🫦

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DERRIÈRE LA PLUME D'UN GÉNIE

Tout travail mérite récompense

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La cabine des toilettes était petite, étroite et sombre. Une ampoule pendait au plafond, elle diffusait une lumière blanche, faible, qui s'éteignait en absence de mouvement. Le verrou de la porte était cassé, il ne se fermait qu'à moitié, et en poussant fort la porte de l'extérieur, il était possible de le faire céder et d'entrer dans la cabine. Pour empêcher cela, Nikolaï se tenait debout contre, empêchant ainsi les autres étudiants d'essayer d'entrer. Il ne se tenait ici que depuis quelques minutes, mais il faisait déjà chaud dans la cabine, l'air était lourd, pesant, il collait à sa peau mouillée et l'écrasait. L'espace de la cabine était trop petit, l'air devenait presque irrespirable, mais pour rien au monde Nikolaï n'ouvrirait la porte.
Sa respiration était précipitée, son souffle tremblant s'échappait entre ses lèvres gonflées, et chacun de ses soupirs emprisonnait un gémissement de plaisir. Sa poitrine se gonflait rapidement, les bouffées d'air qu'il prenait étaient chaudes, elles brûlaient ses poumons et le faisaient fondre. Ses paupières étaient entrouvertes, la lumière pâle de la cabine dansait sous ses yeux, comme des astres pales flottant dans la nuit. Sa tête était rejetée en arrière, ses cheveux d'argent glissaient contre la porte, et sa tresse tombait sur son torse, révélé par sa chemise ouverte. Sa peau était couverte d'une pellicule de sueur, son ventre brillait sous l'ampoule du plafond, et ses muscles étaient plus saillants que d'habitude. Il avait terriblement chaud, presque autant que s'il se trouvait dans un sauna, et le plaisir qu'il ressentait ne faisait qu'empirer son état. Il était au bord de l'extase...
— Va plus loin, murmura-t-il dans un souffle.
Sa voix était basse, si basse que ses mots n'étaient que des notes graves qui se perdaient dans ses soupirs. Il appuya sur la tête de Fyodor, qu'il tenait par les cheveux, et sentit son intimité entrer plus profondément dans sa gorge. Fyodor était agenouillé devant lui depuis quelques minutes, il le tenait par les hanches en s'accrochant à son pantalon, et faisait délicatement bouger ses lèvres contre lui. Sa langue passait inlassablement sur le fruit de son plaisir, ses lèvres se frottaient contre sa peau tendue, déposaient de petits baisers dessus, suçaient chaque courbe qu'elles touchaient, et ses dents l'effleuraient délicatement, sans lui provoquer la moindre douleur. Chacun de ses baisers était divin, ils envoyaient Nikolaï au paradis et le faisaient planer, si bien qu'il peinait à retenir ses gémissements. Sa main se mêlait aux mèches de Fyodor, ses cheveux étaient aussi doux que fins, ils glissaient entre ses doigts et tombaient sur son visage, cachant alors ses traits des yeux de Nikolaï. Nikolaï continuait pourtant de maintenir sa tête, perdu entre l'envie de le tirer par les cheveux pour l'empêcher d'empirer l'état de son excitation, ou l'envie folle d'appuyer sur sa tête pour pénétrer davantage sa bouche, et sentir la tiédeur de sa gorge l'envelopper...
Il baissa la tête en prenant une grande inspiration, et observa le visage de Fyodor. Ses joues étaient rouges, tout comme les siennes, ses cheveux attachés se défaisaient sous sa poigne, et il semblait se délecter de son intimité. Il l'embrassait, la léchait, la suçait, comme s'il s'agissait d'un fruit particulièrement gourmand. Comme si ce n'était qu'un fruit merveilleux, chaud et juteux, qui s'apprêtait à exploser dans sa bouche dans une explosion de saveur. Il prenait du plaisir à faire cela, et Nikolaï aimait le voir ainsi. Cela faisait cinq mois qu'ils se connaissaient, et au cours de ce temps, il avait pu imaginer ce moment de mille façons, mais il n'avait pas pensé que ce serait aussi excitant. Savoir qu'il avait un rapport avec Fyodor suffisait à l'exciter, mais savoir que ce rapport avait lieu dans les toilettes de son université, et qu'en plus de cela, Fyodor était actuellement son professeur... Cela l'excitait encore plus.
Ce moment était encore plus plaisant qu'il ne l'avait imaginé, et Nikolaï aimait plus que tout voir Fyodor agenouillé entre ses jambes. Il ne pensait pas qu'il accepterait vraiment de lui offrir ses récompenses, il pensait qu'il aurait plus de mal à se rapprocher de lui ! Et il s'était dit que Fyodor ne se lâcherait pas à ce point. Bien qu'il répondait à ses avances et qu'il flirtait ouvertement avec lui lors des tutorats, il gardait toujours un air calme et strict, il avait de la retenue, de la discrétion. Mais à présent il n'avait plus rien du jeune homme posé et renfermé que Nikolaï connaissait. Et il adorait cela. Cette attitude le rendait encore plus séduisant, encore plus attirant, encore plus affriandant. Plus Nikolaï l'observait, et plus il avait envie de ne faire qu'une bouchée de lui.
Comme s'il avait entendu ses pensées, Fyodor releva ses yeux vers lui, en passant sa langue sur son intimité, et lui offrit un sourire provocateur. Une puissante décharge parcourut le corps de Nikolaï, il s'enfonça de nouveau dans la bouche de Fyodor et appuya sur sa tête, le faisant gémir de plaisir. Pourquoi était-il si excitant... ? Comment sa beauté pouvait-elle devenir si érotique... ? Il avait besoin de plus, tenir ses cheveux ne lui suffisait pas, il voulait le toucher, découvrir son corps à son tour, sentir le plaisir qui naissait entre ses jambes. Il retira alors sa chaussure droite, avant de poser son pied entre ses cuisses, et de caresser la bosse de son pantalon. Fyodor s'accrocha à sa cheville en se cambrant, il fronça les sourcils, et poussa un nouveau gémissement de plaisir.
— Chut, murmura Nikolaï avec un sourire.
— Ne joue pas avec le feu, répondit Fyodor reculant sa tête.
— Je sais que t'aimes ça, dit Nikolaï à voix basse, alors qu'il appuyait un peu plus sur son entrejambe. D'ailleurs... Tu sais que tu me dois aussi des photos intimes ?
— Vas-y, fais-en, provoqua Fyodor en souriant à son tour. Tu peux même prendre une vidéo.
Le sourire de Nikolaï s'agrandit, et il saisit le téléphone que Fyodor lui tendit. Il le leva au niveau de son ventre, et Fyodor lui jeta un regard brûlant, avant de faire passer sa langue sur toute la longueur de son intimité. Nikolaï se mordit la lèvre pour se retenir de jouir, et prit plusieurs photos, tandis que Fyodor continuait de l'embrasser avec envie. Il n'avait jamais fait cela, faire des photos intimes, car il se disait toujours que c'était étrange. Et il n'avait jamais eu assez confiance pour laisser son partenaire garder des traces de leur rapport. Mais en réalité, c'était terriblement excitant, et Fyodor était encore plus beau lorsqu'il faisait quelque chose de sexuel. Il fixait l'objectif avec un regard intense, ses baisers étaient de plus en plus lents, ses coups de langue plus osés, ses sourires plus envoûtants. Il se laissa prendre photo avec amusement, frotta son visage contre lui et son entrejambe contre son pied, avant de reprendre son intimité en bouche. Nikolaï se retint de justesse de gémir, il s'accrocha machinalement à lui, et s'appuya contre un mur avec sa main de libre.
S'en était trop, il ne pouvait plus tenir. Il se mit à donner de plus puissants coups de bassin à Fyodor, jusqu'à taper le fond de sa gorge, et accéléra la cadence.
— Touche-toi, dit Nikolaï d'une voix saccadée.
Fyodor ne répondit pas, mais il glissa sa main dans son pantalon, et laissa échapper un nouveau gémissement. Nikolaï sourit et laissa tomber sa tête en arrière en fermant les yeux. Il serra ses cheveux et lui donna de rapides coups de bassin, incapable de se contrôler. Le plaisir qu'il retenait dans son ventre se propagea dans tout son corps, le faisant trembler de plaisir, et sa respiration devint de plus en plus irrégulière. Ses sourcils étaient froncés, ses yeux étroitement fermés, et il mordait avec force sa lèvre pour retenir ses gémissements. Il ne réussit pas à se retenir plus longtemps, et finit par jouir d'un coup, comme un soudain éclat d'extase, d'une violence et d'un soulagement intense.
Il laissa de nouveau tomber sa tête contre la porte derrière lui, et lâcha les cheveux de Fyodor. Sa tête tournait à présent, le manque d'oxygène ajouté à son orgasme l'empêchèrent de reprendre ses esprits, et il resta un moment immobile, à chercher sa respiration. Il se sentait terriblement bien, son plaisir n'était pas encore redescendu et il avait l'impression de flotter, de baigner dans un moment hors du temps, et de ne plus pouvoir ressentir que du pur bonheur.
— J'ai bien fait de travailler pour mes examens, murmura-t-il, un sourire béa aux lèvres.
— Tu as aimé, demanda Fyodor en essuyant sa bouche.
— J'ai même adoré ! Je rêvais de ça depuis des mois.
— Moi aussi, répondit Fyodor en se recoiffant.
Il refit sa queue-de-cheval et réorganisa sa frange, avant de se redresser en lissant ses vêtements. Nikolaï en profita pour l'enlacer et l'attirer contre lui, et l'embrasser passionnément. Fyodor ne se défit pas de son étreinte, au contraire, il passa ses bras autour de son cou et répondit à son baiser, il colla son corps au sien et entrouvrit sa bouche, laissant la langue de Nikolaï danser contre la sienne. Ses lèvres avaient le goût de sexe et de luxure, elles étaient chaudes, humides, rougies, et Nikolaï s'amusa à les sucer et les mordre. Il posa ses mains sur ses fesses et les serra avec envie, ce qui ne sembla pas du tout déplaire à Fyodor. Ses fesses étaient fermes, rondes, elles tenaient au creux de ses mains, comme il l'avait imaginé lors de son cours, et Nikolaï aima immédiatement le tenir par là. Il n'arrivait pas à croire qu'il pouvait enfin tenir Fyodor contre lui, l'embrasser, toucher ses fesses, et surtout sentir la bosse de son pantalon contre lui. Et dire qu'il avait dû attendre cinq mois pour ça...
De la buée couvrait les murs noirs de la cabine, la lumière flottait dans l'air, et l'euphorie qu'il ressentait lui donnait l'impression qu'il était en plein rêve, que tout ça n'était pas réel. Mais il était bel et bien en train d'embrasser l'homme qui lui plaisait depuis des mois, ce n'était pas un rêve. Il ne savait pas combien de temps durerait ce moment... Peut-être que Fyodor lui offrait un dernier baiser avant de partir, et qu'après cela, ils n'auraient plus qu'une simple relation étudiant-professeur... Nikolaï n'en savait rien, mais il voulait que ce moment dure aussi longtemps que possible. Et puis... Il ne pouvait pas laisser Fyodor partir dans cet état, c'était à son tour de le soulager !
Il le plaqua alors contre un mur et l'embrassa avec plus de passion, avant de déboutonner sa chemise à toute vitesse, et de le tourner contre le mur.
— Qu'est-ce que tu fais, demanda Fyodor dans un murmure, alors que Nikolaï se mettait à embrasser son cou.
— Je m'occupe de toi, chuchota Nikolaï en lui baissant son pantalon.
— Tu vas me faire faire trop de bruit !
— T'inquiète pas, il y a personne à cette heure.
Ce n'était pas totalement vrai, car treize heures allaient bientôt sonner, ce qui voulait dire que certains étudiants sortiraient de leur cours et viendraient aux toilettes... Mais Nikolaï aurait le temps de finir avant !
Il passa son intimité entre les cuisses de Fyodor et se frotta contre lui, avant de passer ses mains le long de son corps, pour de découvrir ses courbes. Le corps de Fyodor était plus délicat qu'il ne l'avait imaginé, ses hanches droites rendaient son bassin étroit, sa taille marquée affinait son torse, et ses épaules étaient moins développées qu'elles ne le paraissaient. Il découvrit sa silhouette en faisant remonter ses mains le long de ses contours, puis il s'empara de sa poitrine, et la caressa par le dessous. Elle aussi tenait dans sa paume, comme si elle avait été faite pour ses mains, pour être caressée de ses doigts.
Sa peau était moite, fiévreuse comme s'il était malade. Elle était suave, veloutée, s'en était hypnotisant, Nikolaï avait envie de caresser tout son corps et de voler toute la douceur de sa peau. Il pressa un peu plus Fyodor contre le mur, écrasant son corps contre le sien, et suça son cou pour y laisser des traces rouges. Un petit gémissement jaillit de la bouche de Fyodor, aussi faible qu'envoûtant, et il resserra ses cuisses sur son entrejambe en se cambrant contre lui. Nikolaï sourit, il passa ses pouces sur le rose de sa poitrine, jusqu'à le faire durcir et pointer, puis il saisit son intimité d'une main, et se mit à faire des va-et-vient dessus.
— Tu me dois ça aussi, murmura-t-il à son oreille.
— Je sais...
Il mourrait d'envie de le posséder, de le faire sien et se sentir la tiédeur du passage qu'il lui laisserait, mais il devait se retenir. Il n'avait pas de quoi se protéger, et puis il était encore trop tôt pour faire cela, Nikolaï ne voulait pas donner cette satisfaction à Fyodor. Il voulait le torturer de plaisir, lui imposer une lente et délicieuse attente, qu'il ne puisse se contenter que des fantasmes qu'il avait, des rêves qui hantaient ses nuits, des pensées folles qui traversaient son esprit. Il voulait le provoquer, le faire languir, monter la température de son corps, sans lui offrir le plaisir ultime qu'il désirait. S'il le pouvait, il garderait chaud son corps toute la semaine, il l'exciterait et le ferait brûler d'impatience, et lorsqu'il le retrouverait le week-end, il se jetterait sur lui et s'assurerait de combler tous ses désirs...
Cette idée suffisait à l'électriser, mais il devait se retenir. Il se retint alors de posséder Fyodor, et continua de l'embrasser avec passion, à titiller sa poitrine, et à faire bouger sa main sur lui. Fyodor avait laissé sa tête tomber contre le mur, son visage était tourné vers le fond de la cabine. Ses yeux étaient clos, ses sourcils froncés, un magnifique sourire étirait sa bouche et il se mordait la lèvre. Cette simple expression faisait perdre la raison à Nikolaï.
Il accéléra ses mouvements et se frotta davantage à ses cuisses, et Fyodor se couvrit soudain la bouche, étouffant son gémissement de plaisir. Nikolaï faillit craquer en l'entendant, mais il tint bon, il lâcha sa poitrine pour poser sa main sur ses fesses, et sans réfléchir, il lui donna une claque.
— T'as l'air d'aimer ça, murmura-t-il en voyant le sourire de Fyodor.
— Je n'ai pas été très sage, répondit Fyodor dans un souffle.
— C'est pas toi qui est censé me donner des punitions, demanda Nikolaï tout près de son oreille.
— Je préfère que ce soit toi qui m'en donnes... Ah... Ah !
Fyodor se crispa soudain et s'immobilisa, et quelque chose de chaud se mit à couler sur la main de Nikolaï. Presque aussitôt après, il se déversa à son tour sur le mur de la cabine, répandant sa semence blanche sur celle de Fyodor. Les muscles de son corps se tendirent, il serra son partenaire avec force pour garder un souvenir de ses courbes sur ses paumes, et lâcha un soupir rauque près de son oreille. Il se sentait si bien qu'il pourrait rester ainsi pendant des heures, blotti contre Fyodor, sa main posée droite posée sur le bas de son ventre, et sa main gauche encore sur sa poitrine. Son cœur battait rapidement, aussi vite que le sien, sa poitrine continuait de s'arrondir rapidement sous son souffle, ses épaules se soulevaient, et son torse restait arqué contre lui.
Après quelques minutes à haleter, Nikolaï fut secoué par un frisson de froid, provoqué par la retombée de son adrénaline. Lentement, il s'écarta pour laisser Fyodor respirer, et il se laissa tomber contre la porte avec soulagement. Tenir Fyodor contre lui lui manquait déjà, mais il transpirait, sa peau était collante, et s'ils continuaient ils allaient finir par ne vraiment plus pouvoir respirer dans cette petite cabine... Fyodor se tourna vers Nikolaï, en gardant les jambes écartées pour ne pas étaler la semence qui le couvrait sur ses cuisses. Nikolaï ne put s'empêcher de sourire en le voyant bouger avec les jambes écartées, et il dut se retenir d'admirer sans retenue son corps. Il était absolument magnifique, mais s'il continuait d'observer ses courbes, et son intimité, Nikolaï ne pourrait plus se retenir de lui sauter dessus.
— J'espère que tu n'es pas déçu de tes récompenses, dit Fyodor d'une voix essoufflée.
— C'est tout le contraire, j'aurais pas pu rêver mieux, répondit Nikolaï en se mordant la lèvre. Et toi ? T'as aimé ?
— Je pense que ça se voit, non, demanda Fyodor en montrant l'état de son ventre et de ses cuisses.
— Si tu veux, j'ai une langue pour nettoyer tout ça, proposa Nikolai d'un air espiègle.
Il attira Fyodor contre lui pour le reprendre dans ses bras, et posa ses mains sur ses fesses pour les tenir de nouveau. Fyodor se laissa faire, un sourire amusé au visage, et il posa à son tour ses mains sur son torse.
— Ça ne faisait pas partie de tes récompenses.
— Oui... Mais j'ai eu un dix-huit, dont j'ai le droit à un petit plus dans mes récompenses, non, tenta Nikolaï, avant d'embrasser la gorge de Fyodor.
— Hmm... Tu n'as pas tort. Mais pour l'instant, tu vas devoir te contenter des récompenses dont je t'ai parlé.
— Donc on va recommencer ?
— Peut-être, dit Fyodor en penchant la tête.
Un sourire apparut sur les lèvres de Nikolaï. Fyodor avait envie de le revoir, et en plus de cela, il le laissait embrasser son cou et penchait la tête pour lui offrir plus de surface. Il devait toujours avoir envie de lui, et Nikolaï était ravi de voir que son désir était partagé.
Mais il n'eut pas le loisir de poursuivre ses baisers, car Fyodor s'écarta, sûrement pour les empêcher de reprendre leur activité. Il prit du papier pour essuyer ses cuisses, et le mur, qui avait aussi été sali. Il jeta ensuite le papier dans la cuvette des toilettes et se rhabilla, au grand désespoir de Nikolaï.
— Tu penses que quelqu'un nous a entendus, demanda-t-il en reboutonnant sa chemise.
— Je sais pas, j'ai entendu personne. Le faire dans une cabine c'est pas la meilleure des idées, mais qu'est-ce que c'est excitant...
— Le risque de se faire surprendre est excitant, et on se chauffe depuis un moment, c'était sûr qu'on finirait par faire ça.
— C'est vrai, dit Nikolaï d'un air satisfait, en remettant ses vêtements en place. Mais là on va devoir bouger, on peut plus respirer ici, et puis il vaut mieux sortir avant que les cours ne se terminent.
— Oui. Tu as encore cours ?
— J'ai cours à quatorze heures, et toi ?
— Il faut que j'aille travailler aussi, j'ai un article à rédiger. D'ailleurs il faut que j'y aille, je vais être en retard, dit Fyodor.
Il consulta l'heure sur son téléphone, puis il tira Nikolaï vers lui et ouvrit la porte. Une vague d'air frais les frappa aussitôt, et Nikolaï prit une grande respiration, soulagé de pouvoir respirer de nouveau. Enfin un peu d'air ! Ils avaient failli mourir asphyxiés, et maintenant leur cabine devait sentir le sexe et la transpiration. Peu importe, Nikolaï ne regrettait pas du tout ce qu'il venait de faire, et il était déjà prêt à recommencer. Il mit son sac sur son épaule, sortit de la cabine, et aperçut deux étudiants, qui se trouvaient près des lavabos. Ils lui jetèrent un bref coup d'œil, avant de remarquer que Fyodor sortait de la même cabine que lui.
Oh... Leur sortie discrète était ratée. Tant pis ! Nikolaï se racla la gorge et fit comme si de rien était, il ignora les étudiants, serra ses mains sur son sac, et garda la tête haute. Fyodor le suivit, en évitant soigneusement le regard des deux étudiants.
— Je vais prier pour que ses étudiants ne soient pas inscrits dans mes cours, murmura-t-il avec honte.
— Ils avaient des têtes de petits, c'étaient sûrement des L1, dit Nikolaï.
— J'en doute, il n'y a presque pas de L1 sur ce campus.
— Ah oui c'est vrai ! Mais t'inquiète pas, je suis sûr qu'ils nous connaissent pas ! Et puis au pire c'est pas grave, on a le droit de coucher ensemble !
— Le dis pas aussi fort, s'exclama Fyodor en lui faisant signe de se taire. Je dois te laisser, mon équipe de recherche m'attend.
— D'accord.
— Est-ce que je ressemble à quelque chose ? Je ne suis pas trop décoiffé, ça va ?
— Hmm... Laisse-moi voir ça, dit Nikolaï d'un air pensif.
Il saisit Fyodor par la taille, l'approcha de lui et le fit tourner sur lui-même. Sa chemise était de nouveau rentrée dans son pantalon, elle était bien lissée, de nouveau ouverte de deux boutons pour laisser apparaître ses clavicules. Ses cheveux étaient un peu emmêlés, mais cela ne faisait pas négliger non plus. Il était toujours aussi beau et parfait que d'habitude. Nikolaï le lâcha et lui donna une petite tape sur les fesses, sans faire attention aux personnes autour d'eux.
— T'es parfait beauté, dit-il joyeusement.
— Parfait. Dans ce cas, je vais te laisser.
— Attends ! Je peux au moins avoir ton numéro ? On pourra recoucher ensemble ? Et je peux garder les photos de toi, demanda précipitamment Nikolaï. Et on doit se vouvoyer ou se tutoyer ?!
— Tu peux les garder, je te fais confiance. Et... Je ne sais pas, je reste quand même ton professeur. Je ne pense pas que c'est une bonne idée d'avoir une relation pour le moment...
— Oh... Je comprends, je peux attendre !
— ... Tu n'as qu'à passer chez moi samedi soir pour qu'on... Discute un peu plus de ça, proposa Fyodor à voix basse.
Un grand sourire étira les lèvres de Nikolaï, alors qu'une lumière joueuse se mettait à briller dans ses yeux.
— Ça me va, dit-il avec envie. On a besoin de discuter de tout ça. J'adore les discussions. Surtout quand elles sont dans un lit.
— Bien, alors à samedi, dit Fyodor, avant de faire volte-face pour s'en aller.
— Attends ! Je peux être dispensé de devoir ?!
— Non, tu fais tes devoirs pour lundi prochain, et je ramasserai ta copie, s'exclama Fyodor. À plus tard.
   — Attends, dit Nikolaï en lui retenant le bras sans réfléchir.
   — Oui ?
   — Euh... Je voulais te dire que...
   Fyodor haussa les sourcils, attendant sa réponse, mais Nikolaï ne réussit pas à parler. Il regarda un instant ses yeux rouges. Ils brillaient plus que d'habitude, Fyodor n'avait jamais eu l'air aussi heureux qu'en cet instant. Nikolaï ne voulait pas lui retirer sa bonne humeur. Il se ravisa alors, et sourit doucement.
   — Je te trouve vraiment magnifique, dit-il en le lâchant.
   — Quoi, dit Fyodor avec surprise.
   — Je me souviens qu'une fois, tu m'avais dit que t'aimais pas ton corps et tu étais tout sauf sexy quand tu étais nu... Moi je te trouve super sexy. Déjà que tu es très beau en général... Et encore, c'est un euphémisme...
   — Merci, dit Fyodor avec gêne. Je suis rassuré, je pensais que s'il se passait quelque chose entre nous tu... Tu n'aimerais pas ce que tu verrais.
   — J'aime beaucoup ce que j'ai vu. Et j'aime encore plus ce que je vois actuellement, ajouta Nikolaï avec un clin d'œil.
   — Tu vois juste mon visage, il n'y a pas grand-chose à aimer.
   — Justement ! C'est la plus belle partie de ton corps !
   — Merci, dit Fyodor avec un petit sourire. C'est gentil de me dire ça.
   — C'est surtout vrai ! Allez je te retiens pas plus. Je t'embrasse mentalement pour te dire au revoir, puisque je peux pas le faire en vrai !
   — Ça me va, dit Fyodor avant de se détourner une nouvelle fois. À plus tard.
   — Au revoir !
Nikolaï sourit, il le regarda s'éloigner un instant, et bien évidemment, il ne put s'empêcher de poser ses yeux sur ses fesses. Fyodor roulait délibérément des hanches, il savait très bien que Nikolaï l'observait, et il en profitait pour le provoquer. Nikolaï adorait cela.
Il resta encore quelques secondes après le départ de Fyodor, un sourire idiot fixé sur ses lèvres. Son sourire s'effaça lentement, laissant place à une expression attristée. Il avait bien fait de ne rien dire à Fyodor, ce n'était pas le moment, et il ne devait pas vouloir en parler.
   Il avait des marques sur l'une de ses cuisses. Ce n'était que quelques cicatrices, à peine visibles. Nikolaï les avait vues après avoir joui, lorsqu'il tenait Fyodor contre le mur, et qu'il était resté contre lui, la tête contre son épaule. Avec la mauvaise lumière de la cabine, il pensait avoir mal vu, mais lorsque Fyodor s'était rhabillé, Nikolaï avait clairement vu des marques sur sa peau. Il avait déjà remarqué qui avait des traces sur les doigts, il avait comme des brûlures sur les phalanges, ses doigts semblaient tachés de cire, mais il n'avait jamais posé de question. Il avait aussi une brûlure sur le côté de la cuisse, comme si de l'eau brûlante était tombée sur lui, et il semblait aussi avoir de fines cicatrices. Il était difficile de savoir si elles venaient de lui, ou si quelqu'un le lui avait fait. Cela inquiétait Nikolaï, il ne voulait pas que Fyodor souffre. Il lui en parlerait lorsqu'ils seraient seuls et tranquilles, en attendant, il se promit de prendre soin de lui.
   — Tu comptes rester planter là toute ta vie, demanda soudain quelqu'un.
   Nikolai haussa les sourcils, et remarqua que quelqu'un, autre que l'homme de sa vie malheureusement, venait de se mettre devant lui.  Oh non, pas eux...
   — Oh mais quoi, demanda Nikolaï d'un air las.
   — C'est moi où tu parlais à Fyodor, demanda avidement Dazai.
   — Ça te regarde pas.
   — T'es dans son cours non ? On s'est vu ce matin ! J'espère que tu souffres pas trop, je sais que c'est l'incarnation du diable... Sache que le syndicat est ouvert, n'hésite pas à aller te plaindre de lui, c'est important. Eren t'écoutera avec plaisir.
   — C'est Armin qui fait les séances psy, moi j'écoute pas les pleurnicheurs, répliqua Eren, qui se trouvait près de Dazai.
   — C'est pas ton larbin je te signale, arrête de lui refiler le travail que t'aime pas faire, lança un autre jeune homme, avec une barbe soigneusement rasé.
   — Et toi arrête de le coller. Nikolaï, c'est ton nom c'est ça ? Dis moi, qu'est-ce que tu fais ce week-end ? Tu peux venir à une manifestation ?
   — Non Eren tout le monde s'en fiche de tes manifs, dit Nikolaï avec agacement.
   — Tu es le seul à t'en ficher ! Ça ne te dérange pas d'être privé de liberté ?!
   — J'ai jamais été aussi libre qu'aujourd'hui, je te signale que j'ai grandi en Ukraine et en Russie. Et je suis très bien comme ça ! Je peux m'habiller comme je veux, aller où je veux, faire les études que je veux, et embrasser qui je veux, dit fièrement Nikolaï. Je suis aussi libre que les oiseaux !
   — Embrasser qui tu veux, oui et non, ça dépend des quartiers où t'es..., dit le troisième jeune homme.
   — Est-ce qu'on doit comprendre que t'es plutôt branché homme, demanda vivement Dazai. C'est pour ça que tu parlais au fou ?! Enfin à Fyodor ?! Il te plaît ?!
   — Je ne le connais pas, mentir Nikolaï. C'est quoi ton problème avec lui ?
   — Il sait quelque chose sur moi, un secret très privé, alors je cherche aussi quelque chose sur lui !
   — Dazai on s'en fiche, on est là pour parler politique, dit Eren.
   — Oh mais va en fac de droit et débat avec les gens de droite et laisse nous !
   — J'y suis déjà allé je te signale, j'ai fait des études doubles. Et on est là pour faire changer les choses, il faut se battre !
   — Moi je suis surtout là pour les cafés noisette et pour embêter Fyodor, dit Dazai avec sérieux.
   — Moi je cherchais juste Armin et tu m'as chopé de force, ajouta l'autre garçon.
   — Et moi j'observais le hall, continua Nikolaï.
   — Vous êtes vraiment inutiles, vous ignorez vos propres droits, lança Eren. Oh ! Monsieur Gojo est là-bas, venez, on va le rallier à la cause.
   Il s'empara du bras de ses amis et les traîna avec une force surprenante avec lui, oubliant complètement Nikolaï. Tant mieux, il en avait assez de cette conversation ! Il allait devoir garder un œil sur Dazai, il ne devait surtout pas apprendre ce qu'il y avait entre lui et Fyodor. Nikolaï ne voulait pas qu'il s'en serve contre Fyodor, et il n'aimait pas que quelqu'un essaye ainsi de lui attirer des problèmes.  
   Il sortit dans la cour de l'établissement en jetant un dernier coup d'œil à Dazai, et partit à la recherche de Sigma. Lorsqu'ils avaient des heures de trou, Sigma sortait souvent dehors pour profiter du soleil, alors Nikolaï allait sûrement le trouver là. Et en effet, il aperçut rapidement ses cheveux bicolores, et se dépêcha de le rejoindre. Sigma était assis sur des marches, non loin de l'entrée de l'université, et il était en compagnie d'Atsushi et de Ryûnosuke. Ils étaient tous les deux en troisième année, et Sigma passait souvent ses heures de pause avec eux.
— Ah te revoilà, ça fait une heure que t'as disparu, dit Sigma en le voyant arriver.
— Désolé, j'étais avec l'homme de ma vie, dit fièrement Nikolaï.
— L'homme de ta vie ? Je croyais que tu étais tout seul, dit Atsushi avec surprise.
— Je suis seul techniquement, mais je suis pas libre ! En fait, je suis dans une relation de pré-couple, mais je crois que je viens aussi d'entrer dans une relation basée sur le sexe.
— T'as couché avec lui, s'exclama Sigma avec incrédulité. Ici ?!
— Avec qui, demanda Atsushi.
— Nikolaï flirt avec un doctorant depuis des mois, et maintenant c'est son professeur !
   — Mais c'est illégal !
   — Vraiment, dit Nikolaï avec surprise. Mais je suis majeur !
   — Il est en position d'autorité sur toi, alors vous devez garder une relation professionnelle, explique Atsushi. Même si vous êtes majeurs et consentants.
   — Après c'est un peu illégal, mais c'est pas immoral, dit Ryûnosuke en haussant les épaules.
   — Mais c'est illégal !
   — Votre président il sort avec sa prof non ? Alors pourquoi moi j'ai pas le droit, demanda Nikolaï avec agacement.
   — C'est pas pareil ! Et puis c'est pas un exemple à suivre...
   — Dans mon pays, le simple fait d'aimer un homme est illégal et entraîne une internation dans un hôpital psychiatrique. Ici je peux embrasser un mec devant tout le monde et je finirais pas en prison ! Même les criminels ne vont pas en prison, alors la France me fait pas peur, répliqua Nikolaï d'un ton catégorique.
   — Alors déjà on dit internement, et c'est pas une raison, s'exclama Atsushi avec fatigue.
   — Mais c'est un doctorant aussi, donc c'est pas un vrai professeur, dit Nikolaï.
   — Ça ne change rien. Si quelqu'un apprend que vous êtes ensemble, tu pourrais te faire virer !
   — C'est surtout lui qui va se faire renvoyer, dit Ryûnosuke.
   Nikolai croisa les bras avec frustration et leur jeta un regard noir. Ils l'agaçaient, mais au fond, il savait qu'ils avaient raison. Si ce n'était pas légal de sortir avec son professeur, lui et Fyodor pourraient avoir des problèmes. Nikolaï se voyait mal aller en prison pour cela, en France ce serait étrange, et il ne pensait pas non plus avoir une amende pour cela. Mais il pouvait se faire renvoyer de la fac. Ce n'était pas si grave que cela, il pouvait toujours en trouver une autre, et avec un peu de chance ce ne serait pas marqué dans son dossier... Le plus inquiétant était pour Fyodor. Il faisait une thèse, ce n'était pas rien, et s'il se faisait réprimander pour sa relation avec Nikolaï, il risquait de perdre sa thèse...
   Ce n'était pas envisageable, Nikolaï ne voulait pas détruire tout son travail et ses recherches. Il savait que c'était dangereux d'être avec Fyodor, et il ne voulait pas lui attirer de problème... Mais il n'était pas prêt à renoncer à lui, il était sûr qu'il y avait une solution... Nikolaï retint un soupir, et enfouit ses mains dans ses poches, en se promettant de toujours faire attention à Fyodor, et de ne jamais le tirer vers le bas.
— Il est sexy au moins, demanda finalement Ryûnosuke.
— Il est même plus que sexy, dit aussitôt Nikolaï.
   — Il a de jolis yeux, mais il fait un peu peur, ajouta Sigma.
   — Oui mais tu as peur de tout le monde Sigma !Et j'ai pas vraiment couché avec lui ! Mais, il m'a proposé de venir chez lui samedi, et il m'a laissé comprendre ce qu'on ferait ensemble ! C'est définitivement l'homme de ma vie.
— C'est pas l'homme de ta vie, c'est juste ton fantasme de l'année, fit remarquer Sigma.
— Pourquoi tu dis ça, demanda Atsushi.
— Parce que Nikolai veut juste coucher avec lui, ça fait des mois qu'il m'en parle, je sature.
— Pas du tout, dit Nikolaï en fronçant les sourcils.
— Ah bon ? Mais Nikolaï, tu le connais pas, tu peux pas l'aimer.
Nikolaï jeta un regard agacé à Sigma, et croisa les bras sur sa poitrine.
Il n'aimait pas du tout entendre Sigma parler ainsi de ses sentiments envers Fyodor. Il se trompait complètement, Nikolaï ne voulait pas juste une relation sexuelle avec Fyodor, il lui plaisait vraiment, il voulait être avec lui. Et il savait très bien à qui il avait à faire.
Il savait que Fyodor était en France depuis sept ans, bientôt huit, il avait vingt-cinq ans, et il était le second d'une fratrie de sept enfants. Il venait de Russie, sa famille était noble dans le temps, et il avait reçu une éducation très sévère. Il savait qu'il avait commencé à lire très tôt, et qu'il s'était très vite passionné pour les œuvres littéraires françaises, notamment celle de Victor Hugo. C'était cela qui l'avait poussé à venir étudier ici, et aussi toute la violence de son pays qui l'avait fait fuir. Mais il s'était vite rendu compte que l'occident n'avait rien de ce qu'il imaginait, ce qui l'avait grandement déçu. Nikolaï savait aussi qu'il voulait être professeur, spécialisé dans l'étude de la littérature comparée du dix-neuvième et vingtième siècle, mais qu'il voulait aussi être romancier, et qu'il écrivait déjà. Il savait qu'il qualifiait souvent ses écrits comme littérature psychologique, qu'il aimait écrire sur la pauvreté, la débauche, la duplicité, la folie et la dépression. Il aimait écrire pour « ceux qui sont les moins compris, ceux qui pleurent en silence derrière de beaux sourires. ». Il savait qu'il avait écrit deux livres, le premier avait eu un très bon succès, il parlait de la misère sociale ce qui avait très bien marché. Le deuxième avait été un échec, il avait été violemment critiqué, et depuis, Fyodor ne voulait plus écrire. Nikolaï n'avait pas eu le droit de les lire, Fyodor le lui avait fermement interdit, alors il attendait avec impatience son autorisation. Enfin, il écrivait une nouvelle histoire, celle d'une femme et de ses traumatismes, qui l'aidait à se calmer et à contenir son angoisse, mais excepté cela, Fyodor ne voulait pas écrire, et il restait persuadé qu'il devait refaire son second livre.
À partir de cela, Nikolaï en avait conclu que c'était quelqu'un d'angoissé, peut-être même avec un passé triste, mais il ne s'était jamais autorisé à lui poser de question. Il savait que Fyodor n'aimait pas se confier. Il savait qu'il était aussi arrogant que timide, qu'il se sentait mal à l'aise en société, et qu'il sur-réfléchissait trop. Il savait qu'il se triturait souvent les doigts, et qu'il se mordait le bout des pouces lorsqu'il réfléchissait. Il savait qu'il jouait du violoncelle, qu'il réarrangeait des partitions de piano pour faire des partitions adaptées à lui. Il savait qu'il avait fait partie d'un orchestre, mais qu'il avait abandonné pour sa recherche universitaire, et que ça lui manquait beaucoup. Il savait qu'il faisait une thèse sur les phénomènes historiques de psychologie dans les romans et la relation entre la psyché et les désirs. Il savait qu'il aimait les livres engagés, il lisait les témoignages de guerre, les dénonciations d'agression, mais aussi beaucoup de livre sur la religion. Nikolaï savait aussi des choses sans importance sur lui. Il savait que Fyodor ne buvait qu'un thé noir le matin, mais c'était insuffisant, et pour éviter un malaise, son meilleur ami, un petit roux toujours en colère, lui mettait des barres de céréales au miel dans son sac. Il savait qu'il avait rédigé un guide pour les premières années, qui expliquait comment fonctionnaient les cours, où ils avaient lieu, comme s'y inscrire, etc. Il savait qu'il était très frileux, il attrapait facilement froid, et il pouvait rester malade pendant un mois sans réussir à guérir. Il savait qu'il n'aimait pas manger devant quelqu'un, par peur de ne pas être propre ou de faire du bruit.
Et puis, il savait que Fyodor adorait le travail. Il pouvait se plonger dans ses recherches sans voir le temps passer pendant des heures, il aimait transmettre son savoir, expliquer son travail, même à ceux qui n'étudiaient pas les lettres. Il aimait aider les autres sans contrepartie, il pouvait prendre en charge les étudiants les plus en difficulté et les faire devenir lauréat de la promotion à la fin de l'année. Il ne renonçait pas face aux difficultés, et il s'assurait toujours que son travail était parfaitement accompli. Mais aussi, il était très à l'écoute, il interrompait rarement ses interlocuteurs, et il essayait de toujours comprendre les points de vue, les problèmes des autres.
Et c'était pour toutes ces raisons que Nikolaï pouvait dire qu'il le connaissait, plus encore, il pouvait affirmer qu'il aimait cet homme, et chaque détail qui faisait de lui qui il était. Au fond, peu importait ce que pensaient les autres. Ils pouvaient penser qu'il ne voulait que du sexe avec lui, que cette relation ne durerait pas, cela ne changerait rien à la réalité. Nikolaï l'aimait vraiment, et il ferait tout pour le montrer à Fyodor.

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Funfact : j'ai trop le seum de faire cette intrigue début 2023 et pas maintenant, parce que du coup je peux pas parler de débat sur l'écriture inclusive, et de Macron et son « le masculin fait le neutre » 😡. C'était le moment pour en parler en plus... Pas grave, je trouverai un moyen d'en parler.

Je suis trop contente de voir que le premier chapitre de l'intrigue vous a plu, je m'y attendais pas 😧 Maintenant ai peur de vous décevoir avec la suite-
Bon j'espère que ça vous plaira !

À demain :)

Recueil Bungo Stray DogsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant