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L'IDYLLE DU ROI DE CŒUR

La goutte de trop

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   — Nikolaï, je peux entrer ?
   — Oui !
   — Je peux savoir pourquoi dans le salon il y a un bol de nouilles à peine entamé, et dans la cuisine il y a un début de préparation de pâte à crêpes, demanda Fyodor en entrant dans la salle de bain.
   — Ah, j'ai oublié de ranger, dit Nikolaï, qui était tranquillement allongé dans son bain.
   — Sérieusement, souffla Fyodor avec agacement.
   — En fait je voulais faire des crêpes, mais ensuite j'ai eu faim donc j'ai fait une pause pour manger, sauf qu'en mangeant je me suis souvenu que je devais me doucher et je suis parti prendre un bain !
   Et évidemment, il n'avait pas pensé à ranger derrière lui. Fyodor croisa les bras sur sa poitrine et le dévisagea, partagé entre l'idée de noyer Nikolaï pour le punir de n'avoir rien rangé, ou rester calme et compréhensif envers lui. De toute façon ce n'était pas comme si c'était nouveau, Nikolaï laissait tout traîner derrière lui, et il commençait souvent plusieurs choses en même temps pour ne jamais les finir. Résultat, c'était Fyodor qui finissait tout.
   En temps normal, Fyodor ne disait rien. Il savait très bien que Nikolaï ne le faisait pas toujours exprès, lors de ses épisodes maniaques il passait son temps à laisser derrière lui des travaux inachevés. Et Fyodor ne disait rien la plupart du temps. Mais là... Il était de mauvaise humeur, et il sentait qu'il n'allait pas pouvoir s'empêcher de faire des reproches à son colocataire.
   Il avait passé une mauvaise journée, ses collègues de bureau l'avaient agacé au plus haut point, ensuite sa petite amie lui avait rendu visite par surprise, elle avait voulu coucher avec lui alors ils l'avaient fait dans la voiture, mais Clara s'était énervée sous prétexte qu'il « ne pensait pas à elle quand ils le faisaient ». Ce qui était peut-être vrai, mais évidemment Fyodor avait nié, alors Clara était partie, furieuse, et cette histoire l'avait énervé. Et en rentrant, il trouvait une fois de plus son appartement en désordre. Et Nikolaï était tranquillement dans son bain, à patauger dans l'eau chaude.
   Fyodor sentait qu'il ne resterait pas calme longtemps si Nikolaï continuait de jouer avec la mousse qui le couvrait.
   — Tu ne peux pas te forcer à finir ce que tu commences, demanda le jeune homme en essayant de rester calme.
   — C'est plus fort que moi, je peux pas m'empêcher de toujours commencer de nouvelles choses, expliqua Nikolaï en faisant couler du savon sur ses bras.
   — Et tu ne peux pas ranger non plus je suppose, continua Fyodor d'un ton irrité.
   — Hmm... non.
   — Et tu ne pourrais pas faire un effort ?!
   — J'y peux rien si j'arrive pas à finir ce que je fais, se défendit Nikolaï.
   — Mais tu pourrais faire des efforts non ? Au moins ranger derrière toi ?!
   — J'aime pas ranger !
   — Et tu crois que moi j'aime ranger derrière toi ?!
   — J'y peux rien si je suis distrait !
   — Et tu peux pas prendre des médicaments, s'écria Fyodor avec colère.
   — Bon c'est quoi ton problème, s'énerva Nikolaï.
   — Le problème c'est que tu ranges rien et je dois toujours repasser derrière toi ! Je passe mon temps à tout faire, je range, je fais les repas, les lessives, le ménage, je dois m'occuper de toi, gérer tes crises, t'empêcher de sauter par la fenêtre en pleine nuit, jouer aux cartes avec toi n'importe quand, subir les reproches de Sigma parce que je ne m'occupe pas de toi alors que je ne suis pas à ton service, et que je fais littéralement tout ici pour toi et pour entretenir cet appartement, et tout ça en plus de gérer ma propre vie, de travailler tous les jours avec des personnes que je ne supporte pas, de faire de la compta pour nous deux, de gérer ta vie et la mienne, et je dois aussi gérer ma copine qui se met contre moi en disant que je pense pas à elle quand on couche ensemble, que je passe plus de temps avec toi qu'avec elle et que je lui cache des choses ; ce qui est vrai puisque je ne peux pas parler de ta maladie, je suis obligé de cacher des choses à Clara ! Donc pour conclure ce long discours assez peu éloquent... Je dirais que mon problème, c'est toi, déclara Fyodor d'une voix tremblante de colère.
Nikolaï le regarda avec surprise et ne réagit pas, alors que Fyodor le dévisageait avec froideur. Une minute passa sans que rien ne se passe. Il allait vraiment continuer de le fixer sans rien dire ? Il ne comptait pas lui répondre ni se défendre ? Ou juste lui dire qu'il n'avait pas choisi d'être comme ça, qu'il n'avait pas choisi ses troubles à la naissance en prenant ceux qui l'intéressaient le plus, qu'il faisait de son mieux pour vivre ainsi. Mais Nikolaï ne dit rien.
Il garda le silence, en conservant son expression étonnée, ce qui ne fit qu'énerver un peu plus Fyodor.
— Tu dis rien, demanda-t-il avec agacement.
— Je sais pas quoi dire.
— Dis quelque chose.
— Mais je-
— Je m'en fou que tu saches pas quoi dire, dis quelque chose, ordonna Fyodor.
— Je suis désolé.
— J'accepte pas tes excuses.
— Mais j'y suis pour rien !
— Cinquante pour-cent du temps t'y es pour rien. Mais les cinquante autres pour-cent t'y es pour quelque chose. Je fais tout pour toi et tu ne fais rien pour moi, assume-le.
— C'est vrai. Je suis quand même désolé.
Fyodor ne prit pas la peine de répondre, et continua de fixer son colocataire avec colère. Nikolaï ramena la mousse de son bain près de son torse pendant un instant, comme pour éviter le regard sombre du jeune homme, avant de poser de nouveau ses yeux sur lui.
— Tu penses à qui quand tu couches avec Clara, demanda-t-il avec sérieux.
— C'est vraiment ce qui t'intéresse, demanda Fyodor avec irritation.
— Oui. Tes problèmes de couple c'est tout ce qui est à ma portée. Alors tu penses à qui ?
— À toi.
Nikolaï ne répondit rien, et Fyodor soutint son regard. Il avait répondu sans réfléchir, sans penser à ce que pourrait provoquer cette réponse. Mais il n'avait pas menti.
Son colocataire avait tellement envahi sa vie qu'il avait fini par envahir ses pensées. Fyodor pensait à Nikolaï lorsqu'il était au bureau, et il se demandait comment est-ce qu'il travaillait. Il pensait à Nikolaï lorsqu'il partait en Russie pour les vacances, et il se demandait comment il s'occupait, tout seul ici. Il pensait à Nikolaï lorsqu'il déjeunait avec ses amis, et il se demandait s'il avait bien pris son repas. Et au départ, il avait mis toutes ces pensées sur le compte de l'inquiétude, par rapport à son état psychique.
Mais... c'était bien plus que cela. Était-ce seulement de l'inquiétude lorsqu'il pensait à lui dans ses pensées intimes ? Lorsqu'il embrassait Clara et qu'il voyait le visage de Nikolaï au lieu du sien. Qu'il se demandait comment était la texture de sa peau, comment se gonfleraient ses muscles sous ses mains, comment s'humidifieraient ses lèvres contre les siennes ? À quoi pourrait ressembler la mélodie de son cœur mêlée à la sienne, à quel point son corps pouvait s'associer au sien, et jusqu'à quelle température il pouvait monter. Il se demandait comment est-ce qu'il embrassait, comment ses mains agripperaient ses hanches, comment son bassin ferait monter son corps, comment son souffle brûlerait son visage...
Il pensait à lui, à son corps, à ses yeux, à ses lèvres, à ses mains. Il pensait à lui et le voulait, et il avait beau tout faire pour l'ignorer, il continuait de le désirer avec ardeur. Alors il en venait à l'imaginer à la place de sa petite amie. Il imaginait son corps nu dans ses bras. Il s'endormait en pensant à lui, et sa main glissait entre ses cuisses lorsqu'il apparaissait dans ses pensées... Nikolaï le hantait, et Fyodor n'arrivait pas à lui échapper.
— Alors viens, finit par dire Nikolaï en se relevant.
La mousse blanche glissa sur son corps, dans un scintillement de bulles colorées, et révéla peu à peu ses muscles. Fyodor le dévisagea un instant, peu surpris par sa réponse. Il était sûr que Nikolaï dirait ça, à vrai dire, en entrant dans la salle de bain, il savait déjà comment leur discussion se terminerait. Et c'était bien pour ça qu'il était entré.
Le jeune homme se déshabilla lentement, sous le regard avide de Nikolaï, qui rejeta sa longue tresse dans son dos en le fixant. Il enjamba le bord de la baignoire une fois nu, et s'arrêta à quelques centimètres de Nikolaï.
— J'ai toujours rêvé de te faire l'amour, sourit son colocataire en le prenant fermement par la taille.
— Je sais, dit Fyodor sans ciller.
— Mais tu viens de me crier dessus alors je ne risque pas d'être tendre...
— ... Je sais, répéta Fyodor, avant de fondre sur ses lèvres avec envie.

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Le chapitre est un peu court, mais c'est pour compenser avec le chapitre de demain qui sera plus long 👀

Il ne reste d'ailleurs plus que deux chapitres à cette intrigue, alors profites-en parce que... Disons que j'ai mené la vie dure à Fyodor dans mon recueil, et cette intrigue est l'une de celles où il a le moins de problèmes 👩‍🦯

J'hésite pour la prochaine intrigue. J'en ai une spécialement sur le shin soukoku mais... Elle fait mal, et je pense que c'est pas trop le moment pour la sortir, donc on va attendre un peu. Sinon, j'ai trois propositions d'intrigues.

1) Une multiship à moitié dans le contexte de l'anime (il y la mafia, les détectives, et les pouvoirs, mais Fyodor et tout sont dans la mafia). Dans cette intrigue, Chûya, Fyodor, Atsushi, Gin et Yosano partent en mission pendant deux semaines ensemble, et vivent ensemble, laissant loin d'eux Dazai, Nikolaï et Aku. Chûya et Fyodor vont rapidement devenir amis en comprenant qu'ils sont tous les deux des clowns dans leur relation, ce qui va fortement déplaire à Dazai et Nikolaï. De leur côté, Gin et Yosano se rapprocheront, et enquêteront sur Atsushi, qui semble très attaché à Aku...
L'avantage de cette intrigue c'est qu'il y a plusieurs ships, le shinsoukoku est cute même si on le voit pas beaucoup, et on voit des nouvelles relations. L'inconvénient, c'est qu'elle fait vraiment mal par rapport au Fyolai. 🫢

2) Une intrigue hors contexte sskk, skk et fyolai (avec un peu de tetchô x jono). Chûya vit au troisième étage de son immeuble, et juste en face de son appartement habité un magnifique jeune homme, qui a pris l'habitude de faire ses séances de musculation dans son salon. Chûya, Fyodor, et Aku (qui est obligé d'assister à cela), l'espionne alors faire avec joie, jusqu'à ce qu'un jour, ils se rendent compte qu'eux aussi se font espionner, par ceux qui habitent sous leur bel inconnu. Ils entament une discussion en s'écrivent des mots à la fenêtre jusqu'à ce qu'ils remarquent qu'Aku a l'air très intéressé par l'un d'entre eux...
Avantage : c'est une intrigue drôle et toute mimi. Inconvénient : c'est pas la plus incroyable 🗿

3) intrigue hors contexte, c'est une histoire de royauté. Les Akutagawa forment la famille royale du Japon, avec Ryûnosuke comme roi pour le pays, et Gin, une princesse qui semble peu intéressée par ses devoirs. Entre Ryûnosuke qui se rapproche du prince qui veut épouser sa sœur pour le tester, Gin qui cherche à s'épanouir en temps que femme, Chûya qui doit supporter l'insupportable paysan qu'est Dazai, et Fyodor qui cherche à échapper à la violence de sa famille... Les chroniques de Yokohama sont toujours pleines de surprises.
Avantage : c'est l'une des seules intrigues où on voit plus les filles, et peut-être même un lemon lesbienne qui sait... C'est aussi l'intrigue la mieux écrite puisque le style est plus soutenu. Et puis les lemons sont... vraiment cool.
Inconvénient : dedans je veux que Gin soit avec Yosano, parce que j'aime pas le higugin et que Gin et Yosano sont mes chouchoutes. Sauf que je pense que vous n'allez pas être très emballés par ce ship, donc il faut d'abord que je vous le fasse aimer, et c'est plutôt dans la première intrigue proposée que je le fais 🗿

Laquelle préférez-vous ?

Zoubi zoubi 🙂

Recueil Bungo Stray DogsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant