Chapitre 15

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J'ouvris grand les yeux. Merde. J'avais oublié. Doucement, je posais mon sac à dos, enlevai mes chaussures, et m'assit à côté de ma meilleure amie qui venait de se redresser.

_ Désolée. J'ai oublié… J'étais avec Tania et j'ai pas eu un seul moment tranquille pour te répondre.

_ Tania ?

_ La fille du train, tu sais ?

Clémence ne dit rien, et je ne savais pas quoi dire. Je m'en voulais beaucoup, de ne pas lui avoir répondu. Ne sachant pas quoi faire, je fis la seule chose que j'avais envie de faire. Je m'approchai d'elle très doucement et deposai mes lèvres sur sa joue.

_ Je suis désolée, Clémence. Tu as dû t'inquiéter. Je ferais attention à bien te répondre à chaque fois que je sèche, promis.

Ma meilleure amie se tourna vers moi, et ce que je vis me fit battre le coeur tellement fort. Elle était légèrement rougie, et je la trouvais magnifique. Tania était peut-être jolie, mais ce n'était rien par rapport à Clémence. D'un coup, celle-ci se jeta sur moi en me prenant dans ses bras.

_ Tu m'énerves.

_ Hein ? Mais pourquoi ?

_ Tu m'ignores pendant cinq heures et tu me dis direct ce que je voulais entendre, c'est insupportable.

Je lui caressai les cheveux en riant.

_ Tu voulais tant que ça un baiser de ma part ?

Cette fois, Clémence se redressa. On avait déjà fait des câlins, allongées sur un lit, comme le feraient des meilleures amies. Mais c'était vraiment la première fois qu'elle se retrouvait à quatre pattes au-dessus de moi. Les yeux ancrés dans les siens, je n'arrivais même plus à respirer. L'air était tellement lourd, tout à coup. J'avais chaud, terriblement chaud. Je plongeais dans son regard, et je n'arrivais presque pas à respirer, manquant complètement de m'y noyer.

_ T'appelles ça un baiser, murmura-t-elle comme si elle ne voulait pas rompre le charme ? C'était un petit bisou sur la joue pour t'excuser…

Je levai la main, et caressai sa joue, juste là où je l'avais embrassé.

_ Qui sait, peut-être qu'un jour je te donnerai un vrai baiser ?

Je vis Clémence écarquiller des yeux, et je me retenais de sourire. J'étais vraiment sérieuse, au fin fond de moi. Mais je devais l'avouer, taquiner ma meilleure amie de la sorte était vraiment amusant. Elle se redressa alors, se retrouvant à califourchon sur moi, et déclara d'un air mutin.

_ Comme si t'étais cap…

En entendant cette phrase chargée de tentation, je n'eus qu'une envie : me redresser à mon tour, poser mes mains sur ses hanches et l'embrasser avec fougue. Mais ma meilleure amie ajouta, plus bas :

_ Et puis ce serait dommage que tu gaspilles ton premier baiser avec moi.

Pourquoi avait-elle l'air si triste, en disant ça… ? Je rêvais qu'elle soit mon premier baiser… et mon seul, d'ailleurs. Je ne savais pas du tout comment réagir, et elle profita de ce moment pour se rasseoir à côté.

_ En tout cas, désolée d'être entrée sans ta permission, j'avais envie de te voir.

_ Pas de souci, si tu as le double des clefs, c'est que tu as toujours la permission de venir.

Elle sourit, et je sentis que la tension palpable depuis quelques minutes venait de se dissiper. Je changeais alors de sujet en demandant :

_ C'était bien tes révisions avec Quentin ?

Elle s'étira en soupirant longuement.

_ Bof… Toi, au moins, même si tu ne révises pas vraiment quand tu m'accompagnes à la BU, tu as la décence de te taire et de me laisser travailler…

Je lui tapotai l'épaule, compatissante.

_ Arf, il est bavard ?

_ Tellement… Ça partait d'une bonne intention, il essayait d'en savoir plus sur moi… Mais je comptais vraiment réviser pour le contrôle de jeudi et là je n'ai pas réussi du tout…

Je ne pus m'empêcher de sourire. Clémence était une vraie acharnée au travail, parfois.

_ Pourquoi tu rigoles ?

_ Rien, je t'imagine juste toute énervée sans le montrer car tu essayes de bosser alors qu'un gars te parle non-stop, ça devait être amusant.

Ma meilleure amie fit semblant de me frapper, l'air vexé.

_ J'aurais aimé te voir toi, à écouter un mec qui te drague alors que tu veux faire autre chose !

Je songeais à la scène, en grimaçant. Un mec qui me drague, non merci. Clémence sembla remarquer ma tête de dégoût, et avant qu'elle puisse me demander pourquoi, je la questionnai :

_ Du coup c'était un peu comme votre premier rendez-vous ?

Comme souvent quand elle était à la maison, la jeune femme s'allongea en posant sa tête sur mes cuisses. Je la vis fermer les yeux, puis se détendre tout doucement.

_ Je sais pas… Et toi, ton après-midi avec Tania ?

Je lui racontai alors, et même si elle rigolait à mes petites blagues, je sentais sous moi qu'elle était de nouveau tendue. Ne sachant pas comment réagir, je lui caressai les cheveux, très doucement.

_ Elle a l'air sympa, dit-elle finalement.

_ Yep, elle est très cool. Tu l'aimerais bien je pense.

_ C'est donc une amie ? Tu penses la revoir souvent ?

Mes ressentis de l'après-midi revinrent avec cette question. Est-ce qu'il était possible que je plaise à Tania - si elle était vraiment intéressée par les femmes ? Si oui, me verrais-je avec elle ? Sortir avec elle, l'embrasser, être intime… J'essayais d'imaginer la scène, et de lui-même, mon esprit me proposa le visage de Clémence. Je me mordis la langue, dépitée.

_ C'est une amie, oui. Et je ne sais pas, peut-être de temps en temps.

_ Je vois…

Pendant un moment, aucune de nous deux ne prit la parole. Clémence semblait dans ses pensées, et quand ça arrivait, j'aimais bien lui laisser un certain temps. J'en profitai pour prendre mon téléphone, et ouvrit la notification de message de Tania.

Tania : J'espère que tu es bien rentrée. J'ai adoré cette après-midi avec toi, j'espère qu'on pourra refaire ça bientôt ! Je t'embrasse, Alix…

Je relu la dernière phrase plusieurs fois. Une amie dirait-elle ça ? Victoria pourrait très bien me l'écrire, mais cela faisait un moment que je la connaissais maintenant et elle n'aurait pas fait ça dès notre première sortie amicale. En réfléchissant, je n'avais pas beaucoup d'amies. Et toute ma vision de l'amitié avec une femme était faussée par mes sentiments pour ma meilleure amie. Je jetai un coup d'oeil à Clémence, qui dormait sur mes cuisses. Je me relevai doucement, faisant attention à ce qu'elle ne se réveille pas, et me rendit dans la salle de bain pour me préparer pour dormir. Appuyée contre l'évier en me brossant les dents, je répondis :

Moi : Coucou, je suis bien rentrée, merci. C'était une chouette aprem. À bientôt, bisous Tania.

Et j'ajoutai un smiley faisant un bisou. Je ne voulais pas lui donner de faux espoirs en lui disant que je l'embrassais aussi, mais j'étais curieuse de voir l'évolution de ma relation avec Tania.

En sortant de la salle de bain, je fixai ma meilleure amie qui dormait profondément sur mon canapé. Je lui mis ma couverture dessus, et m'assis par terre à côté du lit, en observant son visage serein et bien trop beau. Me forçant à ne pas lui caresser la joue afin d'éviter de la réveiller, une question me serra la poitrine. Comment pourrais-je tenter quoi que ce soit avec Tania qui ne me plaisait pas forcément, alors que mon cœur battait aussi fort en présence de Clémence ? Je me fis alors la promesse de ne jamais aller trop loin avec ma nouvelle amie si elle était réellement intéressée par moi : faire souffrir quelqu'un n'était pas dans mes projets, et encore moins si c'était pour satisfaire ma curiosité. Sans m'en rendre compte, je m'endormis, la tête posée sur le canapé.

Mon seule secret (histoire lesbienne) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant