Chapitre 55

802 87 7
                                    

_ Dis… Tu es sûre que ça te va ?

Clémence était contre moi, et on était sur le point de lancer Wakfu après le repas. Mais j'avais envie de discuter avant, comme me l'avait conseillé Maëlle.

_ De quoi parles-tu ?

_ De nous, notre nouvelle relation. Est-ce que ça te va vraiment ? J’ai l’impression qu’on va très vite d’un coup.

_ Ho…

Elle ne me donna pas de réponse de suite. À la place, elle se redressa pour se mettre en tailleur face à moi. Au bout de quelques secondes, elle répondit :

_ C’est vrai que ça va un peu vite d’un coup. Il y a encore deux jours, je n’avais même pas conscience de nos sentiments… Mais, je ne sais pas. Ça me semble bizarre et normal en même temps.

Je la questionnai du regard, et elle développa :

_ Finalement, on agit comme d’habitude, non ? Les papouilles, les caresses, les compliments, … la seule chose qui change, c’est l'étiquette qu’on se met. Et qu'on s’embrasse…

_ Maëlle m’a dit la même chose quand je l'ai appelé, ce matin.

Clémence sourit narquoisement.

_ Tellement chamboulée que t’as eu envie de te confier à ta cousine ?

_ Eh, oh, rigole pas, elle m’a dit que tu l’avais appelé lundi aussi.

Elle devint toute rouge.

_ Oui… J’avais besoin… de comprendre… ce que je ressentais.

Je m'approchais un peu plus d’elle, moi aussi en tailleur, en lui attrapant la main.

_ C'est-à-dire ?

_ Tu… es une femme.

_ Heu, oui. Merci de l’avoir remarqué après vingt ans.

_ Bon, je veux dire… Rho, Alix… Je… J’ai toujours eu des sentiments étranges pour toi. Je te trouvais plus belle et plus agréable que n’importe qui, j'étais jalouse quand tu parlais d'autres personnes et plein d’autres trucs… Mais jamais je n'avais imaginé que ces sentiments, c'était plus que de l'amitié… et ce qui va avec…

_ Ce qui va avec ?

_ Rhaa, tu le fais après ? Je veux dire… Quand je t'ai vu… nue…

Clémence parlait de plus en plus faiblement, et je trouvais ça trop mignon.

_ Ça a été l'élément déclencheur ?

Elle hocha la tête de bas en haut, timidement.

_ Je… n'avais pas conscience que tu me plaisais de cette manière… Te voir nue ça m’a… je sais pas. Ça m’a fait me rendre compte de plein de choses, de mon comportement, de mes sentiments, de mon… désir…

Le dernier mot n'était qu’un murmure et cela me donna très chaud. Je devins à mon tour toute rouge.

_ Je ne pensais pas te plaire physiquement aussi… et sexuellement…

_ Je ne pensais pas non plus, mais… de toute évidence…

Putain, on était vraiment trop stupides. Combien d'années à se voiler la face, toutes les deux ? Comme la conversation était lancée, et que Clémence semblait vouloir être honnête aussi, j'osai poser la question qui me perturbait maintenant :

_ Du coup tu te considéres bi ?

_ Je ne sais pas. Tu es la seule femme qui… me fait ressentir ça. C’est pour ça que j’ai appelé Maëlle.

_ Et elle t’a dit quoi ?

_ De ne pas chercher à me mettre d’étiquette. Que je suis attirée par toi et seulement toi, et que c'est tout ce qui compte.

Rouge comme pas possible, je me cachais le visage dans mes mains. Pudique comme elle l'était, Clémence allait mettre du temps à me dire “Je t’aime” dans le sens romantique. Mais clairement, ce qu’elle me disait là, ça valait toutes les déclarations du monde. Je sentis alors une main écarter les miennes, puis caresser ma joue.

_ Je ne savais pas que tu pouvais être aussi timide, Alix…

_ Je…

_ Tu es vraiment trop mignonne. D'habitude, c'est moi qui suis gênée devant tes taquineries.

_ Tu préfères quand je te taquine ?

_ J’ai toujours bien aimé ça, je ne me rends compte de la réelle raison que maintenant.

Je souris, en lui reprenant les mains. Mon pouce caressait doucement sa peau, et je me sentais si heureuse de parler avec elle.

_ Tu t'es rendue compte d'autres choses, du coup ?

Cette fois, je la vis perdre son sourire et regarder ailleurs.

_ Surtout d’une, mais ce n'est pas très sympa pour toi…

_ Dis moi ?

_ Je… Je me suis rendu compte que j’adorais te voir jalouse. J’ai toujours beaucoup exagéré ce que je racontais sur mes expériences amoureuses et sexuelles… Sur le moment, je n’avais pas compris que c'était de la jalousie, mais avec du recul… Tu l'étais, non ?

_ Ouais… C'était vraiment difficile pour moi. Le pire, c'est quand tu m’as dit pour Quentin, car je le connaissais et je pouvais visualiser dans ma tête.

_ Oh… Je vois… Je suis désolée de t’avoir blessé avec ça.

_ T'inquiètes. Je me blessais toute seule comme une grande. Toi, tu racontais juste ta vie à ta meilleure amie, c'est normal.

_ Oui… Enfin, comme je t’ai dit, j'exagèrais un petit peu… Pour être honnête, c'était qu’un petit smack de rien du tout, avec Quentin.

En entendant ça, je me sentis soulagée. Pourtant…

_ Il te plaisait vraiment ?

_ Je le pensais jusqu’à peu… Mais tu me plais bien plus.

Heureuse, je souris, et déposai un baiser sur sa main.

_ Tu me plais aussi, ma princesse.

____

Cette nuit deux chapitres car je fais une énorme insomnie. :D J'espère que ça vous plaît toujours !

Mon seule secret (histoire lesbienne) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant