Chapitre 1

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Le réveil sonna et un bras sortit de la couette, bientôt suivi d'une tête grognon, encore à moitié endormie. Astoria essaya d'attraper son téléphone, avant de se rappeler qu'elle l'avait mis de l'autre côté de sa chambre, justement pour éviter de le couper sans s'être levé. Elle enfouie sa tête dans son oreiller pour profiter encore quelques secondes du confort de son lit, puis se leva. Elle éteint le réveil et ouvrit grand ses volets. La lumière pénétra dans sa chambre en même temps qu'un petit vent frais. Au dehors, le ciel était bleu et la ville déjà réveillée. Deux voitures passèrent devant sa maison et elle fit un signe de la main à sa petite voisine qui partait à l'école à pied, accompagnée par sa maman. La journée s'annonçait magnifique. Astoria se prépara puis descendit les escaliers en trombe avant d'arriver dans la salle à manger. Ses parents étaient encore attablés, sa mère avec son thé et son père avec son journal.

- Bonjour papa, bonjour maman, passez une bonne journée ! S'écria- t' elle.

Elle les embrassa affectueusement et se dirigea tout de suite après vers l'entrée.

- Toi aussi mon petit soleil, et travaille bien. Lui dit sa mère.

-Et mets une veste ! On est encore en avril, tu vas attraper froid si tu sors en tee-shirt ! Lui cria son père alors qu'elle ouvrait la porte de l'entrée.

Astoria attrapa un sweat sur le porte manteau, referma la porte de sa maison et se mit en route. Il fallait toujours que son père s'inquiète pour rien, il faisait vraiment bon dehors ! Avec un climat tempéré, tiède et humide, habituel de la technopôle et de ses environs.

Au nord de la ville se trouvait les écoles, collèges, lycées et universités. En quinze minutes de marche, Astoria serait arrivée. La ville dans laquelle elle vivait était l'une des plus prisée du comté d'Andromède. En effet elle rassemblait les plus grandes entreprises et centres de recherches, ainsi que les meilleurs établissements scolaires. Si Astoria avait la chance d'habiter dans un quartier du centre, c'était grâce à ses parents qui occupaient chacun un poste important dans l'institut de recherches en gemmologie. Sa mère grâce à sa qualité de naine et à ses grands talents était dans l'équipe d'extractions des pierres, et son père dans l'équipe humaine chargée des analyses.

Astoria entra dans son établissement au moment ou la cloche sonnait, les élèves se regroupèrent avant de monter dans une navette. On était jeudi et le jeudi était jour de visite. La semaine passée, Astoria avait visité un centre de recherches humaines, cette semaine la navette les emmenait dans une mine de diamants. C'était le mois du travail et il était donc prévu qu'ils visitent plusieurs des lieux de travail important de la ville.

Astoria trouva une place seule dans l'engin et appuya sa tête contre la fenêtre. Elle avait de bons rapports avec les élèves de sa classe, mais elle aimait s'isoler pour pouvoir rêver à sa guise. Ses amies semblaient comprendre ce besoin de calme et de solitude qu'elle avait, et ne s'en offusquaient plus. Astoria avait 15 ans, elle appartenait à cette catégorie de la population qui possédait le sang de deux espèces, les métisses, enfants mi- humains mi- nains. Elle avait hérité de son père sa silhouette mince, mais était toutefois plus petite du fait de sa mère. Elle observa son reflet dans la vitre, ses grands yeux bleus, sa peau pâle. L'adolescente entortilla une mèche de cheveux entre ses doigts en les regardant. Depuis sa naissance ils lui avaient valus de nombreuses réactions autour d'elle. Pourtant, malgré tout, elle avait toujours refusé de les cacher ou de les teindre. Ils étaient comme ça et ce n'était pas aux autres de lui dire si c'était convenable ou pas. Pour sa part, elle avait toujours aimé ses cheveux blancs, même si on l'avait surnommé la princesse des glaces par leur faute.

La navette arriva enfin et les élèves sortirent en se bousculant. On rassembla les élèves pour commencer la visite et Astoria se mit un peu en recul. Elle avait déjà visité la mine deux ans auparavant et n'avait pas franchement envie de la revisiter, et d'écouter à nouveau les commentaires du guide dont elle se rappelait parfaitement. Le groupe s'éloigna rapidement et elle le suivit de loin. Les accompagnateurs et son professeur ne lui prêtèrent pas vraiment d'attention, accaparés par le flot bruyant et remuant des autres élèves. Astoria avançait doucement, dans ses pensées. La galerie se sépara en deux et elle tourna à gauche sans vraiment faire attention. Sur le côté un panneau avertissait pourtant des risques d'éboulements et la barrière, enlevée en prévision de l'arrivée de l'équipe qui devait condamner le passage, était appuyée contre une roche. La jeune elfe s'enfonça dans la galerie en sifflotant, inconsciente du danger. L'endroit était magnifique, et les stalactites, tout en haut de la voute et sur les aspérités de la roches, étincelaient à la lumière de sa lampe.

Après avoir commis toutes les imprudences déjà évoquées, Astoria se trouvait donc toute seule dans une galerie avec des risques d'éboulements, éclairée à la seule lumière de la lampe prise à l'entrée. Alors , comme il fallait s'y attendre, quelques minutes de marche plus tard, une pluie de stalactite se décrocha dans la zone au-dessus de l'adolescente. Astoria aurait peut-être put l'éviter si elle avait eu un peu plus les pieds sur terre, mais comme tous les évènements qui l'avaient emmené jusqu'ici l'ont montré, ce n'était pas le cas. A la dernière seconde, elle leva les bras au-dessus de sa tête et ferma les yeux par réflexe, et s'attendit avec effroi à subir le choc.

Rien.

Après quelques secondes, elle rouvrit les yeux.

Aucune trace du stalactite.

" J'ai halluciné ? " se demanda-t'elle encore sous le choc. Ramenée à la réalité par l'incident, elle décida de rebrousser chemin et d'aller attendre ses camarades à la navette. Elle alla s'installer les mains tremblantes à l'entrée, et se promit de ne plus jamais être aussi distraite. Il n'y avait aucune preuve et elle ne s'expliquait pas ce qui s'était passé pendant la fraction de seconde ou elle avait fermé les yeux, elle était persuadée qu'elle avait bien failli mourir à cause de ses bêtises. Elle sortit ses écouteurs de sa poche et se noya dans sa musique afin de mieux gérer son stress et de se calmer.

Le soir, en rentrant chez elle, elle ne mentionna pas l'accident. Elle n'en avait parlé à personne, et ne comptait pas le faire. Premièrement, parce qu'on l'aurait, à raison, trouvé très stupide, et ensuite parce qu'il n'y avait aucune explication logique au fait qu'elle soit encore vivante. En sortant de la grotte, elle se rappelait avoir scruté chaque recoin afin de vérifier qu'il ne s'agissait pas d'une mauvaise blague de ses camarades, ou si un super héro sortit d'un de ses comics n'avait pas fait disparaitre la stalactite. Pourtant il n'y avait eu qu'elle, et elle seule.

Le royaume des elfes 1-AstoriaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant