Chapitre 3

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Comme à chaque nocturne, le café était bien rempli. L'entièreté des clients buvaient des boissons sans alcool, et j'adorais voir les habitudes de chacun. Entre ceux qui ne buvaient pas de café le soir car ils voulaient dormir, ceux qui voulaient juste écouter monsieur Tristan jouer du piano, ceux qui avaient envie de profiter d'une soirée au tourne-disque, ceux qui étaient en amoureux, ceux qui jouaient aux cartes… C'était vraiment calme, malgré le monde. Les lampadaires éclairaient doucement la terrasse, et les lumières à l'intérieur étaient tamisées, créant une atmosphère chaleureuse et sereine.

Mais ce que je préférais, c'était voir Clémence au fond de la salle, donnant des conseils de lecture à une dame. Ma patronne avait installé une petite bibliothèque en libre-service, où les gens pouvaient venir déposer des livres ou les emprunter gratuitement. La passionnée de lecture prenait un réelle plaisir à ranger les étagères, et souvent, cela amenait des conversations amusantes avec les clients. C'était le cas de cette mère de famille qui lui avait demandé si on avait Le Rouge et Noir. Personnellement, j'en avais aucune idée. Mais Clémence, elle, le savait.

_ Oh, il a un format bizarre, j'ai cru que c'était une encyclopédie.

_ Si vous voulez une petite astuce, regardez : là il y a un code, ça s'appelle l'ISBN. Si ça commence par 978, c'est obligatoire un livre…

La petite voix enjouée mais réservée de ma meilleure amie était trop mignonne. Connaître l'ISBN des bouquins n'allaient pas me servir plus tard, mais de toute évidence, c'était une information utile pour Clémence.

Au même moment, Victoria s'approcha de moi.

_ Ta petite amie fait du bon travail, on va finir par l'embaucher.

Je soupirais, en faisant mine de mettre un coup de poing à Victoria. Ce n'était pas la première fois qu'on me taquinait à ce propos. On était super proches et on se connaissait par cœur, avec Clémence. Alors pas étonnant que des gens puissent se poser la question. Surtout Victoria qui était au courant de la seule chose qu'ignorait ma meilleure amie sur moi, mon seul secret… : j'etais lesbienne.

Ce n'est pas que je voulais le cacher à Clémence, je savais qu'elle était très ouverte d'esprit et qu'elle n'allait jamais me juger. Mais j'avais trop peur qu'elle puisse mal interpréter certaines choses. Je ne compte plus le nombre de fois où on avait dormi ensemble, où on s'était changées dans la même pièce… Je ne voulais pas qu'elle image que j'avais profité de son ignorance pour l'observer de cette manière-là. Et surtout, je ne voulais pas qu'elle comprenne que c'est car j'avais eu envie de l'observer de cette manière-là que j'avais compris que j'aimais les femmes. Enfin, cela étant dit, je me considérais lesbienne, mais je n'avais jamais expérimenté avec d'autres femmes. Avec quiconque, en fait.

_ Eh, m'interpella Victoria, je rigolais hein.

_ Je le sais, Vic…

_ Surtout que la seule femme qui t'a flashé dans l'œil, c'est Mauricette…

J'éclatais de rire, tout en m'éloignant vers un monsieur qui voulait commander une nouvelle tasse.

***

_ Merci encore, déclara Victoria en me serrant dans ses bras. Tu es la meilleure barista et serveuse du monde.

Puis elle se dirigea vers Clémence, en souriant :

_ Et merci de ton aide aussi, Clem, tu es adorable.

Ma meilleure amie lui fit un petit geste de la main pour dire que ce n'était rien, mais je sentais que son sourire était forcé. Décidément, elle ne semblait pas trop apprécier ma collègue. Mais bon, ça arrivait.

Mon seule secret (histoire lesbienne) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant