PROLOGUE

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GABRIELLA
Août 2018

Le soleil qui inonde ma chambre me tire d'un profond sommeil que j'aurais encore pu prolonger si mes rideaux n'étaient pas ouverts. Mon réveil ne sonne que dans une heure, pourtant je me sens en forme. Toujours les yeux clos, je m'étire bruyamment en déroulant l'intégralité de mon corps, un frisson me parcourant alors.

Ce vendredi est le dernier avant le début du concours du Barreau. Après des années de travail acharné, lundi signera le début d'une nouvelle vie conditionnée par la réussite de ce concours. Nate étant déjà avocat, il a promis de m'aider à réviser aujourd'hui.

Je ne parviens pas à ouvrir les yeux à cause de la lumière trop éclatante qui se reflète sur les murs immaculés de ma chambre. J'enfonce ma tête dans l'oreiller aux senteurs d'hibiscus et tâtonne la place à côté de moi pour chercher Nate du bout des doigts, mais les draps sont froids, signe qu'il a dû quitter le lit il y a bien longtemps. Alors que j'entrouvre un œil, je ne peux que constater son absence.

Habituellement, Nate n'est pas du matin. Il préfère traînasser au lit jusqu'à ce que le réveil sonne et se plaît à le repousser encore et encore, jusqu'à frôler le retard. J'en conclus alors que la lumière du matin l'a dérangé et qu'il n'a pas réussi à se rendormir.

D'un bond, je me lève du lit, si vite que j'en ai des vertiges. Les murs blancs ondulent autour de moi, mon reflet dans le miroir me semble flou et je peine à reprendre mes esprits. Je suis vraiment fatiguée, épuisée après ces mois intenses de révision, ce n'est pas le moment de flancher. Il ne me reste que quelques derniers efforts à fournir avant de pouvoir relâcher la pression.

Une fois moins étourdie, je me lève et m'étire à nouveau, laissant échapper quelques gémissements d'aise. Je me dirige vers la salle de bain et, débarrassée de mon pyjama qui me collait à la peau, j'allume le mitigeur et règle la température ni trop chaude, ni trop froide. L'eau qui glisse sur ma peau me fait frissonner et me donne l'impression d'être désormais vraiment réveillée.

Tout en me savonnant généreusement, je dresse mentalement un planning de la journée à venir. Prévoir les choses me rassure et ainsi je redouble d'efficacité. La satisfaction de cocher les tâches de ma liste au fur et à mesure me motive et me pousse à accomplir l'intégralité des missions que je me fixe.

Propre comme un sou neuf, j'attrape un paquet de brioche qui traîne dans le placard et m'en coupe une tranche pour accompagner mon café au lait d'avoine avec une double dose d'espresso.

Je vais en avoir bien besoin aujourd'hui.

Mon régime alimentaire n'est pas terrible à l'approche du concours, bien que Nate essaye de me nourrir du mieux qu'il peut lorsqu'il ne rentre pas trop tard du cabinet d'avocats où il exerce.

Si Nate n'est pas là, j'ingère tout ce qui est comestible dans le placard, sans temps de cuisson préalable. Je n'ai pas de temps à perdre à cuisiner, encore moins en ce moment. De toute manière, je ne suis pas un cordon bleu. Tout ce que je prépare, même avec minutie, ressemble la plupart du temps à de la bouillie qui pourrait intoxiquer n'importe qui se risquerait à goûter.

Une fois mon petit-déjeuner englouti, je me fais couler un nouveau café, cette fois-ci avec un simple shot d'espresso et rejoint le toit-terrasse de mon immeuble pour fumer une cigarette avant de me mettre au travail.

La fin de l'été est proche et cela se ressent dans l'air. La chaleur new-yorkaise décline peu à peu, laissant les gilets molletonnés ressortir des penderies pour remplacer les débardeurs. Les touristes affluent un peu moins dans les rues, les hommes en costume et les femmes en tailleur sont rentrés des Hamptons et ont retrouvé le bitume grisonnant de la Grosse Pomme qui obscurcit leur teint hâlé.

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