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LOIN DES YEUX, PRÈS DU CŒUR

La voix de Poe

(Je poste en avance parce qu'après j'aurais plus de réseau !)

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— Tu es sûr que tu ne veux pas qu'on fasse quelque chose ?
   Ranpo émit un grognement incompréhensible, et resta affalé sur son bureau.
   — Tu veux qu'on aille dans un parc, proposa Poe d'une voix mal assurée.
   Ranpo grogna une nouvelle fois, sans bouger.
   — Je peux aller t'acheter des bonbons !
   Même avec cette proposition, Ranpo ne réagit pas. Il devait être vraiment déprimé pour ne pas réclamer de friandise, l'heure était grave. Poe contourna alors le bureau de son petit ami et vint s'asseoir près de lui. Il hésita un instant, puis il posa timidement sa main sur ses cheveux et le caressa discrètement, en balayant la pièce du regard. L'agence n'avait jamais été aussi calme que depuis qu'Atsushi et Yosano étaient partis. L'agence avait même l'air complètement morte, il n'y avait plus que Kunikida qui travaillait.
   C'était le seul à faire ses rapports d'enquêtes, il était assis à son bureau, comme à son habitude, et griffonnait rapidement sur des pages couvertes d'encre noire. En face de lui, Dazai était aussi affalé sur son bureau, il avait un casque sur les oreilles, et semblait visiblement profondément endormi. Cela faisait trois jours qu'Atsushi et Yosano étaient partis, trois jours que Poe passait à l'agence le matin pour tenir compagnie à Ranpo, et trois jours qu'il voyait Dazai dormir. Il était exactement dans la même position que la veille, et hier aussi il avait son casque sur les oreilles. Poe commençait sérieusement à se demander s'il rentrait chez lui la nuit. Et s'il s'était réveillé depuis trois jours.
   Il n'aurait jamais pu penser que l'agence soit aussi vide avec deux détectives en moins. C'était presque comme si Atsushi et Yosano étaient partis avec l'énergie de l'agence, Poe s'inquiétait de plus en plus pour eux. Surtout pour Ranpo, il avait perdu toute sa joie de vivre, ce n'était pas normal ! Pourtant Poe faisait tout pour lui remonter le moral, il lui offrait des sucreries, il le faisait jouer avec Karl, il lui faisait lire ses romans... Mais Ranpo restait déprimé.
   La mafia n'était pas dans cet état, il ne comprenait pas... Il y passait chaque jour pour veiller sur Akutagawa, et il n'avait pas constaté de changement chez eux alors... que l'agence...
   — Ranpo, tu sais que Yosano n'est pas définitivement partie, demanda Poe en ramenant les cheveux de son petit ami derrière son oreille.
   — Peut-être que si, dit Ranpo, en poussant un soupir, dans lequel on pouvait entendre toute sa peine.
   — Elle est juste partie en mission...
   — C'est le début de la fin, c'était la personne la plus amusante ici.
   — Oui mais... Il ne faut pas que tu déprimes... Il faut que tu t'occupes, sinon tu n'auras rien à lui raconter quand tu l'appelleras le soir....
   — Mais je sais pas quoi faire, répliqua Ranpo en le regardant d'un air atterré.
   — On peut se balader, proposa Poe.
   Ranpo haussa les épaules sans conviction, et Poe soupira. C'était dans ce genre de moment qu'il rêvait d'être extraverti, d'avoir confiance en lui, et d'avoir de l'énergie à revendre. Il aimerait avoir des idées de sorties pour les proposer à Ranpo, faire des activités avec lui, mais il ne trouvait rien à faire, et tout ce qui lui venait à l'esprit ne lui plaisait pas. Il aimerait avoir l'énergie de Yosano pour égayer la journée de son petit ami, mais malheureusement il ne l'avait pas, ses batteries sociales se vidaient rapidement, et il n'était pas une personne très intéressante.
   Il comprenait que Ranpo s'ennuie avec lui, lui-même était ennuyé de son existence. Poe abandonna l'idée de consoler son petit ami, et se recroquevilla machinalement sur lui-même, honteux de ne pas pouvoir consoler son petit ami.
— Ranpo, Dazai, vous comptez vous mettre au travail, demanda Kunikida d'un ton irrité.
— Peux pas, dit Ranpo sans bouger.
— Dazai, reveille-toi, ordonna alors Kunikida en retirant le casque de ce dernier.
— Hmm laisse-moi...
— Tu dois travailler, on prend du retard sur le planning !
— Kunikida... Tu peux arrêter de parler aussi fort dès le matin..., marmonna Dazai remuant.
— Tu as encore bu toute la nuit et maintenant tu as mal à la tête... Rassure-moi, tu ne comptes pas faire ça jusqu'à ce que Chûya revienne ?
— Si, totalement, répliqua Dazai au moment même où Nikolaï entrait dans la pièce. Oh non pas lui...
Nikolai ignora son commentaire et s'avança avec détermination jusqu'à son bureau, il frappa ses mains contre, et lui jeta un regard perçant.
— Dazai. J'ai besoin de ton aide. Et Ranpo aussi.
— Je travaille pas, dit Ranpo d'une voix pâteuse.
— Retourne dans ton trou, répliqua Dazai d'un ton froid.
— Je bougerai pas. Est-ce que vous avez envoyé des messages à Yosano et Chûya ?
— Ça te regarde pas.
Nikolaï leva les yeux au ciel en entendant la réponse de Dazai, et choisit de s'approcher de Ranpo.
— Tu as parlé à Yosano depuis son départ ?
— Évidemment.
— Et alors ?! Tu lui as dit quoi et comment ?!
— Pourquoi ça ?
— Parce que c'est ta petite amie et je veux savoir comment tu lances une discussion avec elle !
Poe écarquilla les yeux alors que Ranpo se relevait subitement. Que venait de dire Nikolaï ?! Il pensait sérieusement que Yosano était la petite amie de Ranpo ? Mais... Pourtant il n'avait jamais caché sa relation avec Poe, tout le monde le savait, et puis Yosano était... Enfin... Elle n'avait jamais caché que ce n'étaient pas les hommes qu'elle regardait dans la rue... Poe était si invisible que cela ?
— Je sors pas avec elle, c'est ma meilleure amie, dit Ranpo en éclatant de rire. Moi je suis avec Edgar !
— Qui ça, demanda Nikolaï sans comprendre.
— Edgar ! Poe quoi, expliqua Ranpo en montrant le jeune homme du pouce.
Nikolaï tourna la tête vers Poe et le dévisagea de haut en bas avec surprise, comme s'il découvrait sa présence.
— ... Mais tu sors d'où ?!
— Je fais pas partie de l'agence, j'étais dans La Guilde...
— Ah... Vous êtes vraiment ensemble ?! Mais pourquoi ?!
— Parce qu'on s'aime, c'est quoi ton problème, s'agaça Ranpo en lançant un bâtonnet de sucette sur Nikolaï. Laisse mon chéri tranquille ! Et puis tu n'as qu'à juste lui dire « Salut comment ça va ? » !
— Hein ?
— À Fyodor. C'est à lui que tu veux envoyer un message, alors demande-lui juste comment il va, dit Ranpo en haussant les épaules.
— Tu ne lui as pas parlé depuis qu'il est parti, demanda timidement Poe.
— Ben non, je savais pas comment m'y prendre !
   — Tu ne lui as envoyé aucun message depuis trois jours ? Et lui il ne t'a pas parlé ?
   — Si mais je lui ai pas répondu.
   — On ne peut plus rien faire pour toi alors, déclara Ranpo.
   — Mais c'est à cause de Dazai !
   — Pourquoi, demanda Poe sans comprendre.
   Nikolaï leva les yeux au ciel. Il tira une chaise derrière lui, se laissa tomber avec dépit dessus, et prit sa tête entre les mains.
   — J'ai couché avec Fyodor, ensuite je l'ai ignoré et j'ai couché avec Sigma. Et je lui ai dit quand il m'a dit qu'il tenait à moi et depuis je... je l'ignore toujours un peu.
   Poe écarquilla les yeux. Il savait qu'il n'était pas doué en amour, il ne savait jamais comment se comporter avec Ranpo... Mais Nikolaï était vraiment à un autre niveau. Comment pouvait-il agir ainsi ? C'était plus qu'irrespectueux, et ce devait être terriblement blessant et humiliant pour Fyodor... Poe ne s'en serait pas remis, si Ranpo il faisait cela, il se jetterait sans hésiter du haut de son immeuble...
   — Moi je suis surtout étonné qu'il ne t'ait pas tué, dit Ranpo en enfouissant une sucette dans sa bouche. Ou castrer.
— Parce qu'il est parti en pleurant, et il est pas sorti de sa chambre de la journée, répondit Dazai en riant. En tout cas, depuis qu'il l'a appris il dit plus rien, moi ça me fait des vacances.
   — Pourquoi tu as fait ça, demanda Poe. Tu ne l'aimes pas ?
   — Bien sûr que si je l'aime, c'est l'amour de ma vie, s'écria Nikolaï.
   — Faux, si c'était l'amour de ta vie tu n'aurais pas pu coucher avec un autre, contredit Ranpo, en tournant sur son siège. Je serais incapable d'embrasser un autre homme qu'Edgar, même si on me payait un million de yens.
   — Mais je pensais à lui ! Je... Sigma il compte pas et c'était... Coucher avec lui n'avait rien de plaisant du tout !
— C'est facile de dire ça.
   — Pourtant c'est lui que t'as embrassé, lança Dazai en retirant son casque. Et Fyodor doit imaginer chaque détail de votre nuit ensemble. Vos lèvres l'une contre l'autre, comment tu l'as embrassé, avec passion, avec sauvagerie. Le regard plein d'envie, et tes mains qui passaient sur son corps, qui serraient sa poitrine, ses fesses, comment tu l'as serré lui. Et comment tu l'as pris, que son corps est monté contre le tien, ses cuisses serrées autour ta taille, ses mains plongées dans tes cheveux. Et il va inévitablement en arriver à se demander « est-ce qu'il a joui plus fort qu'avec moi ? ». « Est-ce qu'il y repense chaque jour avec euphorie », « est-ce qu'il lui a fait l'amour de la même manière qu'à-
   — Arrête, cria Nikolaï d'une voix tremblante de colère. Ça s'est pas du tout passé comme ça ! C'était rapide, je l'ai même pas embrassé, et-
   — Ah si tu l'as pas embrassé tout va bien !
   — C'est que j'ai fait avec Sigma n'avait aucune importance, j'ai rien ressenti avec lui !
   – Mais tu as couché avec lui, et Fyodor doit y penser tous les jours. Toute la mafia sait qu'il a passé ses nuits à pleurer, même moi j'ai remarqué qu'il était encore plus affreux que d'habitude, dit Dazai avec amusement.
   — Je t'interdis de parler comme ça de lui ! Tu m'as dit de le faire, tu m'as dit d'aller avec un autre et de lui faire ça pour que Fyodor soit obligé de reconnaître ses sentiments, s'énerva Nikolaï en se levant.
   — Je t'ai dit de l'ignorer un peu pour attirer son attention, et de le rendre jaloux avec Sigma ! Pas de coucher avec lui, se défendit aussitôt Dazai.
   — Tu m'as dit « donne à Sigma ce que Fyodor veut que tu lui donnes » !
   — Je pensais pas que tu serais stupide à ce point !
   — Attendez attendez, pourquoi est-ce que tu lui as dit de faire ça Dazai, demanda Ranpo en arrêtant de faire tourner sa chaise.
   — Ben je-
   — Parce que j'avais besoin d'aide pour me rapprocher de Fyodor, alors je lui ai demandé des conseils, parce que je sais qu'il est proche de Chûya, s'exclama Nikolaï en coupant la parole à Dazai. Mais il m'a dit d'ignorer Fyodor pour soi-disant attirer son attention, de faire comme s'il ne s'était rien passé entre nous, et de l'insulter avec des surnoms ridicules en permanence ! J'avais jamais insulté Fyodor, et je l'avais jamais agacé ! J'ai toujours pris soin de lui, on était proche et c'était parfait entre nous ! Mais je l'ai fait, j'ai couché avec Sigma, parce que Dazai m'a dit de le faire, et résultat j'ai perdu Fyodor alors que je l'aime vraiment !
   — Je t'ai jamais dit de coucher avec Sigma, tu as mal interprété, dit Dazai avec indifférence.
   — Dazai, c'est vraiment comme ça que tu te comportes avec Chûya, comprit Ranpo.
   — ... C'est pas bien ?!
   — Je n'aurais pas fait ça pour être avec Edgar en tout cas, dit Ranpo. Tu crois vraiment que c'est une bonne manière de montrer ce que tu ressens ?
   — Tu lui fais du mal, ne put s'empêcher de dire Poe.
   — Mais non !
   — Bien sûr que si, tout le monde le voit, dit Ranpo.
   — Chûya ne m'a jamais dit que je lui faisais du mal.
   — Akutagawa non plus, et pourtant..., lança Ranpo en retournant sur sa chaise.
   — Tu ne devrais pas avoir besoin qu'il te le dise pour le savoir. Tu joues avec lui et tu lui fais toujours du mal, il ne mérite pas ça, dit Poe en secouant la tête. Il te laisse lui faire du mal et tu en profites, tu n'essayes même pas de lui dire simplement ce que tu ressens... Tu devrais vraiment ouvrir les yeux. Parce que quand lui il ouvrira les yeux sur toi, tu vas le perdre... Et Nikolaï je ne comprends pas comment tu as pu faire ça et te dire que c'était une bonne idée. Si tu aimais Fyodor, tu avais juste à lui dire, et tu n'aurais pas été capable de coucher avec un autre. Fyodor t'a fait confiance, et tu as dû lui briser le cœur. En plus d'aller voir un autre, tu l'ignores et tu fais comme s'il n'était personne pour toi... Je n'imagine même pas ce qu'il doit ressentir, et il n'y a vraiment rien d'amusant à savoir qu'il a mal. C'est lâche de se moquer de lui comme ça Dazai, même si tu ne l'aimes pas et que tu lui veux du mal... Rire de sa douleur ainsi, je trouve que ça fait pitié. Fyodor va mal et vous le voyez tous, il ne dort plus et tout le monde a vu qu'il ne mangeait presque plus... Et tu te moques ? Et Nikolaï tu ne fais rien ? C'est juste honteux. À sa place, je pense que vous seriez dans le même état.
   Dazai et Nikolaï ne répondirent pas et dévisagèrent Poe avec surprise, tout comme le reste des personnes présentes dans la pièce. Pendant un instant, Poe ne comprit pas pourquoi tout le monde le fixait. Mais il se rendit rapidement compte que c'était parce qu'il n'avait jamais autant parlé, et qu'il n'avait jamais élevé la voix contre quelqu'un. Et il venait de le faire, à Dazai et Nikolaï en plus de cela ! Il leur avait presque fait la morale !
   Le rouge lui monta aussitôt aux joues et il se ratatina sur lui-même. Qui était-il pour dire tout cela ? Il n'avait pas à s'en mêler, et puis il ne connaissait pas leur histoire, il n'avait pas à parler...
   — D-Désolé, bafouilla-t-il avec gêne. Je... J'aurais pas dû...
   — T'excuse pas, t'es génial Ed, s'écria Ranpo avec excitation. Il a totalement raison, Dazai tu fais n'importe quoi, et Nikolaï aussi. Et si Fyodor et Chûya en parlent ensemble, vous pouvez être sûr qu'ils se ligueront contre vous. Et honnêtement, ils sont bien mieux tous les deux et loin de vous.
   — Quoi, s'écria Dazai avec horreur.
   — Tu rigoles j'espère, s'exclama Nikolaï.
   — Pas du tout, et à leur place je ferais pareil. Tout ça ça m'a remonté le moral ! Viens Ed on va se promener tous les deux, proposa joyeusement Ranpo en lui prenant la main.
   — Oh tu es sûr ? Tu n'avais pas l'air très en forme tout à l'heure...
   — Tu m'as redonné la forme, j'adore te voir comme ça !
   Poe sourit timidement. Il se leva alors et serra la main de son petit ami, prêt à partir se promener avec lui.
   — Attends, tu peux pas partir comme ça ! Dis nous ce qu'il faut faire, s'écria Nikolaï d'un air paniqué. Je veux pas perdre Fyodor !
   — Ah non, débrouillez-vous ! Vous ne pouvez vous en prendre qu'à vous-même.
   — Argh mais c'est pas possible, il y a bien une solution pour arranger tout ça, dit Dazai d'un ton irrité.
   — Oui, et puis comment vous avez fait vous alors ? Ranpo tu comprends rien à l'amour et Poe tu es trop timide !
   — C'est simple, dit Ranpo en passant son bras autour de la taille de Poe. Je lui ai juste dit que je l'aimais.
   Il se hissa sur la pointe des pieds et embrassa Poe, le faisant vivement rougir, avant de l'entraîner avec lui dehors. Ils sortirent de l'immeuble en silence et se mirent à marcher sans que Poe ne connaisse leur direction. Ranpo avait retrouvé son énergie et sa bonne humeur, il tenait la main de Poe en balançant leur bras et souriait tout seul, alors que Poe était affreusement gêné. Il ne s'était jamais mêlé de la vie des autres avant aujourd'hui, que lui avait-il pris... Il devait s'excuser auprès de Dazai et Nikolaï, il n'avait aucun droit pour leur parler de cette manière et leur faire de tels reproches...
— Ed tout va bien, dit Ranpo après un moment de silence.
— Comment ?
— Ta main est toute moite, et je sens ton cœur battre à toute vitesse. Tout va bien Ed !
— Je ne sais pas ce qui m'a pris... Je n'aurais pas dû dire tout ça, c'est si embarrassant... Tu penses qu'ils vont m'en vouloir ?
— Possible, mais qu'est-ce que ça fait ?
— Je ne veux pas qu'ils m'en veuillent... Je ne connais pas leur vie, je ne peux pas les juger comme ça...
— Tu as eu raison de leur dire ce que tu pensais, et je suis super fier de toi, dit Ranpo avec un sourire. J'adore quand tu es comme ça.
— Mais... Je peux pas être comme ça... Je suis personne pour donner mon avis...
— Tu es Edgar ! C'est suffisant ! Tu as le droit de parler autant que les autres !
— J'ai... J'ai juste l'impression que tout le monde attend de moi que... Que je reste la personne discrète et effacée... Ce n'est pas à moi de parler, c'est à toi de le faire, tu es celui qui parle et je suis celui qui écoute. Et quand je parle plus d'une minute, c'est tellement inattendu que tout le monde se met à me dévisager comme s'ils découvraient que j'avais une voix et... C'est vraiment embarrassant.
Ranpo s'arrêta au milieu de la rue et se tourna vers Poe pour prendre ses deux mains, ignorant les passants autour d'eux.
— Edgar, je peux me taire, dit-il doucement.
— Mais...
— J'adore parler, te raconter des bêtises et montrer toute mon énergie, mais je peux aussi me taire et t'écouter. On peut tous se taire pour toi, tu as le droit de dire ce que tu penses, au même titre que nous ! Tout le monde n'ose pas dire ouvertement à Dazai et Nikolaï qu'ils se comportent comme de vraies ordures, sauf peut-être Chûya et Fyodor. Et je suis vraiment fier de voir que tu as osé dire ce que tu pensais. Alors, même si tout le monde t'a fixé avec surprise, on s'en fiche, parce que t'es génial.
Il se hissa sur la pointe des pieds et déposa un baiser sur les lèvres de Poe, le faisant une nouvelle fois rougir.
— Et puis t'es encore plus attirant comme ça, chuchota Ranpo tout près de ses lèvres.
— Ranpo, s'exclama Poe avec gêne.
— Quoi ?! Je dis juste la vérité, répliqua son petit ami en prenant son bras pour le poser autour de ses épaulés, avant de relancer leur marche.
Poe rougit sans parvenir à répondre. Il avait vraiment du mal à comprendre ce que Ranpo trouvait attirant chez lui, il était si... Si ennuyant. Son caractère était inexistant à côté de celui de son petit ami, et physiquement... Il n'avait rien de spécial. Il n'était pas repoussant, mais il était loin d'être séduisant...
— Tu sais, à côté de vous je suis vraiment insipide, dit-il à voix basse.
— C'est vrai qu'à côté de moi tu es un peu éclipsé, puisque je suis d'une beauté sans égale, mais tu es magnifique aussi !
— Personne ne me remarque, et je n'ai pas un joli visage comme toi, Dazai ou même Nikolaï...
— Non en effet, tu as un visage splendide, corrigea Ranpo, en entrelaçant ses doigts avec ceux de Poe, posés sur son épaule. Et puis tu veux vraiment être comme Dazai ou Nikolaï ?
— Physiquement, ça ne me dérangerait pas.
— Moi ça me dérangerait, tu serais beaucoup moins beau.
— Si tu le dis...
— Dazai serait bien mieux avec une longue frange devant les yeux, et un raton laveur sur l'épaule. Et Nikolaï serait mieux en brun, ajouta Ranpo. Je ne sais même pas ce que leur trouvent Chûya et Fyodor.
— Je sais pas. Mais ça me fait de la peine de savoir qu'ils les aiment alors qu'ils les font souffrir. Ils ne méritent pas ça...
— Je savais pas que tu les appréciais, tu me l'as jamais dit !
— Je les connais pas vraiment... J'ai juste remarqué que Chûya n'était pas une mauvaise personne, il prend soin de ceux qu'il aime et il pardonne tout à Dazai. Il n'a pas l'air d'être une mauvaise personne... Et je ne connais pas Fyodor. C'est peut-être une mauvaise personne à cause de ses actes mais... Je ne crois pas qu'il ait fait quoi que ce soit pour mériter de souffrir de cette manière.
— Personne ne mérite de souffrir en aimant.
— Oui. Je n'aime pas qu'ils soient traités comme des objets, et je n'aime pas que Dazai se moque de Fyodor, dit Poe avec peine. Il peut se moquer de lui pour ce qu'il veut... Mais pas pour ça. Ça n'a vraiment rien de drôle, j'aimerais pas qu'on se moque de moi si tu étais allé voir ailleurs...
— Moi non plus, ça me ferait me sentir encore plus seul.
— La solitude doit être horrible dans ce genre de moment.
— Oui, et Fyodor n'a personne à part Nikolaï et Sigma, ça ne doit pas l'aider. Et si tu essayais de devenir son ami ?!
— Q-Quoi ?! Mais non, il ne connaît même pas mon nom...
— Bien sûr que si ! Je pense qu'il aime les belles personnes, l'intelligence, et la littérature, ça tombe bien, tu es magnifique, intelligent et romancier !
— Ranpo je ne pense pas l'intéresser...
— Ed je me suis jamais trompé ! En plus Nikonlaï lui a pas envoyé de messages depuis trois jours, il doit se sentir seul ! Envoie-lui un message !
— M-Mais qu'est-ce que tu veux que je lui dise, bégaya Poe avec panique.
— T'as qu'à lui dire que je t'ai demandé de prendre de ses nouvelles pour savoir comment avance la mission ! Et ensuite vous discutez ensemble, dit Ranpo avec excitation.
— Je ne sais pas... Tu ne veux pas le faire ?
— Moi j'ai déjà des amis, c'est à toi de le faire ! Viens, on va préparer ton message, s'exclama Ranpo en tirant Poe vers un café.
— Mais je... Dans quoi est-ce que je me fais entraîner, gémit Poe, n'ayant pas le choix de suivre son petit ami.

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Voilà un petit chapitre mignon avant la tempête 🙂. Initialement, ce chapitre s'arrêtait au moment où Ranpoe sort de l'agence, mais hier j'ai rajouté la fin pour mettre plus Poe en avant !

J'ai évidemment oublié de vous donner d'autres infos sur l'intrigue donc je le fais maintenant 🤡. Cette intrigue se passe à notre époque, donc ils ont des téléphones comme les nôtres et tout. Ensuite, dans le manga on ne sait pas en quoi consiste exactement le pouvoir de Fyodor, mais certains supposent qu'il peut tuer ceux qu'il touche en ouvrant une plaie dans leur corps. Ici, il peut juste tuer ceux qu'il touche comme ça, donc ça implique toute forme de vie. Vous comprendrez par la suite pourquoi je dis ça 🗿

À demain, pour un chapitre de drama 🙂

Recueil Bungo Stray DogsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant