Recueil Bungo Stray Dogs

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UNE NOUVELLE ÉTOILE DANS LE CIEL

Soukoku

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— Chûya, appela une voix lointaine. Chûya, Dazai, il faut y aller !
— Oui on arrive, répondit Dazai, sans bouger pour autant. Chûya, tu as entendu ?
Le jeune homme hocha lentement la tête. Son regard était rivé sur le ciel noir au-dessus de lui. Il n'entendait presque pas les bruits autour de lui, il ne sentait pas l'odeur de l'incendie qui embaumait encore l'air, et il ne voyait pas vraiment le visage de Dazai, penché au-dessus du sien. L'incendie qui avait été déclenché lors de leur combat était éteint à présent, mais sa fumée se répandait toujours dans le ciel, et montait jusque sur la lune, qui n'était plus qu'une pâle bille blanche flottante. Et pourtant, même avec la noirceur de la fumée et l'obscurité de la nuit, quelques étoiles réussissaient à briller devant les yeux de Chûya.
Elles paraissaient à la fois lointaines et proches, immenses et minuscules. Elles étaient comme de petits diamants disposés sur un écrin noir, comme des larmes qui brilleraient sur des iris d'encre. Plus Chûya les fixaient, plus il en voyait de nouvelles, comme si elles se multipliaient pour qu'il continue de les regarder.
Son corps était étendu dans l'eau, flottant sur le fleuve de Yokohama. Sa peau était encore brûlante, ses marques rouges avaient disparu, mais on pouvait encore en voir la trace sur ses bras, et son cœur ralentissait lentement. Chûya retrouvait peu à peu ses esprits. Il se souvenait avoir retiré ses gants et prononcé les quelques mots pour activer sa corruption, et ensuite plus rien. Il devait être à l'origine de l'incendie, ou alors c'était Akutagawa et Atsushi, lorsqu'ils se battaient contre leurs ennemis. Chûya serait incapable de le dire, il se souvenait à peine des ennemis qu'il combattait. La seule chose dont il se souvenait clairement pour l'instant, c'était la main tiède de Dazai, qui se posait sur sa joue.
À cet instant, la rage qui bouillonnait en lui s'était aussitôt envolée. En une seconde, Chûya n'avait plus rien ressenti ni pensé, il n'y avait plus eu qu'un grand vide en lui. L'océan de ses pensées était redevenu calme, parfaitement lisse, et ses yeux avaient retrouvé leur vie. En annulant son pouvoir, Dazai l'avait libéré, et Chuya s'était senti incroyablement bien l'espace de quelques secondes. Dazai ne l'avait pas seulement privé de son pouvoir, il lui avait aussi redonné son souffle.
Ce devait être lui qui l'avait emmené dans le fleuve, pour l'aider à revenir à lui, et calmer son corps. Il se tenait près de lui, Chûya pouvait sentir ses mains sous ses épaules, comme pour l'empêcher de couler.
— Tu penses que je suis un monstre, demanda Chûya d'une voix perdue.
— Tout dépend de ce que tu entends par monstre, demanda Dazai avec calme.
— Je sais pas...
— Alors je ne peux pas te répondre.
Chûya ne sût pas quoi répliquer. Dazai passa doucement sa main dans sa chevelure rousse, qui flottait tout autour de son visage, levé vers le ciel, et démêla soigneusement ses boucles.
— Atsushi est indemne, et Akutagawa est blessé, annonça-t-il d'un ton neutre. Mais Akutagawa n'a tué personne lui-même, j'ai abattu nos ennemis. J'ai vidé mon chargeur sur eux, pendant qu'Akutagawa les immobilisait, et qu'Atsushi les regardait. À ton avis, lequel d'entre nous trois est le monstre ?
Chûya ne répondit rien, et Dazai passa son pouce sur sa joue pour essuyer du sang.
— Celui qui a tiré, celui qui l'a aidé, ou celui qui a regardé, demanda-t-il doucement.
— Aucun, vous restez humains, finit par dire Chûya.
Dazai ne répondit pas tout de suite. Il n'y avait rien à dire après tout, aucun mot ne pourrait rendre à Chûya son humanité. Il se sentait étranger à lui-même, il avait l'impression d'être un démon enfermé dans un corps. Et il détestait plus que tout entendre cette partie de lui rugir, grogner dans son cœur pour essayer de prendre le contrôle de lui, et se déchaîner une fois libérée. Il ne se sentait jamais aussi inhumain que dans ces moments.
Il avait souvent entendu Dazai parler de Fyodor comme d'un diable, d'un monstre. C'était le nom qu'il lui donnait. Mais au final, Fyodor était bien plus humain que Chûya, et il était beaucoup plus proche d'être un démon que lui. Pourtant, Dazai ne l'avait jamais appelé ainsi, et il ne comprenait pas pourquoi. Peut-être parce que son inhumanité l'effrayait trop, ou alors qu'elle le dégoûtait trop pour qu'il la nomme. Chûya n'en savait rien. Il n'osait même pas s'imaginer la manière dont Dazai devait le regarder lorsqu'il était corrompu, et il était toujours incapable de croiser son regard après une transformation.
— Chûya, tu sais à quoi tu ressembles quand tu te transformes, demanda Dazai au bout d'un moment.
— Non.
— Tu as des marques noires sur tout le corps, et elles brillent d'une lumière rouge vive. Encore plus vive que tes cheveux.
— Et alors, demanda Chûya, d'une voix dépourvue d'énergie.
— Rien. Tu me rappelles le feu.
— Des enfers ?
— Non, juste le feu. Tu me fais penser aux allumettes qu'on allume quand on est plongé dans le noir. À des terres desséchées, qui craquellent sous le passage des langues de feu. À un brasier nocturne, qui ravage des forêts entières. Aux feux de joie, autour desquels on danse en chantant. Au feu de cheminée qu'on fait en hiver pour se réconforter d'avoir passé une journée glaciale. Aux feux follets qui nous guident sur les lacs sombres. Tu es comme un souffle d'espoir qui jaillit au milieu de l'obscurité.
Chûya tourna la tête vers Dazai et le regarda sans comprendre. Cette fois, c'était lui qui avait les yeux rivés sur les étoiles, il avait même un petit sourire aux lèvres.
— Chûya, tu sais à quoi ressemble une étoile vue de près ?
— Pas vraiment.
— De loin elles ont l'air de petites taches blanches. Avant je pensais que le ciel était une toile peinte, et que les étoiles étaient des trous d'usures dedans, et je détestais ça. Je me demandais pourquoi personne n'allait les recoudre, ou poser un carré de toile dessus. Et ensuite, j'ai découvert qu'une étoile c'était une boule de feu. De près c'est énorme, c'est une grande sphère rouge-orangé qui brûle et qui a l'air d'être sur le point d'exploser de lumière.
Dazai tourna la tête vers Chûya et pencha la tête.
— Je crois que c'est ce que t'es. T'es une étoile Chûya. Tu es mon étoile, la seule que je vois briller dans la Voie lactée.

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Voici un petit os pour vous mettre du baume au cœur après la dernière intrigue :)
J'ai oublié de vous le dire, mais je tenais à m'excuser parce qu'en ce moment je poste toujours très en retard. En fait je viens de finir une très grosse histoire et donc je prends un peu de temps pour me reposer et éviter le burn out 🫠

Je suis contente de cet os parce qu'il est plutôt bien écrit, et j'aime bien utiliser des images stellaires ! Et puis mes derniers os étaient moins bien écrit (sauf lui 🥀 dont je suis vraiment fière), alors ça relève un peu le niveau :)

À demain pour mon intrigue préférée !!🤭