Dans un entrepôt gigantesque de la banlieue parisienne, la grande majorité des membres de la Quest - soit une trentaine de personnes - était regroupée comme le public impatient d'un concert. Sur le piédestal métallique qui faisait office de scène, leur chef était assis sur un vieux sofa bleu délavé et son second était posé nonchalamment sur l'accoudoir.
Le Chef d'Orchestre : Apportez-moi al traditore, je vais m'en occuper personnellement.
Deux géants amenèrent un jeune délinquant terrifié en le tirant par les bras et le jetèrent sur l'estrade comme un prisonnier jeté aux lions. Lorsque sa face se cogna contre le sol, le public se mit à s'esclaffer et à s'exciter comme une foule accueillant les gladiateurs dans l'arène. Le Chef d'Orchestre se leva en posant ses mains sur l'accoudoir du canapé et sortit un revolver de sa poche. Il s'adressa à la foule en grimant sa voix comme celle d'un "monsieur loyal" :
Le Chef d'Orchestre : Un peu de silence, s'il vous plaît ! Voyez-vous, ce très McFerrin, ici présent, a décidé que c'était une bonne idée de vendre des petits "buvards" sans me reverser les 40% prévus.
McFerrin : Je n'avais pas le choix, je vous ju-
Le chef donna un grand coup de pied dans les côtes de l'homme couché à terre qui poussa un cri étouffé, suffoquant de douleur.
Le Chef d'Orchestre : Est-ce-que j'ai donné l'impression d'avoir terminé ?! Ta voix sonne faux donc tu vas me faire le plaisir de la fermer jusqu'à ce que je finisse mes explications !
Il reprit sa voix d'orateur et s'adressa au public.
Le Chef d'Orchestre : J'ai donc préparé un petit jeu auquel nous allons jouer avec notre très cher McFerrin ! L'achever tout de suite serait gaspiller notre invité d'honneur !
Il se mit à faire les cent pas faisant mine de réfléchir.
Le Chef d'Orchestre : Je me suis donc demandé ce que je pourrais bien préparer. Les plus classiques me conseilleraient sûrement la roulette russe.
Au moment où il prononça les deux derniers mots, les chahuts de la foule redoublèrent d'intensité comme galvanisés par l'évocation du jeu macabre.
Le Chef d'Orchestre : Cependant, je trouve ce jeu tellement fade...Pourquoi laisser entre les mains de Dieu le règlement des dettes que j'ai, personnellement, avec mon cher McFerrin ?
La pauvre victime, à terre, continuait à trembler de peur et ressentait chaque mot du lugubre discours comme une nuée de couteaux plantée dans son thorax. Sa douleur était-elle un jeu pour cette foule enragée ?
Le Chef d'Orchestre : J'ai donc préparé un petit quizz pour notre très cher candidat. Il y aura quatre questions. A chaque mauvaise réponse, je tirerai sur un des membres de notre cher ami en finissant bien sûr par la tête. Malheureusement, deux de mes hommes ont eu l'indélicatesse de lui briser ses deux jambes avant qu'il n'arrive ici.
Le public répondit par une huée qui s'entendait même à l'extérieur du bâtiment.
Le Chef d'Orchestre : Il n'aura donc que ses deux mains avant que je lui tire dans la tête mais notre McFerrin est un petit génie...après tout, il a réussi à me voler mon dû pendant des mois. Trois mauvaises réponses et c'est la mort assurée. Est-ce-que tu es prêt ?
McFerrin voulut prononcer un "Non" mais la douleur qu'il ressentait dans sa poitrine l'incitait vivement à ne pas contrarier à nouveau son bourreau. Il se contenta de hocher péniblement la tête.
Le Chef d'Orchestre : Voici la première question : à la fin du film Flashdance de 1983, sur quelle musique Jennifer Beals danse-t-elle ?
McFerrin réfléchit quelques instants mais ne put articuler une réponse. Comment une question aussi futile pouvait-elle décider de son destin ? Une douleur vive lui traversa la main et le sortit de ses pensées. Un bruit de détonation violent lui compressa les tympans.
Le Chef d'Orchestre : Comme c'est dommage, comme veux-tu que Quest puisse prospérer avec des membres aussi lents ? Aurais-tu oublié que l'on poursuit tous un même objectif ?
Evidemment, le public se délectait du spectacle comme un enfant s'amusant à brûler une fourmi sous une loupe.
Le Chef d'Orchestre : Silenzio ! Vu que ta culture semble être aussi terne que ton visage, on va recentrer un peu le sujet, tu veux bien ? Admettons que le boss de la Passione te donne un ordre qui s'oppose à un des codes de la Quest, qu'est-ce-que tu ferais ?
McFerrin : Quest a juré allégeance à la Passione... donc les ordres de son boss...passent forcément en prio-
A nouveau, le même coup de feu et la même brûlure insupportable et suffocante. La douleur lui arrachait le bras et le laissait à la limite de la conscience.
Le Chef d'Orchestre : Encore une mauvaise réponse. Ce n'est pas parce qu'un petit ragazzo a pris la tête de cette mafia sans aucune classe que la Quest doit se soumettre ! N'est-ce-pas ?
La foule lui répondit avec des exclamations bruyantes dont le bruit résonnait comme un acouphène dans les oreilles de la victime.
Le Chef d'Orchestre : Sache que Quest a toujours agi de sa propre volonté. Rien ne doit échapper à notre code d'honneur. Il faut respecter la partition ou la mélodie sera remplie de fausses notes. Notre "Quête" passe avant tout !
McFerrin n'entendait plus qu'un mot sur deux. Il avait l'impression d'avoir des clous enfoncés dans les mains l'empêchant de bouger ou même de penser. Les cris du public ne devenaient plus qu'un brouhaha lointain.
Le Chef d'Orchestre : Avant que notre participant ne s'évanouisse, nous allons en finir avec la prochaine question.
Il se remit à faire les cent pas sur la scène et chacun de ses pas résonnait dans la tête de l'homme couché au sol.
Le Chef d'Orchestre : Tu le sais peut-être mais...des rumeurs font état d'une mutinerie.
Il insista sur le dernier mot comme pour donner le signe à l'orchestre de voix de l'assistance de commencer à jouer. McFerrin, quant à lui, se contenta de grommeler de douleur en unique réponse.
Le Chef d'Orchestre : Mes plus fidèles espions étaient chargés de surveiller tous les membres de l'organisation et s'assurer de leur fidélité. Lorsqu'ils étaient sûr de la fiabilité d'une personne, il lui apprenait une phrase. Alors si tu m'es bien fidèle, la question est la suivante : quelle est ce précieux code ?
Il avait entendu la question mais quelle importance ? Comment pouvait-il réfléchir avec une douleur qui transformait chacune des contractions de ses muscles en un millier d'épines qui l'enserraient ? Il avait déjà perdu espoir. Cependant, dans un même temps, une force nouvelle progressait peu à peu en lui. Son désespoir devint un tourbillon qui animait chaque fibre de son esprit, chaque neurone, chaque synapse. Si chez les plus déterminés, la détermination et l'esprit combatif forment des Stands; chez les autres, cette puissance cachée de l'âme humaine déclenche des sursauts qui leur permettent de surmonter les obstacles surhumains du quotidien.
McFerrin : Hold, The Line, Just Another Day... It was, A Good Day...Bluenight, Blue.
Le boss semblait médusé devant l'exactitude de la réponse de sa victime. Il écarquilla les yeux comme si un cadavre s'était levé de sa tombe pour lui chuchoter la réponse à l'oreille.
Le Chef d'Orchestre : Mais comment...tu as même restitué le bon... Tu n'es qu'à une seule bonne réponse de sauver ta cervelle visiblement bien pleine ! Cher public, nous avons de la résistance de la part de notre candidat et nous aimons cela, n'est-ce-pas ?
A nouveau, le public répondit d'un commun brouhaha mêlant rires à gorge déployée et cris presque bestiaux. Cependant, les cartes avaient été redistribuées. McFerrin n'était plus dans la cage aux lions ou plutôt il n'y était plus seul. Son bourreau et lui étaient mis face aux fauves du public enragé. Seul l'un d'entre eux échapperait à leur sentence lors de la prochaine question.
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JoJo's Bizarre Adventure : Lost Baby
PertualanganLost Baby raconte l'histoire de Shizuka, fille adoptive de Joseph Joestar, livrée à elle-même dans les rues parisiennes. Dans une aventure qui cherche le plus possible à se rapprocher du style du manga original, Shizuka fait face à de nombreux adver...