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GABRIELLA
Février 2023

On y est. Le procès de La Meute commence demain et se durera toute la semaine.

La fin de l'année s'est déroulée sans encombre. Pour le passage à l'An nouveau, nous sommes allés dans un nouveau bar de New-York où l'ambiance latine ne m'a pas convaincue, mais voir Nate se déhancher sur des musiques aux sonorités exotiques au milieu de corps échauffés, ça n'a pas de prix. Je me suis même prêtée au jeu une fois que l'alcool a complètement imbibé mon organisme.

Puis nous sommes rentrés main dans la main, dans les rues de New-York. Gelés de la tête aux pieds, mais heureux de commencer cette nouvelle année ensemble.

Ensemble, mais jusqu'à quand ?

J'enfile ma nouvelle paire d'escarpins achetée spécialement pour ce procès afin de rejoindre mon bureau. Nate me les a rapportés, emballée dans une boîte beige et lorsque j'ai vu la semelle rouge sous les chaussures, je l'ai maudit.

Rien ne justifiait un tel cadeau selon moi, mais selon lui, c'était le minimum syndical face à ce que je méritais réellement. Je n'ai pas eu le cœur à le contredire et je me suis contentée d'essayer les chaussures avant qu'il me prenne contre le dressing, uniquement chaussée des merveilles en vinyle à mes pieds.

La porte s'ouvre alors que j'allais enfiler mon manteau, me faisant sursauter. Nate apparaît dans l'entrée, livide. Il esquisse un sourire à mon attention, mais ce sourire me paraît faux. Son corps est devant moi, mais son esprit est ailleurs.

Lorsque je remarque des tâches rouges au coin du col de sa chemise, je fronce les sourcils, ne sachant comment réagir.

Je sais pertinemment que Nate a poursuivi ses activités et je sais pertinemment comment afini Agatha, mais l'idée n'en demeure pas plus supportable. Comme pour la chasser, je ferme les yeux avant d'afficher un sourire éclatant. Je me refuse de poser davantage de questions et Nate profite de ce silence pour dévier mes pensées.

Amore mio, sublime, comme à ton habitude. Et regarde-moi cette paire de chaussures... il est hors de question que tu les enlèves quand je te ferai l'amour ce soir, je veux réitérer l'expérience.

Nate a le compliment facile et me fait frissonner à chaque fois qu'il m'inonde de ses paroles les plus douces. Ses idées déplacées provoquent en moi l'envie, que je dois ardemment réprimer pour quitter l'appartement et m'enfuir au bureau avant de finir nue contre sa peau.

Je passe la journée à lire encore et encore ma plaidoirie, que je connais déjà par cœur. On n'est jamais trop prêt dans ce genre de situation. L'homme de ma vie va être jugé et il ne faut pas que je commette la moindre erreur.

Je laisse mes pensées vagabonder pendant quelques instants, lorsque Nate m'interrompt. Il ne passe même plus par ma secrétaire pour s'infiltrer n'importe quand dans mes bureaux.

Amore mio, tu rêves ? me demande-t-il. Il n'est plus l'heure de rêver, les rêves sont toujours très agréables mais parfois ils ne peuvent pas nous sauver de la réalité.

– Je ne rêvais pas, lui réponds-je d'une voix mielleuse.

En fait, si, je rêvais. Et j'aurais aimé pouvoir lui dire de quoi je rêvais, mais lui avouer mes songes nous mènerait droit à la dispute et le moment était plutôt mal choisi.

Je rêvais qu'il acceptait cet accord. Je rêvais que nous n'avions pas à assister à toute cette mascarade. Je rêvais que nos cœurs étaient toujours unis, nos mains liées, nos corps entrelacés. Je rêvais que notre vie commençait, ici ou ailleurs, je rêvais de petites têtes brunes courant dans le jardin de notre maison de rêve, avec notre chien de rêve et notre vie de rêve. Je rêvais qu'il m'aimait assez pour dénoncer Il Luppo, je rêvais qu'il m'aimait assez pour préférer notre vie future à celle qu'il avait vécu dans cette mafia.

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