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NATE
Mars 2023

J'ai failli oublié le bonheur que c'est de se réveiller aux côtés de Gabriella. Elle est encore endormie et j'en profite pour l'observer avidement, sans me retenir de m'attarder sur les endroits d'elle que je préfère.

Sa poitrine nue monte et descend, suivant le rythme de sa respiration ralentie par son sommeil paisible. Sa bouche un peu entrouverte est encore rougie par la brûlure de mes baisers enflammés. Ses cheveux blonds lui donnent l'air d'un ange, elle irradie de mille feux, même dans ses songes.

Elle semble si calme, si sereine. J'aime à penser que c'est grâce à ma présence. C'est égoïste, mais j'aime savoir que son bonheur est dû à moi et lorsque ce n'est pas le cas, j'aime en devenir la source.

Mes idées sont ralenties par la joie qui annihile ma réflexion. Je suis contraint d'avouer que je n'ai aucun plan. Je n'ai aucun moyen de me cacher si ce n'est de me terrer chez Gabriella jusqu'à ce que Finwick ou un autre ne vienne me cueillir.

Aucun Louveteau n'est au courant de ma fuite, personne n'est en mesure de m'aider. Il n'y a qu'à prier pour qu'Il Luppo me fasse signe, car je ne peux pas prendre le risque de le faire moi. Je me ferais certainement pincer si je me rendais à La Tanière.

Mon cœur s'accélère lorsque la sonnerie de l'appartement de Gabriella retentit plusieurs fois, de manière insistante. Elle sursaute et enfile rapidement un survêtement pour rejoindre la porte. Lorsqu'elle l'ouvre, elle se met à hurler des mots que je ne déchiffre pas et je m'approche davantage pour découvrir son interlocuteur.

Le ciel m'a entendu, je ne sais pas pour quelle raison il me remercie autant, mais Giovanni est dans le salon de Gabriella et c'est une putain de bénédiction pour moi.

– Tu n'aurais pas pu choisir un plus mauvais endroit pour ta planque. Je pensais t'avoir appris un peu mieux à te cacher, Nate. Je n'ai pas eu à te chercher longtemps pour te trouver, le premier endroit où je suis venu était le bon.

– Il ne fallait pas te donner cette peine, tu peux partir maintenant !

Gabriella a des flammes qui sortent de ses yeux et qui menacent à tout instant de calciner son père jusqu'à l'os s'il prononce un mot de plus.

– Gabriella, du calme, répond Il Luppo d'une voix ferme. Je suis là pour aider Nate. On veut tous la même chose, alors on ferait mieux d'unir nos forces plutôt que de se battre.

– Ce n'est pas toi qui risques ta carrière.

– Tu risques ta carrière depuis que tu lui as ouvert la porte. Tu n'es vraiment plus à ça près, ma fille.

Gab se renfrogne et croise ses bras sur sa poitrine comme une enfant. Elle s'assoit sur le canapé et son père prend place à ses côtés. Je reste debout, attendant patiemment de savoir quel est son plan et pourquoi il est venu jusqu'à moi.

Voir le père et la fille assis côte à côte me fait une drôle de sensation. Face à eux, je remarque les similitudes évidentes entre les deux, alors que je n'avais rien décelé jusqu'à présent. Ou peut-être que je me voilais la face pour ne pas imaginer Il Luppo à chaque fois que je bécotais Gabriella.

Leur regard est identique, du même marron brillant et la même intensité luit dans leurs pupilles. Leurs yeux crient leur soif de conquérir le monde à qui voudrait bien l'entendre. Ils ont le même sourire charmeur qui rendrait dingue même un borgne et leurs canines aiguisées leur donnent un air vampirique terrifiant mais ensorcelant.

Tout à coup, Gabriella me semble bien moins être mon amour et bien plus être la fille de mon patron et je ne suis pas vraiment fan de ce changement brutal de perspective.

La MeuteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant