Chapitre 29

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Mes parents étaient de bons buveurs. Faut dire qu’en faisant toutes les fêtes de villages depuis des années, en prenant l'apéro avec les copains tous les week-ends, et en participant aux aubades durant leurs jeunes étés… ils ne pouvaient qu'être de bons buveurs. Mon père prenait des moresques tandis que ma mère buvait du vin avec Clémence. Celle-ci se modérait, mais se faisait quand même plaisir.

Les Suc, les voisins de la ferme d’à côté, étaient comme des oncles et des cousins. J’avais grandi avec eux, d’une certaine manière. Marie était dans notre classe, avec Clémence, tout le collège avant de partir dans une filière technologique. Puis après, on se voyait quand même souvent. La grande sœur, Sylvia, était aussi super sympa. Elle était d’ailleurs la toute première copine de mon grand frère, même si elle était un peu plus âgée. Aujourd'hui, Rémy, mon frère, avait 24 ans alors que Sylvia approchait des 26 ans.

J'écoutais les différentes conversations, sans trop participer. Marie discutait avec Clémence, qui lui racontait comment c'était de vivre à Toulouse. Marie était vendeuse dans la supérette du coin, et elle ne s'imaginait pas quitter sa terre natale. Sylvia non plus, d'ailleurs. Elle était toute jeune maman, et elle discutait justement des joies de la maternité avec les deux autres mères ici présentes. Les hommes, quant à eux, parlaient de leur travail et j’y comprenais rien, tandis que le mari de Sylvia donnait le biberon à Enzo.

_ Bon, demanda alors Marie, maintenant que vous êtes à la grande ville, vous avez dû trouver des copains, non ??

Aussitôt, Clémence devint toute rouge. Personne n'était au courant de ses histoires amoureuses.

_ Ohhh, quelle réaction ?! Je veux TOUT savoir. Ici c'est toujours les mêmes histoires, j’ai besoin de neuf !

Faut dire que les ragots dans les petits villages tournaient vite en rond. Tout le monde se connaissait, alors ça ne facilitait pas les nouvelles rencontres…

_ Il n'y a rien à raconter… J’ai eu quelques flirts mais rien de bien fou…

_ Ah oui ? C’est nul… Et toi Alix, t’as trouvé quelqu’un ?

Comme à chaque fois qu’on me posait les questions, je souris en haussant les épaules.

_ Nop, toujours seule !

_ Rhaaa vous n'êtes vraiment pas drôles ! Et entre vous alors ??

Cette fois, j’ecarquillai un peu des yeux.

_ Pardon ?

_ Bah oui… Quand on était petites, vous n'arrêtiez pas de vous faire des bisous sur la bouche.

Clémence ne dit rien, et je ne pus m'empêcher d'éclater de rire.

_ Mais oui, bien sûr, elle est bien bonne celle-là !

_ Je t’assure, chaque fois qu’on regardait un film où les héros s'embrassaient, vous le faisiez aussi.

En entendant ça, je me tus. Putain, pourquoi ça me disait rien ? Des baisers avec Clémence, quelque soit l'âge, devraient être imprimés dans ma mémoire…

_ Je vous juge pas les filles si vous êtes ensemble, hein ? Je veux dire, je…

_ Il n'y a rien, la coupa ma meilleure amie. Nous étions jeunes, ça arrive à tout le monde d'essayer ça, non ?

_ Si, c'est vrai…. J’y pense, mon premier smack c'était d'ailleurs au même âge avec Thomas Vidal… avec qui je suis sortie il y a deux ans…

La conversation était lancée : Marie nous raconta un peu sa vie amoureuse. Comment elle était amoureuse, petite, de Thomas le cousin du fils du boulanger, et qu’elle était justement sortie avec lui au lycée... Mais il l’avait trompé avec Mélanie, la fille des voisins de…. J’avoue que je n'écoutais plus. Mon cerveau restait focus sur une chose : même si nous étions enfants au moment des faits, j'avais déjà embrassé Clémence. Et le fait qu’elle évitait mon regard toute la soirée me confirmait le doute que j’avais eu en l'apprenant : je crois bien que Clémence s'en souvenait.

Mon seule secret (histoire lesbienne) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant