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LES CHRONIQUES DE YOKOHAMA

La Terre

(Le chapitre est pas sur Fyodor mais je voulais vous montrer mon fanart 🤭)

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— Oh... Hmm... Oui... Oh ! Oui, plus vite... Han ! Osamu, plus vite ! O-oui...
Un cri aigu s'éleva et résonna, du bois se mit à craquer, à frapper contre le mur, et un bruit de chute suivit. Intriguée, Gin s'inclina un peu plus, et posa son oreille contre la porte pour écouter les bruits qui s'échappaient de la bibliothèque. Cela faisait un court instant qu'elle était arrivée dans cette partie du palais, mais elle avait rapidement constaté que les portes, toujours ouvertes, de la bibliothèque étaient fermées, et que les gardes postés devant semblaient particulièrement embarrassés. Elle avait vite compris l'origine de leur malaise, lorsqu'elle avait entendu un gémissement s'élever derrière les portes de la bibliothèque, et elle n'avait pu s'empêcher de pousser une exclamation de surprise en reconnaissant la voix de Chûya.
   Bien que déformée par ses gémissements de plaisir, sa voix restait identifiable, et Gin n'avait aucun doute sur l'identité de la personne derrière la porte. En revanche, elle n'avait pas la moindre idée de l'autre homme qui accompagnait Chûya. Elle avait entendu sa voix lorsqu'il avait ordonné à Chûya de... D'accomplir un certain acte, et il s'agissait bel et bien d'un homme. Sa voix était grave et taquine, il avait un accent différent de celui de Gin, ou même de la famille royale, et sa manière de parler était bien plus rude et vulgaire. Il ne s'exprimait pas comme un aristocrate, mais plutôt comme une personne appartenant à une classe différente. Gin n'était pas étonnée de savoir Chûya en compagnie d'un homme qui venait probablement des champs, car il était très proche des classes inférieures. Mais tout de même, elle ne savait pas que Chûya avait un amant !
   Elle avait toujours su que Chûya ne passait pas toutes ses nuits au palais et qu'il aimait s'adonner au plaisir charnel, mais il n'avait encore jamais invité quelqu'un au palais ! Cela voulait dire que ce n'était pas une simple aventure, c'était un véritable amant ! Qui pouvait bien être cet homme ? Et à quoi pouvait-il ressembler ? Était-il petit comme Chûya ? Ou bien grand, comme Fyodor ? Et avait-il les cheveux courts comme lui ?!
   Deux mains se posèrent sur la taille de Gin et la pincèrent, mettant fin à sa réflexion sur l'amant de Chûya.
   — Bonjour ma chère, dit Akiko en apparaissant près d'elle.
   — Akiko, sursauta Gin en s'écartant de la porte. Je ne vous ai pas entendu arriver !
   — Vous sembliez très occupée à espionner quelqu'un, qui est la pauvre victime ?
   — Écoutez, dit Gin en levant un doigt pour lui intimer le silence.
   Akiko se tut et tendit l'oreille, et de nouveaux gémissements retentirent, suivit de craquement de bois de plus en plus rapides.
   — Est-ce la voix de Chûya, demanda-t-elle à voix basse.
   — C'est cela ! Connaissez-vous un Osamu ?
   — Je ne crois pas en connaître, il me semble qu'aucun homme de l'aristocratie ne porte un tel nom...
   — C'est sûrement un homme qui vient de la classe la plus pauvre, Chûya passe beaucoup de temps avec eux, dit Gin d'un air pensif.
   — Osamu, cria soudain Chûya, alors que les grincements de bois devenaient de plus en plus forts. Oui ! Oui ! Oui !
   — Je commence à penser qu'ils sont pris dans un duel, dit Gin d'un air choqué.
— Le plaisir se manifeste parfois avec violence, dit Akiko d'un air pensif.
— Pardon ?! Pourquoi se blesser pour éprouver du plaisir ?!
— Je ne saurais vous l'expliquer, mais si cela vous inquiète, sachez que je ne vous blesserai jamais pour vous procurer de l'extase, murmura Akiko en se penchant vers elle.
— Je l'espère bien, dit Gin avec un sourire, avant de voir des silhouettes apparaître au bout du couloir.
Ryûnosuke s'avançait à présent vers elle, suivit du Prince Atsushi, et naturellement, de Fyodor et Nikolaï, ainsi que des hommes du palais qui suivait en permanence Fyodor et le roi. Ils se dirigeaient vers la bibliothèque, comme l'avait demandé Gin dans le mot qu'elle leur avait fait parvenir le matin même. Elle avait décidé qu'il était temps d'organiser une réunion entre eux, afin de discuter tous ensemble des mariages à venir, et de la question de la descendance. Les relations qu'ils entretenaient étaient contraires aux mariages prévus, et cela pouvait être un obstacle pour l'accomplissement de leurs devoirs.
Gin s'écarta d'Akiko, de manière à retrouver une distance respectable entre elles. Elle ne put s'empêcher de sourire en voyant que la beauté de son frère était particulièrement mise en valeur ces derniers jours, surtout lorsqu'Atsushi était près de lui. Ses kimonos étaient plus beaux les uns que les autres, ses cheveux étaient détachés, ils n'étaient plus enroulés autour de sa tête, mais ils tombaient gracieusement en multiples tresses dans son dos, et ils étaient chaque jour ornés de fleurs fraîches. Ryûnosuke rayonnait en présence d'Atsushi, et il était amusant de constater que l'amour le poussait à faire ressortir sa beauté.
— Je vois que je n'ai pas été le seul à être convié à votre petite réunion, dit Ryûnosuke en arrivant près de Gin. Quel est l'objet de notre entrevue ?
— Le mariage, je le crains. Nous devons mettre au clair plusieurs points... Fyodor, êtes-vous blessé ?
— Je ne le suis pas, pourquoi cette question ?
— Vous semblez bien embêté pour marcher.
— Votre Altesse aussi semble être dérangé, serait-ce le résultat d'une longue balade équestre, demanda innocemment Akiko.
Le rouge monta rapidement aux joues de Ryûnosuke, et Fyodor détourna les yeux avec gêne. De son côté, Nikolaï sourit d'un air satisfait, tout comme Atsushi, qui semblait particulièrement fier d'être à l'origine de l'étrange démarche du roi. Gin savait bien d'où venait cette démarche, elle n'était pas naïve. Et puis ce n'était pas comme s'ils cherchaient à se cacher.
Elle, au moins, faisait des efforts pour rester discrète avec Akiko. Elle l'avait invité de nombreuses fois, depuis ce moment intime qu'elles avaient passé ensemble, et elle s'était arrangée pour la retrouver lorsque personne n'était dans les parages. Elle la retrouvait dans sa chambre la nuit, dans son salon de thé lorsque Chûya partait en ville et que son frère sortait dans son jardin, ou même dans ses bains, afin d'être sûre de ne pas être dérangée. Mais son frère ne faisait pas les mêmes efforts qu'elle ! Certes, tout le palais, y compris les gardes et les servantes, connaissait les relations de chacun, mais ce n'était pas une raison ! Ryûnosuke ne se gênait pas pour écourter son travail et partir avec Atsushi, il le dévisageait sans aucune retenue, et son lit craquait toutes les nuits !
Et encore, cela n'était rien à côté de Fyodor et Nikolaï. Ils se tenaient la main dans les couloirs, Nikolaï faisait ouvertement des avances et des sous-entendus à Fyodor, il posait toujours sa main sur ses fesses, et il l'embrassait dans les jardins sans même prendre la peine de se cacher ! Gin n'avait jamais vu un tel manque de vertu, et elle ne se gênerait pas pour tout raconter dans les moindres détails à Alka.
— Notre démarche n'a pas d'importance, finit par dire Ryûnosuke avec gêne. Qu'attendons-nous pour commencer notre discussion ?
— Nous attendons Chûya, mais il semble avoir trouvé de meilleures activités qu'organiser notre avenir, répondit Gin en indiquant la bibliothèque.
D'un même mouvement, tout le monde se tourna vers les portes fermées. Mais plus aucun bruit ne leur parvenait, tout était redevenu étrangement silencieux. Gin fronça les sourcils et s'approcha. Elle tendit la main pour ouvrir la porte, avant que celle-ci ne s'ouvre et que Chûya n'apparaisse subitement. Il sursauta en tombant nez à nez avec elle et recula, mais il se retrouva bloqué par le torse d'un homme bien plus grand que lui.
L'homme le dépassait de plus d'une tête, il était presque aussi grand que Nikolaï, et son teint bronzé, parsemé de taches de soleil, confirmait à Gin sa condition sociale. Ses joues étaient aussi rouges que celles de Chûya, sa poitrine se soulevait rapidement, et son kimono froissé avait été remis avec précipitation. Chûya était à peine plus habillé, son kimono vert n'était rattaché que par sa main, il ne portait plus ses habituels gants, et ses cheveux étaient détachés. Gin ne l'avait jamais vu ainsi.
— Gin, dit-il avec gêne. Que... Que faites-vous... Pourquoi êtes-vous tous réuni ici ?
— Je vous avais donné rendez-vous, je vois que vous êtes arrivé en avance et que vous avez profité de ce laps de temps pour vous offrir un petit plaisir, dit Gin avec un grand sourire. À qui avons-nous honneur ?
— C'est... C'est...
— Osamu Dazai, déclara le jeune homme, en poussant Chûya sur le côté pour prendre sa place, et s'incliner devant Gin. Je suis particulièrement honoré de vous rencontrer. Vous êtes d'une beauté sans comparable, et si vous me l'accordez, je me verrai une joie de vous offrir un suici-
— Osamu silence, ordonna Chûya avec colère.
— Où l'avez-vous trouvé, demanda Gin, en regardant le dénommer Osamu de haut en bas avec dédain. Et pourquoi veut-il ma mort ?!
— Il ne la veut pas, ne prêtez pas attention aux hérésies qu'il raconte.
— Qui est cet homme, questionna Ryûnosuke en s'avançant. Et que fait-il ici ?
— C'est... Je suppose que je n'ai plus le choix de vous en parler, soupira Chûya. Je vous promets de tout vous dire, mais avant cela, permettez-nous de nous vêtir de manière plus convenable.
— Permission accordée, mais ne vous attardez pas dans votre chambre, ordonna Ryûnosuke.
Chûya acquiesça et s'inclina rapidement, avant de saisir Osamu par le bras, et de l'entraîner fermement avec lui dans le couloir. Osamu était étrange, venait-il vraiment lui demander de se suicider ? Il ne devait pas avoir tous ses esprits pour oser lui proposer un tel acte, il devait même être fou. Chûya ferait peut-être mieux de fuir...
— Attendons-le à l'intérieur, finit par dire Ryûnosuke en entrant dans la bibliothèque.
— Je n'ai jamais vu cet homme au palais, dit Atsushi en le suivant aussitôt.
— Moi non plus, c'est même la première fois que je vois Chûya en compagnie de quelqu'un.
— Je savais qu'il voyait un amant depuis un certain temps, mais je ne pensais pas qu'il comptait assez pour lui pour qu'il l'invite au palais. Et je ne m'étais pas attendu à un tel homme, je pensais qu'il aimait les hommes plus... Adaptés à sa taille, dit Gin d'une voix pensive.
— Je le pensais aussi, dit Ryûnosuke.
— Je suppose qu'il a fini par lui avouer ses sentiments, dit alors Fyodor.
— Comment cela ?
— Il m'avait parlé d'un amant pour lequel il ressentait un fort intérêt, et il ne savait pas si cela était de l'amour, ou simplement une forte amitié.
— Il vous a parlé de cela ? Il ne nous a jamais parlé de ses histoires de cœur, dit Gin d'un air vexé.
— Sûrement parce qu'il sait que vous ne pourrez pas le comprendre, puisque vous n'avez pas de cœur, lança Nikolaï d'un ton sec.
— J'ai suffisamment de cœur pour vous tolérer dans mon palais, répliqua Gin en haussant un sourcil.
— Je trouve que la Princesse a un cœur, défendit Akiko.
— Évidemment, vous êtes son amante ! Mais elle n'en est pas moins particulièrement désagréable avec Fyodor, alors qu'il fait chaque jour d'importants efforts pour être aimable avec elle !
— Comment cela, dit Ryûnosuke, en se tournant vivement vers Gin. Akiko est votre amante ?!
Il s'était retourné si vite que Gin, qui marchait derrière lui, n'avait pas eu le temps de s'arrêter. Elle le percuta et manqua de marcher sur son kimono, avant de se reculer, et de voir que son frère la dévisageait. Il avait l'air à la fois choqué, abasourdi, et déboussolé, ce qui était plutôt amusant à voir. Ryûnosuke n'avait jamais été doué en amour, il devait être le seul dans ce palais à ne pas avoir compris que Gin entretenait une relation avec Akiko.
— Vous ne l'aviez pas remarqué, demanda Gin d'un air rieur.
— Alors cela est vrai ?! Pourquoi ne l'apprenons-nous que maintenant ?! Depuis quand cela dure-t-il ?!
— Oh suffisamment de temps pour que tout le monde le remarque, sauf vous. Vous vous en remettrez Ryû, ne vous en faites pas, dit Gin en lui tapotant l'épaule, avant de le contourner et de partir s'asseoir à une grande table.
— ... Suis-je vraiment le seul à n'avoir rien remarqué, s'indigna Ryûnosuke.
— Oui, nous le savions tous, répondit Nikolaï, avant de partir s'asseoir à son tour.
— Cela était assez évident, ajouta Fyodor en l'imitant.
— Je pensais que vous le saviez, dit Akiko en riant.
— Ryû est un peu naïf, lança Gin d'un air taquin.
— Vous le saviez aussi, demanda Ryûnosuke en se tournant vers Atsushi.
— ... Oui. Je ne vous l'ai pas dit car je pensais que vous n'étiez pas prêt mentalement à cela, dit Atsushi avec un petit sourire d'excuse.
— Je prends cela comme une trahison, vous pourrez dormir chez vous ce soir, dit sèchement Ryûnosuke.
Il se détourna rapidement, de manière à ce que ses tresses fouettent le visage d'Atsushi. Il partit s'asseoir en face de Gin, et Atsushi l'imita, amusé de la réaction de son amant. Une fois que tout le monde fut installé autour de la table, un silence tomba, sans que personne n'essaye de lancer la discussion. Il ne restait plus qu'à attendre le retour de Chûya...
Si Gin les avait tous réunis ici, c'était pour discuter des mariages à venir. Elle avait bien conscience qu'elle ne pouvait pas y échapper, et maintenant que Fyodor vivait au palais, elle n'avait plus d'autre choix que de l'épouser. Elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même. Si elle avait cherché un mari plus tôt, elle aurait été indisponible pour Fyodor, et un mariage entre eux n'aurait jamais pu être envisagé. Seulement, elle s'était montrée trop têtue et trop sûre d'elle, et elle était maintenant forcée de concevoir son avenir avec cet homme.
Elle s'était résignée à cette idée, et elle s'était obligée à faire un effort pour converser avec lui. Cela faisait un mois que Fyodor résidait au palais. Au cours de ces trente jours, Gin avait fait venir de nombreuses femmes au palais, comme l'avait suggéré Akiko, et elle les avait confrontées à Fyodor. Ces entrevues l'avaient laissée perplexe, car aucune femme n'était revenue sur les accusations qu'elles portaient sur Fyodor. Mais Gin avait compris qu'elle était la source du problème. Fyodor avait courtisé de nombreuses femmes sur de longues périodes, ce qui les avait fait se sentir harcelée. Il avait envahi leur quotidien en les accablant de bienfaits, alors elles s'étaient senties épiées, surveillées. Voulant bien faire, elles en avaient parlé à leurs mères et leurs amies, les rumeurs s'étaient diffusées, certaines personnes les avaient déformées, et le statut d'harceleur de Fyodor s'était transformé en statut de prédateur sexuel.
Seulement, il manquait un détail important dans cette histoire. Fyodor n'avait jamais sincèrement voulu se marier, et il avait déjà un amant, qu'il aimait avec passion. Il n'était pas suffisamment intéressé et monstrueux pour déshonorer de force une femme, et l'obliger à l'épouser. Il ne pouvait donc pas être un prédateur sexuel. Quant à l'harcèlement, il était bien réel. Mais il était dirigé par son père, et Fyodor n'était qu'un instrument dans ses actions. Lui aussi était forcé de courtiser des femmes aussi fréquemment, mais il ne l'avait jamais désiré, et il n'avait jamais éprouvé de sentiments amoureux, ou haineux, pour elles.
Gin tourna la tête vers Fyodor, qui était assis à sa gauche. Ses mains étaient croisées sur ses cuisses, et une bague en or brillait à son annulaire. Elle ressemblait à une bague de fiançailles, et le rubis qui l'ornait avait la même couleur que ses yeux. Gin avait appris que Nikolaï lui avait offert, cela devait être une bague d'engagement entre eux. En un mois passé auprès d'eux, Gin avait pu voir combien leur amour était fort, et elle ne pouvait plus croire que Fyodor ait volontairement importuné les femmes qu'il courtisait.
Son opinion à son sujet avait changé, et elle pouvait désormais tolérer sa présence (bien que sa fierté l'empêchait de se montrer trop aimable avec lui). Mais il n'en restait pas moins un homme, et Gin se passerait volontiers d'un mariage avec lui. Elle préférait grandement épouser Akiko, elle serait beaucoup plus épanouie avec elle, et elle n'aurait pas à s'inquiéter de leur nuit de noces. Toutes les nuits qu'elle passait aux côtés d'Akiko étaient oniriques, elles se comprenaient sans avoir à parler, et son corps réagissait si bien sous son corps... Gin ne voulait pas s'offrir à une autre personne qu'Akiko, elle était la seule qu'elle désirait, et sa compagnie était la seule à ne jamais pouvoir l'ennuyer.
Mais un mariage entre elles était impossible. Elles ne pouvaient avoir d'enfants entre elles, et cela mettrait fin à leur lignée, ce qui n'était pas envisageable. Et Akiko était déjà mariée, même si Gin l'oubliait la plupart du temps. Son mariage avec Tetchô était si secondaire qu'il semblait parfois ne pas avoir eu lieu ! Gin espérait qu'il en soit de même pour elle et Fyodor, elle ne voulait pas être en permanence rattachée à lui, et elle voulait garder sa liberté et ses relations. Fyodor devait aussi le désirer, puisqu'il aimait Nikolaï. Ils aimaient tous les deux d'autres personnes, cela risque de poser problème lors de leur nuit de noces...
C'était d'ailleurs pour cette raison que Gin avait organisé cette entrevue dans la bibliothèque. Gin leva les yeux vers une horloge, accrochée au-dessus des portes d'entrée. Cela faisait plus de dix minutes qu'ils attendaient Chûya.
— Il ne reviendra pas, n'est-ce pas, demanda-t-elle d'un air las.
— Cela m'étonnerait, dit Ryûnosuke.
— Il est parti avec son amant, et ils avaient l'air très euphoriques, ajouta Akiko.
— Je ne serais pas revenu non plus, à sa place, dit Nikolaï. Il doit passer un merveilleux moment...
— Sa présence est-elle nécessaire, demanda alors Atsushi.
— Il est mon chaperon et mon gouvernant, sa présence est importante, soupira Gin. L'un de vous doit aller le chercher. Je ne peux pas le faire, cela serait indécent que je vois une scène... Intime. Et si nous envoyons un garde ou un secrétaire, Chûya pourra facilement se débarrasser de lui. Ryûnosuke, vous êtes le roi donc c'est à vous de le faire.
— Comment ?! Il est hors de question que j'aille chercher Chûya, refusa aussitôt Ryûnosuke. Atsushi, allez-y.
   — Pourquoi moi ?!
   — Car je l'ai dit. Et je suis le roi, donc vous devez m'écouter.
   — Vous n'êtes pas mon roi techniquement...
   — Vous êtes sur mes terres et dans mon palais, donc je commande.
— Je peux aller le chercher, j'adore interrompre les moments intimes, proposa Nikolaï avec amusement.
— Étonnant, venant de vous, dit Gin avec un haussement de sourcils. Et bien allez les chercher dans ce cas, cela nous évitera d'attendre vainement.
Nikolaï esquissa un geste pour se lever, mais l'une des portes de la bibliothèque s'ouvrit à ce moment, et l'amant de Chûya apparut. Il était seul, Chûya devait être resté dans ses appartements. Il avait lissé son long kimono bleu satiné, qui ne devait probablement pas lui appartenir, et ses cheveux avaient été coiffés. Chûya n'était pas avec lui ? Qu'en avait-il fait ?!
— Ah vous voilà ! Je ne trouvais plus le chemin, le palais est tellement grand, dit Osamu avec un grand sourire. Pourquoi y a-t-il autant de portes et de couloirs ?!
— Où est Chûya, demanda Gin en fronçant les sourcils.
— Oh il est dans sa chambre, ses femmes de chambre lui refont ses tresses et son maquillage pour qu'il soit tout joli, dit Osamu avec un geste désinvolte de la main. Il m'a viré parce que je l'empêchais de se préparer, et il m'a dit de vous prévenir qu'il arrivait. Enfin, vu la vitesse à laquelle il marche avec ses hanches, et la distance qui sépare sa chambre de cette pièce, vous pouvez encore attendre une bonne heure !
— ... Je... Qui êtes-vous pour Chûya, demanda Ryûnosuke, qui semblait déconcerté du détachement de ce jeune homme face à la famille royale.
— Je suis sa clé d'entrée au paradis, dit fièrement Osamu.
— Seigneur, cet homme est d'un embarras..., soupira Fyodor à voix basse.
Pour une fois, Gin était d'accord avec lui, et Ryûnosuke devait l'être aussi. Cet homme était bien trop à l'aise avec eux, et il leur sous-entendait clairement la nature de ses activités avec Chûya. Cela était assez inconfortable comme situation, Gin ne savait comment réagir.
— Tiens ! Je ne savais pas qu'il y avait d'autres paysans ici, je suis surpris, lança Osamu en posant ses yeux sur Fyodor.
— Je vous demande pardon ?
— Toi aussi t'es un paysan non ?! Je t'ai jamais vu !
Fyodor dévisagea Osamu, alors qu'un silence de plomb s'abattait entre eux. Osamu venait-il vraiment de prendre Fyodor pour une personne de base condition ?! Gin n'en revenait pas, comment pouvait-il penser que Fyodor était au même rang que lui ?!
Il devait penser cela à cause de ses cheveux coupés courts, qui tombaient au-dessus de ses épaules. Les cheveux courts étaient une marque de pauvreté et de mauvaise fortune, cela venait du fait que les plus démunis vendaient leurs cheveux pour gagner de l'argent. Et puis, il était plus pratique d'avoir des cheveux courts pour faire des travaux manuels, alors les agriculteurs et les artisans se les coupaient. Mais tout de même, il était évident que Fyodor était noble !
Son teint était pâle, signe qu'il ne passait pas ses journées dans les champs, à ratisser les terres et à brûler sous le soleil. Sa peau était intacte et douce, ses bleus avaient disparu, et il ne portait aucune cicatrice de travail, ni de brûlure, et ses doigts n'étaient pas noircis par la suie. Il était vêtu d'un kimono particulièrement somptueux, aux couleurs de son pays, et qui devait coûter une fortune. Il portait les tresses royales, et ses mèches étaient décorées de ruban de soie, de perles rosées, et il avait de nombreux bijoux. Et il se tenait bien, il était droit, son port de tête était irréprochable et il s'exprimait avec raffinement. Il était impossible de se tromper sur son statut social, Osamu avait forcément fait exprès de se tromper.
— Je ne suis pas un paysan, dit froidement Fyodor.
— Il s'agit du chef du plus puissant clan du pays, ajouta Nikolaï d'un ton sec.
— Vraiment ? On ne dirait pas !
— Pouvons-nous savoir ce qui vous amène ici, coupa Gin d'un air impatient. Est-ce Chûya qui vous a invité au palais ? Cela ne lui ait jamais arrivé auparavant.
— Oh non, je suis venu de mon propre chef, expliqua Osamu en s'approchant d'eux, pour s'asseoir sans gêne entre Atsushi et Akiko.
— Que faites-vous ?
— Nous n'allons pas discuter ?
— Personne ne vous a invité à vous asseoir, fit remarquer Fyodor.
— Peu importe, pourquoi êtes-vous venu voir Chûya, questionna Ryûnosuke.
— J'ai toujours voulu venir le voir ici, et j'ai toujours voulu passer un moment avec lui dans un endroit confortable. Chez moi, le lit est aussi dur que le bois et Chûya n'est pas à l'aise dessus, il finit toujours par se plaindre de douleurs au dos et nous devons changer de position, alors qu'ici tout est si agréable ! Nous avons pu le faire plusieurs fois sans-
— Il y a une jeune femme non mariée ici, je vous prierai de ne pas salir sa vertu avec un sujet aussi intime, coupa Ryûnosuke en écarquillant les yeux. Êtes-vous réellement venu rendre visite à Chûya pour... Pour cela ?!
— Je suis désolé, s'excusa alors Osamu. Je suis venu voir Chûya parce qu'il me manquait, nous nous voyons moins en ce moment. Il m'a dit qu'il devait chaperonner la Princesse, et que ça lui prenait beaucoup de temps, alors il ne peut pas passer autant de temps dans les bas quartiers. J'ai simplement voulu lui rendre visite. C'est toujours lui qui vient à moi, mais je peux aussi me déplacer !
— Les gardes vous ont laissé rentrer, demanda Akiko avec surprise. Et vous avez pu traverser les beaux quartiers sans attirer l'attention ?
— Oh non, tout le monde m'a remarqué, et tous les nobles que j'ai croisés ont eu la même réaction que s'ils avaient vu un insecte répugnant. Par chance, j'ai croisé le Comte Bram, je le connais parce qu'il nous vient souvent en aide lorsqu'il peut, et il a adopté une orpheline que je connais bien. Enfin ! Je l'ai croisé et il m'est venu en aide, il m'a amené chez lui et m'a fait prendre un bain, il m'a aussi donné un repas et ce magnifique kimono. J'étais satisfait, d'autant plus que j'ai pu revoir Aya, elle avait l'air si heureuse ! J'ai un peu joué avec elle et elle m'a raconté tant de chose sur-
— Venez-en au fait, interrompit Gin. Comment êtes-vous entré ?
— Le Comte m'a conduit ici et est entré avec moi. Il a fait demander Chûya, puis il est reparti, conclut Osamu à toute vitesse. Chûya était très surpris de me voir, surtout avec une toilette de noble ! Mais il était heureux, je pense que ma venue l'a touché.
— Je vois. Je savais que le Comte Bram avait récemment adopté une orpheline, il est venu au palais la présenter, et elle a passé beaucoup de temps avec Chûya. Cela ne me surprend pas qu'il vous ait aidé à vous rendre ici, dit Ryûnosuke.
— Qu'attendez-vous de Chûya, demanda Gin d'un air suspicieux.
— Comment cela ?
— Chûya fait partie de la famille royale. Il est plein de richesse, et vous ne l'êtes pas. Alors... Vos sentiments pour lui sont-ils intéressés ? Chûya est un homme généreux et plein de cœur, il prend soin de tous ceux dans le besoin depuis son plus jeune âge. Il veille chaque jour sur mon frère et moi, et à présent il veille aussi sur Fyodor. Il pourrait facilement vous offrir tout ce que vous désirez, et je ne peux tolérer que vous vous serviez ainsi de lui. Il mérite d'être aimé avec pureté. Alors, vos sentiments sont-ils sincères ?
Osamu regarda longuement Gin, le visage impassible. Cet homme était difficile à déchiffrer, Gin ne parvenait pas à le cerner. Elle avait l'impression qu'il n'était avec Chûya que pour une relation charnelle, et cela n'était pas un problème. Mais si cela était le cas, il était déplacé de venir au palais seulement pour passer un moment intime avec Chûya. Cela reviendrait à pénétrer son espace personnel, à entrer dans sa vie privée. Et pourquoi avoir une relation avec lui, alors qu'ils étaient de condition différente ? Osamu pourrait très bien s'intéresser à la fortune de Chûya, après tout, il devait avoir besoin d'argent. Chûya devait vraiment être attaché à lui pour s'offrir à lui dans le palais, il devait lui faire confiance et l'aimer suffisamment pour le laisser venir ici. Et Gin ne voulait pas qu'il souffre avec un homme comme Osamu, alors elle préférait tout mettre au clair avec lui.
Finalement, Osamu sourit, et se détendit.
— Mes sentiments sont très sincères, et si ça peut vous rassurer, j'ai bien trop de fierté pour m'intéresser à la fortune de Chûya. Il offre toujours des paniers garnis aux habitants qu'il croise, et j'ai toujours refusé les siens, car je ne veux pas lui devoir quoi que ce soit. Alors, mon frigo est vide tous les soirs mais... Je me nourris de sa présence, et ça me suffit.
— Osamu n'est intéressé par aucun des bienfaits que je peux lui offrir, lança une voix à l'entrée de la bibliothèque. Il tient trop peu à la vie pour cela, vous n'avez pas à vous en faire.
Gin tourna la tête, et vit que Chûya venait d'arriver. Il était de nouveau présentable, son kimono était propre, et fermé, ses cheveux coiffés, et il portait de nouveau ses gants. Il s'approcha de la table où ils se trouvaient, peinant à marcher correctement, et s'arrêta près d'Osamu.
— Je ne vous ai jamais dit de vous asseoir avec eux, fit-il remarquer.
— Ils m'ont forcé !
— Pas du tout, dit Ryûnosuke.
— De toute façon je sais que tu ne veux pas que je parte, répliqua Osamu en passant son bras autour de la taille de Chûya pour l'attirer près de lui. C'est la première fois qu'on fait la même taille Chûya !
— Très drôle. Je suis désolé Gin, avec la venue d'Osamu, l'entrevue que vous aviez prévue a quitté mon esprit. Pouvons-nous réorganiser une réunion demain ?
— Inutile, maintenant que tout le monde est là, nous pouvons discuter, la présence d'Osamu ne me dérange pas.
— De quoi vouliez-vous nous parler ?
Gin prit une grande inspiration et se redressa.
— J'accepte d'épouser Fyodor, déclara-t-elle avec détermination.
— Vraiment, s'exclama Fyodor avec incrédulité.
— Comment, s'écria Nikolaï.
— Enfin, dit Ryûnosuke avec soulagement.
— Félicitations, dit Atsushi avec un sourire.
— Ah parfait, je savais que j'avais raison d'envisager un mariage entre vous, se félicita Chûya. Mes idées relèvent du génie !
— Ne vous réjouissez pas trop vite, interrompit Gin d'un air peu enjoué. Je n'accepte de l'épouser que pour remplir mon devoir royal, et j'exige, avant cela, qu'il me courtise. Je ne veux pas épouser un inconnu, nous devons apprendre à nous connaître. Voulez-vous toujours m'épouser Fyodor ?
   — Je pense que cela réglerait beaucoup de nos problèmes respectifs, alors oui, je le veux.
— C'est une sage décision, je pense que c'est le meilleur chemin à prendre pour vous, c'est ce qui vous assura le plus de liberté et de tranquillité, dit alors Akiko.
— Qui est Fyodor, questionna Osamu d'un air enjoué.
— Il se trouve en face de vous, répondit Chûya. À sa gauche se trouve Nikolaï, la jeune femme à côté de Gin est Akiko, et le jeune homme près du roi est Atsushi. Il est le prince et le futur roi de Corée.
— Il n'y avait pas de meilleur homme pour vous, s'exclama Osamu en fixant Fyodor d'un air peu convaincu.
— Osamu !
— Lorsqu'on est affligé d'un visage similaire à celui d'un singe, il vaut mieux éviter de faire une remarque, lança sèchement Nikolaï.
— Cessez cette dispute ridicule, dit immédiatement Gin. Et Osamu, vous feriez mieux d'être plus respectueux envers Fyodor, il est votre futur prince. Si je vous ai tous convié ici, c'est pour vous annoncer que j'étais prête à me marier, mais c'est aussi pour discuter avec vous d'un problème qui nous concerne tous. Comment allons-nous faire perdurer notre lignée ?
— Si vous vous mariez avec Fyodor, le problème est réglé, dit Ryûnosuke.
— Et Ryûnosuke aussi trouvera une femme, ajouta Chûya en lui lançant un regard entendu.
— Oui, oui...
— Non, vous n'avez pas compris. Comment allons-nous faire pour notre nuit de noces, demande Gin d'un ton très sérieux.
— Oh... Et bien... Enfin vous... Il vous suffit de...
— Je vous expliquerai tout cela en détail lorsque nous serons seuls, dit aussitôt Chûya à l'adresse de Gin. Cela est très simple, vous n'avez pas à vous en faire.
— Oh cessez cela, je sais très bien en quoi consiste l'acte conjugal, dit Gin en levant les yeux au ciel. Et je sais aussi que les hommes peuvent se montrer très insatisfaisants lorsqu'il le faut, alors comment allons-nous faire ?
— Cela est une bonne question. Étant donné que Gin sera la première à se marier, elle sera la première à devoir concevoir un héritier royal, mais cela vous concernera aussi Ryûnosuke, dit Akiko en choisissant délicatement ses mots. Il faut s'assurer que l'acte conjugal se déroule de la... Bonne manière.
— Désolé, je ne suis pas sûr d'avoir compris, intervint Osamu d'un ton qui laissait entendre son amusement. Vous êtes en train de dire que Fyodor n'est pas compétant au lit ?!
— Elle n'a pas dit cela, dit Chûya en donnant un coup dans les côtes de son amant.
— Je ne suis pas sûr d'avoir compris non plus, dit alors Atsushi avec gêne. Pourquoi est-ce que l'acte conjugal ne se dérouterait-il pas de la bonne manière ?
— Et bien... Mon amie Alka nous a racontées qu'avec Nikolaï, les relations charnelles n'étaient pas... Elles n'étaient pas accomplies jusqu'au bout, dit soigneusement Gin.
— Comment cela, dit Nikolaï avec surprise.
— Vous... Cela ne donne pas naissance à un héritier. Comment faire si cela se déroule de la même manière entre moi et Fyodor, ou Ryûnosuke et son épouse ?
— Je ne comprends pas ce que vous dites, dit Ryûnosuke. Il suffit d'avoir une lune de miel, cette période est consacrée à... La conception d'un héritier.
Un soupir échappa à Gin, et elle se laissa tomber contre le dossier de son siège un instant. Sa question n'était pas claire, elle le savait. Mais il était difficile de formuler ses doutes tout en parlant avec retenue, et de conserver sa vertu. Gin n'était pas censée savoir tout cela, alors elle devait mesurer ses propos et seulement sous-entendre ses questionnements, mais cela les rendait incompréhensibles. Elle allait devoir abandonner sa retenue le temps de cette conversation.
Elle se redressa alors pour se tenir droite, et jeta un regard déterminé à son frère.
— Je ne ressens pas de désir pour Fyodor, et il n'en ressent pas pour moi, alors comment peut-il jouir en moi et me faire un enfant ?
Ryûnosuke rougit vivement, alors que Fyodor écarquillait les yeux. Ils ne devaient pas s'attendre à ce que Gin parle de manière aussi crue... Mais cela était nécessaire. Il fallait trouver une solution à ce problème, Gin ne voulait pas faire une nuit de noces avec Fyodor pour qu'il ne parvienne pas à lui donner d'enfant.
— C'est ce qui se passe avec mon amie Alka. Nikolaï, vous ne parvenez pas à lui faire d'enfant car vous ne ressentez aucun plaisir avec elle, puisque c'est Fyodor que vous désirez. Fyodor, le problème est le même pour nous. Serez-vous capable d'offrir à mon corps le fruit de votre extase, pour faire grandir un enfant en moi ? Et vous Ryûnosuke, pourrez-vous le faire avec votre épouse ? Ce sont des questions très intimes, je le conçois, mais nous devons aborder le problème. Je ne veux pas m'offrir vainement à un homme que je ne désire pas, et ce problème vient de vous, alors...Vous devez trouver une solution.
— Pourquoi ne pourrait-il pas jouir, questionna Osamu d'un air perdu. Il suffit que vous attisiez son désir.
— Le problème est que Fyodor et Nikolaï sont amants, expliqua Chûya. Ainsi que Ryûnosuke et Atsushi. Par conséquent, il risque d'être difficile pour eux de ressentir du plaisir avec quelqu'un d'autre que la personne qu'ils aiment.
— Et Gin aime Akiko, si elle ne ressent aucun désir pour moi, je risque de la blesser lors de l'acte, ajouta Fyodor.
— Je n'avais pas songé à cela en imaginant votre mariage, mais il est vrai que c'est un problème, soupira Chûya.
— Akiko, vous êtes mariée non, demanda soudain Nikolaï. Comment faites-vous avec Tetchô ?
— J'ai la chance d'avoir épousé mon meilleur ami, ce qui fait que nous nous entendons très bien, et nous veillons l'un sur l'autre, répondit Akiko avec un sourire. Nous parvenons à ressentir de l'excitation et à aimer suffisamment notre corps pour accomplir l'acte conjugal. Cela peut être difficile parfois, mais nous y arrivons la plupart du temps. Il suffit de caresses et de pensées pour ceux qui réchauffent notre cœur.
— Je ne serais pas capable de cela, je ne peux concevoir une union avec un homme, dit Gin en secouant la tête.
— Cela n'est pas si horrible, vous savez, tenta de rassurer Akiko, en posant sa main sur la sienne.
— Je comprends que cela puisse vous inquiéter et que vous ne soyez pas à l'aise avec cela, intervint doucement Chûya. Mais votre corps est disposé à réagir, même si votre cœur reste indifférent. Le désir s'attise et s'entretient, si vous prenez votre temps et que vous stimulez votre plaisir, vous parviendrez à accomplir l'acte.
— Quand bien même j'y parviendrai, comment faire si Fyodor ne jouit pas ?
— Si vous y arrivez, je suppose que je le peux aussi, soupira Fyodor.
— Vous savez, vous n'êtes pas obligé de jouir, dit alors Akiko. Il vous suffit d'être excité et d'avoir un rapport. Les chances de tomber enceinte seront plus faibles, mais il y en aura tout de même.
— Encore faudrait-il qu'il soit suffisamment dur pour cela, dit Osamu en riant.
— Osamu !
— Quoi ?! Je dis la vérité ! Certes, il est possible de tomber enceinte sans jouissance, mais pour cela il faut au moins une érection !
— Osamu cesse de parler ainsi, s'exclama Chûya en essayant de couvrir sa bouche.
— Ou bien il faudrait que Nikolaï soit là aussi. Vous n'avez qu'à passer la nuit de noces à trois !
— Cela est possible, demanda Atsushi avec surprise.
— Bien sûr que cela est possible, Fyodor, quelle position occupez-vous au lit ?! Vous pouvez très bien vous occuper de Gin pendant que Nikolaï vous-
— Osamu silence !
— Cela ne vous regarde pas, mais en effet, c'est une bonne idée, dit Nikolaï avec excitation, en prenant la main de son amant. Je serais ravi de vous aider Fyodor !
— J'aimerais beaucoup, mais je ne pense pas que cela convienne à Gin...
— Je dois y réfléchir, dit Gin dans un souffle. Si cela est la seule solution... Je peux l'accepter.
— Cette discussion devient bien embarrassante, dit Ryûnosuke en se massant les temps.
— Je la trouve amusante, répondit Osamu.
— Cette discussion est nécessaire, dit calmement Akiko.
— Oh, mais si vous êtes l'amante de Gin, vous aussi vous pouvez l'aider à accomplir l'acte conjugal, s'exclama Osamu en frappant dans ses mains.
— Si vous le désirez, je vous aiderai avec joie, dit alors Akiko avec un sourire.
— J'en serais ravie, mais vous, et mes amies, Alka et Kôyo, réussissez à accomplir cela seule. Je veux essayer aussi, et puis cela ferait beaucoup de monde dans le lit, dit Gin d'un air pensif.
— Si Nikolaï vient, Akiko peut venir aussi, proposa Fyodor. Cela se fera selon vos préférences.
— Vous n'avez qu'à faire votre lune de miel ensemble, dit alors Chûya. Gin, vous partirez avec Fyodor dans votre nouvelle résidence, et nous pouvons nous arranger pour que Nikolaï et Akiko vous rejoignent discrètement. Et, si cela pose problème à Tetchô et Alka, nous pouvons les dédommager ou les accueillir au palais le temps de leur absence.
— Cela ne dérangera pas Tetchô, il sera ravi de rester seul, dit Akiko avec un petit rire.
— Alka aussi sera ravie, elle en profitera pour inviter Kôyo et ses autres amies pour prendre le thé, dit Nikolaï.
— Bien, alors vous procéderez ainsi. Gin, combien de temps souhaitez-vous être courtisée, questionna Ryûnosuke avec fatigue.
— Je ne le sais pas... L'année se termine, alors je suggère que la cour de Fyodor se déroule tout le long du mois de décembre. Nous pouvons annoncer notre mariage le premier jour de l'année prochaine, proposa Gin. Qu'en pensez-vous Fyodor ?
— Cela me convient, je ne vois aucun problème à se marier en janvier.
— Parfait. Je suis heureuse d'avoir pu mettre cela au clair, bien que cette conversation ait été très embarrassante. Je clos cette entrevue, vous pouvez retourner à vos... Occupations. Osamu, vous pouvez passer le restant de la journée ici et dîner avec nous, cela nous permettrait d'en apprendre plus sur vous.
— Oh oui, j'en serai ravi !
— N'as-tu pas du travail, demanda Chûya d'un air perplexe.
— Tu veux te débarrasser de moi, dit Osamu d'un air vexé.
— C'est seulement que je ne veux pas retarder ton travail et les récoltes.
— Ne t'en fais pas, je compenserai mon absence en travaillant les dimanches du mois. Et les champs sont inexploitables, nous ne pouvons rien faire.
— J'offrirai des paniers garnis aux autres agriculteurs, pour me faire pardonner de t'avoir gardé pour moi seul, dit alors Chûya en passant son bras autour des épaules d'Osamu.
— Distribuer des paniers est une bonne idée si les champs sont inexploitables, dit Ryûnosuke. Nous devrions en offrir davantage aux plus démunis.
   — Nous n'avons qu'à aller les préparer ensemble, proposa alors Chûya. Cela vous permettrait de participer et d'apprendre à connaître Osamu.
   — Très bien, allons-y, accepta Ryûnosuke. Gin, vous pouvez rester ici avec Akiko, Fyodor et Nikolaï. Il serait temps pour vous quatre de vous rapprocher.
   — Je suppose que je n'ai pas le choix ?
   — C'est votre futur époux, alors non. Je suis heureux de voir que vous acceptez enfin de vous marier, je suis certain que cela se passera bien, et que vous ferez de magnifiques enfants avec Fyodor. Ils auront un agréable caractère vu celui de leurs parents !
   — Je vous maudis Ryûnosuke, dit Gin en lui lançant un regard noir.
   — C'est cela. Bonne après-midi, dit Ryûnosuke, avant de quitter la bibliothèque.
   — Essayez de ne pas vous disputer, dit Chûya.
   — N'hésitez pas à parler de sexe, ça rapproche en général, ajouta Osamu en prenant la main de Chûya pour l'entraîner dehors.
   — Osamu arrête de parler sans que je ne te l'autorise, s'exclama Chûya.
   — Mais quoi ?!
   — Tu m'épuises.
   La porte claqua derrière eux, et un nouveau silence s'abattit dans la bibliothèque. Ils n'étaient plus que quatre à présent, car Atsushi avait suivi Ryûnosuke hors de la bibliothèque. Lui aussi les avait abandonné... De quoi devaient-ils converser ? Gin se voyait mal parler de sexe avec Fyodor et Nikolaï, cela serait étrange. Quoique, si elle devait passer la nuit avec eux, elle ferait mieux de s'habituer à parler de cela avec eux...
   Le simple fait d'imaginer cette nuit de noces l'angoissait. Elle n'avait absolument aucune envie de voir Fyodor nu, ni de le toucher, et encore moins de le recevoir en elle ! Elle n'avait aucune idée de ce qui se trouvait entre ses jambes, et elle n'avait pas envie de le savoir ! Mais en même temps, elle devait bien connaître l'anatomie masculine, bien que cela la dégoûtait...
   — À quoi ressemble l'anatomie d'un homme, demanda alors Gin en fixant ses mains.
   — À la même que celle d'une femme, mais avec une poitrine plate, moins de hanches, et une intimité plus volumineuse, répondit Nikolaï d'un air indifférent.
   — Je voulais dire... Comment est l'intimité d'un homme ? À quoi ressemble-t-elle ?
   — Cela est difficile à décrire, dit Fyodor.
   — Elle ressemble à un sexe, dit Nikolaï.
   — C'est un peu comme une banane, dit Akiko d'un air pensif.
   — Une banane ?!
   — Oui. Ou une saucisse.
   — C'est affreux !
   — Ce n'est pas une banane, ni une saucisse, dit Nikolaï en éclatant de rire.
— Êtes-vous sûrs que cela peut... Posséder ?
— Oh oui, cela peut très bien posséder, dit Nikolaï d'un air rêveur.
— Cela peut être déstabilisant au départ, mais une fois que vous l'avez fait, vous vous y habituez, expliqua Akiko. C'est une sensation plutôt agréable.
— Je vois... Que voulez dire Osamu tout à l'heure ? Lorsqu'il vous a demandé votre position au lit, Fyodor, demanda Gin d'un air incertain.
— Je suppose qu'il voulait dire que je pouvais prendre et être pris.
— Comment cela ?
— Si nous partons du principe que nous le faisons à trois... Je peux vous posséder, et Nikolaï peut me posséder aussi.
— Il faudrait être coordonné dans ce cas, dit Akiko en hochant la tête. Mais cela doit être une expérience très intéressante.
— Ce n'est pas très plaisant de voir la personne qu'on aime donner du plaisir à une autre, murmura Fyodor.
— Je serai avec toi, je pourrai le supporter, dit Nikolaï en lui caressant la joue. Tu l'as bien fait pour moi et Alka.
— Notre nuit de noces sera vraiment étrange, mais plus vite nous la ferons, et plus vite nous serons tranquilles, soupira Gin.
— Ne voyez pas cela comme une corvée, dites-vous plutôt qu'il s'agit d'une nouvelle chose à découvrir, dit Akiko. Peut-être que vous aimerez cela malgré tout, après tout, l'acte charnel procure du plaisir avant tout. Si j'ai réussi avec Tetchô, vous réussirez avec Fyodor.
— Sûrement... Je ne sais pas si je suis prête à faire tout cela. J'aurais préféré que Ryûnosuke ait déjà un enfant, cela m'aurait peut-être évité de devoir en avoir un.
— Vous avez un mois pour vous préparer à cela, dit Akiko avec douceur. Je vous aiderai, je resterai auprès de vous autant que possible.
— Merci, répondit Gin avec un sourire.
— Je peux vous aider à vous préparer à cela, dit finalement Fyodor.
— Comment ?
— Et bien... La meilleur des préparations est la récolte de connaissance alors... Donnez-moi une feuille et un crayon. Vous avez besoin d'en apprendre plus sur l'anatomie masculine.

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Voilà, c'est la fin de cette intrigue ! Je sais que j'ai mis très longtemps à poster ce dernier chapitre, mais ça n'allait pas trop, et j'arrivais pas à poster. Et puis avec les cours et mes nouveaux projets, j'avais pas trop le temps d'écrire sur cette histoire. J'ai hésité à faire un dernier chapitre avec un lemon Gin/Fyodor/Nikolaï parce que ça aurait été interessant de voir l'évolution de leur relation. Si ça vous intéresse dites-le, je pourrais l'écrire quand j'ai le temps ! J'espère que cette intrigue vous a plu en tout cas ! Perso je l'adore

D'ailleurs, c'est laquelle votre intrigue préférée pour l'instant ?

La prochaine intrigue sera lancée demain, et elle sera centrée sur le shin soukoku 😉

Je profite de cette note de fin pour vous faire passer un message. Comme on arrive à la fin de l'année, il est temps de préparer les histoires de noël, et j'ai décidé de faire un calendrier commun, comme l'année dernière. Pour ceux qui étaient pas là l'année dernière, il s'agit d'un calendrier où je poste vos os chaque jour, en vous créditant évidemment. Ça permet de faire participer tout le monde, de découvrir de nouvelles personnes, et d'aider ceux qui veulent se lancer sur Wattpad !
Je vous en parle maintenant pour que ceux qui souhaitent participer aient le temps de me prévenir, et de réfléchir. Je précise que tout le monde peut participer, et que je corrigerai tous les os avant de les publier :)

Les conditions pour participer sont :

— Faire un os sur l'animé de votre choix MAIS il doit être connu, pour qu'un max de personnes connaissent.
— Aucun ship douteux n'est accepté (pas d'inceste, de ship pédophiles, bref la base). Les ships toxiques sont à éviter aussi (par exemple les relations comme dans les dark romance c'est non).
— L'os doit être joyeux, parce que c'est Noël et on veut pas être déprimé.
— Il doit faire moins de 7000-7500 mots.
— Il doit être envoyé AVANT décembre. Pour ça, vous pouvez le poster sur votre compte, et une fois que je l'aurai récupéré, je vous préviendrai pour que vous puissiez déplublier.
— Vous pouvez accompagner l'os d'un média, d'un titre, et d'un mot de fin/début. Vous pouvez aussi demander à être anonyme sur le calendrier.

Zoubi zoubi :)

Recueil Bungo Stray DogsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant