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LES CHRONIQUES DE YOKOHAMA

La Menthe

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— Vous me faites honte, vous êtes une profonde déception pour notre famille, et notre clan, murmura son père d'une voix pleine de haine.
Fyodor ne répondit pas, et garda les yeux rivés sur le marbre blanc qui couvrait le sol. Il était froid, il glaçait ses mains posées dessus, si bien que ses ongles changeaient de couleur. Son corps était gelé, il tremblait, secoué de frissons de froid, et sa peau était aussi pâle que la neige qui tombait en hiver. Pourtant, un feu crépitait dans la cheminée, sur le côté du salon, et une agréable chaleur baignait la résidence. Il ne faisait pas froid, mais Fyodor était figé par un souffle hivernal tant il avait peur.
Son père se tenait droit devant lui, il le regardait de haut, avec mépris. Fyodor était agenouillé devant lui, et bien qu'il ne le regardait pas directement, il pouvait sentir son regard noir posé sur lui, il le voyait grandir avec sa colère, devenir de plus en plus imposant, prendre tout l'espace dans le large salon. Sa fureur contre lui montait et il se faisait de plus en plus menaçant, telle une flamme qui grandirait trop vite dans son âtre et menacerait de dévorer tout autour d'elle.
— Tous les jeunes hommes du clan sont mariés ou fiancés et vous êtes le seul à multiplier les rejets, siffla son père.
Sa voix forte résonna un moment dans le salon, et tous les domestiques autour d'eux se figèrent, n'osant plus risquer d'attirer l'attention du maître des lieux. Fyodor ne réussit pas à répondre. Sa mâchoire était douloureuse à cause des coups qu'il avait reçus, son corps était aussi engourdi, et il ne voulait pas défier la colère destructrice de son père.
Il savait qu'il avait échoué là où tous les hommes réussissaient, et il avait trop honte pour regarder qui que ce soit dans les yeux. Fyodor avait aujourd'hui vingt-quatre ans, et il n'était toujours pas fiancé. Il avait essayé, il avait courtisé de nombreuses femmes depuis sa majorité, il avait dansé avec elles aux bals de la cour, offert des présents, participé à des salons, des fêtes. Mais chacune de ses avances avait été rejetée, toutes les femmes qu'il avait approchées l'avaient refusé, comme s'il était porteur d'un virus mortel. Il essayait, les années passaient, les jeunes hommes se mariaient, et il restait seul. Il n'y avait plus grande honte pour un homme que de se faire rejeter par une femme. Les jeunes filles de la cour espéraient toutes trouver un mari, elles assistaient aux bals pour cela, et pourtant, personne ne souhaitait se rapprocher de Fyodor. Un refus en entraînait un autre, puis un autre, les rumeurs se répandaient et désormais toutes les familles refusaient de marier leur fille à l'héritier du clan Dostoïevski.
Alors qu'autour de lui, tous les hommes que connaissait Fyodor étaient fiancés, mariés et même pères. Sigma était un nouveau comte sans clan, et pourtant il avait très rapidement trouvé une femme. Le Duc Fitzerlad était marié depuis ses dix-neuf ans avec la Duchesse Louisa, l'un des chefs d'armées royales, Jôno, s'était marié avec Miss Kôyô, malgré sa cécité et venait de revenir de lune de miel. Tout comme Tetchô, l'héritier du clan Suehiro, et soldat royal, qui avait trouvé une femme à l'étranger. Même Nikolaï, le meilleur ami de Fyodor, s'était marié...
Tous les jeunes hommes de l'aristocratie faisaient leur vie, il n'y avait que Fyodor qui n'arrivait pas à trouver de femme. Il n'y avait pas de plus grand déshonneur, et Fyodor en avait parfaitement conscience.
— Même les jeunes filles les plus hideuses vous ont éconduit, grogna son père avec fureur. Regardez-moi quand je vous parle !
Il attrapa brusquement le visage de Fyodor et le tourna de force vers lui, broyant sa mâchoire dans sa paume. Fyodor ne dit rien et affronta son regard brûlant. Il était forcé de lever la tête pour voir les yeux de son père, sa main le tenait si fort qu'elle le soulevait presque du sol, et son kimono défait tombait sur ses bras, révélant son corps abîmé aux domestiques autour de lui. Mais il ne bougea pas, il n'essaya pas de se rhabiller, et il soutint le regard de son père en tentant de lui transmettre toute la haine qu'il ressentait pour lui.
— Qu'avez-vous à dire pour justifier cela ?! Parlez !
— Père, si les femmes m'éconduisent, c'est à cause de votre réputation déplorable, murmura Fyodor d'une voix tremblante de peur et de colère. Vous êtes un monstre aux yeux de tous et-
Les derniers mots de sa phrase s'envolèrent lorsque la main de son père frappa violemment sa joue déjà rouge. Fyodor tomba au sol et tenta de se redresser, mais son père l'attrapa soudain par la gorge, avec tant de force qu'il aurait pu la réduire en poussière, et le releva lui-même.
Fyodor poussa un cri de douleur et s'accrocha désespérément à la main de son père, en se débattant faiblement. Il ne pouvait plus respirer, et plus il se débattait, plus il suffoquait. La main de son père lui broyait la gorge, elle l'étranglait avec tant de force qu'il ne sentait plus sa gorge.
— Quand je vous vois, mon âme tremble de dégoût et agonise, dit son père à quelques centimètres de son visage. Vous êtes l'échec le plus immonde de notre société. Je ne veux plus vous voir.
   — Lâchez-moi, cria Fyodor en se débattant.
   — Vous êtes, certes, l'aîné des enfants du clan et par conséquent l'héritier, mais cela ne signifie pas que vous êtes irremplaçable. Vos cadets feraient de meilleurs héritiers que vous, alors je vous conseille de remplir rapidement vos devoirs, avant que je ne décide de choisir un nouvel héritier, dit son père d'une voix menaçant. 
Il effectua une dernière pression sur sa gorge, lui volant le peu d'air qu'il lui restait, avant de le relâcher en le jetant au sol. Fyodor s'écroula à ses pieds dans une toux incontrôlable, il porta la main à sa gorge, et chercha son air avec panique. Il ne parvenait pas à respirer, chaque inspiration lui causait une terrible douleur et l'air brûlait ses poumons, mais il se força à reculer.
— Cessez vos gémissements, cela est si répugnant..., dit son père en attrapant sa queue-de-cheval pour lui relever la tête.
   Fyodor laissa échapper un sanglot de douleur, mais le bruit d'une lame qui coulisse contre son étui retentit, et il sentit soudain ses cheveux se faire trancher. Son père venait de couper sa queue-de-cheval à la racine. Il lui jeta la poignée de cheveux qu'il tenait au visage, et attrapa de nouveau sa gorge pour l'approcher de lui.
   — Ainsi, tout le monde saura que vous n'avez plus aucun honneur, murmura-t-il près de son visage. Je ne veux plus vous voir, hors de ma vue.
   Il frappa son visage avec de l'écraser contre son genou, puis il le lâcha, le laissant tomber au sol en haletant, et s'écarta. Fyodor se releva difficilement, tenant à peine sur ses jambes flageolantes, et se força à s'incliner devant son père. Tout en continuant de tenir sa gorge, il fit ensuite plusieurs pas en arrière, il chancelait et n'arrivait plus à voir où il se trouvait, mais il réussit à sortir du salon et partit à toute vitesse.
Le noir de la nuit engloutissait tout autour de lui, son état de choc était si grand qu'il ne voyait plus les lumières des lustres suspendus autour de lui, c'était à peine s'il voyait les différents domestiques qui déambulaient dans sa résidence. Ébranlé, il continua de tousser et s'élança dans les escaliers, au bout du hall qui permettait d'accéder au salon. Il s'appuya sur la rambarde pour tenir debout et bouscula une femme qui tenait une pile de linge, mais il n'y fit pas attention et continua de monter les escaliers.
— Monsieur, que vous arrive-t-il, s'inquiéta la femme en essayant de le suivre.
Fyodor ne répondit pas et s'éloigna en courant. Il parvint à atteindre ses appartements au bout de quelques minutes et s'enferma dans sa chambre, avant de s'écrouler contre sa porte, les yeux brûlants de larmes de honte.
Il subissait les violences de son père depuis son plus jeune âge, et plus il grandissait, plus les coups de son père étaient forts. Lorsqu'il était enfant, son père le giflait parfois, lorsqu'il ne se comportait pas comme un duc. Il lui donnait des fessées lorsqu'il dérangeait les domestiques. Des gifles lorsqu'il tâchait ses vêtements. Quand il avait grandi, les fessées s'étaient transformées en coup de pied, et les gifles en coup de poing. Il lui tirait les cheveux, frappait son visage contre une table. Il lui avait donné des coups de canne, des coups de livres, et peu à peu, tout ce qui était sous sa main devenait un objet de torture. Il le frappait sans hésitation, ses coups étaient vifs et puissants, et Fyodor avait l'habitude de voir son corps porter les marques du ciel.
Mais cette fois-ci, son père avait presque failli le tuer. Il avait serré si fort sa gorge que plus aucun filet d'air n'avait pu entrer dans ses poumons, et Fyodor avait eu l'impression que sa tête allait être arrachée. Il avait l'habitude d'être humilié de la sorte, de se faire traîner au sol, de déchirer ses toilettes, de recevoir des coups devant tous ses domestiques. Mais son père n'était jamais allé aussi loin, et Fyodor sentait qu'il allait devoir s'habituer à cela jusqu'à ce qu'il ne puisse plus rien ressentir.
— Calme-toi, c'est fini..., murmura-t-il en posant sa main sur son cœur.
Il battait à toute allure, pris dans une course effrénée pour sa vie. Fyodor ferma les yeux et sentit des larmes tomber sur ses joues. Il les essuya aussitôt, refusant de s'effondrer à nouveau, et s'obligea à respirer lentement.
Ce n'était pas de sa faute. Ce n'était pas sa faute, il n'était pas responsable. Il ne méritait pas ces coups. Il méritait peut-être une correction, mais pas une telle violence. Il ne pouvait rien faire si les femmes le rejetaient, ce n'était pas lui le fautif. Il savait qu'il était l'un des hommes les moins attirants de l'aristocratie, son père ne cessait de lui dire à quel point il était repoussant, et il n'attirait jamais de regard intéressé. Mais il ne l'avait pas choisi, il n'était pas responsable de son apparence. Il avait de la culture, du savoir, des mots, des pensées et par-dessus tout, il avait de la richesse. La nature lui avait volé la beauté, mais il était tout de même doté de toutes les qualités qu'une femme pouvait rechercher. S'il se faisait sans cesse éconduire, c'était à cause de son père.
Le clan Dostoïevski était influent, ancien, et très connu. Tous les membres les plus importants du clan étaient régulièrement invités aux bals de la cour, Fyodor lui-même avait pu y participer à plusieurs reprises. Mais cela signifiait que tout le royaume connaissait son père, Mikhaïl Andreïevitch Dostoïevski, et son caractère violent. Les rumeurs allaient bon train sur ce sujet-là, alors tout le monde savait qu'il était un homme violent. Il n'y avait pas de preuves formelles, mais de nombreuses femmes s'étaient plaintes auprès de la Princesse. Celle-ci avait pris leur partie, et naturellement, le royaume l'avait suivi. En plus de cela, Mikhaïl Dostoïevski était souvent considéré comme désagréable et peu fiable, et comme Fyodor était son fils, il était également très mal vu.
Pourtant il n'était pas son père, et il ne supportait pas de lui être comparé. Il était loin d'être un homme doux et aimant, mais il n'était pas un monstre, et il ne ferait jamais de mal autour de lui...
Le jeune homme poussa une longue expiration et se releva difficilement. Il parvenait à mieux respirer à présent, et son cœur avait ralenti, mais il se sentait toujours très mal. Il s'approcha à pas de loup du miroir à pied, installé dans un coin de sa chambre, et se regarda longuement. Il faisait nuit, seul un rayon de lune éclairait sa chambre. Mais même à travers l'obscurité, il pouvait parfaitement voir les marques de couleur qu'avait laissées son père sur son corps. Et sa gorge... Sa main restait ancrer dans sa peau. Ses doigts apparaissaient sur sa paume d'Adam, dans la pénombre on pourrait croire à une trace de mains de monstre, ce qui la rendait bien plus terrifiante.
Fyodor effleura son cou en grimaçant. Il n'allait pas pouvoir cacher ses marques, il était encore plus repoussant ainsi. Son apparence était déplorable, et plus il s'observait, plus il comprenait pourquoi les femmes le fuyaient. En plus d'être le fils d'un mauvais homme, il était affligé d'une laideur particulière. Ses joues étaient creusées comme s'il portait du maquillage pour accentuer ses traits. Il avait toujours des cernes noirs sous les yeux, un visage pâle, et des cheveux ternes et sans vie. Il était une ombre parmi tous les aristocrates, un fantôme épuisé d'errer dans les salles de bal. Et maintenant que ses cheveux, qui lui arrivaient aux creux des reins jusque-là, avaient été coupé... Il n'y avait plus rien de noble chez lui. Ses cheveux tombaient au-dessus de ses épaules, plus personne ne poseraient les yeux sur lui à présent... Il avait le visage d'un misérable qui aurait vendu ses cheveux pour survivre.
Fyodor détourna les yeux de son visage et regarda son corps. Il décala un pan de son kimono pour voir sa poitrine bleutée, mais trois coups retentirent derrière lui et il fit volte-face en sursautant. Assise sur le rebord derrière ses fenêtres, une silhouette était tournée vers lui, et deux grands yeux brillants le fixaient. Fyodor se détendit légèrement en reconnaissant le visage de Nikolaï, et s'approcha de sa fenêtre pour lui ouvrir.
— Je vous ai déjà dit de ne pas escalader ma demeure, dit-il en guise de salutation.
— Je n'aurais pas à le faire si vos domestiques me laissaient entrer, répliqua Nikolaï en sautant dans sa chambre. Qu'est-il arrivé à vos cheveux ?!
— Nikolaï, vous ne pouvez pas venir ici, mon père peut arriver à tout moment. Et j'ai dû... Changer de coupe. S'il vous plaît, n'y faites pas attention.
— Et bien j'en profiterais pour discuter avec lui ! Je n'ai pas l'intention de partir Fyodor. Vous êtes magnifique ainsi.
— Merci... Et que me vaut l'honneur de votre visite, demanda Fyodor en refermant sa fenêtre.
— C'est votre anniversaire enfin ! Je voulais venir dès l'aurore, mais vous n'étiez pas dans votre chambre ce matin. Et vous n'étiez pas là de la journée d'ailleurs, et quand le soir est tombé, j'ai été accaparé par ma sorcière de femme pour des histoires sans importance.
— J'étais avec mon père, il a exigé que nous passions la journée ensemble pour me chercher une femme.
— Le jour de votre anniversaire ?!
— Personne ne sait que c'est mon anniversaire, mon père n'y fait pas exception. Je ne pensais pas que vous vous en souviendrez.
— Je me souviens de tout ce qui vous concerne, fit remarquer Nikolaï en le prenant par la taille. Joyeux anniversaire Fyodor.
— Merci Nikolaï.
— Je suis très frustré de ne pas avoir pu passer plus de temps à vos côtés, j'ai passé la journée à penser à vous.
Fyodor ouvrit la bouche pour répondre, mais Nikolaï le devança et s'empara de ses lèvres. Il lui offrit un baiser brûlant en le serrant contre lui, et suça ses lèvres jusqu'à les faire rougir. Fyodor se laissa faire et ferma les yeux, alors qu'un sentiment de réconfort réchauffait son corps.
Cela faisait trois ans qu'il connaissait Nikolaï, et trois ans qu'ils étaient secrètement amants. Tout avait commencé très vite, ils s'étaient rencontrés lors d'un bal et s'étaient immédiatement bien entendus. Ils ne s'étaient pas lâchés du regard de toute la soirée, jusqu'à ce que Nikolaï attire Fyodor dans l'un des jardins de la résidence dans laquelle ils étaient. Il l'avait conduit derrière une rangée de buissons, et il l'avait embrassé. C'était le tout premier baiser de Fyodor, mais il l'avait tout de suite aimé, et il s'était offert à Nikolaï. Ils ne s'étaient jamais séparés depuis, même avec le mariage de Nikolaï. Fyodor ne lui en avait jamais voulu de se marier avec une femme, il savait qu'il n'avait pas le choix et que c'était le meilleur moyen pour lui d'assurer son avenir et d'être en paix. Ils étaient heureux ainsi, et ils trouvaient toujours de nombreuses occasions de se voir.
— C'est une torture de rester loin de vous, je supporte de moins en moins cela, murmura Nikolaï à son oreille. Vous hantez mes pensées, je n'avais qu'une hâte, vous embrasser et vous posséder... Tenir votre poitrine, sentir votre plaisir sur ma langue, vous goûter...
Il empoigna Fyodor par les fesses d'une main et vint embrasser son cou avec envie, tandis qu'il glissa son autre main sur sa poitrine pour passer son pouce sur son téton. Fyodor soupira de bien-être, il se sentait mieux maintenant que Nikolaï était là, il se sentait en sécurité dans ses bras, et l'amour qu'il lui donnait le soulageait... Mais il était toujours ébranlé. Les baisers de Nikolaï ne suffisaient pas à le calmer, il ne pouvait s'empêcher de revoir son père devant lui.
— Fyodor... Qu'avez-vous sur le cou, demanda soudain Nikolaï en s'écartant.
La chaleur qu'il lui avait apportée s'envola avec lui, et Fyodor frissonna de nouveau, comme s'il était nu un jour de décembre.
— Mon père, dit-il en portant sa main à sa gorge.
— Mon Dieu ! Que vous a-t-il fait, demanda Nikolaï avec horreur.
— Il était en colère, ce n'est rien.
Nikolaï le regarda de bas en haut, et Fyodor n'eut pas la force de rajuster son kimono pour cacher ses blessures. Il vit Nikolaï poser ses yeux clairs sur la main qui étouffait sa gorge, avant de regarder sa poitrine couverte de grandes taches bleuâtre, et d'observer son kimono défait et déchiré par endroit. Il avait déjà vu Fyodor blessé, mais jamais à ce point. Fyodor évitait toujours de le voir après s'être fait battre, il attendait que ses bleus perdent un peu de leur couleur avant de montrer son corps à Nikolaï, et il veillait toujours à être présentable devant lui, avec une belle toilette.
Or ce soir, il était loin d'avoir l'apparence qu'il avait l'habitude de montrer à son amant. Ses cheveux noirs étaient emmêlés, son visage portait encore le passage de ses larmes, et son kimono violet était humide. Son obis se défaisait et les pans se relâchaient, laissant apparaître ses jambes lorsqu'il marchait, et le côté droit de son torse. Il n'y avait plus rien de raffiné dans son apparence.
Nikolaï fit un pas vers lui et attrapa l'une de ses amples manches pour en examiner les déchirures.
— A-t-il posé la main sur vous, demanda-t-il d'une voix tremblante de colère.
— Les bleus que je porte ne sont-ils pas assez explicites ?
— Je ne parlais pas de coups. Est-ce qu'il vous a touché ?
— Je le dégoûte trop pour cela. Nikolaï, cela n'a pas d'importance, ce n'est rien.
— Ce n'est pas rien, vous souffrez Fyodor !
— Pas quand je suis avec vous.
— Fyodor, je veux que vous me disiez lorsque votre père s'en prend à vous, dit Nikolaï en prenant doucement son visage entre ses mains. Je vous aiderai à guérir si je ne peux vous protéger.
— Je sais, répondit Fyodor en baissant les yeux.
   — Je suis là pour vous, je ferais j'importe quoi pour vous protéger, murmura Nikolaï en l'étreignant. N'ayez pas peur de me parler.
   — Je ne voulais pas vous inquiéter, murmura Fyodor d'une voix tremblante.
   — Votre peine est mienne, vous pouvez tout me dire... Je préfère m'inquiéter que vous penser en sécurité ici...
   — Je suis désolé de ne pas arriver à lutter contre mon père...
   — Fyodor... Je ne veux pas d'excuses, je sais à quel point cela est dur pour vous.
   — Mais je voudrais lui tenir tête, dit Fyodor en posant sa tête au creux du cou de son amant. Je voudrais être fort...
   — Vous l'êtes. Peu de gens pourraient endurer cela sans jamais lâcher prise, et je suis fier de vous. Vous êtes avec moi à présent, et vous ne risquez plus rien, alors baissez votre garde, murmura Nikolaï en le serrant avec force. Tout va bien à présent.
   Fyodor acquiesça en fermant les yeux. Il enlaça son amant, se blottissant dans la chaleur de son corps, et posa sa tête au creux de son cou. Il resta longuement comme ça, Nikolaï se mit à embrasser sa tête et à caresser ses cheveux pour essayer de le détendre. Cette étreinte calmait sa peur, l'amour de Nikolaï le réchauffait, et ses baisers aidaient son corps à oublier les coups qu'il avait reçu.
   — S'il le pouvait, mon père m'ôterait la vie..., dit Fyodor au bout d'un moment.
   — Ne dites pas cela.
   — Il a essayé de le faire ce soir. Il va me déshériter et m'exclure du clan. Il l'a déjà fait avec plusieurs enfants de notre clan, et une fois qu'un membre est exclu, il disparaît toujours sans laisser de traces.
   Nikolaï ne répondit pas, mais Fyodor sentit son cœur s'accélérer contre sa poitrine. Il avait peur, et cela ne faisait qu'angoisser davantage Fyodor.
   — Je ne veux pas disparaître Nikolaï..., murmura-t-il d'une voix serrée.
   L'étreinte de son amant se resserra autour de lui, et des larmes se mirent à briller dans ses yeux. Cela ressemblait à un adieu, comme si c'était la dernière fois que Nikolaï le prenait dans ses bras. Fyodor savait de quoi son père était capable, c'était un homme sans limite qui n'hésitait pas à éliminer ceux qui ne répondaient pas à ses attentes. Il était cruel, et il n'avait pas peur de se salir les mains. Il avait déjà pris la vie de femmes qui attendaient des enfants illégitimes, d'héritiers qui refusaient de se marier, ou encore d'hommes qui menaçaient sa fortune. Et Fyodor savait que s'il continuait de décevoir son père... Il ne tarderait pas à disparaître à son tour...
   — Je ne laisserai plus votre père vous faire du mal, dit Nikolaï avec détermination.
   — Je ne vois pas ce que vous pouvez faire, mon père ne-
   — Fyodor, je ne le laisserai plus jamais poser la main sur toi, coupa Nikolaï en le forçant à le regarder. Les bleus que tu portes seront les derniers.
   — Nikolaï... Mon père est chef de clan, il est puissant, riche, et personne ne peut rivaliser avec lui... Pas même toi. Je ne veux pas que nos clans entrent en conflit, nous devrions même nous séparer et-
   — Demain, nous irons au palais et nous demanderons au roi son aide.
   — Cela est inutile Nikolaï, et il n'a aucune raison d'accepter !
   — Tu es l'héritier du clan le plus riche et influent de tous le pays, tu es l'un des hommes les plus importants ici ! Il a tout intérêt à te protéger !
   — La Princesse Gin ne m'aime pas et elle ne me laissera jamais entrer au palais. Elle me fera brûler sur la place publique.
   — Je la brûlerais moi-même si elle ose t'approcher, dit Nikolaï d'un air menaçant.
   — Nikolaï !
   — Nous irons parler au roi et à Son Altesse Chûya, c'est à lui qu'il faut s'adresser pour demander de l'aide. Et ce n'est pas discutable. J'aimerais t'enlever et fuir le pays avec toi, partir vivre sur un autre continent et te combler de bonheur mais... J'ai une femme qui me retrouverait même si je m'évaporais dans l'espace, alors il vaut mieux pour moi que je ne m'éloigne pas de cette sorcière...
   — Alka n'est pas une sorcière, dit doucement Fyodor.
   — Non tu as raison, c'est une folle et une mégère qui veut ma mort. Elle met des herbes dans son thé, elle veut m'empoisonner !
   — Elle est ta femme.
   — Je préférais que tu sois mon époux, répliqua Nikolaï.
   Fyodor regarda longuement Nikolaï, les yeux brillants.
   — Je t'aime Nikolaï, dit-il en prenant ses mains pour entrelacer leurs doigts.
   — Je t'aime encore plus Fyodor.
   — Même si je suis couvert de bleus ?
   — Je t'aime avec chacune de tes douleurs, dit Nikolaï en caressant sa joue. Pourquoi t'a-t-il frappé cette fois ?
— Toujours pour la même raison. Une nouvelle femme m'a éconduit.
— Je ne comprends pas pourquoi elles agissent toutes ainsi ! Je savais que les femmes étaient stupides, mais à ce point...
— Elles ne sont pas stupides, elles ont raison de m'éviter. Mon père est un homme violent et le royaume le sait, il est naturel de penser que son fils ait hérité de son comportement. Et puis, je suis loin d'être agréable à regarder...
— Tu es l'homme le plus beau que je connaisse, et ces cheveux courts te siéent à merveille. Tu es sans défaut, mon amour.
— Je crains que tu ne sois pas objectif.
— Qu'importe ! Si j'étais une femme, je t'aurais épousé dès ma majorité et je me serais offerte à toi chaque nuit. Et même chaque heure de la journée.
— Cela ne m'étonne pas venant de toi, dit Fyodor en souriant.
— Tu souris enfin ! Je pensais ne plus jamais voir ton beau sourire.
— J'attendais le moment opportun pour te le montrer.
— Et bien, je suis rassuré que ce moment soit arrivé, dit Nikolaï avant d'embrasser son visage. Fyodor, et si tu courtisais la princesse ?
— Je n'ai jamais entendu une idée aussi sotte Nikolaï. La princesse rejette tous ses prétendants, elle refuse de se marier et les hommes osent à peine l'approcher. Elle ne m'aime pas en plus de cela.
— Elle a dansé avec le Prince Atsushi lors du dernier bal pourtant.
— Ce n'était pas la vraie princesse Nikolaï.
— Vraiment ?! Peu importe ! Demande lui d'être ton amie, si elle te prête de l'attention, tout le monde l'imitera. Tu deviendras quelqu'un de désirable.
— Je préfère que ce soit toi qui me désires, répondit Fyodor en lançant à son amant un regard entendu.
   — Je te désire déjà. Je t'ai même désiré toute la journée, je n'ai cessé de penser à toi.
   — Je suis rassuré alors.
   — Je ne t'ai pas donné le présent que j'ai pour toi d'ailleurs, dit Nikolaï en se rapprochant davantage de lui.
  — Donne-le moi alors, murmura Fyodor.
  Un sourire apparut brièvement sur les lèvres de Nikolaï, avant qu'il ne le prenne par la taille d'un geste ferme et l'embrassa avec fougue, avec appétit, pour que Fyodor ressente tout son désir envers lui. Leur baiser ne tarda pas à s'enflammer, leurs lèvres se rencontraient encore et encore, elles se caressaient, se frottaient, se découvraient. Ils les ouvrirent en approfondissant leur baiser et leur langue se rencontra. Fyodor goûtait aux lèvres de Nikolaï d'un air affamé, il savourait leur pulpe rose, les suçait comme s'il s'agissait de confiseries, les mordaient comme pour les dévorer. Elles avaient le goût de fraîcheur, comme s'il portait un baume à la menthe, et Fyodor adorait cela.
Au bout d'un moment, il sentit son obi se détacher autour de sa taille, son kimono glissa le long de son corps, de la même manière que l'eau ruisselait sur lui lorsqu'il se baignait, et il tomba à ses pieds. Il se retrouva entièrement nu, sans plus aucun tissu pour cacher ses taches colorées ou son intimité, mais cela ne le dérangeait pas. Il appuya ses mains sur le torse de Nikolaï et continua de l'embrasser furieusement, alors que Nikolaï le prenait dans ses bras. Il passa d'abord ses mains le long de son dos, dessinant sa colonne vertébrale, massant sa peau encore imprégné des huiles essentielles aux fleurs qu'il appliquait chaque matin, avant d'empoigner ses fesses.
Ses gestes étaient aussi passionnés que son baiser, il lui volait tout son air, et serrait ses mains sur lui d'une manière si naturelle que Fyodor sentait qu'il lui appartenait. Son corps était sien, il pouvait le toucher, l'embrasser, le posséder lorsqu'il le voulait, et Fyodor aimait lui appartenir. Il aimait la façon dont il le touchait, avec assurance et désir, et il aimait s'abandonner dans ses bras. Être nu ne le gênait pas, au contraire, cela l'excitait. Il voulait que Nikolaï continue de le toucher et de l'observer, de poser ses yeux sur chaque partie de son corps et de le dévorer du regard.
— Si personne ne veut de toi, moi je te chérirai, murmura Nikolaï en reprenant son souffle.
— Nikolaï...
— Je te chérirai, et je t'adulerai chaque jour et chaque nuit, continua Nikolaï, en embrassant son cou. Et je te ferai mien à chaque instant, je te posséderai jusqu'à ce que tu te perdes au paradis et que tu ne retrouves plus le chemin de notre terre.
Il continua d'embrasser sa peau laiteuse et se baissa le long de son corps. Il passa sur sa poitrine et la suça jusqu'à ce qu'elle rougisse et gonfle, puis il descendit sur son ventre qui se soulevait rapidement, et finit par s'asseoir entre ses jambes. Fyodor leva la tête vers le plafond et glissa ses mains dans ses boucles argentées, Nikolaï déposa ses lèvres sur son intimité, et lui arracha un premier soupir de plaisir.
Ses baisers semblaient encore plus brûlants sur cette partie de son corps, Fyodor arrivait à peine à respirer. Son plaisir grandissait en lui à toute vitesse, il grimpait dans son ventre et le brûlait, son sang émulsionnait dans ses veines, il le sentait bouillir, prêt à s'évaporer en fumée pourpre autour de son corps. Si tout à l'heure il tremblait de froid, à présent il était couvert de sueur. Il transpirait des gouttes de plaisir et un feu sauvage naissait autour de lui, si bien que les grandes fenêtres de sa chambre se couvraient de buée.
Un nouveau soupir lui échappa lorsque Nikolaï le prit en bouche, et un second gémissement s'éleva dans l'air lorsque deux doigts le pénétrèrent. La tension entre eux s'éleva et devint électrique, coupant le souffle de Fyodor. Nikolaï le goûtait sauvagement, ses mouvements étaient lents et intenses, il laissait la sensation de sa langue sur sa peau, et Fyodor perdait peu à peu le contrôle. Il ne devait pas faire de bruit pour ne pas alerter les domestiques, il devait rester discret... Mais c'était de plus en plus difficile.
   — Je vois que tu te retiens, dit Nikolaï en se relevant.
   — J'essaye de garder un semblant de dignité...
   — De dignité, répéta Nikolaï en enfonçant davantage ses doigts en lui.
   Fyodor poussa un gémissement et s'accrocha par réflexe à son amant. Il n'avait pas retiré ses doigts de lui en se relevant, son bras était tendu contre son torse et s'enfonçait entre ses jambes, alors que ses doigts continuaient de bouger en lui. Son plaisir continuait de grandir dans son ventre, il était difficile de se contenir devant Nikolaï...
   — Il n'y a rien de mal à perdre sa dignité quelques instants, murmura Nikolaï à son oreille. Laisse-toi aller Fyodor...
   Il appuya sur son point sensible et Fyodor ferma les yeux en se cambrant.
   — Nikolaï je ne peux tenir...
   — Je ne veux pas que tu tiennes, je veux tu perdes toute retenue. Abandonne-toi dans mes bras.
   Nikolaï appuya de nouveau sur son point sensible, et Fyodor poussa un gémissement de plaisir. Il appuya ses mains contre sa poitrine et la serra à travers ses vêtements, avant s'ouvrir son kimono et de s'emparer de son intimité.
— Sais-tu ce que l'on dit sur toi, murmura-t-il en levant son visage vers lui, pour frôler ses lèvres avec les siennes.
— Dis-moi...
— J'ai entendu dire que tu étais un amant épouvantable, et que tu n'étais jamais excité avec ta femme... Que tu ne parvenais pas à durcir..., dit Fyodor en serrant son entrejambe.
— Comment pourrais-je durcir loin de toi ? Tu es la source de tous mes fantasmes, répondit Nikolaï près de ses lèvres. T'ai-je déjà laissé insatisfait ?
— Jamais, tu es toujours si dur et volumineux en ma présence..., répondit Fyodor en faisant des va-et-vient sur son intimité. Je veux sentir cela en moi, dans mon ventre...
— Sois patient, tu pourras le sentir en toi, sourit Nikolaï en enfonçant ses doigts en lui.
— Fais-moi jouir Nikolaï, supplia Fyodor en se cambrant.
Son désir fut immédiatement exaucé. Un cri aigu lui échappa lorsque Nikolaï pressa son point sensible, il rejeta la tête en arrière et ferma les yeux pour se laisser submerger par le plaisir. Il accéléra ses mouvements sur l'entrejambe de Nikolaï pour le faire monter au ciel avec lui, et les deux jeunes hommes se vidèrent en s'étreignant avec fureur. Nikolaï prolongea leur extase jusqu'à ce que leur corps se détende, avant de retirer ses doigts de Fyodor et de le tourner de dos.
— Regarde-toi Fyodor, dit-il en prenant son visage dans sa main.
En le mettant dos à lui, il avait tourné Fyodor vers son miroir, et il était désormais face à son reflet. Il était étrange de se regarder dans une telle situation, Fyodor ne l'avait jamais fait. Naturellement, son regard se dirigea d'abord sur son intimité gonflée de plaisir, puis sur sa poitrine durcie, et des rougeurs couvrirent ses joues. Il ne s'était jamais trouvé aussi... Séduisant. Se voir ainsi le perturbait et le gênait au plus au point, mais sa contemplation était aussi excitante, et il aimait voir son corps dans cet état. Il aimait son apparence, son plaisir, la sueur qui le couvrait, c'était à peine s'il voyait encore les bleus sur sa peau blanche. Et il voulait en voir davantage, il voulait voir Nikolaï le toucher et l'embrasser, voir l'expression qui peindrait son visage, comment il réagirait à son toucher.
— Tu es magnifique, murmura Nikolaï à son oreille. En plus d'aimer tout ton être, j'aime chaque détail de ton corps. En particulier les grains de beauté qui décorent ton dos, cela est particulièrement attirant.
— Le penses-tu vraiment... ?
— Qu'y a-t-il de plus beau que ton corps durci de plaisir ? Tu es toujours d'une beauté parfaite, mais ce soir tu es au-delà de tout. Cette vingt-quatrième année d'existence te rend... Encore plus envoûtant.
Fyodor sourit, et Nikolaï se déshabilla dans son dos. Une fois nu, il jeta ses robes au sol et enlaça Fyodor avec autant de force que s'il ne l'avait plus touché depuis une éternité. Ses bras encerclèrent son torse et l'attirèrent contre lui, ses lèvres trouvèrent refuge au creux de son cou et y laissèrent d'ardents baisers, et son intimité glissa entre les jambes de Fyodor pour se frotter à lui. Fyodor ne put s'empêcher de baisser une nouvelle fois les yeux, pour fixer ses cuisses étroitement serrées, et le plaisir de Nikolaï qui allait et venait entre. Il était dur, chaud, comme une bûche plongée dans un feu d'hiver, et il aimait le sentir entre ses jambes, frotter contre son intimité et le brûler.
   Ses jambes commençaient à trembler, il tendait ses muscles et serraient avec force ses cuisses l'une contre l'autre pour rendre plus étroit le passage que se frayait Nikolaï. Ses muscles faiblissaient à force d'être aussi tendus, mais Fyodor voulait continuer de sentir Nikolaï contre lui, il aimait trop cela pour arrêter. Son entrejambe était si chaud qu'il diffusait une merveille chaleur dans tout son corps, Fyodor se sentait terriblement bien...
   Il pencha la tête en arrière, en poussant une longue expiration, et plongea sa main dans les cheveux de son amant. Nikolaï passa sa langue sur son cou et empoigna sa poitrine, faisant tressaillir Fyodor. Il continua de le couvrir de baisers de plus en plus humides, de se mouvoir entre ses jambes, faisant onduler son ventre, et caressa sa poitrine. Ses mains épousèrent sa forme, comme pour la soutenir, et Fyodor la sentit gonfler de plaisir. Il aimait que Nikolaï fasse cela, c'était plaisant, et Fyodor était si sensible à cet endroit... Il ne savait pourquoi, mais chaque fois que Nikolaï touchait sa poitrine, des vertiges l'assaillaient, le plaisir qui papillonnait dans son bas-ventre devenait plus intense, et sa poitrine devenait si dure qu'elle apparaissait au travers des tissus qui le couvraient... Il aimait être touché à cet endroit, c'était plus délicat qu'entre ses jambes, plus lent, plus intime. Et Nikolaï savait comment le satisfaire.
La pulpe de ses doigts passa sur ses tétons, elle en fit le contour et les pressa, fit rouler leur pointe, la pinça, et Fyodor le regarda faire, incapable de détourner les yeux de sa poitrine. Voir Nikolaï le toucher était excitant, et déstabilisant, Fyodor se sentait à la fois enivré de plaisir, et gêné d'assister à ce spectacle si intime. Il avait l'impression de s'espionner, de regarder une scène interdite comme s'il ne la vivait pas lui-même. Et sentir les pouces de Nikolaï passer sur lui et titiller sa poitrine, la durcir et la rougir, lui montrait qu'il était bel et bien acteur de ce spectacle si torride.
L'extase qui menaçait de le submerger grandissait et Fyodor perdait le contrôle. Sa tête penchée en arrière tombait contre celle de son amant, qui ne cessait de l'embrasser sur chaque parcelle de peau qu'il pouvait atteindre, et des gouttes de sueur glissaient sur sa gorge déployée. Il peinait à retenir ses gémissements, il savait qu'il ne devait pas faire de bruit au risque de se faire remarquer, mais il oubliait peu à peu où il était et le mal qu'on pouvait lui faire. Sa fièvre devenait trop forte pour qu'il se retienne, prendre de grandes inspirations ne lui suffisait plus. Et lorsque Nikolaï les fit s'agenouiller au sol pour le faire sien, un cri de plaisir lui échappa.
— Nikolaï, soupira Fyodor d'une voix suave.
— Tu sais que je me délecterais toujours de ton chant érotique mais... N'oublie pas que nous ne pouvons pas faire de bruit, murmura son amant près de son visage.
Fyodor acquiesça rapidement, et posa une main sur ses lèvres pour retenir ses gémissements.
   Il se laissa alors entraîner dans une danse des plus torrides avec Nikolaï, leur corps ondulait l'un contre l'autre et se caressait, la volupté de leur mouvement faisant s'accroître leur excitation, et chaque geste les rapprochait un peu plus du paroxysme qu'ils recherchaient. Les mains de Nikolaï passaient sur son corps et touchaient son plaisir, elles s'en emparaient et le faisaient grandir, serraient sa poitrine et maîtrisaient sa taille, écartaient ses cuisses et cambraient son dos... Il le manipulait et propageait le plaisir en lui, Fyodor suivait ses mains des yeux et regardait son corps danser d'une façon si sensuelle qu'il en perdait toute retenue.
   — Libère-toi, souffla Nikolaï en allant au plus profond de lui.
   Un son aigu s'échappa des lèvres de Fyodor et sa libération fut immédiate. À son tour, Nikolaï atteint son orgasme et se vida en lui, faisant couler dans son intimité sa semence chaude. Il resta un instant contre Fyodor, le gardant dans la chaleur de ses bras, avant de se retirer de lui et de se relever.
— J'ai toute la nuit à t'offrir, mon amour, dit-il en tendant la main à Fyodor.
— Je ne suis pas sûr de pouvoir garder le silence toute la nuit, dit Fyodor en prenant sa main.
Il s'y tint et se releva difficilement, les jambes tremblantes. Nikolaï l'attira aussitôt dans ses bras et l'embrassa passionnément, avant de le soulever par les cuisses et de le conduire à son lit. Il l'allongea délicatement dessus et vint entre ses cuisses, pour le posséder une nouvelle fois et relancer une course au plaisir. Fyodor n'eut pas le temps de couvrir sa bouche et un gémissement lui échappa, Nikolaï sourit en l'entendant et se pencha au-dessus de lui, en commençant à lui donner des coups de reins.
— Ne retiens plus tes gémissements, dit-il en s'enfonçant dans son intimité.
   Fyodor poussa une exclamation de plaisir et se cambra, pour que Nikolaï puisse venir plus loin de lui. Il enroula ses jambes autour de sa taille, les croisant au creux de ses reins, et le tira vers lui. Il poussa un nouveau cri de plaisir le sentant le prendre plus profondément et continua de le serrer contre lui, jusqu'à ce qu'il sente son intimité taper son bas-ventre. Elle grandissait en lui et le brûlait, plus elle glissait en lui et plus Fyodor se sentait bien, des lumières écarlates dansaient devant lui et la chaleur du paradis l'enveloppait. Il partait lentement sous les yeux de son amant, les paupières à moitié closes et la bouche ouverte par ses cris d'euphorie. Il était ivre de plaisir, si proche des portes du septième ciel qu'il pouvait presque les toucher du bout des doigts.
   — F-Fyodor... Je veux que tu partages tout avec moi, dit Nikolaï d'une voix saccadée.
   Il enfouit sa main dans ses cheveux et lui donna un coup de hanches, tapant sur son point sensible, et Fyodor poussa un nouveau gémissement de plaisir, s'accrochant aux larges épaules de son amant.
   — Montre-moi ton plaisir, continua Nikolaï, en cambrant une nouvelle fois le corps de Fyodor. Partage-moi ton amour... T-Tes pensées... Tes craintes... Et ta douleur...
   — Nikolaï, gémit Fyodor en griffant son dos.
   — P-Promets-moi que tu me diras lorsque tu souffres... Je ne veux pas que tu... Que tu vives cela seul... P-Promets-le moi.
   — Oui, cria Fyodor d'une voix aiguë. Oui je te le promets ! Oui !
   Nikolaï s'enfonça alors une dernière fois en lui et le fit une nouvelle fois jouir, tout en se vidant en lui. Un soupir de soulagement échappa à Fyodor lorsqu'il sentit la semence tiède de Nikolaï couler en lui, et il resta paralyser contre lui un moment. Lorsqu'il put de nouveau se détendre, il se rendit compte qu'il était si cambré que Nikolaï le soulevait presque, alors il se rallongea correctement et chercha sa respiration, la main posée sur son cœur. Nikolaï se releva un instant et descendit du lit, il récupéra sa cape de voyage et sembla chercher quelque chose dedans, sous le regard étonné de Fyodor.
   — Que fais-tu, demanda-t-il d'une voix essoufflée.
   Il n'obtint pas de réponse. Nikolaï sortit une petite boîte de sa cape et vint s'agenouiller près du lit, alors que Fyodor se relevait sans comprendre. Nikolaï leva la boîte devant lui et l'ouvrit, révélant un anneau d'or, sertit de pierre rouge qui luisait dans le noir.
   — Nikolaï...
   — Je ne peux pas te demander en mariage, car j'ai une femme et il est de ton devoir d'en avoir une. Mais je veux que tu sois mon homme à tout jamais. Fyodor, je t'aime et je te désire avec ferveur, je te désire au point de pouvoir t'offrir ma vie, et je m'engage à te combler de bonheur jusqu'à ce que la vie me quitte. Laisse-moi te chérir et t'aduler, laisse-moi te couvrir d'amour et te protéger, te tenir loin de la violence de ta famille et t'offrir tout ce dont tu as besoin... Sois mon homme, Fyodor, déclara Nikolaï, en tenant ses mains dans les siennes. Je t'offre mon être, ma passion, mon désir. Mon âme menace de brûler à chaque regard que tu poses sur moi, et mon cœur chante si fort dans ma poitrine pour appeler le tien que cela en devient douloureux... Je veux que tu sois mien. Je veux te voir porter cette bague et savoir que tu es mon homme, que je suis celui qui te rend heureux. Je veux être le seul à faire danser ton corps et à consumer ton être. S'il te plaît Fyodor... Laisse nos âmes se consumer d'amour jusqu'à ce que la mort nous sépare.
   Fyodor ne réussit pas à répondre quoi que ce soit, trop bouleversé par sa soudaine déclaration. Nikolaï passa alors doucement la bague à son annulaire droit, et déposa un baiser sur son doigt orné.
   — Porte-la tant que tu m'aimeras, dit-il en lui lançant un regard plein d'espoir.
   Une larme tomba sur la joue de Fyodor, alors qu'il peinait à trouver les mots justes pour répondre à son amant. L'émotion qu'il ressentait était si forte qu'il en perdait ses mots, il n'arrivait plus à s'exprimer correctement. Il s'agenouilla alors à son tour devant Nikolaï, et ne put que lui offrir un long baiser plein d'amour. Nikolaï lui rendit immédiatement, il l'étreignit contre lui et pressa ses lèvres contre les siennes, avant de le soulever en maintenant ses fesses, pour le ramener sur le lit. Cette fois, il l'allongea sur lui pour lui laisser le dessus, et lorsque Fyodor se sentit capable de lui répondre, il s'écarta.
— Je ne l'enlèverai jamais, promit-il, en regardant sa bague scintiller dans le noir. Et je te promets que chacun de mes battements de cœur sera pour toi.

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Voilà pour le premier fyolai de cette histoire 🤭. En comparaison avec la dernière intrigue, Nikolaï c'est vraiment un amour ici, il fera plus de mal à Fyodor 😌

J'aime beaucoup ce chapitre, et le fanart que j'ai mis en média. Les grains de beauté vont trop bien à Fyodor 🤭. Et puis on en apprend plus sur la situation de Fyodor et sur pourquoi personne ne veut de lui. À votre avis, est-ce qu'il va finir par trouver une femme ? 👀

À demain mgl 🦦

Recueil Bungo Stray DogsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant