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DERRIÈRE LA PLUME D'UN GÉNIE

 
Mission Un homme pour Chûya

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— Honnêtement... Vous pensez que Atsushi est top ou bottom ?
— Bottom, clairement, répondit Kôyo, en mélangeant une cuillère dans sa tasse de thé.
— Bottom ? Non, impossible, il est clairement top, répondit Akiko en secouant la tête.
— Non, il n'a pas assez de charisme pour ça !
— C'est pas une question de charisme, je suis désolée mais c'est évident que c'est lui le top. Tu as vu comment marche Ryûnosuke ?
— On pourrait ne pas parler de ce que fait mon frère au lit, demanda Gin d'un air blasé.
— Tu penses qu'il est quoi au lit, demanda tout de même Kôyo.
— Je pense rien, c'est mon frère ! Les filles, je veux pas savoir ça, parlez d'autre chose !
— Bon ok alors vous pensez que c'est Ranpo ou Poe le top, demanda Akiko.
— Clairement Ranpo, dit Kôyo.
— Pas du tout, Poe est top, dit Gin.
— T'en penses quoi Chûya ? Chûya ? Tu nous écoutes ?
Une main se posa sur l'épaule de Chûya et la secoua, et Chûya sursauta. Il se redressa et battit des paupières en essayant de revenir à la réalité, alors que ses amies lui lançaient un regard perçant. Il avait complètement arrêté d'écouter leur conversation, il avait même oublié qu'il se trouvait avec elles.
Il était assis à la cafétéria, un gobelet de café noir devant lui, et ses amies étaient assis à ses côtés. Elles discutaient ensemble depuis plusieurs minutes, mais Chûya avait arrêté de les écouter, et il était bien incapable de dire de quoi elles parlaient. Son regard était rivé sur une silhouette au fond de la cafétéria, qui venait d'arriver dans la pièce, et qui avait immédiatement attiré son attention. Nikolaï se trouvait encore près des portes d'entrée, assis sur un canapé. Il n'avait pas vu Chûya, et il était en train de discuter avec Sigma. Il semblait raconter quelque chose, car il n'arrêtait pas de gesticuler dans tous les sens, il mimait presque son histoire et parlait sans interruption, si bien que Sigma avait l'air d'avoir du mal à suivre son récit.
Et juste à côté de lui était assis Fyodor. Lui non plus n'avait pas vu que Chûya était au fond de la pièce, il ne devait pas avoir fait attention à qui se trouvaient autour de lui. Il tenait un livre devant lui, mais il n'avait tourné aucune page depuis son arrivée, et il ne semblait pas non plus écouter ce que racontait Nikolaï. Il avait sa tête posée sur l'épaule de Nikolaï, il avait l'air d'être sur le point de s'endormir. En tout cas, dès que Nikolaï s'accordait une pause dans son récit et retrouvait un peu de calme, il posait sa main sur sa cuisse et la caressait, ce qui le faisait immédiatement sourire. Et Chûya ne pouvait s'empêcher de les fixer depuis tout à l'heure.
Il n'avait pas revu Fyodor depuis le week-end dernier, et il lui manquait... Il voudrait lui parler, le serrer dans ses bras, et sortir avec lui pour se balader dehors. Même une conversation vide de sens avec lui le rendrait heureux... Il voulait retrouver son ami, il avait besoin de retrouver leur relation. Il sentait bien qu'il y avait quelque chose d'étrange entre eux... À vrai dire, Chûya avait essayé de lui parler plusieurs fois avec lui, il lui avait envoyé des messages, et il s'était approché de lui pour essayer de se faire remarquer, mais il avait fui à chaque fois. Il savait bien que c'était de sa faute s'ils ne s'étaient pas parlé depuis quatre jours, mais... Il n'arrivait pas à parler à Fyodor sans se dire que Nikolaï se trouvait juste à côté de lui.
Il avait bien compris que Nikolaï prenait soin de lui et qui le rendait heureux, mais ça n'en restait pas moins douloureux pour lui. Il aimait Fyodor depuis plusieurs années, et il avait toujours pensé qu'il se passerait quelque chose entre eux... Il avait toujours été là pour Fyodor, il l'avait soutenu dans tous ses projets, il l'avait consolé à chaque peine de cœur, il l'avait protégé de ses petits amis, il l'avait toujours rassuré lors de ses crises d'angoisse. Il lui avait donné tout son amour, et il avait vraiment l'impression qu'il y avait quelque chose de particulier entre eux. Avec lui, Fyodor ne se comportait pas comme avec Poe ou Ryûnosuke, ils étaient très proches, ils sortaient toujours ensemble, ils dormaient parfois ensemble, et... Et voilà que Nikolaï débarquait dans sa vie et lui prenait son cœur !
Qu'avait-il de plus que Chûya ? Pourquoi lui ? Qu'avait-il fait pour conquérir le cœur de Fyodor, alors que Chûya n'avait jamais réussi à avoir plus qu'une relation fraternelle avec lui ? Nikolaï n'était même pas particulièrement beau, et puis il avait l'air tout aussi étrange que les ex petits amis de Fyodor... Il parlait fort, il s'agitait dans tous les sens, il riait tout seul, il passait son temps à se prendre en photo, il commençait ses livres par la fin, et... Et... Chûya ne comprenait vraiment pas ce que Fyodor lui trouvait ! Il n'arrivait pas à se dire qu'ils étaient ensemble, ni à l'accepter. Et maintenant qu'il savait qu'ils avaient couché ensemble... Il n'osait plus aller voir Fyodor. C'était difficile à expliquer, mais il avait l'impression de ne plus avoir sa place dans sa vie, et qu'à présent, Fyodor ne s'intéresserait plus qu'à Nikolaï, puisque c'était officiel entre eux...
Et puis... Il y avait autre chose. Dimanche, Chûya avait voulu rentrer chez lui pour voir Fyodor, pour avoir de ses nouvelles et savoir comment s'était passée sa nuit avec Nikolaï. Lorsqu'il était rentré, il avait trouvé le salon en désordre, des feuilles et des carnets traînaient partout sur le canapé et le sol, alors il avait pensé que Fyodor dormait et qu'il n'avait pas eu le temps de ranger l'appartement. Il s'était dirigé vers la chambre de son ami pour voir comment il allait, et il avait trouvé la porte de sa chambre ouverte. Fyodor était allongé sur son lit, sur le côté de son corps. Il avait le visage enfoui dans son oreiller, l'une de ses cuisses était repliée, et surtout, il était entièrement nu. Chûya s'était figé en le voyant ainsi, et il n'avait pas su quoi faire. Fyodor ne dormait jamais nu, mais peut-être s'était-il endormi ainsi après le départ de Nikolaï. Chûya avait donc voulu entrer dans sa chambre pour mettre une couverture sur son corps, mais une main avait soudain surgi de derrière Fyodor, elle s'était posée sur sa hanche et était remontée le long de sa taille, avant de caresser sa poitrine. La tête de Nikolaï était apparue derrière lui, il s'était redressé et s'était penché sur Fyodor pour l'embrasser, avant de glisser sa main entre ses jambes, et de faire bouger son corps dans une danse pleine de luxure.
Chûya se souvenait encore parfaitement des gémissements qu'avait poussés Fyodor, de ses joues rouges, de ses lèvres ouvertes pour appeler le nom de Nikolaï, de ses mains qui agrippaient ses draps, de son corps qui s'était courbé contre celui de Nikolaï, et de la main qui était descendue entre ses cuisses, et qui avait tordre son corps dans des courbes de plaisir. Il avait immédiatement fait demi-tour pour ne pas en voir davantage, et les gémissements de Fyodor l'avaient accompagné jusqu'à la porte d'entrée. Chûya n'arrivait pas à croire ce qu'il avait vu... Il avait déjà entendu Fyodor avec ses anciens petits amis, puisqu'ils venaient parfois dormir à la maison, mais il ne l'avait jamais vu ainsi... Et puis c'était si différent avant. Quand il entendait Fyodor avec son dernier petit ami, il entendait surtout des bruits étouffés, des coups sourds sur des meubles, et des halètements semblables à des pleurs.
Mais avec Nikolaï, les gémissements de Fyodor étaient plein de plaisir, d'envie, d'amour. Il avait eu l'air de passer un incroyable moment avec lui, et d'aimer vraiment cela... Il était heureux avec lui, Chûya était bien obligé de le remarquer maintenant... Même si c'était douloureux, c'était avec Nikolaï qu'il devait être, et Chûya n'avait pas le droit de les séparer. Et puis le bonheur de Fyodor passait avant tout, il méritait d'être avec quelqu'un qu'il aimait et qui prenait soin de lui. Alors... Chûya pouvait accepter Nikolaï. Mais il n'osait pas le dire à Fyodor, surtout après l'avoir vu dimanche...
— Tu sais, tu devrais passer à autre chose, dit Kôyo en remarquant qu'il regardait son meilleur ami.
— C'est facile à dire, répondit Chûya en baissant les yeux.
— Tu trouveras mieux, il est pas fait pour toi.
— Je peux pas trouver mieux que lui.
— Y'a plein de mecs, tu trouveras mille fois mieux, assura Akiko.
— Oui, mais il n'y a qu'un seul Fyodor, répondit Chûya avec dépit.
— On va te trouver quelqu'un, décida Kôyo. Il y a plein de gars célibataire, c'est pas compliqué d'en trouver un bien.
— Si je peux me permettre, si, c'est compliqué, intervint Gin. Les mecs craignent la plupart du temps, tu devrais te tourner vers les femmes, c'est plus sûr.
— Je suis d'accord avec Gin, les mecs sont tous nuls, dit Akiko.
— Fyodor n'est pas nul, fit remarquer Chûya, en mélangeant son café sans conviction.
— Arrête de parler de lui ! Bon, qu'est-ce que tu penses de... Sigma ? Il a l'air gentil, et tu t'entends bien avec lui, non, demanda Kôyo.
— Il m'intéresse pas, c'est un petit en plus, répondit Chûya.
— Mais-
— Je t'interdis de dire que je suis petit, t'as très bien compris ce que je voulais dire.
— Donc tu préfères les hommes plus âgés, dit alors Akiko d'un air pensif. Tetchô a rompu avec Jôno, tu peux tenter ta chance ! Il est super sexy en plus.
— Il passe son temps à se remettre avec Jôno et à rompre avec lui, dit Chûya.
— Justement, il a besoin d'entrer dans une relation stable !
— Il m'intéresse pas, présentez-lui quelqu'un d'autre. En plus c'est pas mon style...
— C'est quoi ton style ?
— Laisse-moi deviner, grand, introverti, très intelligent et dépressif, demanda Kôyo avec amusement.
— C'est pas drôle, dit Chûya en lui lançant un regard noir.
— Vous savez, je me suis fait un ami il y a pas longtemps, et il a plein de contacts de mecs célibataires et safe, dit soudain Gin.
— Tu t'es fait un ami ?! Mais non, s'exclama Akiko avec surprise. Je savais pas que c'était possible !
— Très drôle. Je l'ai rencontré pendant le blocus, il est pas dans la fac, il est juste venu parce que c'était drôle, et on s'est très bien entendu. Je peux lui demander des numéros si tu veux, proposa Gin avec sérieux.
— Non merci, je préfère sortir avec quelqu'un que je connais, dit Chûya avec un soupir.
Et malheureusement, tous ceux qu'il connaissait étaient pris. Fyodor était le seul qui avait de l'intérêt à ses yeux, les autres paraissaient tous insipides à côté de lui. Il fallait dire que Fyodor était gentil, attentionné, protecteur, intelligent, cultivé, créatif, magnifique, et tout simplement parfait. Il était difficile de trouver quelqu'un après l'avoir connu...
— T'as qu'à draguer Nanami, dit finalement Kôyo.
— Nanami ? Le prof d'histoire occidentale, demanda Chûya d'un air incrédule.
— Oui ! Il est super sexy, tu sais qu'il plaît à tout le monde ?
— Il doit avoir dix ans de plus que moi, ça va pas !
— L'amour n'a pas d'âge. Et puis techniquement tu n'es plus étudiant puisque tu ne suis plus de vrais cours, donc ce n'est plus vraiment ton professeur, dit Kôyo.
— Nanami me donne envie d'être hétéro, dit Akiko d'un air rêveur. Vous pensez qu'il a quelqu'un dans sa vie ?
— Vu la bague à son annulaire, oui, il a quelqu'un, dit Chûya en souriant. En plus j'ai déjà vu sa femme, une fois elle est venue le chercher à la sortie de la fac et elle l'a embrassé devant tout le monde.
— C'est du marquage de territoire ça, dit Akiko en riant. Ranpo a fait pareil avec Poe !
— Ils sont graves, dit Chûya en riant.
— Avant Eren faisait ça avec Mikasa, jusqu'à ce qu'il apprenne que Jean préférait Armin, raconta Akiko en éclatant de rire.
— Les hommes vraiment, soupira Gin.
— Vous pensez qu'Eren serait top ou bottom avec un mec, demanda soudain Akiko d'un air pensif.
— Bottom. J'avais demandé à Mikasa et c'est ce qu'elle m'a répondu, parce que « c'est déjà un soumis avec elle », raconta Kôyo.
— Ça se voit, il devient tout gentil avec elle, dit Chûya.
— Un mec comme Eren, c'est ton style, demanda Gin.
— Pas vraiment... Il est pas assez dépressif, dit Chûya avec sérieux.
— C'est dommage que Geto soit marié, parce que je suis sûre qu'il aurait été ton style. Il est grand, plus âgé, intelligent, littéraire, musclé, et il a un côté sombre.
— C'est vrai... Quel homme, dit Chûya d'un air rêveur. Vous pensez qu'il est quoi au lit ?!
— Parle pas aussi fort, y'a Megumi juste à côté, s'exclama Akiko.
Ah oui ? Chûya n'avait même pas remarqué qu'il y avait des étudiants autour d'eux, il n'avait fait qu'attention à Fyodor. Mais effectivement, Megumi était assis à l'autre bout de leur table. Cependant il était à côté de Ryômen, ils avaient chacun un écouteur dans l'oreille, ils étaient accoudés l'un contre l'autre, et semblaient plongés dans un film qui défilait sur leur téléphone. Megumi n'écoutait pas du tout leur conversation.
— Vous pensez que qui est top entre Gojo et Geto, murmura tout de même Chûya.
— Moi je penche plus pour Gojo, dit Akiko à voix basse.
— En vrai je pense aussi, c'est Geto qui commande en général, donc il laisse Gojo commander au lit, murmura Gin.
— Moi je pense que c'est Geto le top, parce que des fois Gojo il drague Geto devant tout le monde ou alors il lui met la honte, et je peux vous dire que le lendemain il marche pas très droit Gojo, raconta Kôyo.
— Se faire punir par Geto ça doit être trop bien, murmura Chûya avec sérieux, ce qui fit pouffer de rire Akiko.
— Je pense que tes hanches tiendraient pas le coup, il te faut un gabarit moins imposant ! Déjà que Gojo à l'air de prendre cher...
— Moi je pense que Gojo il se venge après, c'est impossible qu'il soit complètement bottom, dit Gin.
— Alors, si je peux me permettre, ils sont switch, mais c'est généralement Suguru le top, dit soudain une voix près d'eux. Après pour les soirées exceptionnelles c'est Satoru le top, mais quand c'est lui, Suguru marche plus de la semaine donc ils évitent quand même de trop le faire.
Sans que personne ne s'en rende compte, Ryômen s'était rapproché de Chûya et ses amies et s'était incrusté dans leur conversation. Même Megumi n'avait pas anticipé son soudain mouvement, car il avait failli tomber dans le vide lorsque Ryômen était parti, et le regardait à présent avec incrédulité.
— Comment tu sais tout ça, demanda Chûya avec surprise.
— J'ai des contacts.
— Ryômen, tu peux arrêter de parler de ça, s'exclama Megumi en le rejoignant.
— Mais c'est pour le bien de la science.
— Oh, c'est pour ça que Geto était absent après la Saint Valentin..., dit Akiko.
— Il était juste malade, dit Megumi.
— Ouais, il a bu trop de sperme, répondit Ryômen en ouvrant tranquillement un paquet de gâteaux.
Megumi lui jeta un regard épuisé, remettant sûrement en question toute sa relation avec lui, mais Ryômen l'ignora, et dégusta ses biscuits comme si de rien était.
— Pourquoi est-ce que vous vous posez ce genre de questions, demanda finalement Megumi en se tournant vers Chûya.
— C'était juste par curiosité, de base on cherchait juste quelqu'un pour Chûya, expliqua Akiko. Vous ne connaissez pas un joli garçon célibataire ?
— De préférence qui ressemble à Fyodor, ajoute Gin.
— Fyodor, dit Megumi sans comprendre. Pourquoi ?
— Pour rien, c'était pour rire, dit aussitôt Chûya. Je suis très bien seul de toute façon.
— Physiquement je ne vois pas grand monde qui corresponde à Fyodor, je trouve qu'il a un visage assez particulier, son expression a quelque chose de spécial... Mais je trouve que d'une certaine manière, sa personnalité ressemble un peu à celle d'Osamu.
— Osamu, demanda Chûya en haussant les sourcils.
— Il est dans la même année que lui, ils sont tous les deux major à chaque fois. Perso je le trouve un peu stupide, mais je pense qu'il ressemble à Fyodor sur certains points.
Dazai ? Ressembler à Fyodor ? Non, c'était impossible. Ils n'avaient absolument rien en commun ! Fyodor était un ange tombé du ciel, Dazai était un diablotin qui s'était échappé des enfers. Fyodor était un travailleur acharné, Dazai n'avait jamais ouvert un livre de cours. Fyodor était doux, Dazai passait son temps à crier. Fyodor prenait soin des autres, Dazai embêtait les autres. Fyodor était calme, Dazai sautait partout. Fyodor était respectueux, Dazai se moquait de tout le monde. Fyodor était toujours vêtu avec élégance et prenait soin de son apparence, Dazai ne faisait jamais d'effort pour avoir l'air professionnel, et venait à la fac comme s'il sortait de son lit !
Il n'avait rien à voir avec Fyodor. Chûya ne le connaissait pas plus que ça, mais il savait que Fyodor ne le supportait pas, et que Dazai faisait toujours tout pour lui mettre des bâtons dans les roues. C'était un parasite. Il passait son temps à embêter Chûya en plus, dès qu'il le voyait, il se ruait sur lui et se mettait à le draguer alors qu'ils se connaissaient à peine ! Chûya ne le supportait pas, et il ne le comprenait pas.
— Fyodor est bien au-dessus de Dazai, dit Chûya.
— Peut-être, mais ils sont tous les deux très intelligents, malins, et joueurs. Ils sont aussi mauvaises langues ensemble, ils se mettent ensemble en amphi pour critiquer les autres. Et puis ils travaillent beaucoup tous les deux, Osamu dit qu'il ne fait rien, mais il passe beaucoup de temps à travailler, dit Megumi.
— Mais il ne fait jamais rien, personne ne le voit travailler ! Et puis il passe son temps à dire qu'il n'a pas d'avenir, il colle tout le monde, il embête les nouveaux, et il entre dans des associations juste pour s'amuser !
— Oui mais... Il essaye juste de se faire des amis. Tu sais, mon père et Suguru travaillent beaucoup avec Osamu et Fyodor. Suguru s'occupe de Fyodor, il l'aide avec les maisons d'édition, et mon père fait pareil avec Osamu. Il m'a dit qu'il était déjà bien avancé dans son travail, et puis il écrit beaucoup aussi, même s'il n'a pas encore osé publier. Même psychologiquement... Il est pas si différent de Fyodor. Tu pourrais t'entendre avec lui.
— Hmm, je sais pas, dit Chûya avec perplexité.
— Je suis d'accord, tu pourrais t'entendre avec Dazai, il a un sale caractère, comme Fyodor, dit alors Kôyo. S'il avait les cheveux noirs et qu'il avait un accent russe, il te plairait depuis longtemps.
— Après Fyodor... Osamu... T'es sûr que tu veux pas un mec sain d'esprit, demanda Ryômen.
— C'est toi qui dis ça, demanda Chûya.
— Quoi ? Je suis sain d'esprit moi !
— ... Bien sûr.
— Et puis tu veux pas prendre un français ? Parce qu'entre un russe et un japonais... Tu risques de plus les voir au bout d'un moment, si ça se trouve ils vont rentrer chez eux après leurs études.
— Ça m'étonnerait, je vois mal Fyodor retourner dans un pays en guerre et qui l'internerait pour sa sexualité. Et Dazai a toujours dit qu'il voulait rester en France, dit Chûya.
— Si tu le dis. En tout cas, Dazai est célibataire si ça t'intéresse, et apparemment tu lui plais beaucoup, dit Ryômen en s'en allant. Et Fyodor le sait d'ailleurs. Je crève de faim je vais chercher à manger.
— Euh, t'oublies pas quelque chose, demanda Megumi en lui lançant un regard perçant.
Ryômen le regarda avec surprise, puis il revint vers lui d'un pas hésitant, et déposa un baiser sur son front.
— J'espère que tu passeras une journée aussi bonne que toi, dit-il avec sérieux, avant de partir à toute vitesse.
— Qu- Non, rends-moi mes gâteaux, s'écria Megumi en rougissant vivement.
Il s'écarta à son tour et récupéra ses affaires, avant de partir en courant après Ryômen. Chûya les regarda s'éloigner avec perplexité, sans savoir quoi penser de ce qu'ils lui avaient dit. Dazai était-il vraiment comme ils le décrivaient... ?
Il n'eut pas le temps de penser davantage à cela qu'un nouveau parfum, léger et floral, envahit ses sens. Son cœur le reconnut immédiatement, et tous ses poils se hérissèrent sur sa peau. Il releva aussitôt les yeux, et vit que Fyodor se tenait devant lui, de l'autre côté de la table. Son regard croisa le sien, et Chûya sentit une décharge traverser son cœur, ainsi que sa gorge qui se nouait. Fyodor était devant lui, en chair et en os. Il s'était approché de lui sans un bruit, sûrement pour ne pas déranger sa discussion, et il était venu seul. Ils se tenaient les mains et se trituraient les doigts, signe qu'il était angoissé, et il était légèrement voûté. Chûya avait presque oublié à quel point il aimait son parfum délicat, son élégance naturelle, et l'éclat de ses yeux...
Il ouvrit la bouche pour parler, mais il ne réussit pas à s'exprimer, et regarda son meilleur ami d'un air perdu, incapable d'exprimer ce qu'il ressentait. Fyodor aussi semblait avoir du mal à parler, lui aussi hésitait à se lancer.
— Salut, dit-il d'une petite voix.
— Salut, répondit Chûya d'une voix qui lui était étrangère. Tu vas bien ?
— Ça va, et toi ?
— Je vais bien...
— Tant mieux...
C'était la pire conversation qu'ils n'avaient jamais eue... Allez, Chûya devait trouver quelque chose à dire ! Il ne pouvait pas rester ainsi, à fixer bêtement Fyodor ! Fyodor ne savait pas qu'il avait des sentiments pour lui, alors il devait s'inquiéter de le voir s'éloigner de lui, et il ne devait pas comprendre pourquoi c'était étrange entre eux. Chûya devait se trouver une excuse, vite !
— On va vous laisser, il faut qu'on y aille, dit Kôyo en se levant pour les laisser seuls.
— On va à la bibliothèque, ajouta Akiko, avant de s'en aller.
— Ok, dit Chûya d'une voix mal assurée.
Fyodor leur adressa un sourire de remerciements, puis il prit la place de Kôyo, et s'assit en face de Chûya. Chûya l'observa faire sans savoir quoi dire pour justifier son absence, et remarqua rapidement que Fyodor était fatigué. Il avait de nouveau des cernes, et ses yeux étaient rouges... Et s'il s'était passé quelque chose avec Nikolaï hier soir ? Mais non, tout à l'heure Fyodor était à côté de lui et tout allait bien entre eux... Oui mais il était aussi comme ça avec son petit ami, et pourtant il se faisait abuser tous les soirs...
— Tu vas bien, s'inquiéta Chûya en sentant son cœur se serrer. Enfin oui, tu viens de me le dire mais... T'es sûr ? T'as l'air fatigué...
— Je n'ai pas beaucoup dormi, mais je vais bien, répondit Fyodor avec un sourire.
— Nikolaï t'a fait quelque chose ? Vous vous êtes disputés ? Il t'a... Il s'en est pris à toi, ne put s'empêcher de demander Chûya à toute vitesse.
— Non pas du tout, tout va bien, rassura aussitôt Fyodor. J'ai fait une crise d'angoisse cette nuit, c'est pour ça que je suis un peu fatigué.
— Oh non, tu aurais dû m'appeler, j'aurais pu t'aider... Qu'est-ce qui va pas ? Tu étais stressé ? Tu as eu un problème hier ? Tu veux qu'on en parle, demanda Chûya, de plus en plus angoissé.
— J'ai fait un cauchemar, et ça m'a rappelé de mauvais souvenirs. Mais tout va bien, je t'assure. Nikolaï m'a aidé à me calmer, il m'a beaucoup aidé, et puis je n'allais pas te déranger en pleine nuit alors que tu étais chez Kôyo. Ne t'inquiète pas, ça va, je t'assure, promit Fyodor.
— Hmm... Tu as mangé au moins ? Tu es toujours stressé ?
— Oui j'ai mangé, et non. J'ai pris mes médicaments ce matin alors je suis un peu ailleurs, désolé, j'ai un peu de mal à rester concentré.
— C'est pas grave, l'essentiel c'est que tu ailles bien, dit Chûya en souriant.
Il avait remarqué que les pupilles de Fyodor étaient dilatées, et que ses paupières tombaient plus que d'habitude. Ses médicaments étaient assez forts et lui donnaient envie de dormir, alors il fallait souvent rester à ses côtés pour le surveiller. C'était sûrement pour ça qu'il restait à côté de Nikolaï tout à l'heure, même s'il ne discutait pas avec lui.
— Je m'inquiétais pour toi, on ne s'est pas vu depuis un moment, et j'ai l'impression que tu me fuis un peu, dit finalement Fyodor.
— Oh... Je vais bien, c'est juste que je voulais te laisser avec Nikolaï. Je me suis dit que tu voudrais rester avec lui après avoir passé la nuit avec lui.
— Tu sais tu peux revenir à la maison, c'est aussi chez toi. Et puis ça me manque de passer du temps avec toi, je ne veux pas que tu te sentes exclu.
— Je reviendrai ce soir alors, dit Chûya avec un sourire. Comment s'est passé ton week-end ? Nikolaï s'est bien comporté ?
— Très bien. On a travaillé sur nos livres presque toute la journée samedi, et c'était très agréable. Il m'a donné beaucoup d'idées pour faire un nouveau livre, une nouvelle plutôt, et je l'ai presque terminée.
— Vraiment ?! Fyodor c'est super ! Tu vas la publier ?
— J'aimerais bien, elle me satisfait assez... Je dois d'abord la finir, et ensuite je demanderai à M. Geto de la lire pour avoir son avis. Tu pourras la lire aussi, ton avis compte aussi, proposa Fyodor avec embarras. Ce n'est pas une grande histoire, mais ça pourrait te plaire.
— Oui, j'adorerais la lire ! Je suis contente que tu aies pu écrire quelque chose qui te plaît, ça faisait longtemps, dit Chûya en prenant les mains de son ami. De quoi ça parle ?
— C'est l'histoire d'un jeune homme qui rencontre une jeune fille, un soir. Il tombe amoureux d'elle, et au cours de trois autres soirées, ils vont se confier sur leurs rêves, leurs projets, leur avenir ensemble. Je ne te dis pas la fin, tu auras la surprise en lisant, mais c'est une histoire sentimentale. Disons que c'est... Le souvenir d'un rêveur.
— Ça m'a l'air génial, j'ai hâte de lire ça !
— Je te l'enverrai dès que possible.
— Et ensuite, qu'est-ce que vous avez fait, demanda Chûya, bien qu'il connaissait la réponse.
— On a passé la nuit ensemble, et le lendemain, comme tu ne revenais pas, Nikolaï est resté à la maison. On... On est pas vraiment sorti du lit, avoua Fyodor en rougissant.
Chûya s'en était déjà douté, lorsqu'il avait vu toutes les tâches sur la poitrine de Fyodor dimanche dernier.
— Je suppose qu'il se débrouille plutôt bien alors...
— Vraiment bien, il me donnait l'impression de ne plus jamais pouvoir m'arrêter...
— Tu dois avoir mal aux hanches.
— Oui.. Et puis c'est difficile de se retenir avec lui. Ça faisait longtemps que je ne l'avais plus fait, alors maintenant je suis un peu... Sensible... J'ai envie de le faire dès que je le vois, c'est très embarrassant.
— Fais quand même attention à toi, tu peux te faire mal, et puis tu dois te reposer... Tu as mangé au moins ?!
— Oui, j'ai mangé un vrai repas, dit Fyodor d'un air las. Pourquoi est-ce que tout le monde me demande ça ? Même Poe m'a envoyé un message pour me demander ce que j'avais pris comme repas...
— Parce que tu manges jamais, et tu le sais, répliqua Chûya. Je suis rassuré que tout se soit bien passé avec Nikolaï.
— Et toi, qu'est-ce que tu as fait ce week-end ?
— J'ai travaillé avec Kôyo, j'ai pas fait grand-chose. Elle m'a aidé pour ma thèse, on a fait des recherches sur l'écriture inclusive... Tu penses que je devrais rédiger de quelle manière ? Elle elle m'a dit que ça serait intéressant de le faire avec une écriture inclusive, dit Chûya d'une voix pensive.
— C'est une bonne question... Le plus pertinent serait de le faire au féminin générique, puisque tu parles essentiellement des femmes, non, demanda Fyodor. Je trouverais ça cohérent du moins.
— C'est vrai. J'aimerais bien le faire, mais je risque pas d'être pénalisé pour ça ?
— Je ne sais pas. Mori n'est pas très ouvert à ça il me semble, mais ce ne sera pas le seul jury. Tu devrais le faire, ce serait vraiment intéressant.
— Je le ferai alors, dit Chûya avec satisfaction.
— Bien. Avant que tu ne te remettes au travail, je... Je voulais te parler de quelque chose, dit Fyodor en retrouvant son air angoissé.
— Oui ?
— Et bien... Hier j'ai discuté avec Poe et... Sans faire exprès il m'a... Il m'a dit que... Que tu éprouvais des sentiments... Pour moi, dit Fyodor d'une voix de plus en plus basse.
Il baissa les yeux avec embarras, alors que Chûya se figeait, et que ses joues rougissaient. Poe avait... Qu'est-ce qu'il avait dit ?! Non, il n'avait pas pu faire ça... Il ne pouvait pas avoir dit à Fyodor que Chûya l'aimait... Ce n'était pas possible...
— Il t'a dit quoi, demanda Chûya d'une voix sourde.
— Il ne l'a pas fait exprès, il pensait que je le savais déjà, alors il m'a demandé si je t'avais parlé par rapport à ma relation avec Nikolaï... Je suis désolé de ne pas avoir compris plus tôt que tu m'aimais, et de t'avoir exposé ma relation avec Nikolaï sans penser que ça pourrait te blesser.
Chûya ouvrit la bouche pour répondre, mais il ne réussit pas à articuler le moindre mot, et regarda Fyodor avec impuissance... Non... Il ne pouvait pas être au courant de ses sentiments pour lui... Chûya n'avait jamais prévu de lui révéler, il voulait les garder pour lui. Il ne voulait pas le faire fuir avec ses sentiments, et il ne voulait surtout pas le perdre... Et s'il pensait que Chûya voulait le séparer de Nikolaï ? Et s'il s'éloignait de lui pour ne pas prendre de risques ?
— Je peux tout t'expliquer, dit Chûya d'une voix mal assurée.
— Chûya, tout va bien, t'as pas à te justifier, dit aussitôt Fyodor.
— Je... T'as pas besoin d'être inquiet par rapport à ça, je t'assure que je ferai rien, dit Chûya à toute vitesse. Je suis heureux pour toi et je sais que t'aimes Nikolaï, alors je me fais pas de films, et j'ai pas l'intention de nuire à votre relation, ni quoi que ce soit d'autre, je t'assure. Je suis vraiment heureux pour toi, et mes sentiments vont passer !
— Je sais, dit Fyodor en serrant ses mains. Je n'ai jamais pensé que tu essaierais de m'éloigner de Nikolaï pour être avec moi, je sais que tu n'es pas comme ça. Je voulais seulement te dire que... Je tiens beaucoup à toi. Même si ce n'est pas de la manière que tu aimerais, je t'aime beaucoup, et je ne veux pas te perdre. Mais je comprends si tu as besoin de t'éloigner, et bien sûr je ne t'en veux pas. Si tu as besoin de prendre du temps pour toi, et que tu veux rester un peu seul, je peux trouver un autre endroit où dormir, tu n'as peut-être plus envie qu'on vive ensemble, alors...
— Quoi ?! Non ! Je veux toujours vivre avec toi, s'exclama Chûya.
— Mais ça doit te faire du mal de me voir tous les jours alors que tu sais que je suis avec quelqu'un d'autre...
— Je peux m'y faire, vraiment, c'est pas grave. Je suis heureux pour toi tu sais, et même si je me doute que Nikolaï est quelqu'un de bien, je veux quand même veiller sur toi. Je veux pas qu'on s'éloigne, ni qu'on arrête de vivre ensemble, dit Chûya en secouant la tête.
— Tu es sûr ? Je peux comprendre tu sais, je ne le prendrais pas mal !
— Oui je suis sûr. T'es mon meilleur ami avant tout, et je veux pas te perdre non plus. Et je veux pas que tu te prives d'être avec Nikolaï devant moi, je veux te voir heureux avec lui. Je vais passer à autre chose, t'inquiète pas pour moi, dit Chûya avec un sincère sourire.
— Vraiment ?
— Oui, vraiment.
Fyodor le regarda avec hésitation, puis il se leva et contourna la table. Il s'approcha de lui et l'entoura de ses bras, et Chûya lui rendit son étreinte. Ses yeux brillaient, son cœur était serré, et sa gorge était nouée, mais il était soulagé que Fyodor ne lui en veuille pas pour ses sentiments. En parler avec lui n'avait pas été aussi dur qu'il le pensait, et savoir que Fyodor ne s'éloignerait pas de lui le rassurait. Il avait besoin de lui, et de rester à ses côtés, et il pouvait se contenter d'une simple amitié. Ses sentiments finiraient bien par passer, il en était sûr.
— Tu es sûr que ça va aller, demanda Fyodor.
— Oui, dit Chûya. Et puis j'ai eu le temps de m'y faire, ça fait un moment que tu me dis que tu aimes Nikolaï.
— Je suis désolé, je serai plus discret avec lui.
— Non t'as pas besoin, ça me dérange pas. Et puis ça me rassure de te voir heureux, ça faisait longtemps que je t'avais pas vu comme ça.
— Si tu te sens mal, je veux que tu m'en parles, dit alors Fyodor.
— Je le ferai, promit Chûya.
— Bien, dit Fyodor, alors que Nikolaï venait vers eux.
— Désolé d'interrompre votre discussion mais je dois aller en cours, dit Nikolaï en s'approchant de leur table. Fyodor tu veux qu'on rentre ensemble ce soir ?
— J'aimerais bien, mais je pense que je vais rentrer avec Chûya, dit Fyodor en souriant. On a une soirée à rattraper avec Poe.
— Ok. Tiens, dit Nikolaï en tendant une barre de céréales à Fyodor.
— Mais j'ai mangé aujourd'hui.
— Pas beaucoup, et puis t'as besoin d'énergie pour rester éveiller, sinon tu vas t'écrouler sur ton ordi. Regarde t'es déjà en train de t'endormir, dit Nikolaï en touchant le nez de Fyodor du bout du doigt.
— Je ne suis pas en train de m'endormir, répondit Fyodor en lui donnant une tape sur la main.
— C'est à cause de ses médicaments qu'il est fatigué, dit Chûya.
— Je sais, mais c'est amusant de le voir, tes yeux se ferment tout seuls, dit Nikolaï en continuant d'embêter Fyodor en essayant de toucher son visage. En fait pour te destresser on t'endort.
— Oui. En fait c'est agréable, j'ai l'impression de ne plus rien avoir en tête, quand je prends mes médicaments toutes mes pensées disparaissent, dit Fyodor. Sauf que ça me donne envie de dormir et que je n'ai plus d'énergie...
— Tu devrais rentrer à la maison pour te reposer, dit Chûya.
— Je préfère travailler, j'ai plein d'articles à lire. D'ailleurs il faut aussi que j'y aille, je dois travailler à la bibliothèque. Qu'est-ce que tu fais Chûya ?
— Je vais partir à la recherche de Mori pour voir comment je peux rédiger ma thèse, déclara Chûya en descendant de sa chaise. On se voit ce soir alors ?
— Oui, si je ne réponds pas au téléphone, c'est que je me suis endormi à la bibliothèque. À tout à l'heure, dit Fyodor en partant.
— Bisous, dit Nikolaï en lui faisant un signe de la main, avant de se retourner vers Chûya. Je... Je voulais juste savoir si... Si ça allait entre nous ?
— Entre nous, demanda Chûya avec surprise.
— On s'entend bien ou tu me détestes ? Je préfère le savoir, tu peux me le dire si tu m'aimes pas, ça me dérange pas. C'est juste que t'es le meilleur ami de Fyodor, donc ça serait bien qu'on se tolère tu vois, expliqua Nikolaï à toute vitesse.
— Je te déteste pas, dit simplement Chûya en attrapant son sac pour le mettre sur ses épaules. Je t'accepte, mais si tu lui fais du mal je te tue et je te torture.
— J'ai pas prévu de lui faire quoi que ce soit, ça tombe bien !
— Il y a intérêt. Je t'ai quand même à l'œil, dit Chûya d'un ton sec. Qu'est-ce qu'il s'est passé cette nuit ? Fyodor m'a dit qu'il avait fait une crise d'angoisse.
— Il a rêvé de ses parents et de son ex, sûrement parce qu'on en avait parlé dans la journée. Mais il a réussi à se calmer et à un peu dormir. Et... Il... Il m'a parlé de ce que lui faisait son ex, dit Nikolaï d'une voix plus basse. Je comprends mieux maintenant pourquoi est-ce que tu te méfies autant de moi... Mais tu sais je l'aime vraiment, je veux rien d'autre que son bien.
— Je veux bien te croire. Mais je te surveille quand même. C'est tout ?
— Oui, je voulais juste être sûr que t'essaierais pas de me tuer ! Bon alors passe une bonne soirée, dit Nikolaï.
Il adressa un sourire à Chûya, puis il partit en trottinant, et rejoignit Sigma qui l'attendait à l'entrée de la cafétéria. Chûya le suivit des yeux avec méfiance, puis il sortit à son tour de la cafétéria, et se rendit dans la cour entre les bâtiments d'étude. Il sortit une cigarette et l'alluma, puis il la glissa entre ses lèvres, et s'adossa contre un mur. Nikolaï était un peu dans son monde, mais il n'avait pas l'air méchant. Il était déjà plus sincère que l'ex de Fyodor, et puis lui au moins il montrait qu'il l'aimait... Mais Chûya ne pouvait s'empêcher d'être sur ses gardes avec lui. Après tout il ne le connaissait pas, et Nikolaï pouvait très bien changer du jour au lendemain...
— Chûya !!!
Chûya sursauta et se redressa, en réalisant que Dazai se tenait juste devant lui. Mais d'où sortait-il ?! Il n'était pas là quelques secondes plus tôt, Chûya ne l'avait même pas vu arriver !
— Depuis quand est-ce que t'es là ?!
— Ben je viens d'arriver ! Ça va ? En fait je viens de croiser Megumi et il m'a dit que tu cherchais quelqu'un avec qui sortir, et que je serais bien pour toi parce que je correspondais à Fyodor, bon on est d'accord que j'ai rien à voir avec Fyonul, mais c'est vrai que je suis bien pour toi ! Je veux bien sortir avec toi, expliqua Dazai d'une traite.
— Qu- Quoi ?! Non, tu m'intéresses pas.
— Mais je suis grand, plus âgé, sexy, intelligent et drôle !
— Je m'en fiche, tu m'intéresses pas, dit Chûya d'un air incrédule.
Et honnêtement, il n'était ni sexy, ni drôle. Chûya se recula un peu plus contre le mur pour mettre de la distance entre lui et Dazai, et le dévisagea un instant. Effectivement, Dazai était plus grand que lui, bien plus grand. Chûya lui arrivait au niveau de la poitrine. Il était aussi plus âgé, puisqu'il avait l'âge de Fyodor, et il était certes très intelligent, mais sinon... Son humour était plus lourd qu'autre chose, et il était difficile de le trouver sexy dans ses vêtements amples et délavés... Il pensait vraiment que Chûya allait s'intéresser à lui ? Ils s'étaient à peine parler, et à chaque fois qu'ils le faisaient, c'était pour se disputer ! C'était un peu arrogant de sa part de débarquer devant lui et de proposer de sortir avec lui, alors qu'il l'embêtait dès qu'il le voyait.
Cette situation était aussi surprenante que ridicule, Chûya ne savait pas comment s'échapper. Il voulait fumer tranquillement, et voilà que Dazai apparaissait devant lui et essayait de le... Draguer ? Ça n'avait aucun sens !
— Mais on est fait pour être ensemble Chuchu, dit-il avec sérieux.
— Et pourquoi, demanda Chûya en riant.
— Tu es petit et je suis grand, et tout le monde sait que les meilleurs couples sont comme ça.
— Pas du tout.
— Si, regarde Belle et la Bête.
— Qu- Hein ?! Donc t'es une bête ?
— Non mais c'est un exemple !
— Mon père et ma mère font la même taille et ils forment un très beau couple, répliqua Chûya.
— C'est l'exception qui confirme la règle.
— Fyodor fait la même taille que son petit ami. Atsushi et Ryûnosuke font presque la même taille. Gin fait la même taille que son petit ami. Eren et Mikasa font la même taille, tout comme Yuji et Yuko, Megumi et Ryômen, Haruchiyo et son mec aussi, oh il y a aussi Tetchô et Jôno, Geto et Gojo, même Fukuzawa et-
— Peut-être. Mais Poe il sort avec un petit, dit Dazai d'un air victorieux.
— C'est une exception.
— On est fait pour être ensemble, tous les signes le prouvent !
— Mais pourquoi tu veux sortir avec moi, demanda Chûya sans comprendre.
— J'ai un faible pour les roux colériques, expliqua Dazai avec un sourire en coin. Et puis j'ai bientôt un repas de famille, je peux pas y aller seul.
— Ta famille est pas au Japon ?
— Si mais elle va venir en France et je leur ai fait croire que j'étais en couple, s'il te plaît Chuchu, j'ai besoin qu'on soit ensemble ! Tu vas voir, je suis mille fois mieux que Fyorusse, et puis je réparerai ton petit cœur brisé, dit Dazai en posant sa main sur la poitrine de Chûya.
— Désolé, mais j'ai pas besoin de toi pour ça, dit Chûya en éclatant de rire.
— Mets-moi en période d'essai au moins !
— C'est pas la peine, t'y arriveras pas.
— Moi je suis sûr que si. Si tu veux on peut même coucher ensemble !
— Je vais m'en passer.
— Je suis un super coup tu sais.
— J'en doute...
— Je suis vraiment bon, tu serais agréablement surpris, dit Dazai en faisant un pas vers Chûya.
— Pourquoi t'es célibataire alors, demanda Chûya sans perdre contenance.
— Je me réserve pour toi. Je suis sûr que si tu passes une nuit avec moi, après tu pourras plus t'empêcher d'y penser.
— Oh moi je pense que je passerais vite à autre chose.
Dazai le regarda avec amusement, puis il prit sa cigarette, et tira dessus en plongeant son regard dans le sien. Chûya le regarda faire sans bouger, et le laissa se pencher sur lui pour expirer de la fumée sur ses lèvres. La fumée s'engouffra dans sa bouche et tomba de ses poumons, lui procurant un sentiment d'apaisement, mais Chûya ne laissa rien paraître.
— On parie, demanda Dazai à voix basse.
Un sourire étira les lèvres de Chûya et il laissa échapper un petit rire. Être aussi proche de Dazai n'était pas aussi déplaisant qu'il l'avait pensé, et cette discussion commençait à vraiment l'amuser...
— Pari tenu.

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Désolée de ne pas avoir posté plus tôt, j'avais pas trop le moral à écrire un truc joyeux, et puis je me concentre sur ma fic Hunger Games :)

J'espère que le chapitre vous a plu ! Pour ceux qui participent au calendrier, il reste plus qu'un jour pour le calendrier...

À plus :)

Recueil Bungo Stray DogsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant