Ah, il était 2h du matin et ça y est, on ressentait que l'entourage de Maëlle et Nelly était composé de trentenaires qui avaient perdu l'habitude de faire des soirées. Certains couples étaient déjà partis depuis un petit moment, ne voulant pas payer trop cher les baby-sitters de nuit. Quelques personnes étaient déjà affalées sur des matelas pneu dans les différentes chambres d'amis. Nous n'étions que cinq encore réveillés : Maëlle, Nelly, Abdel, Clémence et moi. Comme depuis le début de la soirée, Abdel était à côté de ma meilleure amie, à chercher à la séduire. Mais étrangement, il n'avait pas beaucoup de succès. Peut-être que l'attachement de Clémence pour Quentin était plus fort que ce qu'elle disait. Malgré tout, elle semblait apprécier l'informaticien et rigolait avec lui depuis un moment. À ma droite, je découvrais un peu plus une facette de ma cousine que j'ignorais : la Maëlle romantique.
Maëlle avait eu plusieurs copines depuis son coming-out, quand elle avait 16 ans. Mais ça n'avait jamais été vraiment très sérieux. Je ne sais même pas si c'était de l'amour - ou si ça avait été charnel, d'ailleurs -. Il y a quelques années, elle s'est mise en couple avec sa meilleure amie rencontrée au lycée. Je l'aimais bien, Marie, mais je n'avais jamais ressenti d'alchimie particulière en les voyant. Quand au bout de six mois elles se sont mariées, j'ai cru tomber des nues. Surtout que j'ai été choisie comme témoin. Mais finalement, elles ont divorcé au bout de même pas trois ans, car l'amitié était bien différente de l'amour.
Un peu après, Maëlle avait rencontré Nelly et jamais je l'avais vu ainsi. Aussi rayonnante, aussi heureuse, aussi mielleuse. Elles restaient discrètes, mais passaient leurs temps à se faire des petites démonstrations d'amour, comme des caresses ou des regards doux. Je trouvais ça trop mignon et j'étais un peu envieuse. En souriant, j'observais Maëlle qui massait le cuir chevelu de sa compagne, tendrement. Elles parlaient à voix basses, dans leur bulle.
Zut, entre les deux tourterelles qui profitaient de ce premier moment de calme depuis le début de la journée, et le paon qui paradait devant sa belle, je me sentais un peu de trop. Mon cœur était trop perturbé en ce moment pour supporter de tels spectacles. Sans un mot, je me levai et m'éloignai un peu. Au fond du jardin, les amoureuses avaient installé deux chaises longues. Il commençait à faire un peu froid, mais je m'y installait quand même, en regardant le ciel. Pas trop d'étoiles, ici. Mais toujours plus que chez moi.
C'est alors que je sentis une présente à côté de moi. Maëlle s'installa sur le deuxième siège, en bâillant.
_ La vue t'était trop difficile ?
Maëlle était la seule personne de ma famille à être au courant de mon orientation sexuelle. Faut dire qu'elle était la première personne lesbienne que j'avais eu dans mon entourage, et lui poser des questions sur tout ça était plus simple. Je ne lui avais jamais parlé concrètement de mes sentiments pour Clémence, mais je présume qu'elle l'avait compris, à force.
_ Pas spécialement, je suis habituée. Je te l'ai dit, elle a beaucoup de succès.
_ Tu m'étonnes, elle a un sacré charme. C'est devenu un joli bout de femme.
En l'entendant, je fis une grimace.
_ On dirait un vieux tonton pervers.
_ Eh, oh, je te permets pas, sale gosse.
_ On a que six ans de différence…
Maëlle sourit en s'étirant :
_ T'es le premier bébé que j'ai tenu dans mes bras. Dans ma tête, tu auras éternellement 14 ans. C'est pas mal, il n'y a pas si longtemps t'en avais 7.
_ Contente d'être une pré-ado à tes yeux alors…
On éclata de rire, heureuse de ce moment complice. Puis d'un coup, une phrase me fit battre le coeur plus fort :
_ Maintenant que nous sommes installées dans la nouvelle maison, on va bientôt commencer les injections.
_ Hein ?
Maëlle se leva et me poussa les jambes pour venir s'asseoir à côté de moi.
_ Avec Nelly… on aimerait avoir un bébé… On va commencer d'ici un mois. Ça va beaucoup la fatiguer, mais elle aimerait porter ce futur mini-nous donc…
_ Waaaaa, c'est génial ! J'espère que ça marchera !
_ Merci. Tu es la première à qui nous en parlons. Je vais pas tarder à en parler à Clem aussi.
Je souris, et avant que je puisse dire quoi que ce soit, Maëlle changea de sujet.
_ Abdel a aucune chance avec elle, ça se voit.
_ Yep, y a Quentin en compétition après tout.
_ Oui, bien sûr, Quentin….
Je ne compris pas le ton ironique de ma cousine, mais mon esprit avait déjà raccroché. Ça m'arrivait souvent. J'étais en train de repenser à un ancien camarade de mon vieux club de judo qui s'appelait aussi Quentin. Il s'était cassé le poignet car il avait mal "frappé" le sol et j'avais trouvé ça méga dangereux comme sport. C'est pour ça que j'avais arrêté et que…
_ Tu devrais aller au lit, je sens que tu n'es plus connectée à nous.
J'hochai la tête, heureuse de me dire qu'au vu de ma grande place privilégiée de cousine chérie, j'avais droit à un vrai lit. On se rendit de nouveau dans le salon où il n'y avait plus que Nelly qui rangeait les boissons entamées au frigo.
_ Tiens, demanda Maëlle, où sont Abdel et Clem ?
_ Ils sont montés.
Qu-Quoi… ?
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Mon seule secret (histoire lesbienne)
RomanceElle, c'est Alix : 1m54, décalée et fière de l'être ! Elle, c'est Clémence : 1m70, réservée et en quête du grand amour ! Elles ont toujours été meilleures amies, et se connaissent par cœur. Mais se pourrait-il qu'Alix cache un énorme secret... ? ...