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GABRIELLA
Mars 2023

Eddy me regarde, un air désolé sur le visage. Petit à petit, le poids de la culpabilité s'appesantit sur mes épaules qui s'affaissent. Il me regarde d'un air désolé comme si tout était sa faute, mais c'est bien la mienne si Finwick licencie Eddy aujourd'hui.

A force d'essayer d'obtenir la moindre information pour me satisfaire, Eddy s'est fait punir et se retrouve sans boulot par ma faute. Lui comme moi savons que cela n'est qu'un prétexte pour Finwick qui souhaite simplement me rendre la vie plus dure en écartant tous les soutiens que je peux avoir dans le monde juridique, mais nous taisons nos avis qui pourraient être entendus par des oreilles malintentionnées.

Je le suis lorsqu'il embarque son unique carton rempli de quelques babioles qui trônaient sur le comptoir d'accueil qui lui servait de bureau depuis quinze ans. Quinze ans qu'Eddy servait fidèlement ces policiers et consacraient la majeure partie de son temps à son travail, et le voilà mis à la porte en trois minutes seulement.

A l'extérieur du commissariat, mars bat son plein et le froid me glace jusqu'à l'os lorsque l'on s'engouffre dans le blizzard ambiant qui pèse sur New-York. Une tempête de neige menace la ville depuis quelques jours déjà et les travailleurs se préparent pour le télétravail à venir et les jours reclus au fond de leur appartement.

Les New-Yorkais s'activent, une pochette d'ordinateur dans une main, un grand sac de courses dans l'autre pour être sûr de subsister jusqu'à la fin de la tempête.

A ma droite, Eddy pose son petit carton sur le sol avant de saisir la cigarette que j'ai coincée dans ma bouche.

– Je ne savais pas que tu fumais.

Ma remarque se perd dans l'air puisqu'il se contente de hausser les épaules sans même me répondre. Alors que j'allume une autre cigarette, Eddy s'empare du briquet qui est dans mes mains pour allumer celle qu'il m'a piqué. Il toussote en crachant une épaisse fumée blanche qui se mêle au nuage de fumée qui sort de sa bouche en raison du froid ambiant.

Ainsi, je comprends qu'habituellement Eddy ne fume pas, mais qu'il fait une exception de temps à autre – notamment quand il se fait virer par ma faute. Ma culpabilité redouble.

Après quelques secondes de silence et un nombre incalculable de soupirs de la part d'Eddy, je prends la parole.

– Je suis vraiment désolée Eddy. Sans moi, tu aurais toujours ton boulot.

– Arrête gamine. Finwick est un con. Il me fichait la trouille parce que c'est lui qui avait le pouvoir de me renvoyer ou non. C'est lui qui décidait si j'allais manger à la fin du mois ou pas. Mais c'est un con, on peut le dire maintenant.

– Je te l'ai toujours dit, moi, je plaisante.

Il me sourit en retour et je ressens de la peine à l'idée que je ne le verrais plus aussi souvent maintenant qu'il ne travaille plus au commissariat.

Au moment de partir, les yeux bleus d'Eddy s'emplissent de larmes et je ne peux retenir les miennes qui coulent abondamment mais silencieusement sur mes joues.

Je ne faisais que pleurer ces derniers temps, j'ailittéralement l'impression d'être Tessa dans After. Toujours la larme à l'œil, prête à déborder. Bien que cette saga soit ma favorite puisque celle qui m'a initiée à la lecture, ressembler à Tessa la chouineuse n'est pas non plus très glorifiant.

– Prends soin de toi gamine, balbutie Eddy.

Il n'arrive même pas à croiser mon regard tant il est bouleversé et son émotion me transperce le cœur qui se serre lorsque ses larmes franchissent la barrière de ses yeux.

La MeuteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant