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GABRIELLA
Février 2023

Sur le parking de la prison, je vomis toutes mes tripes. Je vomis toute ma rage, toute ma haine, toute ma peine, toute ma désillusion, toutes mes incompréhensions.

Je vomis mon père, je vomis ma mère, je vomis Nate.

En me relevant, je suis essoufflée. Ereintée.

Un nouveau haut-le-cœur me secoue et un jet nauséabond rejoint la mare déjà conséquente sur le sol qui a éclaboussé mes putains d'escarpins hors de prix et la roue de ma putain de bagnole.

Il Luppo est ton père Gabriella.

Le choc m'a rendue muette pendant de longues minutes si bien que le gardien a décrété que la visite était terminée avant que je n'ai pu poser plus de questions à Nate.

Ai-je vraiment envie d'en savoir plus ? Je n'en ai aucune fichue idée

Peu à peu, toutes les pièces du puzzle s'assemblent.

Giovanni Solenza est Il Luppo. Mon papa dirige la plus grande mafia de la côte est, tout New-York le craint.

Et moi qui le croyait à la tête d'une grande entreprise de business, comme je suis naïve. Je suis idiote d'avoir pu croire à ses sourires depuis que j'ai accepté l'affaire de La Meute, je n'ai rien dans la tête d'avoir espéré le rendre un peu fier alors que tout était certainement orchestré par lui-même.

Une rage folle me gagne et je balance un coup de poing dans la taule de ma voiture. Elle ne se froisse même pas je suis la seule blessée au bout du compte, comme d'habitude. Du sang s'écoule du dessus de ma main.

Il faut que je voie mon père, maintenant. Il faut que je parle à Giovanni. Il faut qu'il me dise la vérité. J'ai droit à la vérité.

La route jusqu'à la maison familiale me semble interminable et ne m'a pas manquée. Avec les évènements récents, le procès puis l'incarcération de Nate, je n'y suis plus retourné depuis Noël.

Noël. Je percute alors qu'à Noël, Nate et mon père ont été confrontés. Ils ont tous les deux joué une comédie parfaite, me prenant encore pour une idiote. Personne ne s'est douté de rien ou peut-être que tout le monde le savait déjà.

Sauf moi.

Des nerfs, mon point s'abat sur mon volant en cuir, mais encore une fois, je suis la seule à avoir mal.

Lorsque ma mère ouvre la porte d'entrée, je devine à son air circonspect qu'elle est surprise. Je ne prends pas la peine de la saluer et fonce directement dans le salon, sans même offrir une caresse à Speedy qui m'a déjà ruiné mon pantalon de costume avec ses babines baveuses.

– Où est papa ? je demande à Rachel.

– Bonjour Gabriella ! Il me semble t'avoir pourtant appris la politesse !

– Bonjour. Où est papa ?

Rachel roule des yeux, excédée par mon comportement. Sa bouche se plisse en un trait presque invisible, qu'elle pince de toutes ses forces pour retenir le flot d'injures qu'elle me destinait à la base.

– Il n'est pas là, me répondit-elle finalement en haussant les épaules.

– Très bien, je vais l'attendre.

– Tu veux quelque chose à boire ?

– Ne te donne pas cette peine.

Mon ton sec et mes yeux plissés lui font serrer la mâchoire pour ne pas hurler. Je connais Rachel par cœur. En dépit de nos différences majeures, nous avons un taux de tolérance assez bas et les êtres humains nous exaspèrent assez rapidement.

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