La Meute

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GABRIELLA
Mars 2023

– Mikkel, pose ta main sur ma fille et je te jure que je te fais avaler ta langue en moins de temps qu'il t'en faut pour dire ton prénom de connard.

Mikkel baisse son bras et se retourne vers son ennemi, enragé.

– Tu en as mis du temps à venir, Giovanni.

Mon père ne répond pas, se contentant d'arborer un rictus moqueur plutôt que d'accorder un seul mot à son rival de toujours. Leurs hommes se pointent des armes dessus et pourtant la situation ne parvient pas à les rendre anxieux, ils sont parfaitement détendus et se toisent simplement comme deux inconnus dans la rue, bien que de la colère irradie de leurs iris neutres.

– Pourquoi t'en prends-tu à mes filles ? Tu n'as pas le courage de m'affronter, moi ?

– Pourquoi toi, t'en es-tu pris à ma fille ? Où est passée Agatha ? rétorque Mikkel.

Ce dernier hurle et Giovanni n'en est que plus satisfait. Il tourne désormais autour d'Elisa et moi, comme si c'était lui, le charognard. Elisa est toujours muette à cause du foulard qui lui occupe la bouche quant à moi, je me tais par choix, parce que je ne sais que dire pour arrêter ce délire.

– Ta fille a voulu s'en prendre à la mienne. Son papa lui a bien appris les règles visiblement, parce que vous procédez de la même manière. Ou plutôt, devrais-je dire vous procédiez...

– Que veux-tu dire par là Giovanni ?

A nouveau, Giovanni ne répond rien et rétorque par un sourire suffisant qui déclenche un nouvel excès de colère de Mikkel. Aussitôt, des cliquetis se font entendre, signalant que les hommes de Mikkel comme ceux de Giovanni ont chargé leurs armes. Il ne manque qu'une pression sur la gâchette pour que des vies s'ôtent.

Pour que des vies sautent.

Mon palpitant est mis à rude épreuve et cogne dans ma cage thoracique comme si c'était un punchingball. Au milieu de ce chaos, je me demande où est Nate. Il est parti dans la matinée faire un jogging, il devrait être rentré depuis des heures puisque la fin d'après-midi approche.

– Tu m'as pris ma fille, Giovanni ? demande clairement Michele. Tu m'as pris ma rose, ma petite Agatha ?

– Je n'ai rien fait de mes mains, réplique Giovanni.

– Mais un de tes Louveteaux l'a fait. Un de tes Louveteaux m'a pris mon Agatha.

– Un de mes Louveteaux a voulu défendre ma fille contre la tienne, nuance. Si tu n'avais pas entraîné ta progéniture dans tes trafics minables, la situation serait bien différente.

– Tu peux parler, je rétorque alors. Tu as entraîné Elisa dans ta merde.

Les regards se tournent vers moi, personne ne s'attendait à ce que je parle et encore moins pour accuser mon père. Ce dernier me regarde d'un mauvais œil, celui que je redoutais quand j'étais enfant et que j'avais fait une bêtise. Mikkel quant à lui n'a pas changé de regard, il me toise avec le même dégoût que celui qu'il adresse à mon père pour la simple et bonne raison que je suis une Solenza.

– Tu ne sais pas de quoi tu parles, Gabriella. Laisse-nous régler ces affaires entre adultes.

– J'ai vingt-six ans ! j'explose. Je suis largement en mesure de régler les affaires d'adultes, d'autant plus quand elles me concernent depuis des mois maintenant et quand tu m'y as contrainte ! Je suis au courant de toutes tes manigances, des plus vils aux plus cruelles, tes manœuvres pour que je rencontre Nate et l'influence que tu as eu sur mes choix de vie à travers lui. Je sais déjà le mal que tu peux faire autour de toi. Je sais la noirceur qui réside dans ton cœur. Simplement, je ne pensais pas en être un jour la destinataire.