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NATE
Décembre 2022

Je cours quotidiennement pour exhumer ma peine et oublier que les jours heureux sont derrière moi et que des jours encore plus sombres sont à venir.

Depuis que Gabriella m'a parlé de cet accord et que j'ai refusé, notre relation n'est plus la même. Elle fait semblant, je le sens et cela me tue. Elle marche sur des œufs en permanence, parfois elle m'embrasse uniquement par habitude, sans même en avoir envie. Nous ne couchons plus ensemble, nous ne discutons plus autant qu'avant.

Un fossé s'est creusé entre nous, créé par Sharpey et son substitut qui me font profondément chier avec leur accord de merde qui fout dans la tête de Gabriella des idées à la con qui l'empêchent de faire correctement son travail, c'est-à-dire préparer ma défense. Depuis cette annonce, elle ne m'a plus sollicité pour travailler sur le dossier et nous ne cessons de nous éloigner.

Je ne sais pas gérer les amours à distance. Je n'ai jamais testé, j'ai bien trop besoin de la présence de l'autre dans ma vie, tout le temps. Pourtant ces derniers temps avec Gab, j'ai l'impression que nous entretenons une relation à distance.

Elle d'un côté du globe et moi de l'autre.

Son cœur d'un côté du lit, le mien de l'autre.

Nous ne sommes plus unis comme avant. Nous ne sommes plus sur la même longueur d'onde, ni transis d'amour.

Elle me manque alors même que je la côtoie au quotidien. Mais je me contente de la voir simplement, je ne la vis pas. Je voudrais à nouveau nicher mon nez dans le creux de son cou et sentir la vanille, caresser ses longs cheveux blonds. J'ai besoin d'embrasser ses lèvres à tout prix, quitte à m'en brûler la bouche, quitte à y laisser ma peau.

Noël approche à grand pas et les vitrines lumineuses éclairent New-York de mille feux. Les chants de Noël retentissent de part et d'autre des rues et si j'adore cela, je sais que Gabriella hait cette période qui ne lui rappelle que trop bien qu'elle a une famille défaillante.

Ma mère a déserté la côte Est il y a bien longtemps, ramenant mon beau-père au pays. Originaire de Californie, l'océan Pacifique lui manquait. Ma mère en était ravie, elle adorait le soleil et il était toujours de la partie à Santa Barbara. La légende raconte même que cette petite station balnéaire compte environ trois cent vingt jours de soleil par an. Sur trois cent soixante-cinq, ça fait un sacré ratio qui rend ma mère plus heureuse qu'elle ne l'a jamais été.

La Californie n'est pas la porte à côté, alors nous avons arrêté les allers-retours, bien trop pris par nos emplois respectifs. Puisqu'elle fabrique des jouets en bois de ses petites mains, les fêtes de Noël sont son plus grand fonds de commerce. Elle ne peut donc pas décemment prendre de vacances en cette période qui lui permet quasiment de vivre tout le reste de l'année.

Étant seul pour Noël cette année et Gabriella détestant cette fête, je m'étais mis en tête d'organiser quelque chose pour tous les deux. Pour que nous nous réconcilions et pour qu'elle commence à apprécier tous nos Noël à venir, puisque j'avais décidé de ne plus la laisser partir.

Le soir du réveillon, j'arpente encore les rues de New-York dans l'espoir de trouver une dinde. La chance me sourit, j'en trouve une chez le traiteur qui jouxte l'immeuble de Gabriella – la dernière !

Elle ne s'attend pas à me voir et la surprise barre son doux visage lorsqu'elle ouvre la porte et m'aperçoit dans l'embrasure, mais même du palier, je la trouve divine et j'ai envie de me ruer sur ses lèvres qui forment une moue adorable.

– Que fais-tu là, Nate ? me demande-t-elle sèchement, me faisant redescendre de mon nuage.

– C'est la veille de Noël, amore mio. Tu ne peux pas rester seule la veille de Noël.

La MeuteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant