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NATE
Avril 2023

Les bourgeons qui habillent les branches des arbres de Central Park annoncent que le printemps est bien là.

Enfin !

La neige et le blizzard hivernal commençaient à me taper sur le système. Gabriella marche à côté de moi, et depuis ce matin nous n'avons échangé que très peu de mots. J'ai quelque chose à lui annoncer, mais je ne sais pas comment lui dire cela.

Il Luppo a été arrêté.

Cette information ne parvient pas à sortir de ma bouche. Lorsque j'ai décroché mon téléphone pendant que Gabriella était à la douche ce matin, je ne m'attendais pas à entendre la voix de Paul jaillir au bout du fil, encore moins à ce qu'il soit heureux.

Je pensais que je n'aurais plus jamais de nouvelles de celui qui a été autrefois mon meilleur ami.

Mon seul ami au milieu de tout ce chaos, tout ce sang versé.

Je pensais que Paul ne voudrait plus jamais entendre parler de moi, pour la simple et bonne raison que je m'en suis sorti en trahissant celui qui nous avait autrefois tout donné.

Mais c'est un Paul tout sourire que je perçois au bout du fil et qui m'annonce qu'Il Luppo est enfin derrière les barreaux, à Rikers Island, le berceau de mes tourments, le commencement de ma courte descente aux enfers.

Gabriella s'arrête brusquement et lâche ma main tout aussi brutalement. Un air mauvais, elle fronce les sourcils et tord sa bouche en une grimace désapprobatrice qui en dit long sur son état de colère avancé.

– Nathanaël Delfino, rugit-elle. Tu comptes me dire ce qui te perturbe depuis ce matin ou continuer de te terrer dans le silence ? Je croyais qu'on ne se cachait plus rien ?

Elle utilise mon nom en entier, ce qui veut dire qu'elle est encore plus énervée que ce que je pensais. Je prends une grande inspiration, mais rien ne sort de ma bouche, si ce n'est de l'air. Elle tape du pied comme une enfant de quatre ans et je me gausse, mais son regard mauvais me dissuade de continuer de me marrer et de passer aux aveux.

– Giovanniestenprison, je prononce rapidement.

– Et en articulant ça donne quoi ?

– Giovanni est en prison. Il a été arrêté et conduit directement à Rikers Island où il reste enfermé en attendant son procès qui est la semaine prochaine.

Elle acquiesce et déglutit difficilement, digérant progressivement le flot d'informations qui a surgi de ma bouche, puis prononce un "ok" évasif qui se perd dans l'air aussi rapidement qu'un murmure.

Ses cheveux blonds s'agitent lorsqu'elle secoue la tête, sans doute pour récupérer ses esprits qui semblaient s'être envolés ailleurs quelque temps.

– Son procès est déjà la semaine prochaine ? s'étonne Gabriella, la voix toujours tremblante.

– Oui. Sharpey voulait le faire passer en comparution immédiate, mais il n'a pas réussi à boucler son dossier à temps. Il y a tellement d'informations.

– Je vois, répond Gabriella en déglutissant. On va y aller. On va y assister.

– Tu es sûre ?

– Oui. Je veux le voir couler aussi bas qu'il a voulu me noyer. C'est tout ? me demande-t-elle, soucieuse de changer de sujet.

– Non, pas vraiment.

– Enfin, ça ne peut pas être pire, je suppose.

Elle se trompe. Elle ne va pas tarder à déchanter.

La MeuteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant