Il était 19h passé quand Clémence toqua à ma porte. Surprise, je lui ouvris la porte.
_ Eh beh, t’as oublié ta clef ?
_ Je… ne suis pas venu depuis un moment, donc…
Elle semblait vraiment mal à l'aise, et la savoir ainsi avec moi, à cause de moi, me peinait énormément. Maëlle avait raison, j’avais vraiment fait de la merde….
_ Entre, fais comme chez toi.
Elle me sourit, et s'exécuta. Je remarquai alors son Subway, et souris :
_ T’as finalement eu la flemme ?
_ Oui… Les cours ont fini tard, et contrairement à une certaine personne, je n’ai pas séché…
J'éclatais de rire, et lui attrapait le sac des mains.
_ Va t'asseoir alors, je m'occupe du reste.
Après avoir pris deux canettes de coca dans le frigo, je m'installai sur le canapé à côté de Clémence, tout en ouvrant les sandwichs. Poulet tikka, concombre, sauce oignon doux… J'adorais l'idée que ma meilleure amie connaisse par cœur mes goûts. Et aujourd'hui, elle allait apprendre un autre goût bien plus important. Comme à son habitude, même si elle était plus timide qu’à la normale, Clem lança une vidéo sur Youtube, et on mangea tranquillement.
À la fin du repas, alors que la vidéo d’Amixem continuait de tourner sur la télé, je me sentais nerveuse, mais euphorique. Je n’avais jamais ressenti le besoin de faire mon coming-out à personne, mais aujourd'hui était très important. Car j’allais dire la vérité à la seule personne qui comptait réellement à mes yeux. Je tournais la tête vers elle, et Clémence fit de même.
_ Je dois te dire quelque chose, déclarais-je.
_ Est-ce que… c’est grave ?
_ Heu, non, je crois pas.
Comme souvent, je me plaçai en tailleur face à elle. Je pris un moment pour inspirer longuement, puis je levai les yeux pour la fixer. Ne pas dire que je l'aime. Juste, que j’aime les femmes. Allez. Un coup sec.
_ Je suis gay.
Silence. Un long silence. J’avais baissé les yeux, inquiète, et je n’osais pas la regarder. Je continuais alors :
_ Je, je veux dire… j'aime les femmes. Je suis lesbienne.
Encore une fois, Clémence ne réagit pas. Puis j'entendis :
_ Tu… le sais depuis longtemps ?
_ Beh, je crois depuis toujours. Mais ça doit faire cinq ans que j’en suis persuadée.
_ Est-ce que d’autres personnes le savent ?
J'étais étonnée de cette question, mais répondis honnêtement.
_ Je ne l'ai jamais dit clairement, mais je crois que tout le monde le sait… Maëlle, JB, même ma tatoueuse l’a compris.
_ Même Victoria ?
J'hochai de la tête, ne sachant pas trop quoi dire. Elle semblait vraiment jalouse de mon amitié avec Victoria… Confirmant mes impressions, Clémence demanda :
_ Pourquoi tu ne me l'as jamais dit avant ?
_ J’avais peur…
Cette fois, je sentis Clémence se crisper, et je levai les yeux pour la fixer. Elle fronçait les sourcils.
_ Tu pensais que j’allais pas l'accepter ? Qu’est-ce qui donne l’impression que je suis homopho-
Je lui coupai la parole en lui attrapant la main. Elle fixa mon doigt qui caressait sa peau doucement, et je répondis, tout bas.
_ Je n'avais pas peur que tu me juges ou me déteste, je sais que tu es ouverte d'esprit là-dessus… Juste… J’avais peur que tu penses que j’en avais profité. Tu sais, on a dormis souvent ensemble, on se fait des câlins, on est tout le temps ensemble… J'avais peur que tu penses que je me suis joué de toi, et j’avais peur que tu aies honte d'être aussi proche de moi si j'assurais totalement mon homosexualité.
Encore un long silence. Cette fois, j’eus le courage de regarder le visage de Clémence, et je n’arrivais pas à le déchiffrer. Elle semblait impassible, mais au fond d'elle je le sentais perdue.
_ Tu n’es pas intéressée par moi, n’est-ce pas ?
“Si, à un point que tu n'imagines même pas.”
_ Non, non, bien sûr que non.
_ Alors, c’est bon.
Je souris, et je pensais que la conversation était finie jusqu'à ce que j'entende :
_ C’est donc pour ça que tu ne voulais pas les détails la dernière fois ? C'est car c'était avec un mec et ça te dégoûte ?
“Non, c'est car celle que j'aime, c'est toi, et que t'imaginer avec un autre me blesse.”
_ Oui, un peu. Désolée d’avoir réagi comme ça, et d’avoir été distante un peu ces deux semaines.
Comme à son habitude, Clémence m'offrir un grand sourire. Et même si j’avais peur qu'elle évite de me toucher maintenant qu’elle savait la vérité, je la vis s'approcher de moi et me serrer fort.
_ Ce n'est pas grave. Je suis contente que tu me l'ais dit, et je suis heureuse pour toi si tu l’assumes.
Je lui rendis son étreinte, soulagée.
_ Alors, est-ce qu'une fille te plaît ?
J'hochai la tête de gauche à droite même si mon cœur voulait crier que oui.
_ Nop. Mais je me suis inscrite sur une application de rencontre queer. J’ai eu quelques matchs, mais rien de bien fou pour le moment.
_ D’accord, je vois. Eh bien maintenant, tu pourras me raconter tout ça !
Ouf, elle était vraiment heureuse pour moi et pas fâchée. Je pensais qu’on allait passer plus de temps ensemble, mais ma meilleure amie regarda sa montre et s’exclama :
_ Wa ! Déjà 21h ! Je vais rentrer, je suis crevée. Merci de m’en avoir parlé, Alix.
_ Oh, ok. Merci de m’avoir écouté et de m’accepter.
Clémence m’embrassa rapidement la joue, puis se leva en me regardant.
_ C’est normal, tu es ma meilleure amie et je t’aime.
“Moi aussi, je t'aime, si tu savais…”
_ Merci. Rentre bien.
Elle me sourit, récupéra ses affaires, et s’en alla tranquillement. A peine fut-elle partie, je m'écroulai sur le canapé. Je l’avais fait ! Je lui avais dit mon seul secret ! Enfin… J’en avais encore un, finalement… Mais avec un peu de chance, mes sentiments allaient s’estomper, maintenant que je pouvais parler aux filles sans avoir peur que ça se sache vraiment.
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Mon seule secret (histoire lesbienne)
RomanceElle, c'est Alix : 1m54, décalée et fière de l'être ! Elle, c'est Clémence : 1m70, réservée et en quête du grand amour ! Elles ont toujours été meilleures amies, et se connaissent par cœur. Mais se pourrait-il qu'Alix cache un énorme secret... ? ...