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NATE
Octobre 2022

Les jambes coupées, je m'étire après mon footing revigorant. J'ai profité de passer la nuit chez Gabriella pour courir dans Central Park. Du temps où nous habitions ensemble, je courais tous les matins dans le parc. J'adorais longer le lac et voir les canards barboter dans l'eau, croiser d'autres joggeurs, regarder les chiens heureux courir avec leurs maîtres, sentir la brise du matin fouetter mon visage...

Petit à petit, ma vie reprenait son cours normal : je retrouvais Gabriella, je goûtais à nouveau aux joies de l'amour, je reprenais le sport, les footings à Central Park et les douches brûlantes – au sens propre comme au figuré – quand je rentrais de mon jogging.

Tout était comme avant. J'étais heureux comme avant.

A l'aide de mon t-shirt, j'essuie mon visage plein de sueur avant de me mettre en route pour récupérer ma voiture et rejoindre mon appartement à Staten Island.

Lorsque j'avais quitté Gabriella, j'avais eu envie de prendre le large et j'avais quitté Manhattan pour un appartement situé sur Staten Island. Habiter en centre-ville m'oppressait et j'appréciais le calme de mon chez-moi et les passants moins pressés que ceux des rues de Manhattan.

Seul Central Park me manquait, sa verdure en été et ses bourgeons au printemps, ses feuilles rouges en automne et sa neige en hiver.

Il me faut presque une heure pour rejoindre mon domicile. Les rues de New-York sont encombrées et les voitures comme les taxis klaxonnent tellement qu'une cacophonie ambiante résonne dans chaque quartier jusqu'à ce que j'atteigne Staten Island, où les bruits d'impatience cessent enfin, laissant les New-Yorkais retrouver un peu de calme et de quiétude.

D'un geste habile, je me déchausse et quitte mes vêtements trempés de sueur à peine ma porte d'entrée passée. Je suis trop maniaque pour abîmer mon joli parquet ou répandre les gouttes qui tombent de mes cheveux sur le sol, alors je me presse et me dirige vers la salle de bain.

L'eau détend mes muscles noués. Mon corps n'a pas encore repris le rythme et mes cuisses me brûlent, mais la sensation n'est pas désagréable pour autant. Je sens que mon corps a été poussé à l'extrême et j'adore cette fatigue d'après le sport qui signifie que j'ai bien travaillé.

En faisant couler mon café, je consulte mes mails. Quelques publicités finissent directement dans la poubelle, et je prends connaissance des dernières informations d'Il Luppo. Il me partage un article qui évoque à nouveau le procès en cours ainsi que Gabriella.

Elle est sublime sur le portrait qu'ils ont choisi pour illustrer l'article. Ses yeux pétillent d'une lueur dont moi seul connaît l'origine et ses cheveux blonds égayent sa tenue sombre mais distinguée. Je la connais assez pour reconnaître quand elle sourit vraiment ou quand elle est crispée. En l'occurrence, son sourire ne ressemble pas à ceux qu'elle m'adresse d'habitude.

Mon esprit vogue vers Gabriella qui me manque déjà. Chaque fois que je ne suis pas avec elle, elle me manque. Chaque fois que je ne sens plus son odeur, je suffoque. Chaque fois qu'elle entre dans mon champ de vision, elle m'aveugle.

Un sourire idiot habite mon visage dès qu'elle apparait dans mes pensées.

C'est donc ça l'amour ? Ça m'en a tout l'air.

C'est si agréable d'être amoureux, durant ces années loin d'elle, j'avais presque failli oublier le goût de ses lèvres sur les miennes et son odeur vanillée.

Ce midi, elle déjeune avec Matthew et Agatha, et j'ai presque été vexé qu'elle ne m'invite pas. J'avais besoin d'être avec elle aujourd'hui, pour ce jour particulier qui célébrait la mort de mon paternel.

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