Astoria s'appuya au mur et se laissa glisser au sol. Elle avait peur. Après quelques secondes de choc, elle commença à réfléchir. Si elle était bien sortie de chez elle la nuit dernière, il devait y avoir des traces. Il lui fallait des preuves.
Elle se releva, et se dirigea à la fenêtre. Sa main tremblait un peu, elle ne comprenait rien de ce qui lui arrivait. Elle respira profondément et l'ouvrit en grand puis se hissa sur le rebord. Elle inspecta minutieusement le lierre. Il était écrasé et cassé par endroit.
- Ça ne veut rien dire, affirma-t'elle dans un murmure.
Elle referma la fenêtre et dévala rapidement les escaliers de sa maison.
- Tu es bien matinale, ma chérie, lui fit remarquer son père qui préparait des pancakes quand elle débarqua dans la cuisine. On est dimanche, d'ailleurs ta mère dort encore.
Elle lui sourit sans rien dire, enfila ses chaussures et sortit dans le jardin. Il avait plu la veille et la terre était encore boueuse. Astoria se rendit sous sa fenêtre. Le lierre était cassé par endroit et deux empreintes de pas semblaient confirmer que quelqu'un se tenait à sa place quelques heures auparavant. Astoria s'accroupit au sol et enleva ses chaussures. Ses chaussettes comportaient quelques traces de boue et un acro qui n'y était pas avant. La tête lui tourna légèrement.
- De toute façon, qu'est-ce que j'aurais pu faire de mal dans une gare au milieu de la nuit ! S'exclama-elle finalement. Elle jeta un coup d'oeil autour d'elle pour s'assurer qu'on ne l'avait pas entendu. Heureusement on était dimanche matin et la rue était déserte.
Astoria savait bien qu'il y avait quelque chose qui clochait sérieusement avec toute cette histoire. Elle le sentait depuis des semaines, même avant le premier incident. Quelque chose changeait en elle, mais elle ne comprenait pas quoi. Elle se sentait anormalement fatiguée, et elle avait parfois l'impression de ne plus vraiment être la même personne.
Elle rentra finalement dans sa maison, et s'assit à la table de la salle à manger. Son père posa les pancakes dans une assiette et retourna dans la cuisine. Elle aurait adoré aller se cacher dans son lit, mais les occasions de passer du temps avec ses parents étaient rares et elle se devait d'en profiter. Son père revint bientôt avec des pancakes supplémentaires et du sirop d'érable. La mère d'Astoria sortit de sa chambre et vint les rejoindre à table. Après lui avoir fait un câlin, elle s'installa à côté de sa fille.
- Est-ce que je peux mettre la radio, ou ça vous gène ? Demanda-t'elle. Il y a une émission que je voudrais écouter et c'est bientôt l'heure.
- Met-la, ça ne me dérange pas. Répondit Astoria en piqua un morceau de pancake, elle le mit dans sa bouche et savoura la texture moelleuse et le goût sucré. Il n'y avait rien de mieux que des pancakes chaud pour se réconforter, pensa-t'elle. Elle essaya de se détendre un peu et de se concentrer sur l'agréable moment qu'elle était entrain de passer.
Sa mère alluma le petit poste et chercha la station. Un grésillement se fit entendre. Le roi visé par un attentat. Un terroriste s'introduit dans la gare et change les aiguillages. Le train déraille mais ne fait qu'une victime. Ne ratez pas notre flash info spécial !
Astoria faillit tomber de sa chaise et s'étouffer avec ses pancakes. Elle serra le poing si fort que ses ongles laissèrent une marque ensanglantée dans sa paume.
- Laisse, ça m'intéresse ! S'écria Astoria alors que sa mère allait changer de station. Sa mère la regarda avec surprise mais laissa tout de même.
- C'est pour un devoir au collège. Sur le terrorisme. Ils nous ont dit d'écouter l'actualité pour avoir des exemples frais à utiliser, inventa-t'elle pour expliquer sa réaction un peu excessive.
"Aux alentours de minuits un individu s'est introduit dans la gare de Sirius et, après avoir assommé le gardien, a changé les aiguillages du train dans lequel le roi aurait du se trouver. Heureusement, le roi ne s'y trouvait pas, grâce à une affaire urgente qui l'avait retenu au dernier moment. Le conducteur du train, a cependant était grièvement blessé et se trouve en ce moment aux urgences de la cité royale."
Le flash info se termina et Astoria mangea comme elle le pu ses pancakes, qui ne lui parurent même plus avoir de goût. Elle se força à discuter un peu avec ses parents puis prétexta un devoir à finir et monta dans sa chambre, complétement sonnée. La jeune fille se jeta sur son lit et enfouie sa tête dans son oreiller. Elle se sentait au bord de la crise de panique. Elle pleura un peu puis se mit sur le dos et essaya de faire le point à voie basse.
- J'aurais pu tuer des gens ! Mais comment se fait-il que j'ai pu ouvrir la porte de la gare et m'introduire dans les postes d'aiguillages ? Et comment ai-je pu me retrouver dans une gare qui se trouve à des centaines de kilomètres ? Et surtout, qui ou qu'est-ce qui m'a poussé à faire ça ? Parce que si il y a une chose dont je suis encore sûre, c'est que je ne voulais pas faire ça et que je n'étais pas consciente de ce que je faisais ! se chuchota-t'elle. Elle remercia ses parents de lui avoir appris depuis son plus jeune âge à garder la tête froide et à respirer. Sans cela elle aurait surement explosé d'inquiétude. Pour l'instant elle arrivait à se contenir, mais il fallait qu'elle trouve une solution et des explications rapidement. Elle sanglota encore un peu, puis se résolut à faire quelque chose. D'abord elle commença par mettre un cadenas à l'ouverture de sa fenêtre, puis alla ranger la clé dans un placard sur le palier, au milieu d'un carton de décorations de noël plein de clochettes. Ainsi elle ne pourrait pas ouvrir sa fenêtre en toute discrétion au milieu de la nuit. Ensuite elle ressortit une vieille caméra qu'elle n'utilisait plus depuis longtemps et l'installa de façon à ce qu'elle filme son lit et une bonne partie de sa chambre. Elle n'aurait plus qu'à la mettre en route au moment de se coucher. Il aurait sûrement était bien plus efficace et raisonnable de tout dire à ses parents, mais elle ne s'en sentait pas capable. D'abord, ils auraient été déçus qu'elle ne leur en aie pas parlé avant, ensuite en colère, et puis ils ne l'auraient pas cru. Ses parents vivaient dans un monde rationnel, ou ce genre de choses ne se produisait pas. Et au final, elle se retrouverait au point de départ mais avec la déception de ne pas avoir le soutien de ses parents et la tristesse qu'ils la prennent pour une menteuse. Non, il était décidément hors de question qu'elle parle de ses problèmes à qui que ce soit.
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Le royaume des elfes 1-Astoria
FantasyDans le conté d'Andromède, la magie est proscrite. Pour que les nains et les humains puissent utiliser leur technologie le royaume s'est divisé, séparant les non-magiques des fées et des elfes. Astoria, jeune fille métisse d'une naine et d'un humain...