Chapitre 65 : Lake Shore Drive (Partie 7)

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Derrière la porte, haletant, Job se plaquait contre le mur de carrelage. Il se sentait à la place de ses anciennes cibles, terrifié de faire le moindre son et de se faire repérer. Les doigts de la main qui s'agitait devant ses yeux étaient devenus de petits maillets de bois. Il fallait faire vite. La respiration grondante de la bête traversait ses os et les cliquetis mécaniques de l'arme griffaient sa boîte crânienne. Quelques secondes de silence. Un nouvelle balle comme un coup de tonnerre dans le ciel calme de la salle de bain. Un nouveau puits de lumière bientôt caché par le nuage de ténèbres qui le surveillait de l'autre côté de la porte. Les mêmes bruits de recharge. Le même silence. Se pourrait-il que...?

T.I.A.B : C'est si triste quand on y réfléchit... Un chef de gang, un Mystère qui se retrouve à mourir dans la salle de bain d'un hôtel loin de son objectif. Un soldat qui meurt loin de son champ de bataille...

Au rythme des paroles, les sons du fusils continuaient et les vibrations de la voix revenaient. Peu à peu, dans une partition mentale, chaque cliquetis, chaque respiration, chaque mot, chaque détonation devint une note rythmée par les moments de silence. Noire, Blanche. Noire ; Blanche. Ronde... Même dans ce monde où le temps ne s'écoulait pas, elle était bien vivante. La Mélodie du Monde le guidait.

T.I.A.B : Noire, Blanche. Noire, Blanche. Ronde... Noire, Blanche. Ronde...

Les paroles de la masse liquide se noyaient dans le courant de la musique intérieure de Job. Le Chef d'Orchestre venait en aide une dernière fois à son vieil ami comme une lettre d'adieu. Une nouvelle détonation. Une balle qui rebondit dans un choc désagréable. Un "ré". Une seconde fois dans un sifflement métallique presque mélodieux avant de tomber, écrasée, au pied de Job. Un "si".

Ziggy : Réveille-toi ! Si ça continue, il va te buter !

Job sourit en pianotant sur son clavier.

Job : Ne t'inquiète pas. Je contrôle la situation.

Ziggy : Comment veux-tu que je sois au courant ?! Je n'ai que le son !

Job : Justement, c'est précisément pour ça que tu devrais le savoir.

De nouveaux éclats de bois volèrent dans la pièce comme l'introduction bruyante d'une symphonie. Job appuya sur le "ré" de son clavier et le projectile rebondit sur le mur dans un angle de 60 degrés. Noire, le colosse avança d'un pas, semblant attendre quelque chose. Blanche. Quand le vaisseau de laiton percuta la surface de carrelage laiteux, le doigt assuré du musicien se posa sur la touche du clavier, encore légèrement tremblante après la détonation. Noire, la balle suivit la baguette du chef d'orchestre et reproduisit le rebond du projectile précédent.

Job : Maintenant !

La note se fit entendre au temps précis et à l'endroit prévu. Dans l'obscurité de la pièce, le Stand azuré frappa la bille argentée qui fila vers la porte ambrée. À l'endroit prévu et au temps précis, le canon de l'arme se colla de l'autre côté du bois pour préparer son prochain coup. La balle traversa l'acajou et retourna auprès du canon qui l'avait vu naître et de sa sœur logée à l'intérieur. Blanche. Le chasseur ne comprit pas tout de suite ce qu'il s'était passé et prit du temps à trafiquer son fusil pour tenter de faire sortir un mot fatal de sa bouche chromée.

Job : Ronde...

Le temps d'accalmie permit à Job de défoncer la porte d'un seul coup de pied bruyant, arrachant une à une, cliquetis par cliquetis, les paumelles et tombant dans un grincement glaçant sur la bête. Il sortit de la pièce en un bond mais l'ombre soulevait déjà le fardeau de ses mille bras pour se relever.

JoJo's Bizarre Adventure : Lost BabyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant