Chapitre 49

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Finalement, Clémence était un petit peu pompette. Pas bourrée, mais comme elle ne tenait pas très bien l'alcool, ça se voyait qu’elle était un petit peu ivre. Mais c'était l’alcool joyeux, et elle restait 100% consciente de ses gestes, donc ça allait. Elle était en train de discuter avec Sylvain qui lui racontait l’histoire du petit Jumpman qui est devenu Mario. À côté de moi, Tania somnolait.

_ Bon, déclarais-je, on va peut-être y aller, nous.

Tania fit la moue, en basculant la tête sur mon épaule.

_ Meuh non, restez ! Vous pouvez dormir ici !

_ Eh oh, tu dors à moitié, ça va rien te changer.

_ Mais si ! Que vais-je faire sans mon meilleur coussin ?

J'éclatais de rire, et me tournais vers Clémence, qui nous regardait.

_ On y va ?

_ D’accord.

Elle dit la bise à Sylvain et se leva, en même temps que Tania. L'hôte, un peu plus pompette que Clémence, s’écria :

_ Je vous raccompagne !

_ Mais non, tu tiens à peine debout. Va au lit, je connais la sortie.

Elle accepta, me fit une accolade, puis serra à son tour Clémence dans ses bras, et se dirigea directement vers sa chambre. De loin, je dis un signe à Sylvain, et on s'en alla.

Une fois en bas, je baillais longuement, puis demandais à ma meilleure amie, tout en regardant ma montre :

_ 2h passées, tu dors chez moi ou chez toi ?

_ Mes parents doivent dormir, tu veux pas venir chez moi ? Comme ça, on dort bien toutes les deux.

Je n’aimais pas trop dormir à l’improviste chez Oswald et Aya sans leur permission, même si dans l'idée, je savais qu’ils étaient d'accord. Et en même temps, Polochon me manquait… Me connaissant trop bien, Clémence me rassura en me montrant son téléphone ouvert sur la conversation avec sa mère.

_ J’ai demandé tout à l’heure à mes parents si tu pouvais dormir à la maison et ils ont dit oui.

Je souris, et acceptai finalement. L'appartement de Clémence était trop cool, et son matelas était 100 fois plus agréable qu'un matelas pneu. Une fois la décision prise, et comme j'avais des affaires chez elle, on se dirigea vers le métro. Comme souvent quand on rentrait de soirée, Clémence s’assit sur un strapontin, et je fis de même en face d’elle. Le trajet jusqu’à Borderouge se passa tranquillement, et les quelques minutes de marche jusqu'à l'appartement aussi. Une fois arrivées, Polochon se rua vers moi et se frotta contre mes jambes. Aussitôt, je m’accroupis pour le caresser, puis suivis ma meilleure amie dans la salle de bain. Comme une chorégraphie bien huilée depuis des années, elle se démaquilla pendant que je me brossais les dents, et elle se brossa les siennes pendant que je coiffais un peu ma tignasse.

Puis vint le moment que je redoutais le plus : quand Clémence se mettait en pyjama. À chaque fois, j’avais envie de zieuter, mais je me l’interdisais. Donc comme toujours, je me mis de dos, et en profitais pour mettre un tee-shirt à moi qui trainait ici. C'était normal, d’avoir des habits et des affaires de toilette chez sa meilleure amie ?

Quand je l’entendis se glisser dans le lit, je fis de même, et roulai pour me mettre face à elle. Malgré la pénombre, je devinais les courbes de son visage et j’avais cruellement envie de lui caresser la joue. Je fermais alors les yeux, crevée de cette journée, et prête à dormir. Mais j’avais quand même envie de discuter avec ma meilleure amie. Je demandai :

_ Alors, comment t’as trouvé la soirée ?

_ Très sympa. Sylvain et Tania sont cools.

_ Je suis contente si t'as aimé. Ce sont de bons amis, maintenant.

Silence. Est-ce qu’elle dormait ? J'ouvris difficilement les yeux, et comme on voyait un petit peu quand même, grâce à la lune et aux lampadaires dehors, je remarquai l’air soucieux de Clémence.

_ Qu'est-ce qu’il y a ?

_ Rien. Je me disais juste que tu semblais quand même très proche de Tania.

_ Tu trouves ?

_ Beh, elle dormait à moitié contre toi, vous avez passé la soirée à parler ensemble… Elle a dit que t'étais son coussin préféré.

Je souris, en ne pouvant m'empêcher de la taquiner :

_ Tu n'aimes pas que ton coussin préféré à toi devienne le favori d’une autre personne ?

_ Non… Tu… Tu fais ce que tu veux. Mais voilà, je vous trouve très proches.

_ C’est une bonne amie, rien de plus. Je t’ai dit, on a parlé, elle et moi, et on préfère rester amies.

_ Pourquoi ?

“Car, aussi bien elle que moi, on sait que je serais toujours folle de toi et qu’il me serait impossible d’etre avec elle sans penser à toi.”

Comme si j'allais dire la vérité. Doucement, je fermai de nouveau les yeux. J'étais exténuée… À moitié endormie, je répondis :

_ Je sais pas trop… Pas d'alchimie…

_ Et tu as su ça en l'embrassant ?

_ Oui…

_ Mais c'est une belle femme.

_ Elle est belle oui… Mais moins… que toi…

Je commençais à avoir du mal à faire une phrase complète, mon cerveau se coupant petit à petit du monde actuel.

_ Ne dis pas de bêtises, Tania est vraiment plus jolie que moi.

_ Clémence… Je t’assure que… t’es la plus belle du monde.

_ Mais je…

Je l’empêchais de parler davantage en l’obligeant à se blottir contre moi. Je lui caressais machinalement les cheveux, en murmurant grâce à mes ultimes forces :

_ Arrête de réfléchir sur ça… T’es magnifique Clémence… Maintenant… on dort…

Et je sombrais, vraiment trop fatiguée pour tenir une conversation.

Mon seule secret (histoire lesbienne) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant