t'elle. On va bien s'amuser avec.
Lola sortit la peluche, une petite souris rose, abîmée par les années. C'était un des objets favori de sa propriétaire, à qui il avait remonté le moral de nombreuses fois.
Alors que Paolo sortait des ciseaux de son sac, la petite fille sentit ses mains démanger.
Depuis quelques jours, elle avait sentit quelque chose changer en elle. Un nouveau pouvoir avait fait son apparition. Paolo approcha les ciseaux de la peluche, s'apprêtant à l' éventrer.
- Laissez-moi tranquille ! Cria-elle alors que les larmes recommençaient à couler. Elle serra ses poings, et soudain, tout bascula dans sa tête. Les ciseaux devinrent noir et se recroquevillèrent avant d'être réduit en cendres. Puis se fut au tour du sac de Lola de partir en fumée. Les frères et sœurs crièrent et rentrèrent à toute vitesse chez eux, terrifiés.
La petite fille resta seule sur le trottoir quelques minutes. Elle était apeurée par ce nouveau don qu'elle ne contrôlait pas encore. Elle rentra chez elle et attendit le retour de ses parents.
Le soir, au repas, ils lui annoncèrent la nouvelle. Ils allaient déménager. La petite était folle de joie, c'était une chance inespéré, un nouveau départ. Un endroit où personne ne connaîtrait ses pouvoirs. Elle les cacherait, et tout irait mieux.


Le royaume des elfes 1-AstoriaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant